12 octobre 2009

Aller en train de nuit à Venise

Je regardais l'autre soir sur internet un reportage consacré au Royal Scotsman, un train comme autrefois qui permet de faire le tour de l’Écosse dans des conditions fort agréables. Fort coûteuses aussi. Plus facile à satisfaire, moins luxueux que le Simplon-Orient-Express, le train de nuit Artesia qui quitte Paris (Bercy hélas et non plus la gare de Lyon) à l'heure du dîner et arrive à Venise pour le petit-déjeuner, reste, quoiqu'en disent certains voyageurs malchanceux, un agréable moment de "voyage" comme nous sommes nombreux à les aimer, du moins si j'en crois les lecteurs de Tramezzinimag. Que ce soit en famille ou entre amis dans une de ces cabines modernes ou six couchettes confortables permettent de commencer le voyage dans une ambiance chaleureuse, en wagons-lits (en T2 ou T3) où les jeunes enfants peuvent dormir à deux dans un vrai lit sans empêcher les parents de passer une bonne nuit ou, mieux évidemment, en cabine de première classe, seul ou à deux dans un confort vraiment complet : cabines parfaitement insonorisées, lits confortables, moquette épaisse, salle d'eau fonctionnelle, magazines, boissons. Le rêve. 

Il existe même une voiture spéciale qui ressemble à un hôtel en miniature avec comptoir d'accueil, salon d'attente et de lecture, où des cabines nuptiales sont nanties chacune d'une douche. Ce n'est pas, en seconde comme en première, le luxe des sleepings d'autrefois mais c'est une partie du voyage à Venise que je continue de défendre becs et ongles contre les détracteurs du train. Le dîner peut paraître cher, mais dîner en regardant défiler le paysage, avec de jolies petites lampes sur chaque table, de vraies nappes, de vraies serviettes, un petit bouquet de fleurs fraîches, un verre de spumante et des serveuses souriantes et joviales cela vaut son pesant d'or de nos jours. La nourriture est parfois quelconque c'est vrai, mais toujours italienne et jamais mauvaise : contorni, pasta... C'est du courant, du tout-venant, mais c'est déjà un premier pas en Italie. Le train à peine parti de Paris, c'est comme un rayon de soleil venu de l'autre côté des Alpes pour nous chercher. Personnellement, aller à Venise dans d'aussi mauvaises conditions, cela me convient tout à fait et mes enfants ne veulent pas voyager autrement.
 
Pour votre prochain périple avec Artesia, je vous recommande le petit ouvrage de Baptiste Roux, "la poésie du rail, petite apologie du voyage en train", paru aux éditions Transboreal (lien vers le site de cet éditeur ici) dans sa collection "petite philosophie du voyage". Un hymne que les amateurs de ce moyen de transport reprendront en chœur.  

28 commentaires

Florence a dit… 
Durant mes nombreux voyages j'ai eu de tout: des ronfleurs, des "sans gêne" mais surtout des gens agréables allant ou revenant de Venise pour la 1ère fois, des vénitiens vivant en France ou des amoureux et habitués de cette ville... Et je le dirais jamais assez, l'arrivée est magique et pleines de souvenirs ancrés à jamais dans ma mémoire.. Mon père m'attendant sur le binario avec son journal plié sous le bras.. A presto... 12 octobre, 2009 Anonyme a dit… N'est-ce-pas en effet, ici un lieu étrange par sa singulière beauté ? Son nom seul provoque l'esprit à des idées de volupté et de mélancolie. Dites :"Venise et vous croirez entendre comme du verre qui se brise sous le silence de la lune..... N'est-ce-pas un lieu de sortilège, de magie et d'illusion ?" H.de Régnier. 
M.17 
 12 octobre, 2009  

Anonyme a dit… Mille fois oui pour le voyage en train pour et de Venise ! Mais cette fois, le retour a été perturbé par un escadron de zanzare affamés; des tigrés, petits mais voraces. Qu'à cela ne tienne, le train fait partie du voyage et c'est magique, comme tout ce qui concerne Venise ! 
Gabriella 
12 octobre, 2009  

Anonyme a dit… Magie de se réveiller à Venise, bercée par Artésia... 
M.17 
12 octobre, 2009  

AnnaLivia a dit… 
J'ai fait mes trois premiers voyages en train vers Venise. Le dernier fut en avion, avec tous les problèmes que ça comporte... J'ai décidé de renouer avec le train. À chaque fois une aventure différente. Bon, quand il y a des ronfleurs, y'a toujours la solution des boules quiès...! J'adore dormir bercée par le roulement du train. Et l'arrivée le matin est toujours magique! On sort de la gare et on y est! 
 12 octobre, 2009  

Michelaise a dit… tout à fait d'accord, même si en arrivant par l'aéroport on bénéficie d'une approche superbe la ville, l'arrivée au petit matin sur le quai de santa lucia, avec cette impression que la ville s'offre à vous, toute guillerette, c'est unique ! 
12 octobre, 2009  

FRANCOIS a dit… 
Oui ce train qui vous amène au cœur de Venise pour le petit-déjeuner fait partie à chaque fois de la redécouverte de Venise,.... lentement l'ambiance monte et après la nuit le rêve redevient réalité! 
12 octobre, 2009 

J F F a dit… 
Unanimité chez vos lecteurs il me semble. Et je ne vais pas y déroger... J'ai hâte de savoir comment vous décrirez le meilleur de ce merveilleux voyage en train (pourtant d'habitude j'aime les débuts, quand on se met en route...) : l'arrivée ! La surprise d'être longtemps au - dessus de l'eau, puis la descente du train, les quelques pas avant l'éblouissement au sortir de la gare, les sons, la lumière, le ballet des passants, la vue, tout est d'ailleurs, d'autre part, on se sent si bien, d'un coup ! Mais... on va vous laisser le dire... 
12 octobre, 2009

Sylvain/Kaonashi a dit… 
Désolé d'avance, mais je vais casser cette jolie unanimité, dans laquelle je ne reconnais pas grand chose de mes 3 trajets sur cette ligne. Tout d'abord, parlons du prix : même en couchette normale, et à moins d'être chanceux en période de promotion, c'est cher pour ce que c'est. Cabines étroites, peu de rangement, couvertures très âgées, longueur de couchette n'excédant pas le mètre quatre-vingt (désolé de faire sept centimètres de plus). À chaque fois la partie sanitaire des wagons était assez sale, et le tout est quand même très vieillot. Les désagréments ou agréables surprises des voisins de chambrée, c'est plus aléatoire : une fois un groupe de ronfleurs ; une fois un groupe de Chinois que le douanier suisse, un rien zêlé, a voulu faire expulsé parce qu'ils n'avaient pas de visa pour la Suisse ; la dernière fois, j'ai eu la chance de pouvoir bien discuter avec un Nantais artiste verrier qui retourner à Murano pour quelques mois... Bon de toute façon, quoi qu'il arrive, je dors quasiment pas, donc le voyage me semble interminable ! Après, c'est sûr qu'en terme de pollution, c'est rien du tout à côté d'un trajet en avion... ^_^ 12 octobre, 2009 Lorenzo a dit… Il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle, Sylvain. Il y a aussi hélas pour eux des vélléitaires pour qui le voyage en train est un pensum. Je le comprends. D'autres dont je suis pour lesquels ce n'est que magie. J'ai compté un jour le nombre d'allers et retours effectués sur une ligne qui n'existe plus de la même manière : le Bordeaux-Venise via Marseille, Nice, Vintimille et Milan. Plus de 22 heures de train avec des étapes interminables à Vintimille, quand existait encore une frontière entre nos deux pays. De 1980 à 1986, j'ai fait 48 voyages sur ce trajet ! Ce fut à chaque fois pour moi un vrai délice. Le bonheur de voyager. Des rencontres inattendues, des évènements cocasses parfois dramatiques (j'étais dans le train la nuit où un jeune maghrébin fut jeté sur la voie par des soldats ivres, des heures de rêveries, de lectures, d'ennui aussi parfois pendant tous ces allers et retours. Je me doute que cela doit faire frissonner de dégoût ceux qui n'aiment pas le train (et puis, comme Anna Livia, j'ai aussi la chance de m'endormir dès que le train circule) 
12 octobre, 2009 


Les Idées Heureuses a dit… Plus de trains de nuit de Nice à Venezia, le voyage ne peut s'effectuer que de jour. Mais une autre solution s'offre à nous depuis quelques temps: l'avion avec la compagnie Fly Baboo; en surveillant les offres de tarifs on peut faire un aller -retour pour 200 euros à 2 personnes: c'est ce que nous avons obtenu pour la fin de l'année. Petit avion de 90 places environ, compagnie suisse très soft,1heure 15 de voyage avec arrivée sur la lagune vu d'en haut! Très belles émotions... inénarrables, tant ça vous prend aux "tripes"...l'euphorie de grands que l'on cache dans un recoin de son cerveau par pudeur.On la laisse éclater, avec joie , les regards échangés en disent long sur nos émotions, d'autant plus que chacun de nous deux ressent le même bonheur. Égales à l'arrivée par le train et la découverte du "canal grande". Je me souviens encore de nos impressions la première fois en 84...après avoir franchi le quai rempli d'une foule compacte, la rencontre avec Venise, et l'union définitive avec la Cité pour nos deux âmes. On rentre à la maison! 
13 octobre, 2009  

autourdupuits a dit… Voici un article Lorenzo qui va réconforter notre amie commune Hélène, qui effectuera le voyage de retour en train de nuit à la Toussaint avec sa petite fille à qui elle va faire découvrir Venise pour la première fois,elle n'a plus ses repères depuis la disparition de MyAir !!!! 
13 octobre, 2009 

SAB. DE MONTPELLIER a dit… Cet article me donne à nouveau envie de tester cet Artesia ! mais.. question sécurité, qu'en est-il pour une femme voyageant seule ??? il y a du passage régulier ? des arrêts durant la nuit ? ou c'est un direct ?... Moi qui suis un adepte du train à 100% et qui déteste l'avion, cette option m'intéresse ! (surtout que de Montpellier ce n'est pas pratique de rallier Venise, et que je n'ai plus envie de faire tout ce trajet en voiture, alors que justement, je vais dans un lieu où je n'en ai pas besoin, de voiture ! Arriverderci Lorenzo ! 
13 octobre, 2009  

Anonyme a dit… Mais flâner à Venise efface tous les maux d'Artesia. Se retrouver au bord du Canalazzo le matin est simplement sublime. Sensation unique à chaque arrivée ferroviaire.
M.17 
13 octobre, 2009  

Marie a dit… 
Je laisserai un avis mitigé sur le sujet. Je vais toujours à Venise par le train car pour moi c'est le plus facile: par le métro je suis à moins d'une heure de la gare de Bercy et arrivée le lendemain sur le grand canal. C'est pour moi très appréciable! Et si l'on peut programmer son séjour à l'avance, les tarifs peuvent être intéressants. Maintenant, on ne choisit pas ses compagnons de voyage et le hasard réserve des surprises parfois très agréables et d'autres non. Il faut faire avec. Je n'ai pas eu l'occasion de tester les lits moelleux, l'insonorisation, le confort douillet,les fleurs sur la table - je n'ai pas testé le wagon restaurant- et voyageant avec le commun en cabine de six, je témoigne aussi de l'exiguité ( y compris pour les bagages ), de la grande usure du linge et couvertures, de bruits" mécaniques" incessants, de coins toilettes assez malodorants et rapidement dégoûtants ( la faute aux utilisateurs, certainement). J'aimais bien aller prendre mon petit déjeuner en regardant défiler les paysages . Il n'y a pas si longtemps il y avait du pain frais, une tasse blanche avec sa soucoupe... A mon dernier voyage j'ai eu droit à un anonyme gâteau au sucre sous cellophane et du café servi dans un gobelet de plastique.. ;( Peut-être qu'Artésia économise sur le produit vaisselle? Je reconnais que j'ai été déçue, d'autant que le prix est inchangé. Ceci dit, c'est toujours un vrai bonheur que d'aborder Venise par la lagune et dès que le pied est posé sur le parvis de Santa Lucia, j'ai tout oublié des petits désagréments... Et vendredi soir, je prends le train. Une semaine à Venise. Et alea jacta est !!! ;-D 
13 octobre, 2009 

Lorenzo a dit… Artesia est gérée par la SNCF et la société TRENITALIA. La gestion du Paris-Venise était à ma connaissance sous la resposnabilités des italiens. Ainsi le wagon restaurant offre de la cuisine italienne,servie par des italiens. Mais autant il est agréable d'y diner et d'y boire un dernier verre quand la plupart des gens vont dormir, autant le petit déjeuner est devenu quelconque. Depuis que la société gestionnaire ne se fait plus livrer en gare de Brescia les croissants frais. Non il vaut mieux prendre son petit déjeuner au bar de la stazione Santa Lucia : capuccino et croissant... un délice surtout quand on le savoure sur la terrasse devant le grand canal ! Recommandation : ne prenez pas un petit déjeuner complet pour touristes c'est nul et cher pour des machins industriels sous cellophane. 
13 octobre, 2009 

Lorenzo a dit… 
 Quant à l'axe Paris-Rome, géré par la France il ne comporte qu'une infâme voiture-bar comme sur les TGV où l'ambiance se veut française et où on offre des snacks et des sandwiches sans intérêt et hors de prix avec un service inférieur ou égal à zéro. L'horreur. Au moins, bien que le wagon restaurant du Paris-Venise ait été modernisé (par exemple les lampes ont disparu des tables sur les nouvelles voitures mais parfois les anciens wagons circulent qui sont bien plus jolis)et ne comporte plus que 34 places (ils proposent au moins deux services, rassurez-vous)on y fait un vrai repas et on est servi comme au restaurant. Même en 2e classe, il faut une fois au moins y aller dîner, ne serait-ce que pour s'éloigner de la promiscuité d'une cabine avec 5 étrangers ! Pour répondre aux craintes de Sab de Montpellier, les couchettes comme les wagons-lits ne sont pas mixtes sauf quand des couples ou des familles voyagent ensemble et il existe toujours un ou deux compartiments où le contrôleur installe les dames seules. Les voitures sont verrouillées de l'intérieur et les cabines se ferment aussi. Les passeports et les billets sont demandés au départ et vous n'êtes plus dérangée pendant la nuit sauf quand un voyageur arrive ou part en cours de trajet. Rendez vous sur le site Artesia, tout est bine expliqué et c'est plein d'illustrations. On peut même y situer sa place et faire son choix en connaissance de cause. 

 13 octobre, 2009  

AnnaLivia a dit… 
 Pour SAB: j'ai voyagé à deux reprises seule en wagon-couchette à 6. C'était mixte et je n'ai jamais été ennuyée. Les gens sont généralement gentils et relativement discrets. J'ai réussi à avoir un wagon pour "femmes seules" en première classe seulement. En passant, première classe ne veut pas dire plus de confort, plus beau ou plus moderne... ça veut juste dire qu'on est 4 au lien de 6, donc un peu plus d'espace... J'ai été un peu déçue. 
13 octobre, 2009  

SAB. DE MONTPELLIER a dit… 
Grazie mille per le vostre risposte ! ;-) Je ferai mon propre commentaire quand j'aurai testé... Pour l'heure, je vais "monter" à Genève prendre le direct Genève-Venezia qui est trèèès agréable, et de jour.... (mais bon, faut y être à 7h du mat à Genève ! d'où mon intérêt curieux pour Artesia).. D'ailleurs, je file sur ce voir leur site... Buona serata amici di Tramezzini ;-) 
13 octobre, 2009  

Anonyme a dit… 
Jeudi soir ma nuit sera ferroviaire... Je me languis de retrouver mon jardin secret.
M.17
13 octobre, 2009  

Lorenzo a dit… 
Bon voyage et bon séjour ! 
14 octobre, 2009  

Venise86a dit… 
Bouhh, que c'est bon de vous retrouver tous et de vous lire ici... Moi j'en suis toujours à chercher comment retrouver Venise en train sans passer par Paris mais par Nice... Que ceux qui ont la chance de partir ces jours ci nous rapportent plein de belles choses et savourent ! 
14 octobre, 2009 

Aldo a dit… Le tant attendu retour à Venise c’est pour samedi ! Le voyage se fera en train, comme il se doit. Depuis ma plus tendre enfance, je ne m’y suis jamais rendu par un autre moyen de transport, cela me semble inconcevable. Par contre, pas de train de nuit. J’ai la chance de ne pas en être trop éloigné. Cinq heures et demie de trajet suffisent. Il me tarde d’y être. La lecture de vos textes à toutes et à tous a éveillé en moi l’envie irrépressible de retourner dans cette ville que j’ai si souvent arpentée jusqu’au milieu des années 90 et que j’ai trop longtemps délaissée. J’appréhende de retrouver la Serenissima après toutes ces années d’absence. Sera-t-elle encore telle que dans mes souvenirs ? 
19 octobre, 2009  

Anonyme a dit… 
Lorenzo, vous me faites peur, nous avons pris nos billets sur le train de nuit pour Rome dans pas longtemps, et la description que vous en faites ne semble pas correspondre à l'image que veut donner Artesia sur son site web (voir les visites virtuelles)... J'avais déjà été à Venise en train de nuit (wagon-lits, seul avec 2 inconnus), ça s'était bien passé, mais pas fulgurant non plus, sauf l'incroyable arrivée à Venise la tête par la fenêtre abaissée, comme dans le temps... 23 octobre, 2009 Lorenzo a dit… Non ne craignez rien c'est simplement que le wagon bar n'est pas aussi agréable que le wagon restaurant du train pour Venise. Mais mon expérience date d'il y a quatre ans, cela a pu changer. Bon séjour à Rome ! 
 24 octobre, 2009  

Anonyme a dit… 
Moi, j'adorais le Rialto qui n'existe plus depuis bien longtemps, il partait de la gare de Lyon et pas de cette sinistre gare de Bercy, Trouver un wagon lit dans le Stendhal d'Artesia est une gageure. Tout est complet à moins de réserver trois mois à l'avance. Sinon, il faut avoir de la chance et pouvoir négocier avec le contrôleur. Cela m'est arrivé souvent. Mais la dernière fois, il n'y eut aucune défection et le voyage a été un cauchemar, à quatre dans un compartiment "de première" d'une propreté douteuse. J'ajoute que les pâtes du wagon restaurant étaient collantes. Depuis nous prenons l'avion que je déteste. Puisqu'il n'y a plus de plaisir possible dans le voyage, autant le raccourcir. 
mob 
31 octobre, 2009  

venise a dit… 
 Quel dommage qu'il n'y ait plus un départ de nuit de Nice... Après avoir testé l'avion, le bus, la voiture pour aller à Venise, je rêve d'une arrivée en train au petit matin. Mais cela est dommage de devoir "monter à Paris" depuis le Sud est ! 
22 avril, 2011  

Lorenzo a dit… 
Cela peut se faire avec une arrivée à 6H.38 à Santa Lucia mais c'est un véritable parcours du combattant. imaginez plutôt : départ de Nice à 17h53 voire pour plus de sécurité à 17H32. Arrivée à Vintimille une heure plus tard, sur le quai d'en face, départ pour Milan à 18H58 avec une arrivée à 22H55 puis départ pour Vérone à 00H15 et arrivée chez Roméo et Juliette à 02H23, départ 10 minutes plus tard pour Venise où vous arriverez au petit matin, avant l'ouverture de la plupart des cafés. C'est un long périple mais pour les amoureux du train rien n'est trop compliqué. 
 22 avril, 2011

30 septembre 2009

Notre Dame des Mers Mortes


Il fut longtemps une mode, soigneusement entretenue par une pelletée de snobs précieux et souvent phtisiques,  qui consistait à ne voir de Venise que la part désolée et comme abandonnée. Cette vision maléfique d'une cité à jamais endormie, empuantie de miasmes, déliquescente et pourrie, où tous les vices pouvaient s'assouvir, est à l'origine de l'idée qu'on se fait encore parfois de Venise. Cité des amours perdues, royaume des passions interdites. Venise la morbide... 
 
Ceux qui connaissent la cité des doges, ceux qui y ont vécu, même l'hiver, même dans les années 70 ou 80, quand l'Italie était la proie de démons, noirs, rouges ou bruns, le savent bien : Venise est joie et vie ! Sa lumière à elle seule, même au plus triste des ciels de novembre, est féerie et délice pour les yeux. Les âmes tendres, celles qui ne se repaissent pas de douleur ou de viles passions, le sentent bien : Venise est un monde qui gigote et qui rit. Un bal costumé ou une romance. Pas un hymne funèbre ou un sinistre roulement de tambours...

Je relisais l'autre soir «Notre-Dame des Mers Mortes», un récit de Jacques d'Adelsward-Fersen. Publié en 1902 à Paris, c'est le premier roman du XXe siècle sur Venise. Jean Lorrain, Huysmans ne sont pas loin. On y rencontre des êtres sombres et tragiques, dans un décor de palais décrépis et de haillons. L'ouvrage est élégant, avec sa couverture dessinée par Louis Morin et le portrait du jeune auteur en frontispice. L'écrivain, rendu célèbre jusqu'à nos jours par la biographie très romancée de Roger Peyrefitte, «l'Exilé de Capri», écrivait bien. Certains de ses poèmes publiés chez Messein, l'éditeur de Verlaine, démontrent un réel talent. Une affaire de mœurs dans une période politiquement troublée l'obligea à l'exil. 
 
Si Appolinaire se moqua un jour de ce jeune homme trop esthète, ses vers eurent souvent du succès. Comme d'ailleurs ce roman - qui fut réédité quatre fois. Il est pourtant aujourd'hui terriblement démodé, parfois ampoulé et maniéré, comme on l'était à la Belle époque. Grâce à dieu, les esprits ont évolué et les goûts ont changé. Les amoureux de Venise, (je ne parle pas des hordes qui ne font que passer et ne voient ni ne sentent rien) ont compris ce qu'elle est vraiment, la ville des enfants et des chats, la ville de la lumière et des reflets, la cité de la musique et de la couleur. Non, à Venise le noir ne va pas bien. Notre Dame des mers mortes a soufflé sur les flots, et de jolies vapeurs aux reflets diaphanes projettent son image devant l'univers médusé, attirant des troupes d'esclave qui tentent à son contact de se remplir enfin d'humanité et de beauté...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Où peut-on se procurer cet ouvrage ?

Lorenzo a dit…

Hélas en bibliothèque seulement. Ou sur le catalogue d'une libraire ou dans une vente aux enchères... J'envisage depuis des années de le rééditer avec un commentaire critique.

Les Zattere à la tombée du jour...




1 commentaire:

Anonyme a dit…

l'heure magique...

France Musique à Venise

La restauration du palais achevée, les dernières touches apportées à la décoration des magnifiques salles, les allées du jardin ratissées et la pelouse bien tondue, tout est prêt pour l'inauguration de ce nouveau lieu culturel vénitien, le Palazzetto Bru Zane, propriété de la fondation du docteur Nicole Bru, héritière des Laboratoires UPSA, née en 2005 et consacrée à la musique romantique française. Parmi les festivités qui font qu'une fois encore, qui s'en plaindrait, octobre à Venise est français, il faut souligner la présence de France Musique en direct et en public.

Si vous êtes sur place, ne manquez pas d'assister aux trois émissions :

Vendredi 2 octobre, de 18 heures à 19 heures, le Magazine de Lionel Esparza qui recevra Nicole Bru, Hervé Niquet du Concert Spirituel, Alexandre Dratwicki, le directeur artistique de la fondation, Benoît Dratwicki qui en est le directeur scientifique, et Olivier Lexa, le directeur général. Puis, en suivant, de 19 à 20 heures, Alex Duthil présentera Open jazz.
Samedi 4 octobre, de 10 heures à midi, François Hudry animera La tribune des critiques de disques, autour des Nuits d'été d'Hector Berlioz.
Pour les amateurs de la musique du XIXe siècle, la Fondation inaugure ses locaux avec un premier festival consacré aux "Sources de la musique romantique française", qui aura lieu du 3 octobre au 7 novembre, et réunira dans différents lieux de la ville, des concerts et des conférences. Le programme détaille de ce festival figure sur le site de la Fondation (voir le lien ci-dessous).
...
Centre de musique romantique française
Palazzetto Bru Zane
Campiello del Forner o del Marangon
San Polo 2368
Tel 041 521 10 05

4 commentaires:

maite a dit…

Sur ce site, il y a une vidéo de la restauration du palais très intéressante. A presto

VenetiaMicio a dit…

Effectivement, j'avais lu dans une revue, en juin dernier, qu'il aurait l'inauguration de ce nouveau lieu de concerts et de spectacles le 4 Octobre...et comme Maïté, j'avais consulté le site internet, à ce moment-là.
Merci Lorenzo pour les informations, si on est à Venise à cette période, c'est une bonne chose de le savoir.
Danielle

Anonyme a dit…

J'ai eu le plaisir d'assister à l'inauguration du Palazzo Bru-Zane : c'est une merveille de finesse et de légèreté. Entendre la musique résonner dans cette magifique salle, comme celà devait se faire autrefois, fut un pur délice. Merci à Madame Bru pour sa généreuse initiative, et longue vie à sa Fondation et à la re-découverte de la musique romantique française.
Gabriella

Lorenzo a dit…

C'est un bel endroit en effet que ce "casino" que la Fondation a permis de sauver. Ou bien est-ce plutôt la rénovation du Palais qui a permis de donner vie à cette fondation ? Le milieu musical européen a de quoi alimenter les conversations une fois de plus.En tout cas, on ne peut que se réjouir qu'une organisation aide à attirer le goût du public vers cette musique romantique française dont on ne connait que le triomphe et bien moins les balbutiements, bient avant le XIXe, à la cour de Versailles ou dans le Paris du directoire...

27 septembre 2009

Ombres chinoises sur les Zattere


© Pietro Alvise Gaggio - 2009


 

14 commentaires:

ladivinecomédie a dit…

J'aime beaucoup ce coin, qui si je ne m'abuse, se situe juste après la Pensione La Calcina.
N'y a t-il pas sur le mur, un peu caché par les feuillages, le délicieux petit angelot qui tient un livre ouvert ?

Marie G a dit…

Et voilà! Nous revenons de 3 jours à LA SERENISSIME! Merveilleux temps, soleil, un peu de vent frais pour atténuer les 28°C.... mal aux pieds tellement nous avons arpenté toute la ville et même le cimetière San Michele (on s'est trompé de vaporetto! Et c'est très bien), montés au campanile de San Giorgio etc! Un monde fou au centre, mais comme d'habitude peu de touristes dès qu'on s'écarte un peu des pôles d'attraction renseignés par les guides. Plein d'images à partager!

Les Idées Heureuses a dit…

Mirage d'un couple main dans la main...

AnnaLivia a dit…

Un des mes endroits préférés à Venise. Jolie lumière...

totirakapon a dit…

Splendide photo ! Effectivement, ce coin, juste après "La calcina" en allant vers le club d'avirons et la Dogana est magique....

venise86 a dit…

Grrr, jalouse de tous ces amoureux qui paraissent connaitre Venise par coeur, et avec le coeur !! Bon je note, à découvrir !

Anne a dit…

Quelle belle photo romantique! Merci, Lorenzo!
Anne

Lorenzo a dit…

Les Zattere sont un des lieux magiques de Venise, peu fréquentés par les touristes qui passent davantage côté Grand Canal pour se rendre à la Salute. Profitons-en... L'ange qui lit surveille le mur d'enceinte d'une très belle maison qui fut longtemps le consulat général de la Principauté de Monaco. Une porte dans le mur, sur la fondamenta fut ouverte au public, un jour triste il y a des années, pour permettre aux gens de vire signer le registre de condoléances après le décès de la Princesse Grace. Les Zattere étaient noirs de monde ce jour-là.

VenetiaMicio a dit…

pour Lorenzo :
"Je vous aime, Ô Zattere [...] dans toute votre étendue parce que, sur votre dalle, il fait bon marcher vite ou doucement ou s'arrêter, selon l'heure et la saison, à l'ombre ou au soleil."
Henri de Régnier.
Merci pour les souvenirs, oui en me promenant j'avais vu le blason de la Principauté de Monaco...

romi2424 a dit…

un endroit magique et pour le plaisir gourmand il y a les glaces de NICO n'est ce pas ?

Mingoumango (La Mangue) a dit…

C'est amusant, j'ai aussi pris une photo de nos ombres à cet endroit-là, il y a deux ans... Les Zattere au soleil couchant, c'était magnifique...

Lorenzo a dit…

Ah le gianduiotto de Nico qu'on savoure en marchant jusqu'à la Pointe de la Douane. Normalement, la glace est terminée au moment où débouchant sur la pointe, on découvre soudain cette vision unique : saint Marc et Saint Georges les jardins, le lido au loin. Féérique par les soirs d'été !
Devant la Calcina se tenait autrefois(là où il y a maintenant le restaurant de l'hôtel justement) le "Cucciolo" dont j'ai déjà eu l'occasion de parler.Les glaces y étaient à mon avis meilleures que chez Nico.

Florence a dit…

Et maintenant sur les Zattere est ouvert le musée des" canottieri Buncintoro". Toutes le coupes de ce club qui étaient entreposées à la pointe de la douane ont été déplacées suite à la restauration par Pinault.
En septembre j'y ai vu la jeune fille qui s'occupe de cet agencement et m'a promis d'y mettre la photo de mon grand-père et de son fameux équipage. A suivre...

chantal robillard a dit…

les Zattere au soleil couchant, je ne connais rien de plus doux à Venise ! j'en ai même fait une nouvelle, qu'on peut trouver sur le site du campiello : "le deviseur du monde".
Joyeux Noël, Lorenzo !


26 septembre 2009

T.S. Eliot, à la mémoire d'un grand poète

Quand il rencontra son compatriote Henry James à Venise, le jeune écrivain sorti de Harvard, né dans le Missouri le 25 septembre 1888, ne pouvait imaginer qu'il recevrait un jour le Prix Nobel de littérature, ni qu'il deviendrait tellement britannique, qu'au moment où on célèbre son anniversaire (121 ans et pas une année de purgatoire depuis sa mort en 1965), beaucoup d'anglais médusés découvrent étonnés qu'il était né américain. Ce grand poète, ami d'Alain-Fournier, Jules laforgue, Yeats, James Joyce, Virginia Woolf, William Austen, Scott Fitzgerarld et tant d'autres, reste trop méconnu du grand public en France. Il est vrai que son œuvre peut parfois paraître difficile. Pourtant qui sait que c'est à partir de son livre pour enfants « Old Passum's book of practical cats » qu'est née la célébrissime comédie musicale Cats qui n'en finit pas d'attirer les foules de Broadway et du West End ! Ce « classique, royaliste et anglo-catholique » était l'ami d'Ezra Pound. Ses positions parfois rigides et très conservatrices lui ont valu des accusations d'antisémitisme dont il chercha toute sa vie à se défaire. Comme le dit un jour un théologien londonien : « Peut-on s'affirmer fondamentalement chrétien et être antisémite ? Cela ne se peut sinon comment regarder le visage du Christ en agonie, juif parmi les juifs, et continuer de l'aimer et de le suivre ? ». 
 
Il aimait trop la liberté et les arts pour être tenté par le totalitarisme. En 1949, le congrès international du Pen Club qui eut lieu à Venise le dédouane pourtant de ces allégations. Chrétien engagé, il dérangeait l'intelligentsia issue de la résistance obnubilée par le communisme perçu alors comme libératrice et garante de la liberté (!!!). Il existe une excellente biographie (en français), parue il y a quelques années, que je vous recommande : « T.S. Eliot ou le monde en poussières » par Stéphane Giocanti (Éditions Lattès).

 

1 commentaire:

J F F a dit…

Très intéressant, bon esprit,

Merci

25 septembre 2009

La plus ancienne église de Venise



San Giacomo del Rialto dont une partie remonte au IXe siècle. La grande horloge sur sa façade possède 24 heures comme le voulait le système vénitien en vigueur jusqu'à la fin de la République. En effet, comme on comptait les jours différemment à Venise que dans le reste du monde, on avait un système horaire particulier. A l'intérieur plusieurs plaques votives mentionnent les noms des premiers donateurs de l'église. parmi eux figure le nom d'un de mes ancêtres, certainement la plus ancienne mention de notre patronyme parvenue jusqu'à nous.

5 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

Et pendant ce temps, le "gobbio" prie pour pouvoir retrouver sa position normale: il a du en voir passer des heures et des heures...

Wictoria a dit…

je n'avais jamais vu semblable horloge et j'ignorais même leur existence, toute cela me fascine et me pousse à faire quelques recherches :)

J F a dit…

La plus ancienne, dédiée à Saint Jacques le Majeur ? Il n'y a pas de hasard :
- vers 742 : installation des premières maisons à Ri(vo)alto
- 810-811 : transfert du gouvernement de Venise à Rialto
- 813 : "découverte" du tombeau de l'apôtre en Espagne
- 828 : "arrivée" du corps de Saint Marc...
15 ans après les "événements de Galice" la cité lagunaire contrecarre le pèlerinage à destination de Santiago de Compostelle. Un flot de chrétiens itinérants, tournés vers le sud-ouest, vers le front stratégique anti-musulman. Autant de revenus qui échappaient à la cité marchande.

Politique, pèlerinages, commerce, reliques, vastes sujets...

Votre blog, que je recommande souvent, est toujours aussi passionnant.

Bientôt un article sur Venise dans
www.grandslieux.over-blog.com

Lorenzo a dit…

L'adresse est notée !

ladivinecomédie a dit…

Pour ce qui voudraient avoir un petit bout de Venise dans leur transistor, sachez que France Musique délocalisera quelques unes de ses émissions au Palazzo Bru Zane le temps d'un week-end du vendredi 2 au dimanche 4 octobre 2009.
Le programme détaillé est ici http://sites.radiofrance.fr/francemusique/ev/fiche.php?eve_id=250000172

22 septembre 2009


Il existe un lieu méconnu en plein centre, à deux pas du grand canal et du pont de l'Accademia où sont désormais réunis les bustes et médaillons des plus illustres vénitiens d'autrefois. Hommes politiques, savants, navigateurs, artistes, poètes, juristes et médecins, leurs portraits sont présentés au regard du public comme en un vaste panthéon vénitien. Il s'agit du Palais Loredan dont je vous reparlerai en détail dans un prochain billet.
 

3 commentaires:

AnnaLivia a dit…

J'ai pu visiter ce lieu la semaine dernière. Il est ouvert dans le cadre de la Biennale mais l'étage n'est pas accessible... Quel beau puits!

Venise86 a dit…

Honte à moi, je n'ai encore visité aucun des lieux "nobles" de Venise... Je suis allée nez au vent par les ruelles, les places, et les gens...

AnnaLivia a dit…

Pas de honte à avoir Venise86, généralement, lorsque je visite les intérieurs, c'est qu'il ne fait pas beau. Sinon, moi aussi je flâne le nez au vent...