Cette délicieuse photo empruntée à Venice Daily Photo
où j'aime aller me promener chaque jour n'évoque-t-elle pas la
sérénité, loin de ce carnaval que nous sommes peu à apprécier. Deux
jeunes femmes revenant de la Guggenheim qui commentent leur visite en
marchant le long de la fondamenta. En face, là où aujourd'hui Roberto Ferruzzi (le fils) tient la galerie de Roberto Ferruzzi
(le père, dit Bobbo), il y avait dans les années 80 un tout petit café.
Les deux ou trois tables que le cafetier disposait dehors étaient des
vestiges du mobilier original du Florian, celui d'avant les rénovations
des années 1890-1910. D'authentiques tables de marbre sur lesquelles Rousseau, Goldoni ou Casanova se sont peut-être accoudés... A gauche, le grand portique de pierre ouvre sur une calle tranquille
avec un joli puits, lieu favori des chats du quartier. A gauche, un des
plus beaux jardins de Dorsoduro cache sa splendeur sous de hauts murs
de brique. Plus loin encore, il y a la calle Navarro, où j'ai vécu mes
dernières années d'étudiant avant mon mariage, à côté du petit fruttariol qui
a fermé ses portes depuis. Tout en bavardant, nos deux promeneuses
viennent de passer devant l'ancienne galerie où je travaillais et qui
est aujourd'hui la boutique du musée Guggenheim. Puis elles verront les vitrines de la galerie Bacci-Baïk
avec ses lithographies incrustées de feuille d'or et d'argent. Denise
est anglaise, elle veille sur les créations de son mari disparu. C'est
le fils qui tient la galerie le plus souvent maintenant. A l'angle du
canal et de la fondamenta, on aperçoit la façade d'un petit bar où
j'aimais bien aller aussi. On y jouait de la bonne musique. La longue et
étroite calle puis le campo San Vio avec la chapelle
transformée en maison par un grand styliste disparu lui aussi.
L'ancienne boulangerie qui servait les meilleurs croissants du quartier devenue une trattoria pour touristes.
Le kiosque à journaux, puis après le pont le palais Cini, et la rue qui s'élargit, le grand café aux
hautes fenêtres en face de la ruelle qui mène chez le Duc Decazes où vit mon ami, le peintre Roger de Montebello et l'Accademia, le pont, la foule à nouveau...
6 commentaires:
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Merci Lorenzo, c'est à chaque fois un honneur d'être cité sur Tramezzinimag!
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Ah le dorsoduro...j'ai hâte de retourner à Venise pour savourer encore
plus chaque endroit authentique et heureusement il y en a
encore...comment faire savoir aux vénitiens qu'ils gardent intacte leur
âme.....
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Bonjour Lorenzo !
j'y serai à la mi-mars .... mais savez-vous que le train 221 quitte désormais Bercy à 18h55 et arrive à 9h39 ?
Bien sûr je traînerai un peu plus longtemps à table ... mais c'est curieux quand même !
anita
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C'est notre coin, nous l'aimons.
Ce qui nous attriste c'est que depuis 1995, nous avons vu disparaître presque tous les commerces de proximité : le boucher avec son gros billot en bois debout, le boulanger qui préfère vendre des pizzas molles plutôt que se lever le matin tôt pour faire son pain, le crémier, les deux fruttarols et maintenant le bazar des sœurs Gasparini ou on trouvait de tout, la cheville qui manquait ou le pot de peinture.
Nous nous demandons quelle est la capacité d'absorption des touristes en masques, verre, et autres bimbeloteries.
Maïté & Christian
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Quand je vois cette photo, c'est à Henri de Régnier que je pense et à la
pension des sorelle Zuliani qui se trouvait au-dessus de l'actuel
magasin Guggenheim. C'est là qu'il résidait quand ses amies du Dario
étaient absentes ou s'étaient éteintes, avec ceux qu'il nommait "sa
bande". Pour tous les amoureux de Venise, relisez L'Altana qui évoque si
précisément ces lieux, à défaut de trouver ses meilleures nouvelles
vénitiennes en librairie.
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Effectivement c'était là, mais la chambre de l'écrivain et le salon de la dame n'était pas tout à fait au-dessus de la galerie, mais derrière avec l'accès par le
sottoportego voisin. la maison donne sur l'actuel jardin de la
Guggenheim. C'est là que Dachine Rainer, l'écrivain amie d'Ezra Pound et Olga Rudge
écrivit son "Diary of Venezia".