27 décembre 2012

A Venise aussi, la misère pour certains...




Le temps de Noël est pour la grande majorité d'entre nous un temps de joie et d'allégresse. On met les petits plats dans les grands, les yeux des enfants s'écarquillent devant les décorations et les lumières. le sapin, les cadeaux joliment enveloppés, les chants, les bonnes odeurs et partout la profusion. Partout ? Hélas non, chez certains ce temps est le plus triste de l'année. C'est cette jeune femme sans un sou qui a été surprise en train de voler dans un supermarché. Sous son manteau, elle cachait un paquet de pâtes et un pot de sauce tomate, pour nourrir ses deux enfants le jour de Noël. C'est aussi ce drame poignant que nous ne devrions plus trouver que dans les romans du XIXe siècle. La mort en plein centre historique d'un jeune clochard qui s'était réfugié pour la nuit dans un bancomat de la Banco di San Marco.
Il a fait tellement froid le jour de Noël à Venise. L'homme, apparemment à peine âgé de trente ans, a été retrouvé à l'intérieur d'un de ces guichets automatiques où il s'était réfugié pour la nuit. C'est un vigile qui l'a découvert hier au petit matin  Près du corps une couverture et les restes d'un repas. L'information a beaucoup choqué la population. S'il est vrai que depuis des années de nombreux mendiants ont fait leur apparition redonnant à la ville cet aspect triste du temps où la misère était partout et que la richesse de la Sérénissime attirait des pauvres de partout. Il y a toujours eu des clochards à Venise mais jamais personne n'avait été laissé ainsi à l'abandon jusqu'à mourir de froid, seul et abandonné, et puis ce vieux monsieur de 80 ans retrouvé mort aux Giardini reale, à deux pas des cafés et des restaurants remplis de monde de San Marco. Il s'était construit un abri de fortune pour se protéger du froid... Comme ce jeune homme, le soir de Noël... 
Un passant a déposé un lumignon à l'entrée du Bancomat. D'autres ont porté des fleurs. Jolis gestes qui ne peuvent effacer le sentiment d'injustice et de responsabilité devant un tel évènement. Comment sommes-nous aussi aveuglés par notre bien-être quand tout près de nous des tas de gens souffrent dans leur corps comme dans leur cœur ? Bien sur, aucun d'entre nous n'est directement responsable de la mort de ces hommes et nous ne pouvons porter toute la misère du monde. Mais la compassion suffit-elle ?

Sandro Simonato, maire-adjoint, a trouvé les mots justes quand il rappelle que ce décès "démontre combien la crise aggrave la situation des gens dans la rue, qui sont de plus en plus nombreux". Les employés municipaux affectés à l'action sociale d'urgence interviennent en moyenne 60 fois chaque nuit pour le seul centre historique ! S'il faut noter que la plupart des interventions sont liées à l'abus d'alcool, on ne peut oublier que si ces pauvres hères boivent c'est pour se prémunir du froid et de la faim. L'euphorie qu'ils recherchent les coupent au moins pendant un temps de la conscience qu'ils ont de leur misère et les éloignent du désespoir... Cette misère est inacceptable, bouleversante et nous pourrions tous un jour y être confrontés... Cette population démunie qui grossit de mois en mois vient de l'est de l'Europe. Souvent ces femmes et ces hommes ont un métier, un savoir-faire et seulement le désir de vivre décemment là où ils pensent pouvoir trouver un toit et un travail. Dans les centres urbains il est en général relativement facile de secourir toutes ces personnes. Le Samu social s'est généralisé dans tout l'occident. A Venise la topographie de la ville rend les choses plus délicates. Si personne ne l'aperçoit, un SDF peut rester des jours dans une ruelle retirée, dans un cortile abandonné et le risque est grand quand, comme en ce moment, le froid fait rage au milieu de la nuit. Il est impossible aux équipes de circuler partout tant il y a de ruelles et de campielli éloignés. On a même trouvé des gens installés dans des barques, sous les bâches de plastique. C'est pourquoi la solidarité de tous est nécessaire. Un bol de soupe chaude, un sandwich, du lait, une pomme, une couverture, de la compagnie, et un sourire en attendant qu'interviennent les services municipaux. A Venise, le numéro d'intervention d'urgence - 24 h sur 24 - est le 041 927 471.
Quand on sait que dans le sud-ouest de la France - mais les journaux parisiens n'en parlent pas - des espagnols affluent, tout comme dans les années 30, entassant dans leur voiture tout ce qu'ils avaient de valeur et s'arrêtent lorsqu'ils n'ont plus d'argent pour acheter de l'essence. Des familles entières vivent ainsi dans leur voiture, aidés par les services sociaux qui tentent de leur trouver des logements temporaires et les nourrissent. Une assistante sociale des environs de Bordeaux nous racontait l'autre jour en pleurant, son impuissance à les aider. "Des espagnols affamés, dans toute ma longue carrière, je n'avais jamais vu ça ! " Citoyens européens, venant d'un pays a priori riche et évolué, ils n'ont plus rien. 
 
Je connais un jeune infirmier passionné par son métier qui a traversé les Pyrénées pour trouver du travail en France. Il ne trouve rien en dépit d'un excellent CV et d'une belle expérience professionnelle. Chaque jour, il voit son petit pécule diminuer. Peut-être pourra-t-il se faire embaucher pour faire la plonge... Comment en sommes-nous arrivés là ? Et le temps de Noël se déploie, les enfants ravis s'amusent avec leurs jouets, partout les églises ont fait le plein pour la traditionnelle messe de minuit. La journée de Noël pour la majeure partie d'entre nous a été un moment de bonheur et de joie. Pendant que nous étions en train de digérer, un homme seul mourait de froid à deux pas de la plus belle place du monde. C'est hélas ce dont je me souviendrai en premier de ce Noël 2012. Si la mauvaise conscience - diabolique - ne sert de rien, rappeler ces tristes évènements et les raisons qui président à cette situation de plus en plus poignante pour trop de gens m'a paru important en ce temps où il nous est donné à nous, les nantis, joie et bonheur à profusion.

24 décembre 2012

In media res

A Baptiste.

J'ai découvert il y a quelques années le poète new-yorkais Frank O'Hara. A l'époque, comme il n'existait pas de traduction, j'avais entrepris de transcrire quelques uns de ses textes en français. Redonner dans notre langue l'atmosphère si particulière de ces poèmes, notamment ceux de Lunch Poems, que j'avais trouvé à Venise, dans la belle édition des City Lights Books, crée en 1955 à San Francisco par Lawrence Ferlinghetti. Sacrément difficile.


Olivier Brossard, qui maîtrise parfaitement l’œuvre de l'écrivain, a sorti une traduction de cet opus. Sa version est bien meilleure que la mienne, on ne s'improvise pas bon traducteur avec seulement de la passion. Cependant, si la version publiée, augmentée d'un appareil critique tout à fait passionnant, surpasse largement mes tentatives, mes mots correspondent davantage à la perception ressentie quand j'ai lu Frank O'Hara pour la première fois. A la lecture du tout premier poème du livre (écrit en 1953), j'avais en tête des images de l'Amérique des fifties, les carrosseries rondes et solides des voitures, les jupes moulantes des filles, leurs chapeaux, les costumes droits et sombres des garçons, leurs cheveux gominés et leurs dents très blanches ; les épaules larges des gamins vendeurs de journaux et du policier d'origine irlandaise au coin de la rue. Le cinéma de Cassavettes était passé par là autant que les comédies de Frank Capra
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Je n'étais pas assis derrière la vitrine d'un drugstore, mais à la terrasse du Paradiso, ce café perdu et comme abandonné, sous la voûte des grands arbres des Giardini, à Castello. J'aimais particulièrement ce café, d'abord parce qu'il était éloigné des lieux fréquentés par les autres étudiants tous agglutinés aux abords de la Ca'Foscari, sur le campo Santa Margherita ou à San Barnaba. Ensuite la paix qui y régnait (les groupes de touristes venaient rarement jusque-là à l'époque sauf quand il y avait la Biennale), me permettait d'écrire et de bouquiner tranquillement. J'utilisais à l'époque une petite Remington offerte par ma mère. Elle tenait dans une élégante petite mallette blanche et je la transportais avec moi quand je décidais de passer un long moment à écrire. Le joli bruit des tiges de métal sur le papier et la petite sonnette qui retentissait quand on arrivait en bout de ligne, sont associés dans ma mémoire au parfum de la glycine qui décore ce café. 

Quel meilleur endroit pour écrire ? Le bassin de Saint Marc en toile de fond, avec la basilique de San Giorgio et la Pointe de la Douane, les reflets d'argent sur l'eau verte entre les grappes de fleurs roses qui retombent vers le sol et embaument. Quand en mai il commençait de faire chaud et que nous prenions de plus en plus souvent le bateau pour les plages du Lido, la terrasse du Paradiso demeurait fraîche et ombragée. De plus, le cappuccino y a toujours été très bon. J'y déjeunais le plus souvent d'un croque-monsieur (souvenir délicieux) et d'une tarte aux amandes. Ne croyez-pas que je m'éloigne de mon propos, les poèmes de l'américain ont tous un rapport avec le repas de midi...

"Une véritable ouverture et une mise en appétit", c'est ainsi qu'est présenté le premier texte du livre. On comprend que le déjeuner est le repas préféré du poète mais qu'il n'est pas du genre à décrire des pages durant, les plats qu'il a aimé et les vins qu'il aura bu. Lunch Poems – titre que je n'aurai pas traduit tant son équivalent en français sonne plat et insipide - "n'est pas le livre d'un seul homme, mais le dessin d'une vie collective, d'un commerce incessant avec les autres", tout à fait comme on l'avait imaginé dans ce milieu intellectuel new-yorkais. Il y a du Pierre Reverdy autant qu'Appolinaire dans ce type :
.."Si je me repose un moment à côté de The Equestrian / m'arrêtant au mayflower shoppe pour un sandwich saucisse de foie / alors cet ange semble mener le cheval droit chez Bergsdorf / et je suis nu comme une nappe, mes nerfs fredonnent."
Venise n'est pas New York. On n'y vit pas de la même manière et si les liens qui unissent et rapprochent les deux villes sont nombreux, l'ambiance n'est pas la même. Pourtant à la lecture de Lunch Poems écrit par un new-yorkais, on retrouve dans la nonchalance du poète le rythme de notre vie vénitienne, du moins celle que nous vivions mes camarades et moi lorsque nous étions étudiants, absorbant avec un émerveillement et une joie sans pareille tout ce qui nous était donné de voir, d'entendre, d'apprendre et de comprendre. La poésie de Frank O'Hara a le goût de toutes nos premières fois. 

 Frank O'Hara
Poèmes déjeuner
Trad. O. Brossard et R. Padgett
Editions Joca Seria, Nantes.

23 décembre 2012

Les pères Noël en régate sur le Grand Canal.

© Marco Sabadin/Vision
C'était hier samedi 22 décembre la IIIe Régate des pères Noël - et aussi des mères Noël - sur le Grand Canal en mascarete à la valesana (le rameur debout fait avancer son embarcation avec deux rames croisées), organisée à l'initiative de nos amis du Circolo Ca' Foscari. Commencée dans la matinée, au départ de la Pietà à San Zaccaria, les concurrents se sont affrontés sur le bassin de Saint Marc puis le long du Grand Canal jusqu'à la Ca' Foscari, siège de l'Université de Venise. Cette année, le brouillard qui recouvrait la ville donna à la manifestation un côté mystérieux.
 

 



20 décembre 2012

La Galerie de TramezziniMag : Pierre Alivon

J'aime beaucoup cet instantané de la vie ordinaire à Venise. Comme partout ailleurs dans le monde, la foule dans les transports est une des caractéristiques de l'univers urbain. Les gens qui attendent que le vaporetto accoste, le jeune collégien plongé dans sa revue, la dame élégante dans le traditionnel manteau de fourrure que portent souvent les vénitiennes l'hiver... On est plongé dans le quotidien de la Sérénissime par la magie de ce cliché plein de poésie. Mais les silhouettes qu'on voit de dos en gros plan sont presque menaçantes. Comme l'attente avent un assaut de deux troupes adverses qui vont s'affronter. Qui a pris le vaporetto à Venise sait combien cela peut s'avérer similaire à un combat, surtout quand les touristes se mêlent aux autochtones...












17 décembre 2012

Venise et le pacte de stabilité : rien ne va plus

Décidément la crise est partout. L'argent manque là où il devrait se trouver pour aider les gens à vivre mieux ou du moins à continuer à vivre bien. Question de fond, peut-être faudrait-il vraiment écouter ce que les indignés et autres "anonimi" ont à nous dire ;  peut-être que le système est vraiment en train de crouler sous le poids de toutes les inepties qui motivent l'action de nos gouvernants ; peut-être le système libéral arrive-t-il à son terme ultime avec tous les risques de déflagration que cela pourrait susciter...  Au-delà de nos sensibilités politiques, il faudrait être bien malhonnête pour refuser de voir que notre monde est exsangue et que la souffrance des corps et des esprits redevient le lot commun de trop, de bien trop de monde. Venise comme toujours est un observatoire fort utile. 
Les 21 millions de touristes qui débarquent chaque année, se répandent dans la ville, la pousse à des transformations qui la dénaturent et font fuir ses habitants naturels. Ce furent d'abord les chats, puis les pigeons, et surtout les vénitiens eux-mêmes. On se rend compte que depuis la déportation forcée des félins, les rats et les souris pullulent de nouveau, l'éradication des pigeons de Saint-Marc a détruit un cliché et le ciel de la piazza est parfois bien vide. 

Quant aux vénitiens qui s'exilent contraints et forcés par les prix prohibitifs de l'habitat, la fermeture des commerces de proximité et des services, leur départ transforme radicalement le paysage urbain. La crise atteint aussi le domaine du luxe, carte que la région et certains élus s'entêtent à vouloir favoriser, là comme ailleurs, il ne favorise que les plus fortunés, une infime partie de la population qui peu à peu s'apprête à reprendre le rôle des courtisans infatués de leurs privilèges qui dansaient à Versailles quand le peuple de Paris grondait et que le monde changeait...  

Depuis trois ans les comptes du fameux Harry's bar sont dans le rouge, avec un bilan tellement mauvais que les banques deviennent très frileuses. Arrigo Cipriani a beaucoup de mal à faire accepter la renégociation de sa dette estimée à près de six millions d'euros. Une restructuration draconienne s'impose pour satisfaire les banques, forçant le boss octogénaire à  déléguer une partie de son omnipotence à deux directeurs qu'il n'a pas choisi, Gianluca D’Avanzo et Salvatore Cerchione, rentrés au conseil d'administration de l'entreprise pour le compte de Blue Sky Investment, la société luxembourgeoise qui contrôle le célèbre groupe Cipriani. Certes le fameux restaurant n'est pas prêt de disparaître mais la firme est au bord du précipice. Qui aurait pu penser cela au prix du Bellini même quand il est servi au bar. "Mauvais temps pour les happy few !" me disait un ami gondolier au téléphone ce matin. Eux en tout cas n'ont pas vraiment à se plaindre pour eux-mêmes... 

Cette restructuration signifie comme pour les pays de la zone euro acculés par un système glouton et impitoyable ( dont nous avions montré du doigt les dangers dès les débuts de ce blog...) une réduction draconienne des coûts. Ce qu'il faut traduire non pas par des verres en plastique et des serviettes en papier, mais par d'importantes réductions de salaire sans réduction du temps de travail. Le restaurant emploie 70 personnes. Toutes les précédentes tentatives de la direction pour réduire les charges se sont soldées à chaque fois par une grève des serveurs dont tout Venise avait entendu parler. Il faudra bien arriver à un accord pour éviter des licenciements. Le groupe Cipriani est présent à New-York, Moscou,  Hong- Kong, Monte Carlo et Abu Dhabi, mais il n'a de problème qu'avec le restaurant de la calle Vallaresso. La preuve que Venise n'a pas forcément fait les bons choix en se laissant peu à peu transformer en Luna-park... Arrigo Cipriani explique que le niveau de fréquentation de son établissement est redevenu celui d'il y a dix ans. 
"Les riches américains ne viennent plus qui garantissaient une fréquentation pendant  toute l'année. Ils sont remplacés par une catégorie plus modeste qui arrive avec les Maxi Navi où tout est compris et qui ne s'aventurent jusqu'au restaurant que pour faire une photo de la façade". Cette baisse de fréquentation n'a pas été compensée par les nouveaux riches chinois ou russes qui n'ont pas la culture du lieu. Peut-être prendront-ils un jour la suite des américains,mais c'est loin d'être le cas aujourd'hui."

Mais s'il n'y avait que les problèmes de Cipriani et de son restaurant historique. La municipalité et la région sont eux-aussi dans une situation périlleuse qui met en danger le portefeuille des vénitiens avec la menace d'une levée d'impôts digne des percepteurs du roi d'Angleterre du temps de Robin des Bois. A moins de sortir comme par magie 130 millions d'euros avant la fin de l'année, les vénitiens violeront le pacte de stabilité qui impose à la région des économies draconiennes et une participation financière colossale. Sans argent, il faudra vendre et dans l'urgence on ne gagnerait rien d'autre qu'un appauvrissement des ménages vénitiens déjà bien amochés par la crise. 

Vous ne devinerez jamais qui est à l'origine de cette grave crise ? Pierre Cardin dont le projet pharaonique du Palais Lumière qui devait voir le jour à Marghera, fait l'objet d'une opposition de plus en plus structurée de la part des riverains et des associations de protection de l'environnement, comme d'un nombre croissant de politiques et de personnalités locales. La commune réclame un versement anticipé de 40.000.000 d'euros avant de débloquer toutes les autorisations qui permettront de lancer les travaux d'édification de cette nouvelle tour de Babel qui n'a d'autre utilité - les masques tombent - que de créer ( temporairement ) des emplois et de générer de l'argent frais pour les caisses de l'administration. Son projet mis en danger, le vieux  milliardaire a faits avoir qu'il ne se sentait aucunement solidaire des difficultés de Venise et  de sa région. Chantage de financiers ou plutôt de requins de la finance, car en l'occurrence, il ne s'agit pas d'intérêts publics. plus personne ne parle des retombées sociales et économiques pour les vénitiens de la Terre ferme. Le "pognon" toujours et l'appétit insatiable de l'hydre Europe. 
La ville réclamait initialement  au couturier 80 millions pour aller plus avant dans le projet. Rodrigo Basilicati, le neveu du milliardaire a fait savoir qu'il fallait avant tout donner un feu vert sans conditions au projet de son oncle. Pour le maire Giorgio Orsini, Venise ne fait qu'appliquer la loi ce que conteste bien évidemment le couturier. Plus le temps passe, moins il est envisageable, même en cas d'un accord entre les parties, de rendre liquide la somme demandée par le biais du circuit bancaire... 

Ainsi, sans l'argent de Cardin, le pacte de stabilité est mort même en obtenant de la majorité du conseil municipal la vente en urgence d'un paquet d'actions d'une valeur de 50 millions. Là encore, quelque soit l'issue, c'est la population qui fera les frais de la situation : augmentation des tarifs, hausse des impôts, diminution des services, etc... Quand on vous dit que faire se serrer la ceinture aux populations qui n'ont comme responsabilité d'avoir eu la faiblesse de porter au pouvoir depuis une génération des voyous, des requins  et des vautours. Dans les cafés de la Sérénissime, on ne parle que de ça et de l'incroyable augmentation autoproclamée par le président Napoletano de ses émoluments. 
Image devenue habituelle des happy few en smoking et sur un Riva saluant le peuple, mêmes attitudes de Las Vegas à Moscou, de Vancouver à Abou-Dhabi, de Hong-Kong à Paris. La liste est longue de ces capitaines d'industrie décomplexés. Partout ces faux-dieux qui s'offrent à l'adoration des peuples et contribuent à confisquer libertés et acquis sociaux, et pillent à leur profit les ressources de la planète Dans l'idifférence de tous. Hélas.
Tout le monde en parle ici. Un projet mégalomaniaque pour satisfaire l'égo démesuré de Cardin et une tripotée de fonctionnaires à oeillères en Italie comme à Bruxelles ! "C'est un scandale, Pertini avait fait le contraire en temps de crise, ils s'engraissent sur notre dos quand tout devient de plus en plus difficile pour nous et nos familles."  La rogne de ce vénitien devenu tout rouge, qui s'en étouffe presque avec son café, ressemble comme deux gouttes d'eau à celle des grecs, des espagnols, des portugais que l'Europe que nous avons laissée s'installer met à genoux. Tous sentent qu'il y a quelque part quelque chose de pourri même si Mario Monti clame haut et fort que l'Italie est sortie d'affaire. Peut-être faudrait-il traduire ses paroles par "le système libéral et la finance internationale, la spéculation sont sortis d'affaire et les banques continuent de s'enrichir impunément." Parfois à Tramezzinimag, et de plus en plus, on voit rouge... Un comble en s'inquiétant du Harry's Bar réservé aux portefeuilles bien garnis. Face à l'ineptie de notre monde, on n'est pas à une contradiuction près. Après tout les plus grands révolutionnaires et de saints, ne viennent-ils pas pour bon nombre d'entre eux des milieux aristocratiques et grands bourgeois ? Le problème est que la ploutocratie est faite de gens de rien, plein de hargne et de soif de revanche. On est loin du libéralisme social et humain de Guizot quand il criait aux français de la Monarchie de Juillet son fameux "Enrichissez-vous !". Les grands d'aujourd'hui crient plutôt à leurs semblables et à leurs sbires un méprisant "Appauvrissez-les !"

Espérons que le propriétaire du Harry's Bar ne jettera pas l'éponge et que ce lieu mythique demeurera de longues années encore et ne deviendra jamais un fastfood ou une banque ! Il faut désormais s'attendre à tout avec cette ploutocratie imbécile qui n'a d'autre vision que la croissance, la concurrence et le profit ! Mais encore une fois, cela n'engage que votre serviteur et ça fait tellement du bien de crier sa colère !

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 33) : Le cadeau d'anniversaire, ou vivre à Venise avec louer-appartement-venise.com

Se loger à Venise est une question souvent abordée dans TramezziniMag. Lorsqu'on a passé l'âge des lits superposés des auberges de jeunesse et les dortoirs des couvents, quand le budget ne permet pas l'accès aux somptueuses suites du Cipriani ou du Danieli, quand on n'a pas non plus envie d'une chambre de 8 m² à l'unique fenêtre ouvrant sur une bouche d'aération plus vraiment aérée depuis le dernier doge (ce qui devient rare heureusement), la solution la plus intéressante et la plus engagée, s'avère la location d'un appartement. 
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Non seulement on est libre de s'organiser comme on le souhaite, mais on aborde Venise de la meilleure manière possible : en vivant au rythme de ses habitants, en s'installant dans une vie vénitienne le temps d'un séjour. Et puis, avoir dans sa poche les clés d'une maison vénitienne fait se sentir déjà «bon vénitien» comme l'écrivait Henri de Régnier. C'est ce que raconte les lignes qui suivent.
Anne et Philippe n’étaient pas revenus à Venise depuis leur voyage de noces. Vingt ans ensemble, trois beaux enfants, cela mérite une fête un peu spéciale. Les amis complotèrent quelques semaines pour leur offrir une soirée mémorable. Mais quel cadeau leur faire ? Les enfants, complices suggérèrent un voyage à Venise en famille. Tout le monde participa. Train de nuit au départ de la gare de Lyon. Dîner dans le train, spumante et romantisme. L’inoubliable arrivée sur la lagune au petit matin, ces senteurs si particulières, la lumière soudain différente, les reflets du soleil sur l’eau, le son des cloches. Venise le matin, par une de ces journées pleines de promesses. La promesse d'une page blanche.

Dans l'enveloppe qu'on leur avait solennellement remis après le gigantesque gâteau d'anniversaire, les instructions. Philippe déplia le deuxième feuillet : Votre résidence à Venise. Le document expliquait comment se rendre à l'adresse réservée auprès de http://louer-appartement-venise.com. Le choix s'était porté sur cette agence spécialisée dans ce type de location sur la recommandation de l'un des amis de la famille qui gardait un souvenir radieux de son séjour. Le site, très didactique, simple, sobre et élégant, présente en images et avec force détail les 72 appartements mis à la disposition des touristes du monde entier, douze mois sur douze, à des tarifs vraiment compétitifs. Les enfants d'Anne et Philippe hésitèrent entre un appartement situé au premier étage d'un vieil immeuble non loin du ghetto, et un autre situé dans le sestiere de Dorsoduro. Les deux logements montraient des intérieurs soignés, clairs et joliment décorés. Que choisir ?

Finalement, ils se décidèrent à appeler l'agence. Aucun des enfants d'Anne et Philippe ne parlant assez bien l'italien, ils avaient été soulagés d'entendre quelqu'un s'exprimant en français à l'autre bout du fil. En quelques heures tout avait été réglé : le choix de l'appartement qui conviendrait le mieux aux parents et où (autre surprise faite à leurs parents) les enfants les rejoindraient avec des fleurs et des croissants deux jours plus tard. Eugenia, la jeune femme qui répondit au téléphone, s'occupa de leur réservation. Attentive et professionnelle, elle leur donna vite l'impression d'être une amie de toujours. Tout se mit en place avec une incroyable simplicité. Une fois la disponibilité de l'appartement vérifiée, ils versèrent un acompte correspondant à 20% du prix total de la location. Carte de crédit ou Paypal. En toute sécurité. Dès réception du paiement, l'agence leur envoya un coupon de réservation. Tout y était confirmé : les lieux, les dates, le nombre de personnes. C'est ce coupon qui sert de sésame pour l'installation le matin du grand jour. Il suffit alors de s'acquitter du solde. 
 
Pierre, le cadet des enfants d'Anne et Philippe, futur magistrat étant toujours très précis, avait pris le temps de parcourir le site en long et en large. La page consacrée aux commentaires des visiteurs ayant utilisés les services de louer-appartement-venise.com confirme bien la qualité des prestations fournies et la satisfaction des clients. Il apprit ainsi que le site géré par une agence ayant pignon sur rue à Trévise et à Bologne (où se trouve le siège social de la ditta) depuis longtemps, était d'une conception récente et qu'il rassemblait les appartements de vénitiens désireux de satisfaire au mieux la demande des touristes. Joliment meublés de style vénitien typique ou avec une décoration très contemporaine, ils accueillent de deux à huit personnes avec tout le confort qu'on puisse désirer. La philosophie de la société Doppiadori est claire et transparait dans le descriptif du site : rassembler des appartements bien situés et confortables à des prix compétitifs en veillant à une qualité de service de haut niveau. Sans prétention mais efficace, l'agence met tout en œuvre pour la satisfaction de ses clients et contribue à rendre leur séjour le plus agréable possible.
 
Mais revenons à Anne et Philippe que nous avions laissé à la gare. Les explications détaillées fournies par Eugenia les menèrent sans encombre vers la calle où se situe leur résidence vénitienne. Sur place une jeune femme les attendait, avec un large sourire. Tour du propriétaire, explications sur le fonctionnement de la machine à laver, conseils de ménagère sur le meilleur endroit pour faire les courses. Sur le coupon figure d'ailleurs le numéro de la personne chargée du check-in (comme du check-out). A tout moment, elle peut être jointe. Anne et Philippe n'en eurent pas besoin. Les enfants avaient choisi un grand appartement situé au premier étage d'un l'église San Cancian. Vaste logis de plus de 100 m² meublé comme autrefois auquel on accède par un escalier extérieur au milieu d'une ravissante cour jardin. Avec leurs enfants, ils passèrent un séjour inoubliable dans cet appartement signorile. Marie, la plus artiste des trois enfants aurait préféré celui situé sous les toits du côté de San Marco, parce qu'il était très design et possédait une terrasse.La semaine se déroula comme un enchantement. Tous en parlent encore et veulent bientôt revenir avec leurs amis...


Avec 72 logements mis à disposition, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets sur ce site. TramezziniMag n'a de cesse de recommander ce mode de séjour plus authentique, permettant le maximum d'indépendance et de liberté de mouvements et qui s'avère souvent le plus économique et très fiable. C'est aussi un mode de séjour qui s'inscrit totalement dans la logique du développement soutenable. La location temporaire permet de participer à la restauration d'immeubles qui sans cela seraient à l'abandon où détournés de leur fonction originale. Le coût très élevé des travaux à Venise oblige très souvent les propriétaires à vendre leurs biens, choisir ce mode de vacances est une réponse efficace et durable aux problématiques de la Sérénissime. 
 
La passion des animateurs de louer-appartement-venise.com pour Venise et leur intérêt pour sa protection s'inscrivent totalement dans cette logique. Les gens qui font appel à eux peuvent tous en témoigner, vivre à Venise à la vénitienne est un bonheur à portée de toutes les bourses. La prochaine fois que vous vous rendrez dans la cité des doges, essayez-donc de vivre à la vénitienne, Eugenia et ses collègues vous trouveront le logis qu'il vous faut ! Nous attendons vos retours.

15 décembre 2012

A Venise aussi, Noël se prépare !

© Helga Harris - Tous Droits Réservés.
Et en attendant le grand jour, Tramezzinimag vous offre un scoop : le Père Noël alias Babbo Natale se prépare en grand secret (mais pas très incognito) à Venise en suivant un entraînement extrêmement rigoureux. Des paparazzi l'ont surpris l'autre matin en train de s'échauffer sur les Zattere, sous le contrôle rigoureux de ses entraîneurs. Il semble n'avoir pas encore atteint son poids attendu pour qu'on ne le confonde pas avec un papa déguisé, mais il va y arriver :
 
 

14 décembre 2012

Les lycéens vénitiens manifestent pour l'autogestion

Cliché © Yves Bauchy - 13 décembre 2012 - Tous Droits Réservés
De très jeunes gens qui marchent en groupe dans les rues de Venise, on en voit souvent. Ces gite scolastiche qui amènent dans la cité des doges des centaines de milliers de groupes scolaires du monde entier sont monnaie courante. Ce qui l'est moins et mérite d'être mis en avant, ce sont les manifestations d'indignation et de rogne. C'était l'indignation et la rogne justement qui ont amené deux cents lycéens du lycée Foscarini en colère.
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Mais qu'est ce qui a motivé cette démonstration de masse qui s'est déroulée calmement et avec un grand sérieux ? Le Liceo Foscarini, situé à Cannaregio, dans l'ancien couvent de Santa Caterina est un établissement de qualité et d'une grande réputation, qui accueille plus de 600 élèves. Un tiers d'entre eux avaient choisis de défiler dans les rues de la ville jusqu'au campo du Rialto, au pied du Gobbo, cette statue d'un bossu soutenant un escalier de pierre qui mène à une antique colonne de marbre venue de Saint-Jean d'Acre, monument symbolique pour les vénitiens, où étaient proclamées les décisions du Sénat, mais aussi lieu de rassemblement des mécontentements populaires.
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Cliché © Yves Bauchy - 13 décembre 2012 - Tous Droits Réservés.
Cortège bon enfant qui avance en bon ordre derrière une grande banderole au milieu des passants. Après l'occupation, hier, du lycée par les élèves, environs deux cents élèves ont défilé dans les rues organisant plusieurs flash-mob sur la Strada Nova, à Santa Margherita, sur le campo San Bartolomeo puis à San Giacometo, à l'Erbaria où un sit-in de protestation a réuni le plus grand nombre de manifestants. Un de leurs délégués est allé - geste à forte connotation symbolique - jusqu'à grimper sur le Gobbo, comme autrefois les tribuns pour rappeler la participation des lycéens à toutes les décisions concernant l'organisation des études et le fonctionnement de l'établissement.

© Poa Sara Manzoni - Tous Droits Réservés
Les lycéens protestaient ainsi contre le manque totale de transparence dans les choix et les décisions de la direction du lycée qui ne dispose pas d'un Conseil d'établissement. Après la décision, votée par 70% des élèves, d'occuper les locaux, les lycéens avaient obtenu entre trois et cinq jours d'autogestion, sur les bases du programme. Mais le recteur refusa de s'engager par écrit. Aussitôt l'occupation du lycée levée, celui-ci ne concéda plus officiellement que seulement deux jours... Cet engagement non tenu coupa court à tout dialogue poussant les jeunes gens déterminés dans la rue. Une démonstration joyeuse et roborative de l'exercice de la démocratie. De quoi se réjouir quand on entend si souvent parler de l'apathie sociale des nouvelles générations, plus occupées à échanger virtuellement sur les réseaux sociaux qu'à prendre position pour la communauté dans le monde réel. L'avenir leur appartient et les savoir si réactifs rassure !

© Poa Sara Manzoni - Tous Droits Réservés.

08 décembre 2012

COUPS DE CŒUR (HORS SÉRIE 32) : Colette Fellous vous emmène à Venise : Passez un weekend à Venise sur France Culture


"Canaletto et Guardi, les deux maîtres de Venise", c'est le titre de l'exposition que vous pourrez voir jusqu'au 14 janvier prochain, une exposition orchestrée et dirigée par Bozena Anna Kowalczyk, qui vit justement à Venise et qui a bien voulu accepter de me guider dans cet aller-retour entre la Venise du 18 ème siècle et celle d'aujourd'hui. C'est dans cette grande promenade à la rencontre des peintures de Canaletto et de Guardi que j'aimerais donc vous inviter tout au long de cette lettre vénitienne qui accueillera également Anna Lisa Scarpa, commissaire de l'exposition "Canaletto à Venise" au Musée Maillol, que vous pourrez voir jusqu'au 10 février, et Roger de Montebello, un merveilleux artiste qui allie les points les plus emblématiques de Venise, comme la Pointe de la Douane( La Dogana), près de l'église de la Salute, aux symboles les plus contemporains, l'ordinateur par exemple, et qui par un tour de passe-passe les métamorphose en une peinture presque métaphysique, dans la lignée de Guardi ou bien plus tard dans celle de Chirico. C'est de son atelier donnant sur le Grand Canal que j'ai pu retrouver les couleurs intactes de l'eau, du ciel, des reflets, des palais, tels que les avait rendus Canaletto.

Venise, ville-miroir et ville intérieure, ville magnétique et secrète, mais aussi joyeuse, festive, musicale, qui vous conduira sur la Place St-Marc, à la Salute, à la Dogana, sur les Zattere, sur le Canal de la Fenice, là où l'on retrouve les gestes mélodiques des gondoliers, ceux-là même qui scandent les tableaux des vedutistes (peu importe si leurs chants sont aujourd'hui souvent napolitains). Mais cette lettre vous conduira également dans le quartier de Castello, jusque dans l'île de San Pietro, sur les lieux d'un tableau de nuit de Canaletto : une fête, juste devant l'église de San Pietro...."
C'est ainsi que France Culture présente cette émission-reportage comme les journalistes de cette radio en ont le secret. Des cloches de Santa Maria del Giglio aux sons de la passeggiata Viale Garibaldi. Un reportage où on dit le grand privilège de vivre à Venise, la nécessité de comprendre et sentir la ville avant que de se jeter parmi les hordes de touristes obsédés par le selfie bien plus que par les trésors qui les attendent dans les églises et les musées. on y parle des ciels de Bellotto, de Canaletto et de ceux, terriblement sensuels, de Guardi. 




Colette Fellous
 est écrivain et journaliste à Radio France.
Elle a publié chez Gallimard un 
très beau texte autobiographique,
"Pièces détachées".

06 décembre 2012

Un matin en hiver

Quel meilleur réveil qu'un aria enjoué de Vivaldi (en l'occurrence aujourd'hui, ce mouvement d'un des concerti de l'Opus 1, la première œuvre du prêtre roux), magnifiquement interprété par mon ami Enrico Gatti et l'Ensemble Aurora... Dehors le temps s'est remis au froid comme dirait ma vieille voisine. Le premier vrai brouillard de la saison. Ce n'est pas encore l'hiver, mais déjà la lumière se fait plus froide, le soleil moins chaud.

Paradoxalement, ce temps me donne une énergie que les derniers jours de pluie avaient totalement anéantie. Lever avec le jour donc ce matin, et Vivaldi en fonds sonore. Thé bouillant et galettes irlandaises. Il faudra ouvrir un nouveau pot de gelée de coings. Par la fenêtre entrouverte, une odeur de café grillé, le silence de la rue, une cloche qui sonne au loin. Des passants qui parlent, des bruits de pas. Mais où suis-je ? 
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Non, ce n'est pas Venise. Hélas. Pas encore. Je suis à Bordeaux, dans la brume. Beaucoup trop de choses à faire et pas assez de moyens pour partir et partir longtemps comme j'aurai aimé le faire. J'écris tellement mieux et plus vite quand je suis là-bas. Bordeaux seulement, plongé dans le silence un jeudi matin... Une panne bloquant le tramway qui passe à deux pas, sur les quais a eut totalement raison de la circulation automobile dans la rue. Des deux côtés la police a mis en place des barrières, barrant les rues adjacentes avec ses voitures. En dix minutes tout le trafic a été détourné et, pour mon plus grand bonheur - celui du chat aussi qui s'est assis sur le rebord d'une fenêtre en dépit de la fraîcheur matinale - il n'y a plus un seul bruit mécanique. Seuls les vélos circulent. Les chiens ravis promènent leurs maîtres au milieu de la voie. Des enfants qui vont à l'école jouent là où d'habitude des files de voitures polluent l'atmosphère et nos oreilles. L'air parait aussi pur que sur un chemin de montagne. Le brouillard donne à ces lieux si quelconques une atmosphère théâtrale. On attend que quelqu'un en coulisse frappe les trois coups magiques. Vivaldi toujours, et la bouilloire qui siffle, la bonne odeur des galettes... La vie est faite de ces petites joies tranquilles. 
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Vous l'aurez deviné, chers lecteurs, égoïstement, j'aime quand le tramway est en panne. Cela n'arrive plus très souvent et c'est hélas la plupart du temps suite à un accident, mais les difficultés qu'il y a à le remettre en route permettent ce genre d'accalmies pendant lesquelles le monde moderne hystérique et bruyant se tait et cède la place à une autre réalité. Plus humaine, plus paisible. On pourrait se croire sur les bords de la lagune, c'est vrai,. Le chat l'a pensé très fort qui attend que je l'y conduise pour y finir ses jours dans la sérénité d'un campo éloigné. Entendre le pas des gens sur les dalles du trottoir, les cloches qui se répondent, les oiseaux dans les arbres de l'avenue... Un bonheur. 
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Je n'avais rien de précis à faire ce matin. Mes pas m'ont porté vers le Jardin Public. Par le miracle de la technique, Vivaldi m'accompagnait avec sa musique. On n'y voyait pas à deux pas. Personne ou presque dans les nombreuses allées. Odeur d'humus. Il reste encore des feuilles sur les branches. La rumeur de la ville s'impose ici, bien davantage depuis que les tempêtes ont eu raison des très vieux arbres qui coupaient ces lieux du reste du monde. Un monde qui fut le mien, ardent, pressé, énervé. Un univers de vanité et de faux-semblants. Sur la terrasse du Champs-de-Mars, le café Jaegher est presque vide. Bruit des tasses qui s'entrechoquent. Quelqu'un marche derrière moi sur le gravier, dans le brouillard. Quelle jolie sensation, pareille à celle de l'enfant qui pénètre un mystérieux labyrinthe. Un goût de première fois me revient à la bouche. Toujours la musique de Vivaldi...

30 novembre 2012

Italia in Corto, un nouveau festival est né

L'association culturelle Altritaliani - siège parisien - lance un appel pour une compétition internationale de courts-métrages sur le thème: "L'Italie dans le monde, le monde en Italie", intitulée Italia In Corto dont le Président du Jury sera le réalisateur italien Mario Brenta. TramezziniMag salue cette excellente initiative et invite ses lecteurs à y participer.

Que signifie être italien? Est-il possible de distinguer les Italiens - au sens commun et historique - des autres peuples? Qu'en est-il de la culture, de la créativité et de l'art italien dans le monde de plus en plus globalisé de ce début de troisième millénaire? Quelle est la contribution de la culture italienne aux cultures des autres pays? Et comment la culture italienne a-t- elle été capable d'intégrer et de transformer des éléments d'autres cultures? Qu'est-ce qu'on entend par le terme "à l'italienne" ? Comment avez-vous réussi à trouver un bout d'Italie même dans les coins les plus reculés de la planète ? C'est à ces questions que le Festival Italia In Corto tente de répondre, encourageant la réflexion et la discussion sur le rôle et la signification de la culture italienne dans le monde.

Comment participer ? en s'inscrivant sur le site de l'association avant le 31 mars 2013. La date limite pour la soumission des courts métrages et de tout document annexe est le 10 avril 2013. La cérémonie de remise des prix aura lieu à Paris le 5 juin 2013. Le festival est placé sous la direction artistique de Nicola Guarino. Responsable des rapports avec les artistes et les maison des production/distribution : Raffaello Scolamacchia. Relations Presse, communication, partenariats : Agata Tiberi.

Pour tous contacts, une adresse mail :
et celui réservé à la presse

28 novembre 2012

Petite devinette musicale

Tramezzinimag vous invite à un petit jeu ce soir. Il s'agit de retrouver parmi les six heures de musique (mais oui, six heures ininterrompues avec I Solisti Veneti, vous avez bien lu !) un air en particulier. J'avoue que si j'ai retrouvé certaines pièces du maestro Vivaldi, d'autres m'échappent et je ne suis pas encore parvenu à toutes les reconnaître. Alors si vous voulez bien chercher avec moi : l'aria mystérieux - et magnifique - commence à 4.01.11 pour se terminer à 4.04.42. A vous :


26 novembre 2012

Représentation de l'acqua alta, XXIe siècle

 Novembre 2012 © Arved Gintenreiter - Tous Droits Réservés

Carlo et Tobia Scarpa, un père et un fils remplis de talents


Depuis quelques années, le merveilleux petit Musée des Arts Décoratifs de Bordeaux s'est ouvert au design et à la création décorative contemporaine. On se souvient surement des belles expositions du Groupe Memphis, de celles de Martine Bedin, Sylvain Dubuisson, Jasper Morrison et Michele De Lucchi, initiées par Jacqueline du Pasquier, la conservatrice d'alors, qui sut si bien réveiller ce beau petit palais endormi. Poursuivant sa politique d’ouverture au design, le musée accueille une passionnante depuis le début de l'été, une exposition du travail des vénitiens Carlo et Tobia Scarpa. 

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Carlo Scarpa (né à Venise en 1906 et mort à Sendai au Japon en 1978) est un des plus grands architectes contemporains.  Sa vision de l'architecture - toujours considérer qu’un bâtiment idéal doit réconcilier la nouveauté et la tradition et servir à mettre en valeur les objets du mobilier qu’il aimait dessiner -. L'architecture et le design formant un tout dans son travail, il reste aujourd'hui encore, comme Le Corbusier, un modèle pour les jeunes générations d'architectes. Son fils, Tobia, né en 1935, architecte lui aussi, a collaboré aux nombreux projets de son père, d'abord comme assistant puis en tant qu'associé. En tant que designer, il a travaillé avec Afra Bianci, devenue son épouse, créant de nombreux meubles, des verreries (notamment pour Venini à Murano), tous très beaux objets édités par les plus grandes maisons internationales comme Knoll, Flos, Cittone Oggi, B&B Italia, Molteni, etc


Édité chez Cassina, leur célèbre fauteuil-divan Soriana a remporté en 1970 le fameux prix "Compasso d’Oro", prix décerné une seconde fois (en 2008) à Tobia Scarpa pour l'ensemble de son œuvre L'exposition de Bordeaux présente de nombreux exemples des créations du père et du fils, réunis pour la première fois avec son aide, qui a accepté de présider le concours de design d’Agora 2012 de Bordeaux. Formé par son père, il a su développer sa propre patte et cultiver sa différence. Davantage investi que son père dans le design, son travail s'inscrit cependant dans la continuité naturelle du travail de Carlo Scarpa

Le visuel conçu par Tobia pour l’exposition, un double portrait du père et du fils face à face, sous-titré "dialogo sospenso" est révélateur de leur relation sans doute parfois difficile, mais aussi exemplaire. L'exposition présente, à travers ces deux artistes, un siècle d’architecture et de design en Vénétie, s’articulant en deux séquences historiques, la modernité et la contemporanéité.
 
Le regard et la réflexion que le fils pose sur l’œuvre de son père, rendent l'exposition très intéressante. La Biennale de Venise, en 19  avait présenté une rétrospective du travail de Carlo Scarpa. On connait à Venise sa remarquable intervention sur le réaménagement et la restauration du palazzo Querini-Stampalia. Des années après, son travail n'a pas pris une seule ride. S'il a fallu le détourner au vu d'un nombre de visiteurs toujours plus nombreux (on ne passe plus désormais par le ravissant petit pont très moderne et pourtant totalement vénitien qui enjambait le rio devant le musée et permettait d'accéder directement dans l'attique de béton, de travertin et de brique conçu par Scarpa). Bien d'autres réalisations renforcent à travers le monde le grand talent de cet architecte vénitien, la profondeur de son regard et l'importance de son sens de l'esthétique, autant de qualités qui semblent manquer trop souvent aux architectes français comme aussi hélas aux italiens d'aujourd'hui. Jusqu'au 31 décembre 2012.

Pour ceux que cela intéresse, Carlo Scarpa est à l'affiche d'une leçon d'architecture en avril 2013, à Angers : Renseignements ICI