VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
Qui parlait ainsi de ce sestiere un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San Geremia au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr, même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ?
Prenons l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée, loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année, avec bien plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween bêtement (ou lâchement et mercantilement importée des Amériques...
San Martino di Castello est construit sur ce qui fut il y a très longtemps - bien longtemps avant que ne se construise le gigantesque Arsenal - les ilots Gemini aujourd'hui totalement emberlificotés dans la structure de la ville depuis l'aménagement de l'Arsenal et de la cathédrale. Dédiée à Saint Martin de Tours, ce saint fameux pour avoir coupé sa tunique en deux et l'avoir partagée avec un mendiant, elle contient des trésors peu connus. Comme son histoire d'ailleurs : une colonie lombarde s'était installée sur la lagune et Saint Martin était leur saint protecteur. Mais on ne sait pas trop en fait... L'église votive aurait pu aussi être édifiée par des réfugiés qui avaient fui Ravenne et auraient nommés la chapelle comme la basilique de leur cité. On trouve les premières mentions de sa construction en 932 et on sait qu'elle fut consacrée en juin cette année-là. C'est un lieu particulièrement agréable à visiter. Dans le silence de ses voûtes, la fraîcheur de ses marbres, il faut bon se poser un instant et faire silence même quand on n'est pas croyant.
Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau.
Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église.
Un billet de Tramezzinimag citait l'originalité de cette corporation qui, avec les charpentiers de navire existe encore et dispose - c'est l'unique rescapée de l'ancienne République - une société mutuelle, devenue au fil des siècles une caisse de retraite et de prévoyance. Toujours privée, toujours régie par les règles édictées du temps des doges et approuvée par le Sénat de la Sérénissime. Chaque année, le 5 mars, jour de la San Foca, martyr natif du Pont-Euxin, les voûtes de San Martino retentissent du chant des membres de cette confrérie à l'occasion d'une messe solennelle. Le prêtre y bénit des petits pains qui sont ensuite distribués à l'assistance dans des petits sachets avec une image de San Foca (ou Phocas) reprise d'une mosaïque ancienne de San Marco. Cette cérémonie est une des dernières à rester authentiquement vénitienne et n'a jamais été à ce jour, dieu merci, offerte en pâture aux touristes. Après la cérémonie, les membres de la corporation et leurs familles se retrouvent pour un repas traditionnel. Pour y avoir été invité à plusieurs reprises, je puis vous assurer que tout y est authentique, vrai, chaleureux et convivial !
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Le billet publié sur le site originel avait suscité 2 commentaires non archivés par Google et dont hélas la trace a été perdue. Merci Google !
Qui parlait ainsi de ce sestiere
un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de
la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant
que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San
Geremia au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus
vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la
belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à
la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr,
même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses
ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le
gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments
qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ?
Prenons
l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée,
loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San
Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est
particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre
eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année en novembre, avec bien
plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween importée
des Amériques.
San
Martino di Castello est construit sur ce qui fut il y a très longtemps
- bien longtemps avant que ne se construise le gigantesque Arsenal -
les ilots Gemini aujourd'hui totalement emberlificotés
dans la structure de la ville depuis l'aménagement de l'Arsenal et de la
cathédrale. Dédiée à Saint Martin de Tours, ce saint fameux pour avoir
coupé sa tunique en deux et l'avoir partagée avec un mendiant, elle
contient des trésors peu connus. Comme son histoire d'ailleurs : une
colonie lombarde s'était installée sur la lagune et Saint Martin était
leur saint protecteur. Mais on ne sait pas trop en fait... L'église
votive aurait pu aussi être édifiée par des réfugiés qui avaient fui
Ravenne et auraient nommés la chapelle comme la basilique de leur cité.
On trouve les premières mentions de sa construction en 932 et on sait
qu'elle fut consacrée en juin cette année-là. C'est un lieu
particulièrement agréable à visiter. Dans le silence de ses voûtes, la
fraîcheur de ses marbres, il faut bon se poser un instant et faire
silence même quand on n'est pas croyant.
Ne
manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait
là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à
raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs.
C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de
Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau deAntonio Zanchi
si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec
Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique,
un tibia du saint tourangeau.
Autre
chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant
le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant
les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par
les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les
navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les
membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de
nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires
de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient
très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient
aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de
percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était
leur église.
Un billet de TraMeZziniMag
citait l'originalité de cette corporation qui, avec les charpentiers de
navire existe encore et dispose - c'est l'unique rescapée de
l'ancienne République - une société mutuelle, devenue au fil des
siècles une caisse de retraite et de prévoyance. Toujours privée,
toujours régie par les règles édictées du temps des doges et approuvée
par le Sénat de la Sérénissime. Chaque année, le 5 mars, jour de la San Foca,
martyr natif du Pont-Euxin, les voûtes de San Martino retentissent du
chant des membres de cette confrérie à l'occasion d'une messe
solennelle. Le prêtre y bénit des petits pains qui sont ensuite
distribués à l'assistance dans des petits sachets avec une image de San Foca (ou Phocas)
reprise d'une mosaïque ancienne de San Marco. Cette cérémonie est une
des dernières à rester authentiquement vénitienne et n'a jamais été à
ce jour, dieu merci, offerte en pâture aux touristes. Après la
cérémonie, les membres de la corporation et leurs familles se
retrouvent pour un repas traditionnel. Pour y avoir été invité à
plusieurs reprises, je puis vous assurer que tout y est authentique,
vrai, chaleureux et convivial !
C'est une petite merveille que vient de nous envoyer un vieil ami vénitien. C'était le 26 juillet 1954, le cirque Togni, merveilleux et poétique petit cirque traditionnel qui servit à Federico Fellini pour l'un de ses films, arrivait à Venise avec sa ménagerie et que dirigeait à l'époque Wioris Togni. Ce cirque familial qui existe encore et demeure l'un des derniers vrais cirques traditionnels compte depuis toujours beaucoup d'animaux et notamment des éléphants. Ils défilèrent dans la ville jusqu'au campo San Polo, où fut dressé le chapiteau. On voit sur cette photographie, le passage des éléphants sur le pont de San Giacomo dell'Orio.
Le petit film ci-dessous a été tourné en 8mm par le Professeur Alviano Boaga et monté en 2007 par son fils, Vittorino Boaga. C'est un régal, particulièrement au point 2'45, sur le pont des Scalzi... :
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A Venise, il y a deux camps. Dans l'un comme dans l'autre, on s'y retrouve le plus souvent sans l'avoir voulu. Par quelle magie, quel coup du sort devient-on un jour proche des vénitiens, admis dans le cercle rapproché des citoyens de la Sérénissime ? Pourquoi d'autres demeurent-ils à tout jamais exclus de cette communauté avenante et chaleureuse ? Question idiote et inutile peut-être, mais qui méritait d'être posée. Après les avoir tenus à distance pendant de nombreux siècles, le vénitien est envahi par les barbares. Depuis longtemps déjà. Il fallait bien qu'ils se vengent d'une manière ou d'une autre. Envahie donc, mais pas occupée, notre chère Venise.
Même les nazis durant les dernières années de la seconde guerre mondiale n'avaient pu venir à bout de l'art de vivre des vénitiens. Aucun Mc Donald's même avec un décor ultra-vénitien (un peu façon vulgarité Las Vegas ou Miami), n'a pu remplacer à ce jour les ostarie traditionnelles. Le Coca Cola est toléré, apprécié même, mais le spritz et les ombre de vinobianco sont loin devant en terme de statistiques (et d'art de vivre !). C'est par l'aptitude à faire sien cet art de vivre justement que l'on devient "bon vénitien" et qu'on se retrouve un jour dans le camp des initiés. Dangereuse appartenance qui peut mener loin tant on boit facilement à Venise... Mais on y mange aussi et ce cercle d'élus est fait d'épicuriens et de sybarites. Comme les vénitiens...
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Les reflets à Venise, quoi de plus banal. Voilà en effet un sujet souvent abordé et repris, peint, photographié, chanté. On ne s'en lasse pas ou on en est agacé. peu importe, ils caractérisent bien ce qu'est Venise après tout. On peut s'y épancher comme Narcisse pour y contempler sa propre image, on peut y lire l'histoire de nos vies, s'y plonger avec délice quand ils nous renvoient l'image de notre joie, nops bonheurs, nos amours... Et puis, d'un point de vue plastique, l'esthétique dont ils procèdent est un baume parfois. La lumière, les couleurs, la réalité qu'ils nous renvoient sont, comme la lecture, un très bon antalgique à nos peines, un sirop contre nos tourments. La magie de Venise là encore...
Connaissez-vous
les carletti ? Plante vivace, son nom savant est Silene vulgaris Les
québécois l'appellent "pétard", en France c'est du "Claquet", ou Silène
enflé. C'est une herbe modeste mais pimpante qui pousse sur la lagune
mais qu'on trouve aussi fréquemment dans d'autres lieux.
Les vénitiens cueillent les carletti au printemps, fraîchement jaillies du sol, avant
que les graines ne sortent et que la plante ne fleurisse. C'est alors
une herbe très verte, aux jolies feuilles allongées, très tendres. On en
trouve fréquemment au marché dès le mois de mars. Elles conservent
toute leur fraîcheur pendant deux ou trois jours, mais il vaut mieux les
utiliser le plus tôt possible après la cueillette. Il existe de
nombreuses recettes dont elles sont la vedette : potages, salades,
omelettes, lasagnes, spaghettis, gnocchi, etc... Une des meilleures
selon moi est le risotto. En voilà la recette :
Ingrédients : Jeunes pousses de carletti, quatre ou cinq oignons nouveaux, huile d'olive, bouillon de légumes, beurre, vin blanc sec, curcuma, sel et poivre.
Bien laver et égoutter les pousses. Les ciseler grossièrement. Faire
revenir dans de l'huile les oignons finement ciselés jusqu'à ce qu'ils
deviennent transparents, en veillant à ce qu'ils ne caramélisent pas ce
qui donnerait un tout autre goût et un aspect moins esthétique au plat. Ajouter les pousses et saupoudrer d'une petite cuillerée de curcuma. Mélanger et verser aussitôt le riz. Arroser de vin blanc à volonté et remuer. Quand le vin s'est évaporé, mouiller avec le bouillon. Lorsque le riz est cuit al dente, éteindre le feu. Ajouter du poivre et éventuellement du sel fin. Ajouter une grosse noix de beurre et du parmesan finement râpé. Laisser reposer deux minutes avant de servir.
"... Tout ce dont je vis aujourd’hui, j’en ai eu l’intuition enfant : le fait de savoir que chacune de nos existences est un rendez-vous ; qu’on peut le rater ou le célébrer. J’avais cette sensation que le monde m’était confié, et ce n’était pas de la mégalomanie, mais, bien au contraire, de l’humilité. Je pressentais que chacun d’entre nous a, à son échelle, la charge du monde. Par mon désordre, j’entraîne le désordre autour de moi. Si, au contraire, j’entre dans l’ordonnance intérieure de l’amour, je rayonne. Et d’un seul être peut partir un tel rayonnement, qu’il répare une famille, un village, une entreprise… Des expériences comme ça, j’en vois tous les jours. Je n’invente rien."
Combien je me sens totalement, absolument, profondément solidaires de ces paroles de Christiane Singer quand je me retourne sur le temps de mon enfance, sur ma jeunesse habitée par cette même intuition. Il est temps aujourd'hui de faire mienne l'expérience dont il est question ici. Sans se poser de question, sans hésiter. Dieu premier servi en servant mes frères.
.Voilà
le monde sorti du Carême, un nouveau pape installé sur le trône de
Pierre et loin de Rome, sur Venise et le Nord est de la Péninsule, Thor,
redoutable diablotin climatique qui perturbe ces premiers jours de
printemps quand nous pensons tous aux cerisiers en fleurs et aux doux
parfums de la nature qui s'éveille. La Semaine Sainte s'achève ce soir.
Les chrétiens du monde entier vont fêter la résurrection du Christ.
Hier, selon un rite millénaire, les fidèles se pressaient pour venir
s'incliner devant la Croix au son des Impropères, ces magnifiques chants
qui montent du tréfonds de nos âmes :
" Hagios ho Theos, hagios ischyros, hagios athanatos, eleinson amis..."
..Ce
soir, quand s’élèvera de nouveau la lumière, quand les églises
retrouveront leurs ornements, tous proclameront la résurrection du
Christ et un grand cri de joie retentira dans le monde. Demain au matin
un peu partout des enfants iront à la recherche des œufs en chocolat et
les cloches sonneront à toute volée. Tout ce rituel millénaire qui varie
selon les régions et les peuples prolonge les rites anciens qui
célébraient le retour du printemps, la renaissance de la nature et la
fécondité toujours renouvelée de la terre, notre mère nourricière. A
Venise, acqua alta et bourrasques de neige en début de semaine, pas
terrible pour annoncer le renouveau... Pluie et températures assez
basses pour donner envie de cuisiner des plats d'hiver. Vidéo non archivée
C'est
ce que nous ferons cette année pour le traditionnel repas de Pâques
familial. Mon aînée manquera une fois de plus à l'appel. Montréal n'est
pas vraiment la porte à côté et ce sera par Skype que nous nous
souhaiterons de Joyeuses Pâques ! Les trois autres seront là autour d'un
repas semi-végétarien puisque Jean ne mange plus de viandes depuis près
d'un an. Nous ne sommes pas de gros mangeurs de viande, cela tombe
bien. Menu pascal un peu différent donc, Pas de gigot d'agneau avec ses
flageolets, pas de foie gras truffé maison. A la place, un plat
roboratif mêlant de la viande et du riz des oignons et du Noilly Prat.
Inspiré d'une recette de Bœuf à la catalane de tante Randi,
danoise de naissance mais italienne de cœur, a fait une de ses
spécialités, j'y ai mis de l'agneau, pour rester un peu dans la
tradition pascale, mais aussi du bœuf et du porc dans le charnu. Il y
aura aussi du potiron à la vénitienne, et une salade faite d'épinards
fraîchement cueillis trouvé ce matin au marché, de chou rouge (c'est la
fin), de radis noir, de carottes de sable.
..Les vins choisis seront classiquement vénitiens : pinot grigio pour l'apéritif et Merlot, tous deux millésimés 2004, de Monti Rossi de la famille Bixio. C'est très convenable, sans être dans les sommets !
..En dessert, un Nègre en chemise comme
chez ma grand-mère. Succès garanti. Même si ce n'est plus politiquement
correct de baptiser ce très vieux dessert ainsi (hypocritement, on dit Noir et Blanc
maintenant), ce nom est définitivement lié à mes souvenirs d'enfance,
aux dimanches d'antan quand les grandes personnes restaient des heures à
table et que nous déjeunions avec les bonnes à la cuisine. On attendait
avec impatience d'être appelés pour le dessert, ce Nègre en chemise ou Nègre blanc
qu'on avait vu préparer, nous léchant les babines d'avance. Enfin, pour
le thé, j'ai fait à la place des habituels scones et des galettes
irlandaises (devenues pancakes aux États-Unis, les délicieux hot cross buns,
brioche traditionnelle d'Angleterre que l'on fabrique le vendredi saint
et dont tout le monde raffole chez nous. Pour les gourmands intéressés,
les recettes suivent.
Il nous arrive parfois d'être témoin d'évènements dont nous ne saurions admettre la véracité si nos yeux n'avaient pas vu et nos oreilles n'avaient pas entendu.Peut-être est-cecela magie de Venise...J'ai souvent pensé que l'air y est traversé d'ondes mystérieuses, des sortes de courants invisibles qui permettent une préhension des êtres et des choses bien plus limpide et profonde que partout ailleurs, dans la vie normale. Laissez-moi vous conter une petite anecdote qui est devenue pour nous une sorte de mythe familial... ... Un jour de printemps, il y a plus d'une dizaine d’années maintenant, j'étais à Venise avec les plus grands de mes enfants. Il faisait très doux et les glycines embaumaient dans toute la ville. La nôtre était particulièrement plantureuse. Mon fils qui n'avait pas dix ans, jouait sur l'herbe avec des petits soldats. Il n'était plus parmi nous, mais quelque part sur une île lointaine prise d'assaut par la barbaresque. La garnison vénitienne y défendait avec peine l'oriflamme de Saint Marc, attendant avec espoir les galions qui devaient venir à leur secours. Des échos de Lépante et de Morée emplissaient le jardin. Il faisait doux. J'étais assis sur la terrasse, contemplant mon petit bonhomme plein d'imagination. Les concertos brandebourgeois accompagnaient nos deux rêveries. .. Soudain un petit oiseau a surgi au milieu des branches fleuries de la glycine. Son ventre brillait d'un joli jaune pâle et le reste de son corps était d'un gris-bleu très distingué. on eut dit qu'il portait une redingote de satin. Sa tête blanche s'ornait d'un bleu sombre qui tirait presque noir au-dessus des yeux. Il n'y avait aucun doute, il s'agissait d'une petite mésangebleue. Présence plutôt inattendue à Venise où elles viennent rarement. Elle semblait vouloir rester là, pour se chauffer au soleiletprofiter du merveilleux parfum au milieu de cette débauche de couleurs. Mon fils la regarda. Elle s'immobilisa un instant, tournant la tête dans tous les sens comme un petit clown, puis soudain elle se mit à chanter. Son chant se fit de plus en plus fort, mais jamais criard. Comme l'enfant, cette petite présence jaune et bleue au milieu de toutes ces fleurs parme, m'enchantait. Et là, un de ces miracles dont Venise a le secret s'opéra devant nous : Le chant de l'oiseau et la musique de Bach devinrent une seule et même mélopée. Magique. L'oiseau dont le plumage se gonflait et se dégonflait, exprimait avec le même rythme, dans l'exacte tonalité, les notes qui jaillissaient des hauts-parleurs.Bouche bée je cherchais à déterminer si ce que j'entendais était bien réel ou le fruit de mon imagination quand l'enfant exulta : "papa, papa, l'oiseau chante comme dans le disque !" .
Lorsque la musique s'arrêta, la petite mésange se tut à son tour, tournant de nouveau sa jolie tête dans tous les sens puis, visiblement satisfaite de l'effet produit, elle s'envola et disparut derrière les arbres. J'ai su bien plus tard qu'il n'était pas rare autrefois de trouver dans les maisons vénitiennes des passereaux que l'on dressait à chanter les airs à la mode. Ils accompagnaient ainsi les musiciens pour le plus grand bonheur des invités. Cela surprenait à chaque fois les étrangers. C'est ainsi que l'empereur de Chine et le Sultan ottoman n'étant jamais parvenus à faire accomplir ce prodige par leurs dresseurs, se firent construire par dépit de petits automates dont un ingénieux mécanisme parvenait à reproduire le chant des oiseaux. Notre petite mésange avait peut-être traversé le temps pour retrouver la glycine parfumée de notre petit jardin de Dorsoduro.... .. A Venise, je vous l'assure, on ne sait jamais où se termine la réalité et où commence le rêve...
Vous connaissez certainement Summertime - Summer Madness en Grande-Bretagne, ce film célèbre (sorti en France sous le titre "Vacances à Venise"), tourné en 1955 par David Lean, avec la fabuleuse Katharine Hepburn. J'ai connu par une vieille dame qui habitait derrière San Rocco, bien des secrets du tournage, ou plutôt des tas d'anecdotes. Elle avait été engagée comme figurante avec beaucoup d'autres vénitiens familiers, depuis longtemps habitués à la venue d'équipes de cinéastes. Un passionnant catalogue de tout ce qui a été tourné à Venise depuis les débuts du cinéma jusqu'à sa publication, dans les années 80, rédigé sous la direction du sympathique Roberto Ellero, avait d'ailleurs pris comme illustration pour la jaquette de sa couverture, une photo du cinéaste en plein tournage au-dessus de la Piazza. Ce fut aussi l'affiche de l'exposition Venezia, Città del Cinema que nous avions présenté en 1986 aux bordelais qui fit l'évènement avec un vernissage façon Hollywood (TraMeZziniMag reviendra sur cette manifestation qui avait affolé toute la ville et perturbé la circulation pendant plusieurs heures).
Pour ceux qui ne connaitraient pas le film : l'héroïne, Jane Hudson est une femme entre deux âges, célibataire, elle est secrétaire dans une école primaire, à Akron, dans l'Ohio, quelque part dans un coin des États-Unis. elle profite des vacances scolaires pour découvrir Venise dont elle rêvait depuis toujours. C'est particulièrement excitée par ce qu'elle va découvrir qu'elle débarque à Santa Lucia. Comme toujours l'actrice déborde de vivacité et dès les premières images, elle donne le ton du film, exposant son enthousiasme presque puéril, son appétit et sa curiosité, mais aussi ses frustrations de (presque) vieille fille. Venise, c'est l'Italie et l'Italie pour une américaine célibataire, c'est le pays de l'amour.
Logée à la Pensione Fiorini, une maison patricienne transformée par sa propriétaire (jouée par la grande actrice italienne Isa Miranda qui eut une brillante carrière, jouant avec Max Ophüls et René Clément entre autres) en auberge, qui ressemble beaucoup à la Pensione Accademia, elle y fait la connaissance d'américains de tous types : artistes bohèmes, couple de gros bourgeois venant de la même région qu'elle avant de croiser le chemin d'un jeune garçon qui va lui servir de cicerone, puis d'un bel italien séducteur, joué par Rossano Brazzi, marchand d'art de son état du côté de San Barnaba, dans la petite boutique qui existe toujours contre le pont à gauche de l'église, quand on vient du ponte dei Pugni (c'est en fait l'échoppe d'un doreur-brocanteur où on trouve encore parfois de vrais trésors). Le coup de foudre va être instantané. Le film aurait pu sombrer dans la mièvrerie sirupeuse de certaines comédies romantiques américaines, mais le génie de David Lean, la fusion qui s'est opérée peu à peu entre le cinéaste et la ville de Venise qui l'a tellement fasciné qu'il partagea sa vie par la suite entre les rives de la lagune et l'Angleterre.
L'histoire n'est pas si simple. Jane est amoureuse et conquise. Dîner aux chandelles, promenades, fleurs et le baiser enfin... Hélas, le bel antiquaire est marié et un quiproquo au sujet d'une coupe en verre de Murano ancienne vue en plusieurs copies par notre américaine, font éclater le rêve. Le cœur brisé, déçue, anéantie, elle décide de repartir. Mais la réconciliation n'est pas loin. Il y a une explication : oui l'hommeest toujours marié - et père de famille - mais il vit séparé depuis des années et il est libre. L’Italie très catholique de ces années-là ne vivait pas le divorce comme une simple formalité. Il la presse de rester, elle préfère rentrer avec ses beaux souvenirs. L'ultime scène suggère un retour possible, un jour et les retrouvailles des deux amants.
Le tournage ne se fit pas sans problèmes. Du côté vénitien tout d'abord. Si des équipes débarquaient déjà souvent à cette époque, elles évitaient l'été, pleine saison touristique. La municipalité cria haut et fort, suivie par les gondoliers qui craignaient de ne pas pouvoir travailler à leur aise. Les producteurs réglèrent le problème en faisant un don assez conséquent pour la restauration de la basilique. Tous les obstacles administratifs se levèrent en un clin d’œil...Ce fut ensuite avec la vedette que le cinéaste eut des problèmes. Grande star, son contrat prévoyait des doublures pour toutes les scènes particulières et Katharine Hepburn refusait de tomber elle-même dans l'eau du canal de San Barnaba, qu'elle trouvait à juste titre vraiment ragoûtante. David Lean y fit verser des litres de désinfectant. Cela décida l'actrice. Il y eut plusieurs reprises de la scène. A chaque fois, la vedette devait tomber dans l'eau, se sécher, se changer et recommencer... La dernière prise fut la bonne. Tout le monde était très satisfait. Hélas, il fallu quelques jours plus tard l'intervention d'un médecin... Katharine Hepburn avait une très rare variété de conjonctivite qu'elle ne put jamais soigner et qui la pénalisa jusqu'à la fin de sa vie, (sale) souvenir de Venise...
Venise, une fois encore, joue un vrai rôle dans le film. Ses ruelles et ses campi, mais aussi sa vie quotidienne, les marchés, les terrasses de café (on y voit longuement le Café Chioggia, et le Florian, tel qu'ils étaient du temps où Hemingway croisait Jean-Paul Sartre, Visconti ou Vittorio de Sica), mais plus encore sa lumière, les jeux de reflets et de nuances qui sont une bénédiction pour les (bons) cinéastes. Après tout, ce n'est pas pour rien que Venise est à l'origine du plus ancien festival du cinéma du monde !
"Les canaux de Venise sont noirs comme l'encre; c'est l'encre de Jean-Jacques, de Chateaubriand, de Barrès, de Proust; y tremper sa plume est plus qu'un devoir de français, un devoir tout court."
A défaut de pouvoir être à Venise, j'étais mercredi dernier à Paris, au Musée Maillol où est présentée jusqu'au 10 février une exposition de peintures du peintre vénitien. Impossible de ne pas en avoir entendu parler tellement la publicité pour l'évènement est omniprésente à Paris, sur les parois des bus, dans le métro, dans les journaux. On voit des affiches partout. C'est qu'il s'agit bien d'un évènement d'envergure, en dépit de quelques détracteurs qui n'en ont pas eu pour leur faim. Pourtant. Non seulement le musée a réuni, avec l'aide le la Sovrintendenza des Musées vénitiens, des toiles éparpillées dans le monde entier, mais offre aussi aux amateurs la possibilité de voir, et presque de toucher, le fameux carnet dans lequel Canaletto dessinait à l'aide de sa camera oscura que l'on peut admirer dans une vitrine et dont une réplique a été construite que le visiteur peut utiliser, pour mieux comprendre la méthode du peintre vénitien.
Maillol est un musée charmant. Si le sbire qui contrôle l'accès aurait davantage sa place à la sécurité d'un supermarché de banlieue, les gardiens sont avenants et le reste du personnel toujours tout sourire. C'est sûrement difficile parfois, comme le matin où je suis allé voir l'exposition. Vingt minutes avant mon arrivée, un groupe d'une cinquantaine de vieillards cacochymes avait investi les lieux. Certainement tous sourds, vu qu'ils avaient branché les audiophones mis à leur disposition au maximum, et on se serait cru dans une monstrueuse ruche, les salles résonnaient d'un bourdonnement permanent insupportable. Les augustes visiteurs parlaient forts pour la plupart - toujours les aléas de la surdité, attendaient attroupés devant les toiles que le commentaire enregistré se termine et ainsi agglutinés, il était quasiment impossible de rien voir. Pris soudain d'une heureuse impulsion, j'ai arpenté les salles (deux au rez-de-chaussée et le reste à l'étage) à l'inverse du parcours prévu par l’audio-guidage. Le reste du troupeau qui n'avait pas d'engin collé à l'oreille suivait sagement une charmante jeune guide. Il n'y avait quasiment personne à l'étage. Autant l'agacement provoqué par le club du Troisième âge, très chic cela étant, m'avait tout d'abord incité à quitter les lieux pour me réfugier avec le catalogue dans le premier café venu, autant le calme et le silence des salles du haut me rasséréna. J'étais quasiment seul, entouré par des merveilles. Un vrai bonheur car cette exposition, je vous l'assure contient des merveilles dont on peut s'approcher jusqu'à se sentir au milieu des scènes dépeintes par l'artiste. Parmi les grands formats on peut admirer (de près) le superbe tableau qui montre la Scala dei Giganti du palazzo ducale. Délicieusement plein de vie, avec tout un tas de personnages qui tous semblent prêt à nous apostropher et à sortir de la toile. Peint dans les années 1755, ce tableau fait partie de la collection du duc de Northumberland comme d'autres tout aussi beaux. Je ne l'avais jamais vu en vrai.
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A plusieurs reprises, à Venise, dans les musées, mais aussi dans certains palais et une mémorable fois en Angleterre, il m'a été donné de voir de près les peintures de Canaletto. Mais là, dans ces petites salles intimes, c'était une révélation et une grande joie. La salle ou trône cette vue de la cour du palais des doges, des hauts-parleurs diffusaient en sourdine de la musique de Vivaldi. Des airs connus comme certains mouvements des quatre saisons, mais aussi quelques pièces moins faciles, notamment des airs religieux chantés par une délicieuse voix blanche. Une autre salle présente le travail de graveur du maître. On y voit les dessins préparatoires joliment encadrés, puis les épreuves. Quelques eaux-fortes au format de grande carte postale font comprendre le rôle joué par le travail de Canaletto à une époque où sauf à savoir dessiner, on ne pouvait pas ramener de son séjour à Venise de photographies ni de cartes postales. Ces eaux-fortes sont incroyables de prévision, les détails sont charmants et tout parait tellement vivant. Enfin, pour parfaire la présentation du travail, plusieurs cadres présentent le même sujet, du dessin à la peinture en passant par différentes gravures du même paysage.
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Guardi est présent ainsi que le père de Canaletto, Bernardo Canal dont on peut admirer au rez-de-chaussée une superbe toile géante représentant le Grand Canal du côté du Rialto. Comme plus tard chez le fils, la toile est remplie de personnages qui ont leur vie propre et s'animent sous nos yeux comme autant de témoins de cette époque où, décadente déjà, Venise n'en restait pas moins la capitale d'un pays prospère à la démographie galopante.
Peu à peu les nobles et sourds vieillards sont arrivés... Les plus valides arrivèrent à la suite de la guide, les autres surgirent del'ascenseur. Soufflants et pouffants, ils se sont affalés sur les banquettes installées le long des parois. Le son des audiophones annonça leur venue dès l'escalier. Certains, plus attentifs, ont remarqué la décoration - des poteaux de bois et des planches grossièrement blanchies à l'eau pour rappeler les pali de la lagune et les débarcadères mouillés par les eaux. Les salles se sont remplies en un instant d'un vacarme de cour de récréation. J'en ai profité pour redescendre. Le rez-de-chaussée avait retrouvé le silence qui sied aux musées. Les deux choses qui m'intéressaient le plus semblaient libérées de cette horde très ressemblante à celles qui envahit chaque jour par flots interrompus (sauf à l'heure des repas !), musées et églises de la Sérénissime : la fameuse camera oscura reconstituée trônant au milieu d'une salle et mise à disposition du public, non loin de la (présumée) véritable dans sa vitrine et LE fameux carnet.
Un écran horizontal installé sur le même meuble que le précieux recueil de la Marciana, permet d'en feuilleter virtuellement, page après page, les 76 feuillets. C'est émouvant, charmant, sublime, passionnant, fascinant... Pardonnez cette emphase, mais autant de chefs-d’œuvres devant les yeux et soudain la contemplation des croquis qui en sont l'origine, avec les annotations de l'artiste quant aux couleurs et aux détails à ne pas oublier, revient à être projeté dans la Venise du XVIIIe siècle, parmi ses habitants. C'est comme humer le même air qu'ils respirèrent, entendre avec eux les cloches des églises qui se répondent, participer au brouhaha qui anime les places et les rues que Canaletto nous montre. En regardant l'outil que l'artiste utilisa, cette belle boîte de bois vernis, avec le couvercle en buis tourné et patiné par le temps que le maître a vissé et revissé à chacun de ses déplacements, on ne peut qu'être joyeusement ému. C'est toute la Venise authentique qui est là sur les cimaises du Musée Maillol et qu'on peut approcher de tellement près. Le rapport aux œuvres se fait intime, comme rarement dans un musée.
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Le catalogue publié par Gallimard m'a paru en revanche assez décevant. Il coûte 39 euros, de format italien et regorge d'illustrations et de détails, mais la couleur des tirages est épouvantable. Les clichés ne sont pas toujours très clairs et aucun des détails qui apparaissent avec une incroyable netteté à l’œil nu quand on se tient devant les peintures n'a été reproduit.
Le petit ouvrage toujours chez Gallimard, publié par Annalisa Scarpa, commissaire de l'exposition, dans la collection Octavius , "Venise au temps de Canaletto", outre l'élégance de sa mise en page, est d'une meilleure qualité. Ce petit album sans prétention est largement moins cher. Il présente sous forme d'itinéraire, la plupart des points de vue, campi, palais, églises, monuments, d'une ville quasiment inchangée qui aujourd'hui encore conserve tout le charme du XVIIIe siècle qui charme le visiteur sensible. Je renvoie aussi les amateurs à l'excellent ouvrage de J.G. Links paru en 1994 chez Phaidon. Bien qu'un peu vieilli, il reste à ce jour l'un des ouvrages les mieux documentés sur le peintre.
Si vous le pouvez, courrez-y ! Vous ne serez pas déçus et privilégiez une visite matutinale ou réservez en donnant le nom d'un maharadjah ou d'un émir pour que l'on interdise les salles en votre présence! Toutes les informations sur l'excellentissime site, Venise1.com : ICI
La Fondamenta Coletti à San Girolamo, dans un coin retiré de Cannaregioest
un endroit pittoresque fréquenté quasiment uniquement de vénitiens. Au
bout du quai, une île a été aménagée il y a une quarantaine d'années, la
Sacca San Girolamo, vaste ensemble résidentiel qui abrite de
nombreux logements sociaux face à la lagune. La Fondamenta Carlo Coletti
doit son nom à une institution religieuse qui y était installée jusque
dans les années 2000. D'imposants bâtiments accueillirent de nombreux
élèves. Puis peu à peu, les religieux ne pouvant faire face aux
nécessaires travaux d'entretien, les immeubles se dégradèrent, jusqu'à
l'abandon et la fermeture de l'institution.
Étudiant, j'ai habité quelques mois dans ce quartier, sur cette fondamenta
justement, au numéro 2993. Mes fenêtres donnaient sur l'un des terrains
de sport de l'institution fréquenté par tous les enfants du voisinage
qui venaient y jouer au football. Déjà à l'époque on parlait de
construire à cet endroit des logements sociaux qui faisaient cruellement
défaut. C'était cette triste période où l’État avait décidé de
libéraliser les loyers, jetant à la rue des centaines de vénitiens,
appelés les sfrattati (i sfratai en vénitien) Dans le cadre du programme électoral de son équipe, le maire Orsoni a promis la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, histoire de revitaliserl'habitat
dans le centre historique, ou pour être plus précis afin d'en juguler
la désertification. Même à Disneyland, il faut bien loger le
personnel... Hélas, si des chantiers ont bien été ouverts, aucun n'est
encore parvenu à son terme. Une première tranche de constructions avait
déjà été prévue par la municipalité Costa. Plusieurs milliards avaient
même été débloqués pour ce faire. Sans suite à ce jour. Toujours le
mystère des marchés publics italiens.
Le
projet Coletti est intéressant. Il s'agit de réaliser des logements
sociaux qui seront destinés en priorité aux jeunes ménages et à ceux qui
travaillent dans le centre historique. Prendre en compte, enfin, les
gens qui vivent et travaillent à Venise. Ambitieux, ce projet l'est
quand il veut contribuer au "repeuplement" d'une zone laissée en
friche depuis la disparition des établissements de formation qui
occupèrent les lieux pendant de nombreuses années (Algarotti, Zuccante,
Fermi). Ambitieux aussi l'objectif décidé par les intervenants :
réaliser, d'ici 2015, soixante-dix appartements dits de "social housing" financés par un apport de 13 millions d'euros (dont 6 millions environ avancés par la municipalité et le reste par les Œuvres Pia Coletti, structure communale). Le protocole permettant de lancer l'opération a été signé Ca’Farsetti il y a quelques semaines, permettant de démarrer l'appel d'offres.
"Ce projet, explique Bruno Filippini, l'assesseur en charge de l'habitat, veut
répondre aux exigences des vénitiens, et avant tout aux demandes des
jeunes couples et des travailleurs du centre historique. Outre
l'opération d'habitat social, le projet prévoit la réalisation d'une
zone verte sur l'emplacement d'un vaste terrain vague au milieu de
l'ex-Coletti." Comme l'a expliquéPaolo Stocco, le président des Ouvres Pia Coletti, qui milite depuis des années pour la restructuration de ces locaux abandonnés , "les appartements auront une superficie allant de 45 à 100 m²".
Le lancement du chantier Coletttia également le mérite de rappeler les autres projets delogement sociaux. A cetégard, l'assesseur Filipinia fait le point sur le chantierConterieMurano(36logements), sur l'ancien hôpital UmbertoIer deCannaregio(40maisons individuelles), la poursuitedu projetPirueaau Lido(38logements)et celui de la viaMattuglieàAsseggiano(72logements). "Dans le cadre de la décentralisation domaniale (piano sul federalismo demaniale) a ajoutéFilippini,l'ancienne caserne Sanguinetti, à SanPietro di Castelloetles locaux de l'ancienne Écolede Mécaniqueà Celestiaseront bientôt mis à la disposition de la commune."Le site de Scalera à la Giudecca, quant à lui devrait être achevé dans les délais prévus en dépit des difficultés du constructeur traduit aujourd'hui devant les tribunaux.
La municipalité insiste sur sa détermination a défendre les intérêts de
ses administrés devant les retards, les exactions et les abus suscités
par le projet. Pourtant sur les
6.400 logements sociaux promis par la ville depuis dix ans, pas un seul
n'est disponible à ce jour. La première tranche qui prévoyait 1.400
appartements avait été votée par la municipalité Costa en 2003,
pour un investissement prévisionnel de 116 millions sur six ans qui
devait être complété en 2009. Si une partie du programme est en cours de
construction, la plus grande partie initialement prévue est bloquée
suite à la défaillance des partenaires privés. Les 5.000 autres
logements ont été annoncés en 2010 dans le programme électoral du maire
actuel, Giorgio Orsoni. Ils sont toujours lettre morte à ce jour...