Les vénitiens et les amoureux de Venise sont mobilisés depuis des années pour éviter que leur ville ne disparaisse ou - et ce serait peut-être pire - ne devienne un simulacre, triste et mélancolique, d'elle-même. C'est pourquoi toutes les initiatives doivent être saluées avec enthousiasme. C'est de résistance dont il s'agit. D'indignation aussi, puisque le mot est fort heureusement à la mode. Mais c'est aussi une affaire d'éducation. Il y a des années, aux alentours de l'effervescence soixante-huitarde, les occitans, les basques et les bretons décidèrent de prendre en main la sauvegarde de leur patrimoine culturel en apprenant aux enfants la langue de leur païs. Dans la Venise actuelle, parents, enseignants, associations, s'organisent pour inculquer aux nouvelles générations l'amour de la Sérénissime, de ses traditions les plus authentiques et, vecteur fondamental qui soutient tout, de leur langue. Tous la parlent, à tous les niveaux de l'échelle sociale, et c'est bien.
Tout est question d'amour, en fait : la continuité ou non de ce mode de vie particulier et singulier qui a jusqu'ici distingué et caractérisé Venise. Sans ses rites et son organisation, même une fois sa survie physique assurée, son économie prospère et florissante comme jamais auparavant, la Sérénissime ne serait plus la splendide cité que nous connaissons. Tous ceux qui l'aiment la désirent vivante et non pas muséifiée. Fiers de leur histoire, conscients de la valeur et de la rareté de leur patrimoine, de plus en plus de jeunes vénitiens revendiquent leur appartenance à une communauté historique mais bien vivante, ancrée dans le monde moderne tout en demeurant fidèle à ce qu'elle est vraiment.
Il nous faut donc espérer que les louables efforts de tous prévalent - et ce n'est hélas pas encore gagné - sur les séduisantes sirènes de la modernité aseptisée, qui ont déjà causé à Venise bien de trop nombreux dégâts. Comme le soulignait un de mes vieux amis de San Alvise : "tant que les jeunes préfèreront tramezzini, polpette et birrino aux hamburgers et coca-cola, tout n'est pas encore perdu !" Qu'en ce début d'année, le ciel l'entende !
(*) - Vivre à Venise pour les siècles des siècles.Peinture de Henderson
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7 commentaires:
- Tout n'est pas encore perdu ? Faisons que le ciel l'entende, mais ne rêvons pas... Tout est perdu à Venise.
- A suivre mon lecteur anonyme, tout est perdu pour la civilisation, la culture et donc la liberté... Quel pessimisme lecteur ! Pour ma part je me refuse à croire à cette fin proche. la bêtise des hommes certes est grande, l'appât du gain, l'amour et la fascination pour l'argent de plus en plus répandus et transformés en religion... Mais le goût du beau, la soif d'authenticité, l'amour tout simplement, ont de tout temps emporté sur la bêtise et les esprits étroits ! Ne renonçons pas ! Si Venise s'effondre, l'humanité suivra. Cela ne se peut. au nom de nos enfants et des enfants qu'ils auront !
- Et pour compléter ma pensée et faire un peu d'explication de texte, je vous renvoie, lecteur anonyme, à ce mien billet de novembre 2009 : http://tramezzinimag.blogspot.com/2009/11/question-de-choix.html
- Quelle expérience négative a bien pu vivre cet auteur "Anonyme" pour distiller une telle vue pessimiste ? Il est vrai que les forces de l'argent sont actuellement puissantes partout et Venise n'y échappe pas. Mais, bien que fragile, Venise est dans le cœur de ceux qui l'aiment et ils sont suffisamment nombreux et conscients pour ne pas laisser périr une telle merveille. Gardons espoir et comme vous le dites si bien, Lorenzo "Mais le goût du beau, la soif d'authenticité, l'amour tout simplement, ont de tout temps emporté sur la bêtise et les esprits étroits". A chacun de choisir son chemin ! Françoise
- Sur un cahier reçu pour Noël, ces mots : "Dans veines, il y a Venise" ; j'ajouterai : "Venise est dans nos veines". Et tant que cette sève coulera, rien ne mourra. Mes petits enfants apprennent le breton et je connais bien des enfants qui parlent le vénitien. Et comme le disait si bien Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Faisons confiance à la nouvelle génération. Bonne année 2012 pleine de séjours vénitiens (pour ma part, dans 2 semaines). Gabriella
- Article très juste. Un reportage radiophonique brillant diffusé dans sur les Docks l'année dernière qui illustre à merveille votre propos. http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-10-11-le-basque-une-langue-dans-la-course-%E2%80%93-ttipi-ttapa-ko-rri-ka-2011-07-13
- Agur Jaouna ! La Korrika, un super évènement, festif et émouvant qui mobilise tout le Pays Basque !
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