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posted by lorenzo at 23:17
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE

Je reviens du Bassin d'Arcachon - retour toujours difficile vers la ville étouffante de moiteur, polluée et sale - après deux semaines de farniente, baignades, sorties en bateau et longues siestes à l'ombre du grand pin rescapé de la tempête de 1999. Le retour dans un Bordeaux caniculaire infesté de touristes rendus hagards par la chaleur, est toujours pénible.
Mais tout ce verbiage pour souligner des ressemblances entre la Lagune vénitienne et le Bassin d'Arcachon. En me promenant l'autre soir près de l'Ile aux oiseaux, la lumière qui semblait jaillir de l'eau éclairait les cabanes tchanquées et leur ressemblance avec les constructions lacustres de la lagune de Grado ou de Torcello me parut évidente. Le parfum du soir sur la plage est le même que celui qui embaume la promenade des murazzi et, dernier élément de comparaison, les étals des poissonniers sont aussi riches - les espadons en moins - que nos étals de la pescheria du Rialto... Les arcachonnais ont la pinasse qui joue le même rôle que les péottes de l'Adriatique...
Tenez, laissez-moi vous donner un autre exemple : il y a une rue de la ville d'Automne que nous prenons pour aller vers le centre d'Arcachon (que des générations de promoteurs avides et sans aucun goût défigurent depuis cinquante ans) : la rue Thomas Illyricus. C'est le nom d'un moine qui aurait échoué il y a bien longtemps sur une plage entre le Moulleau et Arcachon, après une tempête. Seul survivant, on raconte qu'il fut sauvé du naufrage par une statue de la vierge amenée dans ses bagages... La sculpture passe depuis pour miraculeuse. On peut toujours la voir dans une très ancienne chapelle décorée de fresques et dorée à souhait. Plusieurs fois détruite par le feu, l'oratoire a toujours été reconstruit et la statue jamais détruite. Dde nombreux ex-votos manifestent la dévotion des marins d'ici et de leurs familles, comme dans les iles de Venise.
"Méfiez-vous des apparences... Mise en garde délivrée aux jeunes filles des couvents quand passe dans les parages le débauché Casanova, mais que l'on pourrait appliquer au public s'attendant à une nouvelle chronique des exploits du plus célèbre tombeur de ces dames - a fortiori avec Heath Ledger, tout juste magnifié par Brokeback Moutain, dans le rôle titre", c’est ainsi que la Libre Belgique présentait au printemps ce film encore inédit en France (il sort le 26 juillet sur nos écrans ! du moins c'est ce qui est annoncé).
Ce qui à l'heur de plaire à sa mère (Lena Olin), qui veut la marier au plantureux et riche marchand Paprizzio (Oliver Platt), seul moyen de sauver la famille de la ruine imminente... Classique, classique.
son final inattendu, entre le cinéma de Richard Lester et celui de Philippe de Broca, comme un plaisir estival. … Le soir, je sortais seul, au milieu de la ville enchantée où je me trouvais au milieu de quartiers nouveaux comme un personnage des Mille et Une Nuits. Il était bien rare que je ne découvrisse pas au hasard de mes promenades quelque place inconnue et spacieuse dont aucun guide, aucun voyageur ne m'avaient parlé. Je m'étais engagé dans un réseau de petites ruelles, de calli divisant en tous sens, de leurs rainures, le morceau de Venise découpé entre un canal et la lagune, comme s'il avait cristallisé suivant ces formes innombrables, ténues et minutieuses. Tout à coup, au bout d'une de ces petites rues, il semblait que dans la matière cristallisée se fût produite une distension. Un vaste et somptueux campo à qui je n'eusse assurément pas, dans ce réseau de petites rues pu deviner cette importance, ni même trouver une place, s'étendait devant moi entouré de charmants palais pâles de clair de lune. C'était un de ces ensembles architecturaux vers lesquels, dans une autre ville, les rues se dirigent, vous conduisent et le désignent. Ici, il semblait exprès caché dans un entrecroisement de ruelles comme ces palais de contes orientaux où on mène la nuit un personnage qui, ramené chez lui avant le jour, ne doit pas pouvoir retrouver la demeure magique où il finit par croire qu'il n'est allé qu'en rêve..
Le lendemain je partais à la recherche de ma belle place nocturne, je suivais des calli qui se ressemblaient toutes et se refusaient à me donner le moindre renseignement, sauf pour m'égarer mieux. Parfois un vague indice que je croyais reconnaître me faisait supposer que j'allais voir apparaître, dans sa claustration, sa solitude et son silence, la belle place exilée. À ce moment, quelque mauvais génie qui avait pris l'apparence d'une nouvelle calle me faisait rebrousser chemin malgré moi et je me trouvais brusquement ramené au Grand Canal. Et comme il n'y a pas, entre le souvenir d'un rêve et le souvenir d'une réalité de grandes différences, je finissais par me demander si ce n'était pas pendant mon sommeil que s'était produit dans un sombre morceau de cristallisation vénitienne cet étrange flottement qui offrait une vaste place, entourée de palais romantiques à la méditation du clair de lune.
Quand j'appris, le jour même où nous allions rentrer à Paris, que Mme Putbus, et par conséquent sa femme de chambre, venaient d'arriver à Venise, je demandai à ma mère de remettre notre départ de quelques jours ; l'air qu'elle eut de ne pas prendre ma prière en considération ni même au sérieux, réveilla dans mes nerfs excités par le printemps vénitien ce vieux désir de résistance à un complot imaginaire tramé contre moi par mes parents (qui se figuraient que je serais bien forcé d'obéir), - cette volonté de lutte, désir qui me poussait jadis à imposer brusquement ma volonté à ceux que j'aimais le plus, quitte à me conformer à la leur, après que j'avais réussi à les faire céder. Je dis à ma mère que je ne partirais pas, mais elle, croyant plus habile de ne pas avoir l'air de penser que je disais cela sérieusement ne me répondit même pas. Je repris qu'elle verrait bien si c'était sérieux ou non. Et quand fut venue l'heure où, suivie de toutes mes affaires, elle partit pour la gare, je me fis apporter une consommation sur la terrasse, devant le canal, et m'y installai, regardant se coucher le soleil tandis que sur une barque arrêtée en face de l'hôtel, un musicien chantait "sole mio"…
Marcel Proust
Extraits de « à Venise »
in Feuillets d'Art , n°4, 15 décembre 1919, pp. 1-12



On vient d'annoncer officiellement ce que les rumeurs laissaient
entendre depuis un certain temps (on en parlait déjà au banquet offert
par Christian Pinault l'autre jour à l'Arsenal) : Catherine Deneuve sera la présidente de la 63e Mostra de Venise,
qui se déroulera du 30 août au 9 septembre prochains.
Jean Lorrain disait de Venise : "Autrefois auberge de rois, maintenant auberge de fous". Venise est un mystère, sa puissance, son architecture, sa politique, son déclin... 
J'habitais en ce temps-là à Venise, un petit appartement, modeste et tranquille, au deuxième étage d'une très vieille maison dressée depuis plusieurs siècles entre un canal et un campiello où poussait une herbe drue comme à la campagne. La maison était toute tordue et un jardinet que personne n'entretenait jamais la séparait du canal. Mes fenêtres donnaient sur le jardin. Je n'en avais que trois, la quatrième, bloquée par des siècles de poussière, ne s'ouvrait plus et avait été condamnée par des panneaux de bois. Il y avait en contrebas une terrasse étroite couverte de marbre qui avait dû servir au temps de la jeunesse de cette noble demeure, de salon d'été. Un lieu idéal pour far niente. Ces détails plus loin seront utiles au lecteur, c'est pourquoi je m'y attarde. On pouvait accéder à cette terrasse par un e calier de pierre qui partait du jardin. Une vieille porte pratiquée dans le mur donnait dans la ruelle, un passage étroit appelé calle delle Spezier qui débouchait sur un pont. Une jolie patricienne devait certainemnt autrefois s'asseoir sur ce balcon romantique."Chers enfants et chers amis de la Maison Pettenello, c'est un devoir pour moi comme pour ma maman Lilli de nous adresser à vous. Même si le magasin ne fermera pas tout de suite et que nous vous accompagnerons pour Noël, l'Epiphanie et le prochain carnaval, nous voulions vous dire un adieu amical et sincère. Nous vous remercions pour l'affection et la sympathie que vous ne cessez de nous démontrer ces jours-ci comme vous l'avez fait pendant toutes ces années. Nous voulons saluer particulièrement tous nos petits clients, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. J'aimerai leur raconter tellement d'histoires dont ils ont été les vrais protagonistes mais il n'y aurait pas assez de pages dans les journaux pour tout dire. Sachez simplement que vous, tous nos clients, et surtout vous les enfants, demeurerez nos plus chers souvenirs. C'est en 1899 que mon grand-père débuta cette merveilleuse histoire dont vous avez toujours été partie prenante : en achetant, en pleurant, en riant, en jouant chez nous et en grandissant. Certains d'entre vous n'hésitaient pas à venir travailler avec nous derrière le vieux comptoir, d'autres revenaient avec leurs enfants, leurs petits-enfants. Voilà que maintenant cette belle histoire va se terminer non pas parce que des méchants ont gagné ou parce que l'auteur est fatigué de l'écrire. Mais parce que, comme toutes les belles histoires il faut conclure avec la formule "ils vécurent heureux et satisfaits" et c'est là que commence une nouvelle histoire. La mienne."
© copyright Claire Normand - 2006
On accuse déjà la France, d’où serait venue en 1992 une pauvre huître porteuse, à l’apparence innocente, qui transportait sous sa coquille la terrible ogresse chinoise. Avec les frontières si poreuses de l’espace Schengen, aucun douanier n’a vérifié ce qu’elle transportait, la bougresse ! Depuis, elle est l’espèce dominante partout sur la Lagune, surtout à Venise et à Chioggia… Mais ne vous fiez pas à son origine. Il ne s’agit pas d’une contrefaçon, d’un ersatz. Fabrication soignée, bonne tenue, chinoise certes, un peu exotique mais bon, répondant tout à fait aux critères attendus : l’odeur – nauséabonde-, l’aspect non pas jaune mais vert amande à l’œil nu et gluant. Tout en elle dénote une authentique recherche de style qui confirme bien son origine orientale. Et puis que voulez-vous, c’est ainsi, les algues de chez nous n’avaient qu’à mieux se tenir et apprendre à résister à l’envahisseur. Il ne manque plus qu’à la parfumer au santal ou à l’ambre mais cela finirait de dénaturer complètement Venise, puisque l’odeur de ses canaux…
Aussi paradoxal que cela puisse paraître aux vénitiens, notre demoiselle algue est cependant reconnue comme espèce menacée car si elle s'implante facilement en mer ouverte autant que dans les lagunes, les lacs et les étangs, elle demeure fragilisée par la pollution des eaux. Bref, quand vous serez à Venise, même en tordant le nez devant son peu délicat parfum, ne lui en voulez pas, soyez indulgent. Et après tout, après le sel, les épices, les soieries, les algues seront peut-être la solution naturelle au renouveau de l'économie vénitienne...
Lu dans le Gazzettino de ce dimanche une information qui dénote l'état d'esprit actuel à Venise. Rien n'est vraiment contre les touristes, mais on a pris conscience de l'imminence d'une catastrophe si rien n'est fait en grand et avec suivi pour canaliser les flots de visiteurs et retenir le peu de vie active et de vie normale dans la Cité des Doges.
Johannes Brahms
1er juin 1982, 10 heures.
Le vent, toujours présent à cet endroit de la lagune, comme une caresse rend nos mouvements plus légers. Nous approchons du Lido. Le ciel est incroyablement bleu. Nous accostons près du cimetière juif, là où le ponton de bois est un peu en pente. Au retour, nous utiliserons le moteur.
Les rochers sont chauds et parfumés comme en été. Près de nous, deux très jeunes garçons nus, plongent et replongent en riant.