Quand on vit dans un lieu somme toute assez reclus comme est le centro storico de Vensie, on s'intéresse au quotidien de tous. Ragots et rumeurs se répandent au marché, sur le vaporetto, sur les campi, dans les boutiques. Cela participe de la vie en commun et n'est jamais bien méchant. Il y a aussi la lecture des faits divers que publie chaque jour le journal local ; leur commentaire autour du café matinal, dans le café en bas de chez soi. C'est ainsi que j'ai lu dans le Gazzettino d'aujourd'hui, la nouvelle suivante :

 DORSODURO. Ladri in azione a San Trovaso, nell'edificio del nobile Agostino. Indagano i Cc di San Zaccaria
Svaligiato palazzo Nani Mocenigo
Sparite tele e preziose stampe per un valore complessivo di circa 150mila euro.
 
 "Clamoroso furto in un prestigioso  palazzo di Venezia, a San Trovaso, non distante dalla facoltà di  filosofia di Ca'Foscari. A scoprirlo, ieri pomeriggio, è stato il nobile  proprietario, Agostino Nani Mocenigo, e subito sono iniziate le  indagini dei carabinieri della Compagnia di Venezia. 
I  ladri hanno approfittato del fatto che l'immobile è rimasto incustodito  per alcuni giorni, e hanno trafugato tele e preziose stampe, il cui  valore complessivo è stimato in circa 150 mila euro. Si tratta di cinque  dipinti ad olio del Cinquecento e Seicento, raffiguranti nobili  veneziani, nonché quattordici stampe di varie epoche e raffinati oggetti  di argenteria. I ladri sarebbero entrati nel palazzo da una piccola  finestra utilizzando una scala. Forse per la fuga si sono serviti di un  barchino".
  
Époustouflant vol dans un prestigieux palais de Venise, à San Trovaso, à peu de  distance de la faculté de Philosophie de la Ca'Foscari. C'est le  propriétaire, le comte Agostino Nani Mocenigo qui l'a découvert hier  après-midi et en a aussitôt informé les carabiniers. Les voleurs ont  profité de l'absence des gardiens ces derniers jours, pour dérober des  toiles et des gravures précieuses, pour un montant estimé à environ  150.000 euros. Il s'agit de cinq toiles du XVe et du XVIe représentant  des nobles vénitiens, de 14 estampes de différentes époques et d'objets  en argent. Les voleurs seraient rentrés dans le palais par une petite  fenêtre en utilisant une échelle. Ils ont vraisemblablement utilisé une  barque pour s'enfuir.
Connaissez-vous  ce roman policier qui commence par une série de vol dans ce qui fut la  ville la plus remplie d'objets d'arts et de joyaux et la moins  cambriolée du monde ? Il s'achève par la destruction programmée de la  ville et un coup d'état avorté. Nous n'en sommes certes pas là mais  quelque chose a changé à Venise. Les touristes affluent toujours autant  et d'une manière de plus en plus anarchique et préjudiciable pour la  Cité des doges. La vie y est certes de plus en plus difficile, comme  ailleurs mais dans des proportions démesurées parfois, pour ceux qui  n'ont pas la chance d'être propriétaire de leur logement (à l'étage). 
Non, ce qui est préoccupant, c'est une atmosphère nouvelle qui pousse  hélas les vénitiens, comme tous les italiens, au racisme. Des  populations nouvelles, et peu souhaitées, de l'autre rive de  l'Adriatique, chassées au début par la guerre, puis attirées par les  aides et la qualité de vie, se sont installées un peu partout. Avec ces  réfugiés qu'il était normal d'accueillir, est arrivée toute une faune de voleurs, d'escrocs, de petites  frappes qui, se mêlant aux mêmes version nord-africaine qui sont  remontés par la Siçile et Rome, envahissent toute la péninsule et  commettent larcins sur larcins.
A Venise, ils mettent le feu aux poubelles, d'autres agressent  les touristes et cassent les vitrines. Ils opèrent en bande, sont  souvent très jeunes, déterminés, tous en situation irrégulière, arrogants et  sans foi ni loi. La misère des pays d'où ils viennent ne les rend même  plus sympathiques. Encore moins pardonnables.
Je  me souviens en 1983 ou 84, avoir assisté à un gala à la Fenice. Grand  tralala sur scène comme dans la salle. J'étais invité dans uen loge. Il y  avait là cinq ou six femmes en robe longue. Après le spectacle, une  vieille dame repartit seule vers sa maison. Elle portait un diadème de  diamants avec le collier assorti et à ses doigts brillaient de  somptueuses bagues anciennes. Célèbre figure de la société vénitienne, descendante de doges, elle possède des  bijoux historiques somptueux. Il était presque une heure du matin. les  rues étaient vides. Je fis un bout de chemin avec elle mais elle refusa  que je fasse le détour jusqu'à sa porte. "On ne craint rien à Venise, Monsieur"  me dit-elle en souriant. Aujourd'hui si la ville reste relativement  sûre, il y a de plus en plus de cambriolages, de magasins pillés...
Qui  parlait du retour des barbares ? Nous sommes restés à les attendre  comme on attend le retour des saisons. Hélas, ils sont revenus et  semblent bien installés et déterminés à faire parler d'eux...  De quoi alimenter les conversations à venir et faire l'affaire de politiciens extrémistes et revanchards...
posted by lorenzo at 21:11