posted by lorenzo at 21:24
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
20 octobre 2006
19 octobre 2006
Gaspard à Venise
Gaspard est un drôle de petit animal (je n'arrive pas à me décider - ni à bien me documenter d'ailleurs - est-ce un lapin, un loup, un chien ?) qui ressemble à une peluche. Il raconte, grâce à ses auteurs Anne Gutman et Georg Hallensleben, ses aventures dans de délicieux petits ouvrages plein de couleurs édités au Crocodile Bleu jolie collection de Hachette Jeunesse. Ainsi sont parues à la fin des années 90 une sympathique série, "Les Catastrophes de Gaspard et Lisa".
"Gaspard à Venise" n'est pas spécialement récent : l'album est sorti en 1999. Belle aventure du petit personnage qui y raconte ses vacances en famille à Venise (il a un grand frère et une petite sœur). Il visite des musées encore et encore. Visiblement il en avait assez et un matin, découvrant un petit kayak rouge, il part se ballader au gré des canaux... Après de nombreuses péripéties ses parents vont le retrouver et tout finira à la vénitienne : dans un bon restaurant !
Un régal pour les yeux que je vous recommande. Mes enfants l'ont adoré et j'avoue que j'aime aussi beaucoup le feuilleter. Venise y est particulièrement bien représentée. En voici quelques images. Dans toutes les bonnes librairies, sinon fâchez-vous !
posted by lorenzo at 19:03
18 octobre 2006
Lu sur le Gazzettino du jour
Lorsque j’arrive à mon cabinet le matin après avoir conduit ma petite dernière à l’école, je m’adonne chaque jour aux même rites : je fais rentrer le chat qui a déjà fait sa promenade matutinale, je mets l’eau à bouillir, j’ouvre en grand les fenêtres et j’allume mon ordinateur. La page d’accueil s’ouvre sur le Gazzettino on line. Un abonnement me permet d’avoir accès dès 7 heures au détail des articles et à la copie de la première page. J’ai pensé que quelques brèves chaque matin - du moins quand j’aurai le temps de les choisir et de les traduire – pourraient intéresser les lecteurs de TraMeZziniMag. Appelons cette rubrique "Les brèves du Gazzettino".
.On pourra arriver sur la Lagune en hydravion.
Un hydravion à Venise. L’idée est de l’agence Radonicich qui gère déjà la liaison entre Rome et Naples et les îles tyrréniennes. "Ce marché est en expansion et nous pensons à Venise d’autant plus qu’il y aurait la possibilité d’utiliser la piste du Nicelli sans avoir besoin d’amerrir" explique le directeur de la société, Michele Cossa…
.
Escroquerie au clonage de codes barre.
Blitz des vigiles urbains au supermarché Auchan de la Via Don Tosatto après la découverte d’une escroquerie mise au point par deux jeunes gens qui avaient mis au point un système rocambolesque pour voler des objets du magasins. Les deux jeunes gens clonaient et substituaient des codes-barres de produits bon marché et les collaient sur de la marchandise de prix. Ils se sont fait prendre avec des étiquettes non utilisées dans leur voiture et 600 euros de marchandises payées bien moins cher. Beaucoup de bruit pour rien, non ?…
Une mongolfière pour survoler Venise.
Une montgolfière à l’arsenal, pour pouvoir admirer Venise d’en haut. Elle sera installée entre les fêtes de fin d’année et Carnaval à l’initiative de "Volare a Venezia" (voler à Venise). Monter dans la nacelle coûtera 16 euros, avec un tarif préférentiel pour le vénitiens. "Nous comptons sur 80.000 passagers par an qui pourront atteindre 150, voire 160.000. Elle fonctionnera aux heures du jour" explique Lapo Sagramoso, qui a déjà à son actif les montgolfières de Rome et de Bologne. "Le contexte météorologique est très favorable. Après diverses analyses, nous sommes optimistes : le besoin de voir cette ville d’en haut est très fort, ce que confirme les queues devant le campanile de San Marco".
Chers touristes, allez visiter le ponte qui n’existe pas, chef-d’œuvre virtuel du grand architecte Calavatra
Dans le guide "Guidafacile – Venezia e Isole", vendu dans les billetteries de la société Vela en même temps qu’un plan de Venise, le pont projeté par l’architecte Santiago Calatrava existe déjà. Pietro Bortoluzzi, chef de groupe de l’Alleanza Nazionale vient de le signaler à la Municipalité de Venise dans une note. Le quatrième pont sur le grand canal est l’objet de fortes polémiques car, selon les projets, il aurait dû être terminé en septembre il y a deux ans et on parle maintenant de février 2007. Repéré sur le plan avec le numéro33 en bleu, comme “lieu particulièrement intéressant” et baptisé rien de moins que le “pont de Calatrava”. Il faut le voir pour le croire : les touristes sont invités depuis la première édition du guide à se rendre sur place pour le visiter “conçu par l’architecte espagnol Calatrava, [le pont] a une structure moderne en arc avec un rayon de 180 mètres. Fait de ciment armé, acier, verre trempé et pierre d’Istrie" (page 16 du guide). Une pieuse main a ensuite ajouté en italique : "apertura prevista entro il 2005" (ouverture prévue avant 2005)...
Blitz des vigiles urbains au supermarché Auchan de la Via Don Tosatto après la découverte d’une escroquerie mise au point par deux jeunes gens qui avaient mis au point un système rocambolesque pour voler des objets du magasins. Les deux jeunes gens clonaient et substituaient des codes-barres de produits bon marché et les collaient sur de la marchandise de prix. Ils se sont fait prendre avec des étiquettes non utilisées dans leur voiture et 600 euros de marchandises payées bien moins cher. Beaucoup de bruit pour rien, non ?…
Une mongolfière pour survoler Venise.
Une montgolfière à l’arsenal, pour pouvoir admirer Venise d’en haut. Elle sera installée entre les fêtes de fin d’année et Carnaval à l’initiative de "Volare a Venezia" (voler à Venise). Monter dans la nacelle coûtera 16 euros, avec un tarif préférentiel pour le vénitiens. "Nous comptons sur 80.000 passagers par an qui pourront atteindre 150, voire 160.000. Elle fonctionnera aux heures du jour" explique Lapo Sagramoso, qui a déjà à son actif les montgolfières de Rome et de Bologne. "Le contexte météorologique est très favorable. Après diverses analyses, nous sommes optimistes : le besoin de voir cette ville d’en haut est très fort, ce que confirme les queues devant le campanile de San Marco".
Chers touristes, allez visiter le ponte qui n’existe pas, chef-d’œuvre virtuel du grand architecte Calavatra
Dans le guide "Guidafacile – Venezia e Isole", vendu dans les billetteries de la société Vela en même temps qu’un plan de Venise, le pont projeté par l’architecte Santiago Calatrava existe déjà. Pietro Bortoluzzi, chef de groupe de l’Alleanza Nazionale vient de le signaler à la Municipalité de Venise dans une note. Le quatrième pont sur le grand canal est l’objet de fortes polémiques car, selon les projets, il aurait dû être terminé en septembre il y a deux ans et on parle maintenant de février 2007. Repéré sur le plan avec le numéro33 en bleu, comme “lieu particulièrement intéressant” et baptisé rien de moins que le “pont de Calatrava”. Il faut le voir pour le croire : les touristes sont invités depuis la première édition du guide à se rendre sur place pour le visiter “conçu par l’architecte espagnol Calatrava, [le pont] a une structure moderne en arc avec un rayon de 180 mètres. Fait de ciment armé, acier, verre trempé et pierre d’Istrie" (page 16 du guide). Une pieuse main a ensuite ajouté en italique : "apertura prevista entro il 2005" (ouverture prévue avant 2005)...
posted by lorenzo at 07:48
Venise, Chambre d'Amour
"Venise, voilà son secret, est un amplificateur. Si vous êtes heureux, vous le serez dix fois plus, malheureux, cent fois davantage. Tout dépend de votre disposition intérieure et de votre rapport à l’amour. L’amour ? Oui, et dans tous les sens : anges et libertinage."Philippe Sollers
posted by lorenzo at 01:08
Emily Loizeau chante pour vous
Un de mes plus fidèles lecteurs, Jean Claude Courbon qui partage avec moi cet amour pour Venise, diffuse sur son site une très belle vidéo de la chanteuse Emily Loizeau "I am leaving you".
Je vous la recommande comme je vous recommande son site. Si je savais comment sonoriser ce blog (je n'entend décidément rien encore à ce fichu langage HTML pas plus qu'à la programmation !), cette chanson figurerait en tête des sons que j'aimerai diffuser sur TraMeZziniMag. Histoire de souligner ma tristesse et ma hargne chaque fois que je dois quitter Venise !
En tout cas Michel Pampelune, le directeur des Disques Fargo ne s'est pas trompé en éditant son premier disque intitulé "L'autre bout du Monde". Emily Loizeau est franco-anglaise. Sa musique aussi. Une voix et dans sa voix une présence. Un délice.
posted by lorenzo at 01:01
17 octobre 2006
Pour Hermès à Venise, pas un cheval ne bouge...
Paraphrasons Musset en exergue de ces quelques infos "People", dignes des magazine papier glacé qu'on feuillette chez le coiffeur ou le dentiste :
Pas de show équestre comme il était initialement prévu dans le programme des festivités organisées par Hermès pour célébrer l’ouverture de la nouvelle boutique de Venise et la restauration des chevaux de Saint Marc. Pas de pur-sang au galop, ni de ballets du Cadre Noir. Même 400 ans après la décision du Sénat de bannir les chevaux de la ville, l'interdiction se devait d'être respectée ! A la place, rien que des faisceaux de lumière mettant en valeur la copie des bronzes sur leur piédestal (tout le monde sait que les originaux sont à l’intérieur, ceux-là même qu’Hermès a fait restaurer, ceux de la façade sont en résine. Rien que la musique jouée simultanément par les orchestres de la Piazza.
C’est ainsi que s’est déroulée la fête hier soir en l’honneur du Quadrige. Une fête très luxueuses pour les 700 invités de Patrick Thomas, entouré de toute la famille Hermès, qui s’est poursuivie dans le cortile du Palais des Doges où a été servi un repas terminé par un véritable festin de glaces : il n’a pas fallu moins de trente serveurs pour servir les convives…
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L’après-midi, le Président de la société Hermès avait rendu visite au Maire au Palais Farsetti, après avoir ouvert en avant-première la boutique à un public choisi parmi lequel Massimo Cacciari lui-même. A votre avis qu'est ce qu'il y a dans la boite qu'il tient à la main ? Un carré en twill de soie avec un nouveau motif inspiré de la Sérénissime ? En tout cas, au vu du format ce n'est pas une cravate ni un cendrier. Je vous en dirai davantage sur le modèle et si je peux sur le pourquoi de la moue du maire-philosophe dès que je saurai...
Par un simple matin d'automne...
"[...] l'humaine chaleur de ces rues, qui ayant engendré la ville, paraissent encore, de leur réseau vivant, la sécréter. Étrangement, dans ces rues, on n'a jamais le sentiment d'être dehors : elles sont elles-mêmes l'intérieur vénitien."
Liliana MagriniCarnet vénitien
posted by lorenzo at 13:49
La Galère Royale
Il y a dans l'un des grands hangars de l'Arsenal, parmi un fouillis de bateaux, de gondoles d'apparat, à côté d'un sous-marin, une somptueuse barque d'apparat toute d'or et de brocard qui fut construite dans ces lieux pour le premier roi d'Italie, Victor Emmanuel Ier. La forme de cette galère d'apparat s'apparente davantage à celle qui fut construite pour la Reine Victoria au début de son règne et qui fut utilisé pour des parades royales sur la Tamise.
Sorte de modèle réduit du Bucentaure que Buonaparte, vainqueur barbare de la République honnie par ce génois, avait fait brûler et dont on peut voir au Musée Correr comme au Musée Naval quelques vestiges, le navire royal fut commandé au milieu du XIXe siècle. Il servit plusieurs fois pour des cortèges solennels qui permirent au peuple de Venise d'honorer le nouveau monarque. En voici une illustration. Il me semble qu'on l'a utilisé quelquefois pour certaines manifestations comme la cérémonie du mariage de Venise avec la mer ou la Regata Storica.
Il existe aussi à un petit bucentaure, appelée la Peota di Savoia qui fut fabriqué à l'Arsenal de Venise pour le roi de Savoie, Charles-Emmanuel III, en 1730 et servit à promener les hôtes du roi sur le Pô. C'est l'unique navire de parade construit dans les chantiers navals d'où sortirent les différents modèles du Bucentaure, mais aussi des galères d'apparat comme celles qu'on voit dans les tableaux de Canaletto, qui reste au monde. La cabine et le pont de la péotte fut montée et décorée non pas à l'Arsenal où ne se fabriquaient que des navires de guerre et autres bâtiments officiels de la République, mais aux Mendicanti, en face de la Scuola du même nom, dans le squero (qui existe toujours) du padron Zuane, atelier réputé qui fabriqua de nombreuses galères de parade pour les cardinaux et les ambassadeurs. Nous reviendrons sur ce squero et sur ce vestige de l'art naval d'avant les barbares.
Il existe aussi à un petit bucentaure, appelée la Peota di Savoia qui fut fabriqué à l'Arsenal de Venise pour le roi de Savoie, Charles-Emmanuel III, en 1730 et servit à promener les hôtes du roi sur le Pô. C'est l'unique navire de parade construit dans les chantiers navals d'où sortirent les différents modèles du Bucentaure, mais aussi des galères d'apparat comme celles qu'on voit dans les tableaux de Canaletto, qui reste au monde. La cabine et le pont de la péotte fut montée et décorée non pas à l'Arsenal où ne se fabriquaient que des navires de guerre et autres bâtiments officiels de la République, mais aux Mendicanti, en face de la Scuola du même nom, dans le squero (qui existe toujours) du padron Zuane, atelier réputé qui fabriqua de nombreuses galères de parade pour les cardinaux et les ambassadeurs. Nous reviendrons sur ce squero et sur ce vestige de l'art naval d'avant les barbares.
posted by lorenzo at 00:32
Le saviez-vous ? : Le Palais Royal de Venise
Le 26 avril 1875, le roi Victor-Emmanuel accorda à la Province de Venise l'autorisation d'utiliser son propre emblème au lieu et place des armes royales. Le lion de Saint Marc se retrouvait ainsi couronné par la volonté du monarque par qui l'Italie était enfin unifiée. Moins de 100 ans après la chute de la République, Venise "redorait" son blason par la volonté du roi d'Italie. Celui-ci se rendit plusieurs fois au Palais qui lui était dévolu. Le vieux Palais des Doges n'avait pas plu à Napoléon pas plus qu'à son vice-roi, le Prince Eugène de Beauharnais. les autrichiens ensuite préférèrent les salles modernes et aérées crées par l'imposteur corse dans ce qui est aujourd'hui le Musée Correr.
E.V. Lucas décrit le palais Royal quelques mois avant le début de la Grande Guerre :"Les Nouvelles Procuraties sont maintenant le palais Royal et vous pouvez voir les laquais royaux qui bavardent avec les sentinelles sous le portique près du Florian... Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je crois que le Palais Royal de Venise est la seule demeure d'un roi européen qui possèdes des boutiques en-dessous. Les chambres à coucher et les appartements privés sont intelligemment situés sur le Grand Canal, avec un jardin en dessous. Il serait impossible de dormir du côté de la Place. Mais toutes les salles d'apparat donnent sur la Piazza. Le Palais est ouvert à jours fixes et on peut le visiter sous la férule d'un chambellan en chapeau melon"...
De nos jours, la partie situé sur la place est occupée par les réserves du Musée Correr Il est question d'ouvrir bientôt cette aile au public. les appartements privés sont toujours plus ou moins dans l'état où ils étaient en 1921 quand le roi d'Italie remit les clés de son Palais au Conseil Municipal de Venise. Je crois que le chambellan au chapeau melon a disparu, son chapeau est resté longtemps accroché à une patère dans la penderie d'une antichambre...
Tags: Venise, Vittorio Emanuele II, Palace
posted by lorenzo at 00:22
De nos jours, la partie situé sur la place est occupée par les réserves du Musée Correr Il est question d'ouvrir bientôt cette aile au public. les appartements privés sont toujours plus ou moins dans l'état où ils étaient en 1921 quand le roi d'Italie remit les clés de son Palais au Conseil Municipal de Venise. Je crois que le chambellan au chapeau melon a disparu, son chapeau est resté longtemps accroché à une patère dans la penderie d'une antichambre...
Tags: Venise, Vittorio Emanuele II, Palace
16 octobre 2006
Hommage à notre jeunesse
En rangeant mes cartons remplis de vieux papiers du temps de ma jeunesse vénitienne, j'ai retrouvé mille souvenirs. Des adresses griffonnées sur des bouts de nappes en papîer, des cartons d'invitation, des petits mots, des photographies, des lettres. Certains noms me sont encore familiers, d'autres inconnus. L'oubli prend le pas sur la mémoire. Tout un quotidien qui peut à peu s'efface. Parmi mes amis de Venise, étudiants aux Beaux Arts, en Architecture, au Conservatoire ou comme moi en Lettres, beaucoup sont demeurés proches et nous veillissons ensemble ou à proximité. D'autres ont quitté ma vie et je ne sais plus ce qu'ils sont devenus.
C'est le cas de Pippo. Giuseppe de son vrai prénom. Palermitain exilé à Bologne avec ses parents, il voulait devenir architecte. Il dessinait à merveille et nous n'étions jamais d'accord sauf devant les tableaux de Bellini et de Carpaccio et au moment de plonger dans les vagues de l'Adriatique. Nous passions l'été sur les Murazzi du côté de Malamocco où j'ai habité un été, juste à côté de chez Hugo Pratt. Peut-être lira-t-il ces lignes et me donnera-t-il enfin de ses nouvelles ? Il a quitté Venise après moi. Nous nous sommes écrit deux ou trois fois puis plus rien. Un long silence rempli de beaux souvenirs...
posted by lorenzo at 22:50
Le Fondaco dei Turchi
Merveilleuse vision du fondaco dei Turchi,
ce caravansérail mis à la disposition des marchands ottomans et qui fut
longtemps un véritable centre d'affaires où turcs et vénitiens se
retrouvaient pour échanger leurs produits. Lourdement
restauré au XIXème (avec de sérieuses modifications qui ont altéré sa
structure originelle), c'est aujourd'hui le siège du Museum d'Histoire
Naturelle, un des musées les moins visités par les touristes. Pourtant
un lieu à voir, tant pour ses collections que pour son emplacement. Et
pour rêver...
.
Photo inédite de Pierre (© Venice Daily Photo) - Tous Droits Réservés.
posted by lorenzo at 12:35
14 octobre 2006
Sur les Zattere
Voilà une promenade finalement assez peu connue des touristes - et c'est tant mieux - qui s'avère être vraiment l'une des plus agréables de Venise. Comme les flâneries le long des Fondamente Nuove ou sur les Schiavoni, marcher le long des quais de Dorsoduro est un régal. La lumière y est toujours différente et on peut y méditer tout à loisir ou bien poursuivre une conversation entre amis. Les enfants aiment à y courir et on rencontre des tas de gens différents. Vaste solarium en été (et dès le mois d'avril d'ailleurs), c'est en automne et en hiver un lieu assez privilégié, à l'abri des vents du nord, où les vrais vénitiens se retrouvent en fin de journée et le dimanche. Le meilleur glacier (Gelateria da Nico) de la ville et quelques bons restaurants y sont installés.
Face à la giudecca, allons donc faire un tour, de la calle del vento à la Pointe de la Douane. Nous croiserons des étudiants qui prennent le soleil sur un ponton, puis les enfants qui sortent des écoles et se précipitent chez Nico, les vénitiens qui prennent un café ou un verre. Le curé des Gesuiti qui fait constater à qui veut bien l'écouter l'état de plus en plus grave des sculptures qui ornent le fronton de son église et se transforment chaque jour davantage en talc.
Un peu plus loin quelques touristes s'attardent sur le pont. La vue sur le canal y est si belle. Le peintre Ferruzzi sera peut être installé à l'angle d'une ruelle pour croquer la Giudecca juste en face. La concierge d'un immeuble est assise devant sa porte avec une voisine. Plus loin, la Calcina de Ruskin où nous parviennent des conversations en anglais. Encore un pont et les Zattere se font plus déserts. Le mur du jardin du séminaire est éclairé par le soleil. Les feuilles des arbres commencent à tomber.
Plus loin encore, les jeunes athlètes membres de la Società Canotiera Bucintoro mettent leurs bateaux à l'eau. Le rouge vif de la grue tranche avec le vert de l'eau et le blanc écarlate de leur tenue. Les avirons sont prêts et les ardeurs fourbies. la ballade sera belle et sportive. Puis le quai se rétrécit. Un beau bateau à voile, amarré à deux pas bat pavillon néo-zélandais. Nous voilà à la pointe de la douane. A droite, San Giorgio qui touche presque la Giudecca. Les arbres du Cipriani sont une symphonie de verts et d'orange. A gauche, le Bassin de Saint Marc et son époustouflante vue : la piazzetta avec le Palais des doges, les colonnes, les dômes de San Marco et le Campanile. La lagune est toute irisée d'argent. Vaporetti, motoscafi, taxis, barques en tout genre se croisent dans un tintamarre merveilleux. C'est tellement plus agréable que la place de la Concorde ou les sorties d'autoroute...
Quand les travaux seront finis, il n'y aura plus alors, après s'être assis quelques minutes face à ce magnifique spectacle, qu'à repartir vers la Salute, l'abbaye San Gregorio, les petites ruelles qui longent les palais, la Ca'Dario, la Guggenheim, San Lio et le pont de l'Accademia. Il sera temps de reprendre des forces dans un des petits bars qui longent le chemin. A moins que vous ne préfériez traverser le grand canal avec le traghetto. Deux heures de marche dans un indicible bonheur et une grande paix. C'est cela le miracle de Venise. Le bonheur et la paix. Mais je vous ennuie avec mes radotages.
posted by lorenzo at 18:30
Délicieuse solitude
On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Venise et la Malinconia. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entraperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire.
C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique qui fait l'intensité de notre relation à la ville : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et qui pourtant nous semble tellement naturel, évident comme l'est la Nature.L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscité me permet – comme à des millions d’autres adeptes de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi…
.
"Venise est plus qu’une ville, c’est un état d’esprit, une merveilleuse idée humaine. Une invention géniale. Elle est le refuge parfait du solitaire. Elle sait s’en emparer et le prend dans ses tentacules. On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Le cafard, la malinconia est un art vénitien. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. Il repartira – s’il repart – en paix avec lui-même, harmonisé, rédimé, apaisé et riche d’une richesse intérieure très enviable de nos jours".
Ces quelques phrases retrouvées sur un de mes carnets, de qui sont-elles ? Vraie et fausse l’assertion qui donne à l’amoureux de Venise,ou plutôt de la vie à Venise un penchant pour la mélancolie.
"Venise est plus qu’une ville, c’est un état d’esprit, une merveilleuse idée humaine. Une invention géniale. Elle est le refuge parfait du solitaire. Elle sait s’en emparer et le prend dans ses tentacules. On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Le cafard, la malinconia est un art vénitien. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. Il repartira – s’il repart – en paix avec lui-même, harmonisé, rédimé, apaisé et riche d’une richesse intérieure très enviable de nos jours".
Ces quelques phrases retrouvées sur un de mes carnets, de qui sont-elles ? Vraie et fausse l’assertion qui donne à l’amoureux de Venise,ou plutôt de la vie à Venise un penchant pour la mélancolie.
Non, je le dis une fois encore, Venise porte à l’équilibre, à la maîtrise des sens, à la parfaite connaissance du "moi" qui partout ailleurs nous empoisonne. Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entraperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire. Nulle déconvenue n’a jamais présidé à mon installation à Venise. Bien au contraire. C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et pourtant totalement antinature. Vieux débat métaphysique que celui-là.
Je me souviens d’une séance de conférence de méthode à Sciences Po ou notre professeur, le charmant et distingué Monsieur Laborde, aborda le thème de la nature. Je n’ai jamais su pourquoi il me confia le commentaire d’un texte dont j’ai perdu la trace et qui présentait Venise comme parangon du dilemme nature-antinature. Nature parce que milieu unique situé dans un écosystème très particulier où l’équilibre est fondamental pour la survie de tous (on parlait peu alors d’écologie) et antinature parce qu'espace urbain artificiel, gagné sur le monde brut de la création divine par l'impérieuse volonté de l'homme. Les pierres et les piliers de bois sont purs produits de la nature mais leur utilisation et l’usage qui s’en suit par essence s'oppose à elle. Ce qui ne veut pas dire que Venise soit contre-nature… Au contraire, je suis convaincu - et ma démonstration emporta les suffrages de notre maître et de mes camarades - que Venise est l'exemple parfait, unique aussi peut-être, de l'idéal rêvé par l'esprit humain, l'exemple parfait de l'union du naturel et de l'humain, représentation terrestre du paradis rêvé, du paradis perdu... Je terminais mon exposé en justifiant la présence d'aussi nombreuses églises par le besoin des fondateurs de s'assurer le soutien du Père Créateur et de ranger à leurs côtés tous les saints, les archanges et les bienheureux qui intercèdent auprès du Père... Bref, pour ma part, au milieu de cet ensemble Nature-Antinature qu’est Venise, j’ai trouvé ma vraie nature. Faite de paix, de recueillement, d’émerveillement, de joie, de couleurs et de sons.
Je me souviens d’une séance de conférence de méthode à Sciences Po ou notre professeur, le charmant et distingué Monsieur Laborde, aborda le thème de la nature. Je n’ai jamais su pourquoi il me confia le commentaire d’un texte dont j’ai perdu la trace et qui présentait Venise comme parangon du dilemme nature-antinature. Nature parce que milieu unique situé dans un écosystème très particulier où l’équilibre est fondamental pour la survie de tous (on parlait peu alors d’écologie) et antinature parce qu'espace urbain artificiel, gagné sur le monde brut de la création divine par l'impérieuse volonté de l'homme. Les pierres et les piliers de bois sont purs produits de la nature mais leur utilisation et l’usage qui s’en suit par essence s'oppose à elle. Ce qui ne veut pas dire que Venise soit contre-nature… Au contraire, je suis convaincu - et ma démonstration emporta les suffrages de notre maître et de mes camarades - que Venise est l'exemple parfait, unique aussi peut-être, de l'idéal rêvé par l'esprit humain, l'exemple parfait de l'union du naturel et de l'humain, représentation terrestre du paradis rêvé, du paradis perdu... Je terminais mon exposé en justifiant la présence d'aussi nombreuses églises par le besoin des fondateurs de s'assurer le soutien du Père Créateur et de ranger à leurs côtés tous les saints, les archanges et les bienheureux qui intercèdent auprès du Père... Bref, pour ma part, au milieu de cet ensemble Nature-Antinature qu’est Venise, j’ai trouvé ma vraie nature. Faite de paix, de recueillement, d’émerveillement, de joie, de couleurs et de sons.
L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscités me permet – comme à des millions d’autres adeptes (on se croit toujours seul et unique amoureux, connaisseur et de facto consommateur de Venise) de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir : sur les écrans, aux vitrines des librairies, dans les musées, les conversations. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi. Les allemands ont un nom pour cela. Proust a su décrire bien mieux que je ne pourrai jamais imaginer pouvoir le faire cette sensation. Le lecteur comprendra de quoi je veux parler.
La malinconia toujours ressentie à Venise, du moins par les âmes sensibles ou celles qui savent s’abandonner parfois à la faiblesse (combien d’entre nous prétendent toujours dominer leurs états d’âme et rester maître absolu de leurs sentiments) nous prend cependant en effet. mais elle consiste bien plus en une soudaine vision de notre faiblesse face à la grandeur des choses qu’on trouve ici. Comment ne pas prendre conscience au pied de cet extraordinaire monument dressé durant des générations pour magnifier la puissance du créateur et célébrer de grandes actions humaines, qu’il y a de fortes chances pour que notre vie passe vite et que nous soyons oubliés quand les maisons, les églises et les palais se dresseront encore noblement sur l’eau des canaux de la lagune… Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu une telle volonté, un tel désir de maintenir, de préserver un espace urbain tel que Venise. Même Jérusalem, Athènes ou Rome ou Byzance n’ont suscité un tel engouement au cours de siècles…
C’est bien la preuve n’est ce pas que Venise représente pour la plupart d’entre nous un lien unique avec nous –même. Ce côté "matriciel" rapproche tous les hommes. On y retrouve inconsciemment peut-être – c’est une hypothèse que j’avance avec prudence mais que d’autres ont peut-être su développer bien mieux que moi – la même sensation que celle qui fut la nôtre à l’état fœtal… Et puis, il nous y est donné de pouvoir vivre comme partout ailleurs – ou presque – sans les inconvénients des autres lieux urbains (l’absence de bruit et de mauvaises odeurs par exemple) et de s’y sentir aussi au large qu’au beau milieu d’un océan ou d’une montagne (toujours l’idée nature-antinature) sans les inconvénients de la solitude, du chemin toujours trop long à faire pour acheter du pain ou un journal…
posted by lorenzo at 16:42
La malinconia toujours ressentie à Venise, du moins par les âmes sensibles ou celles qui savent s’abandonner parfois à la faiblesse (combien d’entre nous prétendent toujours dominer leurs états d’âme et rester maître absolu de leurs sentiments) nous prend cependant en effet. mais elle consiste bien plus en une soudaine vision de notre faiblesse face à la grandeur des choses qu’on trouve ici. Comment ne pas prendre conscience au pied de cet extraordinaire monument dressé durant des générations pour magnifier la puissance du créateur et célébrer de grandes actions humaines, qu’il y a de fortes chances pour que notre vie passe vite et que nous soyons oubliés quand les maisons, les églises et les palais se dresseront encore noblement sur l’eau des canaux de la lagune… Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu une telle volonté, un tel désir de maintenir, de préserver un espace urbain tel que Venise. Même Jérusalem, Athènes ou Rome ou Byzance n’ont suscité un tel engouement au cours de siècles…
C’est bien la preuve n’est ce pas que Venise représente pour la plupart d’entre nous un lien unique avec nous –même. Ce côté "matriciel" rapproche tous les hommes. On y retrouve inconsciemment peut-être – c’est une hypothèse que j’avance avec prudence mais que d’autres ont peut-être su développer bien mieux que moi – la même sensation que celle qui fut la nôtre à l’état fœtal… Et puis, il nous y est donné de pouvoir vivre comme partout ailleurs – ou presque – sans les inconvénients des autres lieux urbains (l’absence de bruit et de mauvaises odeurs par exemple) et de s’y sentir aussi au large qu’au beau milieu d’un océan ou d’une montagne (toujours l’idée nature-antinature) sans les inconvénients de la solitude, du chemin toujours trop long à faire pour acheter du pain ou un journal…
13 octobre 2006
Jean et Constance sur le campo San Maurizio
L'émotion qui m'étreint à chacune des rares fois lorsque je vois mes enfants jouer sur un campo ou courir le long d'une fondamenta. C'est un peu comme si le vieux rêve finalement s'était réalisé et qu'ils ne faisaient qu'un avec ma ville, et que leur vie avaient vraiment commencé là... (écrit en écoutant le très émouvant aria de Purcell, "When I am laid in earth").
© tramezzinimag, avril 2004 -Reproduction interdite.
posted by lorenzo at 21:28
Telemann comme un souffle de joie sur le campo Santo Stefano
L'automne n'en finit pas de déployer ses fastueuses couleurs. aux brumes matinales succèdent de longues heures ensoleillées qui donnent envie de paresser en regardant passer les gens.
La lumière est belle à Venise en octobre aussi. Les femmes ne sont pas encore trop vêtues et laissent admirer leurs jambes bronzées, les enfants jouent sur les places et les touristes se font un peu moins nombreux. Une sonate de Telemann me parvient des hautes fenêtres du Conservatoire Benedetto Marcello.
Le campo Santo Stefano est rempli du cri des gamins qui jouent. Les terrasses des cafés sont occupées par de jeunes parents qui ont fini leur journée de travail et boivent un verre en aérant leur progéniture, mais aussi de personnes âgées.
Un violoniste chinois ou coréen sans âge joue du Vivaldi devant le portail de l'église. Les passerelles qui servent quand il y a l'acqua alta sont autant de présentoirs pour les africains qui vendent les faux Vuitton. Une journée comme les autres. Telemann me poursuit avec un mouvement lent où je distingue derrière la flûte, une viole, un alto, un violoncelle et bien sûr le clavecin. Un régal. Le vent est doux et le ciel très bleu. dans quelques heures, lorsque le ciel se fera plus sombre, les terrasses se videront, il fera plus frais.
Me reviennent ces lignes du Carnet vénitien de Liliana Magrini :
"C'est avec une sorte d'émerveillement que l'on retrouve, ces jours-ci, en Venise, une ville toute fraîche, comme retrempée par un souffle marin qui la rendrait à d'autres âges vigoureux. Il y a quelques semaines à peine, comme exténuée par l'été, elle s'affalait dans une lassitude cendrée. Mais déjà sous la danse de lumières dorées irisant ses lézardes, elle seùble rejaillir en logs traits blancs. Dans cette dure pierre d'Istrie qui forme la trame secrète et le plus tenace de la ville, celle-ci paraît choisir à chaque saison les lignes qui mieux lui permettent de se reconstruire - de se faire - dans une souple résistance aux mutations du ciel..."
Ce sera bientôt l'heure de la passeggiata puis chacun rentrera chez soi et sous un ciel d'encre, j'irai me promener au clair de lune. Je vais trouver ces concerti qui ne venaient pas en fait du conservatoire mais du disquaire de la calle en face. Tant de baroque dans une école de musique même à Venise avait de quoi surprendre en vérité... La Fondation Levi, de l'autre côté du campo reçoit beaucoup de spécialistes de la musique ancienne et de baroqueux célèbres. Cette musique paisible et joyeuse de Telemann est décidément une pure merveille, l'accompagnement parfait pour cette fin d'après-midi d'octobre sur le campo Santo Stefano...
Le campo Santo Stefano est rempli du cri des gamins qui jouent. Les terrasses des cafés sont occupées par de jeunes parents qui ont fini leur journée de travail et boivent un verre en aérant leur progéniture, mais aussi de personnes âgées.
Un violoniste chinois ou coréen sans âge joue du Vivaldi devant le portail de l'église. Les passerelles qui servent quand il y a l'acqua alta sont autant de présentoirs pour les africains qui vendent les faux Vuitton. Une journée comme les autres. Telemann me poursuit avec un mouvement lent où je distingue derrière la flûte, une viole, un alto, un violoncelle et bien sûr le clavecin. Un régal. Le vent est doux et le ciel très bleu. dans quelques heures, lorsque le ciel se fera plus sombre, les terrasses se videront, il fera plus frais.
Me reviennent ces lignes du Carnet vénitien de Liliana Magrini :
"C'est avec une sorte d'émerveillement que l'on retrouve, ces jours-ci, en Venise, une ville toute fraîche, comme retrempée par un souffle marin qui la rendrait à d'autres âges vigoureux. Il y a quelques semaines à peine, comme exténuée par l'été, elle s'affalait dans une lassitude cendrée. Mais déjà sous la danse de lumières dorées irisant ses lézardes, elle seùble rejaillir en logs traits blancs. Dans cette dure pierre d'Istrie qui forme la trame secrète et le plus tenace de la ville, celle-ci paraît choisir à chaque saison les lignes qui mieux lui permettent de se reconstruire - de se faire - dans une souple résistance aux mutations du ciel..."
Ce sera bientôt l'heure de la passeggiata puis chacun rentrera chez soi et sous un ciel d'encre, j'irai me promener au clair de lune. Je vais trouver ces concerti qui ne venaient pas en fait du conservatoire mais du disquaire de la calle en face. Tant de baroque dans une école de musique même à Venise avait de quoi surprendre en vérité... La Fondation Levi, de l'autre côté du campo reçoit beaucoup de spécialistes de la musique ancienne et de baroqueux célèbres. Cette musique paisible et joyeuse de Telemann est décidément une pure merveille, l'accompagnement parfait pour cette fin d'après-midi d'octobre sur le campo Santo Stefano...
posted by lorenzo at 20:10
12 octobre 2006
L’arrivée du buon gusto italien en France
Je ne sais pas si vous partagez mon goût pour le vrai café, parfumé, onctueux, fort sans jamais être âcre qu’on sert à Venise, dans n’importe quel petit troquet, comme partout ailleurs dans toutes l’Italie : recouvert d’une mousse de lait chaud si dense que le sucre met du temps à se répandre dans le breuvage. Le parfum délicieux qui se dégage de la tasse fumante répand ses effluves délicates jusqu’au cœur. Le macchiato, équivalent raffiné du "café noisette" des cafés français, fait peu à peu son entrée dans les bars de l’hexagone.
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Un ami qui revient de Quito me disait avoir eu la surprise d’en trouver partout aussi bons qu’à Venise ! La France est un peu en retard dans ce domaine et quand, le matin, désireux de retrouver l’atmosphère si agréable de mes matinées vénitiennes, je réclame au serveur un café avec du lait chaud mousseux, la plupart du temps je me vois répondre "c’est un petit crème que vous voulez". D’autres me disent, sur un ton péremptoire "mais si c’est un noisette c’est un expresso avec du lait froid" ou bien "c’est un grand crème pour le monsieur" ou encore "un cappucino"… Certains pour me plaire me servent avec la tasse un petit pot de lait chaud vaguement mousseux.. J’ai vite abandonné.
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Mais, depuis quelques temps, les fournisseurs de café, à l’instigation des grands comme Illy ou Segafredo, fournissent à leurs clientèle des bars et brasseries, des conseils qui permettent au consommateur de déguster – enfin – un vrai macchiato ou un vrai ristretto. Mais reprenons en détail l’index des variétés de café que les italiens savent servir quelque soit le type de machine en leur possession. Bien entendu, il faut au départ un bon café, torréfié comme il faut, pas trop grillé, bien frais. La machine doit être propre et l’eau – détail fondamental – la plus pure possible.
.Le point de départ : l’expresso.La recette est simple. Il faut 25 à 30 cc d’eau répandue dans la tasse en 25/30 secondes. La dose pour une tasse est de 7 grammes de café. Pas un milligramme de plus ou de moins. Il doit être moulu afin de permettre l’écoulement d’1 cc par seconde, sinon il est amer ou fade. La température de la machine doit être réglée entre 88 et 92°. Sinon le café brûle et donne ce go^$ut désagréable que l’on trouve trop souvent dans les cafés français. La pression ne doit pas dépasser 9 bar. Voilà pour la recette de base, le café du puriste : l’espresso italiano vero.
.Le caffé macchiato (littéralement le café "tâché") n’est rien d’autre qu’un expresso (1/3 de la tasse) servi avec de la mousse de lait chaud obtenue par le jet de vapeur de la machine. Ce n’est pas du lait qu’on fait mousser sur le dessus. Ce n’est pas un café crème non plus. C'est la boisson du milieu de la matinée, de l'après-midi quand on recherche quelque chose de plus doux que le simple expresso.
.Le caffé ristretto est un expresso avec moins d’eau donc coulé en moins de temps. Le café semble plus dense, plus parfumé donc plus corsé.
.Le cappucino (littéralement le "capucin") est un café expresso servi dans une grande tasse auquel on rajoute la même quantité de lait chaud et la même quantité de mousse de lait. On termine en recouvrant de cacao amer ou de cannelle. Une fois mélangé, le breuvage a la couleur de la robe de bure des capucins. C’est la boisson par excellence du petit déjeuner. C’est plus léger que le café au lait français qui lui est a peu près dans les proportions suivantes : ¼ café ¾ lait chaud. A ne pas confondre avec le café viennois (ou cappucino viennese) où en plus de la mousse – souvent à la place – on sert de la crème fouettée.
Le caffé latte existe aussi en Italie, souvent servi dans un verre.
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Le caffé americano, très à la mode dans les années qui ont suivies la guerre avec l'arrivée des GI's d'origine italienne, est un double expresso plus léger que l’expresso mais à peine. Il est l’équivalent de la boisson préférée des américains que ces fous furieux boivent le plus souvent en marchant tellement ils sont toujours en mouvement. Si les italiens prennent la plupart du temps leur café debout, ils prennent le temps de savourer ce moment de convivialité au comptoir où tout le monde se retrouve et refait le monde. Les stocks options et le second marché peuvent attendre !
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Enfin, il y a le caffé corretto (corrigé) où l’expresso est complété par quelques gouttes de grappa ou de cognac. Un délice après le repas. A Venise, j'ai vu de vieux messieurs commander un caffé corretto vers 7 ou 8 heures du matin...
posted by lorenzo at 23:15
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