25 juin 2006

Gatti veneziani

Comme chez les humains, on rencontre toute sorte de caractères chez les chats mais chez ceux de Venise, il y a quelque chose en plus. D'abord ils gardent le souvenir de leur grande utilité du temps de la Sérénissime. Sans leurs ancêtres, la peste n'aurait cessé de se répandre dans la cité et les doges en avaient fait des notables dont le livre d'or s'il n'a jamais été écrit n'en demeure pas moins dans la mémoire collective. 
Si les rois de France avaient de beaux lévriers, les maîtres de Venise avaient surtout des chats ! Les bateaux ne partaient jamais sans un des leurs et sur le navire amiral de la flotte vénitienne à la bataille de Lépante, il y avait un somptueux matou guerrier qui ne manqua pas une charge et revint en triomphateur acclamé avec son maître.  Bref le chat de Venise c'est quelqu'un. 

Hélas comme tout à Venise aujourd'hui, le monde des chats est en péril. Certains gouvernements des années 80 ont voulu les éliminer, ou du moins en réduire les colonies. D'autres ont pris conscience de leurs malheurs et ce fut des campagnes de vaccination, de stérilisation mais aussi l'ouverture de refuges et de dispensaires. Voilà qui m'a donné envie de montrer quelques spécimens de ceux qui demain seront peut-être les seuls vrais vénitiens du Disneyland qui semble parfois se préparer dans la ville que nous aimons tant mais que les hordes dénaturent chaque jour davantage...
 
 
Celui-là qui joue sur un terrazzo de marbre clair, vague cousin de notre chat, est toujours aussi facétieux. Bien nourri aux sardines fraîches ou in saor, il vit une vie tranquille au premier étage d'un somptueux palais renaissance sur le Grand Canal. Il aime regarder pendant des heures le trafic sous son balcon et descend parfois dans le jardin au bord de l'eau. Pour lui, point de soucis. Il finira un peu trop gros sur des cousins en velours frappé de chez Fortuny.

 
On ne peut pas en dire autant de ce pauvre mendiant qui quête sa nourriture au pied du gobbo au Rialto. Il a trouvé de quoi poser son pauvre derrière endolori et n'a qu'une frousse, croiser les vigiles avec leurs horribles bergers allemands. Il ne mange pas toujours à sa faim et doit chaparder quand la faim le tenaille trop. Heureusement, il y a la soupe populaire... quelle rupture familiale, quel incident de parcours l'a jeté dans la rue ? La dégringolade arrive tellement vite à Venise pour un chat...
posted by lorenzo at 22:10

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