16 octobre 2006

Hommage à notre jeunesse


En rangeant mes cartons remplis de vieux papiers du temps de ma jeunesse vénitienne, j'ai retrouvé mille souvenirs. Des adresses griffonnées sur des bouts de nappes en papîer, des cartons d'invitation, des petits mots, des photographies, des lettres. Certains noms me sont encore familiers, d'autres inconnus. L'oubli prend le pas sur la mémoire. Tout un quotidien qui peut à peu s'efface. Parmi mes amis de Venise, étudiants aux Beaux Arts, en Architecture, au Conservatoire ou comme moi en Lettres, beaucoup sont demeurés proches et nous veillissons ensemble ou à proximité. D'autres ont quitté ma vie et je ne sais plus ce qu'ils sont devenus. 

C'est le cas de Pippo. Giuseppe de son vrai prénom. Palermitain exilé à Bologne avec ses parents, il voulait devenir architecte. Il dessinait à merveille et nous n'étions jamais d'accord sauf devant les tableaux de Bellini et de Carpaccio et au moment de plonger dans les vagues de l'Adriatique. Nous passions l'été sur les Murazzi du côté de Malamocco où j'ai habité un été, juste à côté de chez Hugo Pratt. Peut-être lira-t-il ces lignes et me donnera-t-il enfin de ses nouvelles ? Il a quitté Venise après moi. Nous nous sommes écrit deux ou trois fois puis plus rien. Un long silence rempli de beaux souvenirs...
posted by lorenzo at 22:50

Le Fondaco dei Turchi


Merveilleuse vision du fondaco dei Turchi, ce caravansérail mis à la disposition des marchands ottomans et qui fut longtemps un véritable centre d'affaires où turcs et vénitiens se retrouvaient pour échanger leurs produits. Lourdement restauré au XIXème (avec de sérieuses modifications qui ont altéré sa structure originelle), c'est aujourd'hui le siège du Museum d'Histoire Naturelle, un des musées les moins visités par les touristes. Pourtant un lieu à voir, tant pour ses collections que pour son emplacement. Et pour rêver...
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Photo inédite de Pierre Venice Daily Photo) - Tous Droits Réservés.
 
posted by lorenzo at 12:35

14 octobre 2006

Sur les Zattere

Voilà une promenade finalement assez peu connue des touristes - et c'est tant mieux - qui s'avère être vraiment l'une des plus agréables de Venise. Comme les flâneries le long des Fondamente Nuove ou sur les Schiavoni, marcher le long des quais de Dorsoduro est un régal. La lumière y est toujours différente et on peut y méditer tout à loisir ou bien poursuivre une conversation entre amis. Les enfants aiment à y courir et on rencontre des tas de gens différents. Vaste solarium en été (et dès le mois d'avril d'ailleurs), c'est en automne et en hiver un lieu assez privilégié, à l'abri des vents du nord, où les vrais vénitiens se retrouvent en fin de journée et le dimanche. Le meilleur glacier (Gelateria da Nico) de la ville et quelques bons restaurants y sont installés.
   
Face à la giudecca, allons donc faire un tour, de la calle del vento à la Pointe de la Douane. Nous croiserons des étudiants qui prennent le soleil sur un ponton, puis les enfants qui sortent des écoles et se précipitent chez Nico, les vénitiens qui prennent un café ou un verre. Le curé des Gesuiti qui fait constater à qui veut bien l'écouter l'état de plus en plus grave des sculptures qui ornent le fronton de son église et se transforment chaque jour davantage en talc.  
Un peu plus loin quelques touristes s'attardent sur le pont. La vue sur le canal y est si belle. Le peintre Ferruzzi sera peut être installé à l'angle d'une ruelle pour croquer la Giudecca juste en face. La concierge d'un immeuble est assise devant sa porte avec une voisine. Plus loin, la Calcina de Ruskin où nous parviennent des conversations en anglais. Encore un pont et les Zattere se font plus déserts. Le mur du jardin du séminaire est éclairé par le soleil. Les feuilles des arbres commencent à tomber. 

 
Plus loin encore, les jeunes athlètes membres de la Società Canotiera Bucintoro mettent leurs bateaux à l'eau. Le rouge vif de la grue tranche avec le vert de l'eau et le blanc écarlate de leur tenue. Les avirons sont prêts et les ardeurs fourbies. la ballade sera belle et sportive. Puis le quai se rétrécit. Un beau bateau à voile, amarré à deux pas bat pavillon néo-zélandais. Nous voilà à la pointe de la douane. A droite, San Giorgio qui touche presque la Giudecca. Les arbres du Cipriani sont une symphonie de verts et d'orange. A gauche, le Bassin de Saint Marc et son époustouflante vue : la piazzetta avec le Palais des doges, les colonnes, les dômes de San Marco et le Campanile. La lagune est toute irisée d'argent. Vaporetti, motoscafi, taxis, barques en tout genre se croisent dans un tintamarre merveilleux. C'est tellement plus agréable que la place de la Concorde ou les sorties d'autoroute... 

 
Quand les travaux seront finis, il n'y aura plus alors, après s'être assis quelques minutes face à ce magnifique spectacle, qu'à repartir vers la Salute, l'abbaye San Gregorio, les petites ruelles qui longent les palais, la Ca'Dario, la Guggenheim, San Lio et le pont de l'Accademia. Il sera temps de reprendre des forces dans un des petits bars qui longent le chemin. A moins que vous ne préfériez traverser le grand canal avec le traghetto. Deux heures de marche dans un indicible bonheur et une grande paix. C'est cela le miracle de Venise. Le bonheur et la paix. Mais je vous ennuie avec mes radotages.  

posted by lorenzo at 18:30

Venise mineure


© Wim de Koning, 2006 - Tous Droits Réservés.


posted by lorenzo at 17:09

Délicieuse solitude

On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Venise et la Malinconia. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entraperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire. 

C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique qui fait l'intensité de notre relation à la ville : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et qui pourtant nous semble tellement naturel, évident comme l'est la Nature.L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscité me permet – comme à des millions d’autres adeptes de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi…
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"Venise est plus qu’une ville, c’est un état d’esprit, une merveilleuse idée humaine. Une invention géniale. Elle est le refuge parfait du solitaire. Elle sait s’en emparer et le prend dans ses tentacules. On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Le cafard, la malinconia est un art vénitien. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. Il repartira – s’il repart – en paix avec lui-même, harmonisé, rédimé, apaisé et riche d’une richesse intérieure très enviable de nos jours". 


Ces quelques phrases retrouvées sur un de mes carnets, de qui sont-elles ? Vraie et fausse l’assertion qui donne à l’amoureux de Venise,ou plutôt de la vie à Venise un penchant pour la mélancolie. 



Non, je le dis une fois encore, Venise porte à l’équilibre, à la maîtrise des sens, à la parfaite connaissance du "moi" qui partout ailleurs nous empoisonne. Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entraperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire. Nulle déconvenue n’a jamais présidé à mon installation à Venise. Bien au contraire. C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et pourtant totalement antinature. Vieux débat métaphysique que celui-là.

Je me souviens d’une séance de conférence de méthode à Sciences Po ou notre professeur, le charmant et distingué Monsieur Laborde, aborda le thème de la nature. Je n’ai jamais su pourquoi il me confia le commentaire d’un texte dont j’ai perdu la trace et qui présentait Venise comme parangon du dilemme nature-antinature. Nature parce que milieu unique situé dans un écosystème très particulier où l’équilibre est fondamental pour la survie de tous (on parlait peu alors d’écologie) et antinature parce qu'espace urbain artificiel, gagné sur le monde brut de la création divine par l'impérieuse volonté de l'homme.
Les pierres et les piliers de bois sont purs produits de la nature mais leur utilisation et l’usage qui s’en suit par essence s'oppose à elle. Ce qui ne veut pas dire que Venise soit contre-nature… Au contraire, je suis convaincu - et ma démonstration emporta les suffrages de notre maître et de mes camarades - que Venise est l'exemple parfait, unique aussi peut-être, de l'idéal rêvé par l'esprit humain, l'exemple parfait de l'union du naturel et de l'humain, représentation terrestre du paradis rêvé, du paradis perdu... Je terminais mon exposé en justifiant la présence d'aussi nombreuses églises par le besoin des fondateurs de s'assurer le soutien du Père Créateur et de ranger à leurs côtés tous les saints, les archanges et les bienheureux qui intercèdent auprès du Père... Bref, pour ma part, au milieu de cet ensemble Nature-Antinature qu’est Venise, j’ai trouvé ma vraie nature. Faite de paix, de recueillement, d’émerveillement, de joie, de couleurs et de sons.  
L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscités me permet – comme à des millions d’autres adeptes (on se croit toujours seul et unique amoureux, connaisseur et de facto consommateur de Venise) de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir : sur les écrans, aux vitrines des librairies, dans les musées, les conversations. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi. Les allemands ont un nom pour cela. Proust a su décrire bien mieux que je ne pourrai jamais imaginer pouvoir le faire cette sensation. Le lecteur comprendra de quoi je veux parler.

La malinconia toujours ressentie à Venise, du moins par les âmes sensibles ou celles qui savent s’abandonner parfois à la faiblesse (combien d’entre nous prétendent toujours dominer leurs états d’âme et rester maître absolu de leurs sentiments) nous prend cependant en effet. mais elle consiste bien plus en une soudaine vision de notre faiblesse face à la grandeur des choses qu’on trouve ici. Comment ne pas prendre conscience au pied de cet extraordinaire monument dressé durant des générations pour magnifier la puissance du créateur et célébrer de grandes actions humaines, qu’il y a de fortes chances pour que notre vie passe vite et que nous soyons oubliés quand les maisons, les églises et les palais se dresseront encore noblement sur l’eau des canaux de la lagune… Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu une telle volonté, un tel désir de maintenir, de préserver un espace urbain tel que Venise. Même Jérusalem, Athènes ou Rome ou Byzance n’ont suscité un tel engouement au cours de siècles… 


C’est bien la preuve n’est ce pas que Venise représente pour la plupart d’entre nous un lien unique avec nous –même. Ce côté "matriciel" rapproche tous les hommes. On y retrouve inconsciemment peut-être – c’est une hypothèse que j’avance avec prudence mais que d’autres ont peut-être su développer bien mieux que moi – la même sensation que celle qui fut la nôtre à l’état fœtal… Et puis, il nous y est donné de pouvoir vivre comme partout ailleurs – ou presque – sans les inconvénients des autres lieux urbains (l’absence de bruit et de mauvaises odeurs par exemple) et de s’y sentir aussi au large qu’au beau milieu d’un océan ou d’une montagne (toujours l’idée nature-antinature) sans les inconvénients de la solitude, du chemin toujours trop long à faire pour acheter du pain ou un journal… 
posted by lorenzo at 16:42

13 octobre 2006

Jean et Constance sur le campo San Maurizio


L'émotion qui m'étreint à chacune des rares fois lorsque je vois mes enfants jouer sur un campo ou courir le long d'une fondamenta. C'est un peu comme si le vieux rêve finalement s'était réalisé et qu'ils ne faisaient qu'un avec ma ville, et que leur vie avaient vraiment commencé là... (écrit en écoutant le très émouvant aria de Purcell, "When I am laid in earth").

© tramezzinimag, avril 2004 -Reproduction interdite.

 Posted by Picasa posted by lorenzo at 21:28

Campo Santo Stefano peint par Arbit Blatas


 Arbit Blatas - Musée de Boulogne 

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Telemann comme un souffle de joie sur le campo Santo Stefano

L'automne n'en finit pas de déployer ses fastueuses couleurs. aux brumes matinales succèdent de longues heures ensoleillées qui donnent envie de paresser en regardant passer les gens.
 
La lumière est belle à Venise en octobre aussi. Les femmes ne sont pas encore trop vêtues et laissent admirer leurs jambes bronzées, les enfants jouent sur les places et les touristes se font un peu moins nombreux. Une sonate de Telemann me parvient des hautes fenêtres du Conservatoire Benedetto Marcello.  



Le campo Santo Stefano est rempli du cri des gamins qui jouent. Les terrasses des cafés sont occupées par de jeunes parents qui ont fini leur journée de travail et boivent un verre en aérant leur progéniture, mais aussi de personnes âgées.  


Un violoniste chinois ou coréen sans âge joue du Vivaldi devant le portail de l'église. Les passerelles qui servent quand il y a l'acqua alta sont autant de présentoirs pour les africains qui vendent les faux Vuitton. Une journée comme les autres. Telemann me poursuit avec un mouvement lent où je distingue derrière la flûte, une viole, un alto, un violoncelle et bien sûr le clavecin. Un régal. Le vent est doux et le ciel très bleu. dans quelques heures, lorsque le ciel se fera plus sombre, les terrasses se videront, il fera plus frais.



Me reviennent ces lignes du Carnet vénitien de Liliana Magrini :

"C'est avec une sorte d'émerveillement que l'on retrouve, ces jours-ci, en Venise, une ville toute fraîche, comme retrempée par un souffle marin qui la rendrait à d'autres âges vigoureux. Il y a quelques semaines à peine, comme exténuée par l'été, elle s'affalait dans une lassitude cendrée. Mais déjà sous la danse de lumières dorées irisant ses lézardes, elle seùble rejaillir en logs traits blancs. Dans cette dure pierre d'Istrie qui forme la trame secrète et le plus tenace de la ville, celle-ci paraît choisir à chaque saison les lignes qui mieux lui permettent de se reconstruire - de se faire - dans une souple résistance aux mutations du ciel..."

Ce sera bientôt l'heure de la passeggiata puis chacun rentrera chez soi et sous un ciel d'encre, j'irai me promener au clair de lune. Je vais trouver ces concerti qui ne venaient pas en fait du conservatoire mais du disquaire de la calle en face. Tant de baroque dans une école de musique même à Venise avait de quoi surprendre en vérité... La Fondation Levi, de l'autre côté du campo reçoit beaucoup de spécialistes de la musique ancienne et de baroqueux célèbres. Cette musique paisible et joyeuse de Telemann est décidément une pure merveille, l'accompagnement parfait pour cette fin d'après-midi d'octobre sur le campo Santo Stefano... 



posted by lorenzo at 20:10

12 octobre 2006

L’arrivée du buon gusto italien en France

Je ne sais pas si vous partagez mon goût pour le vrai café, parfumé, onctueux, fort sans jamais être âcre qu’on sert à Venise, dans n’importe quel petit troquet, comme partout ailleurs dans toutes l’Italie : recouvert d’une mousse de lait chaud si dense que le sucre met du temps à se répandre dans le breuvage. Le parfum délicieux qui se dégage de la tasse fumante répand ses effluves délicates jusqu’au cœur. Le macchiato, équivalent raffiné du "café noisette" des cafés français, fait peu à peu son entrée dans les bars de l’hexagone.
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Un ami qui revient de Quito me disait avoir eu la surprise d’en trouver partout aussi bons qu’à Venise ! La France est un peu en retard dans ce domaine et quand, le matin, désireux de retrouver l’atmosphère si agréable de mes matinées vénitiennes, je réclame au serveur un café avec du lait chaud mousseux, la plupart du temps je me vois répondre "c’est un petit crème que vous voulez". D’autres me disent, sur un ton péremptoire "mais si c’est un noisette c’est un expresso avec du lait froid" ou bien "c’est un grand crème pour le monsieur" ou encore "un cappucino"… Certains pour me plaire me servent avec la tasse un petit pot de lait chaud vaguement mousseux.. J’ai vite abandonné.
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Mais, depuis quelques temps, les fournisseurs de café, à l’instigation des grands comme Illy ou Segafredo, fournissent à leurs clientèle des bars et brasseries, des conseils qui permettent au consommateur de déguster – enfin – un vrai macchiato ou un vrai ristretto. Mais reprenons en détail l’index des variétés de café que les italiens savent servir quelque soit le type de machine en leur possession. Bien entendu, il faut au départ un bon café, torréfié comme il faut, pas trop grillé, bien frais. La machine doit être propre et l’eau – détail fondamental – la plus pure possible. 
.Le point de départ : l’expresso.La recette est simple. Il faut 25 à 30 cc d’eau répandue dans la tasse en 25/30 secondes. La dose pour une tasse est de 7 grammes de café. Pas un milligramme de plus ou de moins. Il doit être moulu afin de permettre l’écoulement d’1 cc par seconde, sinon il est amer ou fade. La température de la machine doit être réglée entre 88 et 92°. Sinon le café brûle et donne ce go^$ut désagréable que l’on trouve trop souvent dans les cafés français. La pression ne doit pas dépasser 9 bar. Voilà pour la recette de base, le café du puriste : l’espresso italiano vero. 
.Le caffé macchiato (littéralement le café "tâché") n’est rien d’autre qu’un expresso (1/3 de la tasse) servi avec de la mousse de lait chaud obtenue par le jet de vapeur de la machine. Ce n’est pas du lait qu’on fait mousser sur le dessus. Ce n’est pas un café crème non plus. C'est la boisson du milieu de la matinée, de l'après-midi quand on recherche quelque chose de plus doux que le simple expresso. 
.Le caffé ristretto est un expresso avec moins d’eau donc coulé en moins de temps. Le café semble plus dense, plus parfumé donc plus corsé. 
.Le cappucino (littéralement le "capucin") est un café expresso servi dans une grande tasse auquel on rajoute la même quantité de lait chaud et la même quantité de mousse de lait. On termine en recouvrant de cacao amer ou de cannelle. Une fois mélangé, le breuvage a la couleur de la robe de bure des capucins. C’est la boisson par excellence du petit déjeuner. C’est plus léger que le café au lait français qui lui est a peu près dans les proportions suivantes : ¼ café ¾ lait chaud. A ne pas confondre avec le café viennois (ou cappucino viennese) où en plus de la mousse – souvent à la place – on sert de la crème fouettée.
Le caffé latte existe aussi en Italie, souvent servi dans un verre.
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Le caffé americano, très à la mode dans les années qui ont suivies la guerre avec l'arrivée des GI's d'origine italienne, est un double expresso plus léger que l’expresso mais à peine. Il est l’équivalent de la boisson préférée des américains que ces fous furieux boivent le plus souvent en marchant tellement ils sont toujours en mouvement. Si les italiens prennent la plupart du temps leur café debout, ils prennent le temps de savourer ce moment de convivialité au comptoir où tout le monde se retrouve et refait le monde. Les stocks options et le second marché peuvent attendre !
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Enfin, il y a le caffé corretto (corrigé) où l’expresso est complété par quelques gouttes de grappa ou de cognac. Un délice après le repas. A Venise, j'ai vu de vieux messieurs commander un caffé corretto vers 7 ou 8 heures du matin...


10 octobre 2006

Venise en Noir & Blanc



Le noir et blanc sied bien à Venise. Ceux qui me connaissent savent que ce n'est pas le côté sombre et romantique de la Cité des Doges, inventé au XIXe par des artistes sulfureux (ou tuberculeux) qui a mes préférences. Le noir et blanc avec toutes ses nuances sait rendre la lumière des chaudes journées d'été, les reflets que l'eau des canaux fait éclater tout au long du jour, l'atmosphère paisible d'un campo oublié au crépuscule. En voici quelques exemples glanés au fil de mes visites sur la toile, dans mes albums ou dans des livres. Bonne promenade.
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posted by lorenzo at 21:09

Le Palais des Doges devient pour un jour la résidence Hermès

450 invités venant du monde entier dont 50 journalistes triés sur le volet et une soixantaine de membres de la famille de Thierry Hermès, le fondateur de la célèbre maison française sont attendus au Palais des Doges pour présenter lundi prochain, dans une gigantesque, fête le résultat de la restauration de la copie du quadrige en bronze de la Basilique Saint Marc. Le 16 octobre correspond la date choisie pour l’inauguration des nouveaux locaux Hermès de Venise (près de 200 mètres sur deux étages) à l’emplacement de la bagagerie Vogini. Le dîner sera exclusivement vénitien et lors du spectacle qui aura lieu sur la piazza, on pourra voir des chevaux. Une première à Venise depuis la chute de la République.
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Décidément le quotidien de Venise est très contrasté. Aux masses de touristes désargentés qui déambulent de lieu en lieu et pique niquent sur le piédestal des monuments on oppose de plus en plus des rendez-vous hyper-fashion ou le people (on parlait avant de la jet-set society) évolue dans des manifestations débordant de luxe. Ce n’est pas de mondanité dont il s’agit la plupart du temps mais d’opérations marketing pour happy few. C’est Las Vegas bien plus que Buckingham Palace ! Après tout, si cela rapporte à Venise assez de subsides pour améliorer le quotidien des autochtones. Je ne puis cependant m'empêcher de penser à ces vieilles courtisanes fanées qui s'acoquinent avec le premier vilain venu du moment qu'il apporte de l'or en quantité... 
posted by lorenzo at 07:19

06 octobre 2006

Venise in the Fall… *

(*) L’automne à Venise…)

Il n’y a pas de beauté qu’à New York in the fall, à Venise aussi…  

Je ne sais pas si vous ressentez la même chose que moi, mais quand je lis dans la presse ou sur internet ce joli mot utilisé par les anglo-saxons pour parler de l’automne, "the fall", je suis pénétré d’images, d’odeurs et de sons qui remontent du tréfonds de mon enfance. "Quand il y avait des saisons" dirait ma voisine. Oui, the fall, (littéralement : la chute), est une belle saison ; Après le délicieux accablement de l’été, on pense aux vendanges, aux champignons (ah ! les cèpes parfumés qu’on trouve dans les sous-bois chez nous !), aux feux de cheminée, à la terre mouillée qui embaume… Une sorte d’engourdissement encore plein de vie et de lumière en attendant l’hiver froid et morose se répand peu à peu. Glorieuse saison en vérité, remplie de couleurs somptueuses. Les feuilles mortes… Bref, ceux qui ont la chance d’avoir grandi dans ces paysages vallonnés où vignes et forêts se mélangent au flanc des coteaux, comprendront ce dont je veux parler, mais à Venise me direz-vous ? A Venise comment décrire the Fall ?
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C’est un peu comme l’adagio du concerto pour clavier seul BWV 374 de J.S. Bach d’après le concerto pour hautbois de Benedetto Marcello quand Alexandre Tharaud le joue (vous savez le générique d’Antenne 2 avec les illustrations de Folon dans les années 80). Une longue et presque mélancolique mélodie, où les sons se répètent et s’alourdissent pour marquer le temps qui passe mais avec lenteur. Comme pour saluer l’harmonie des couleurs et des odeurs de cette chute nécessaire pour que se préparent les relevailles de la nature… Il fait gris puis soudain le soleil perce à travers les nuages, le ciel redevient bleu comme en été. Nimbé d’une fraîcheur nouvelle, l’air porte mille parfums nouveaux, des feuilles et des pétales qui se décomposent, l’humus qui se répand mêlé aux senteurs profondes de la lagune. L’eau devient d’un vert presque gris et le matin parfois, la brume se répand comme un mince filet au-dessus de l’eau. Les parois des maisons s’affranchissent du conventionnel éclatement des couleurs pour s’envelopper de tons plus appropriés : rouille, bruns, rouge vigne et jaunes pâlis. Les cheminées fument et le passant qui traîne encore volontiers sur son chemin foule les feuilles mortes des campi désertés. Venise en automne a un charme fou. La lumière y est exquise, le calme délicieux. Les hordes de barbares ont regagné leurs îles lointaines et les enfants reprennent le chemin de l’école. Vous savez "le parfum d’un bouquet de crayons fraîchement taillés" dont parle Tom Hanks dans ce sympathique petit film sur New York "You've got mail" (vous avez un message). Oui, the Fall à Venise aussi est un moment merveilleux. 



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1 Comments:


jacqueline said...
magnifique description. je ne connais que venise au printemps et en été j'imagine que cela doit être magique. J'aime beaucoup votre écriture et vos photos sont superbes. Merci de m'enchanter ainsi chaque jour.
09 octobre, 2006

05 octobre 2006

L'affiche la Mostra Mantegna





posted by lorenzo at 08:04

L'Evènement

 
Grande exposition répartie dans trois lieux : Padoue, vérone et Mantoue pour un parcours extraordinairement riche de l'oeuvre de Mantegna et de ses contemporains pour fêter le 500e anniversaire de la mort du peintre.

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C'est une manifestation très originale qui se déroule depuis la mi-septembre en Italie. Sous la direction de Vittorio Sgarbi, les plus grands spécialistes italiens de la Renaissance ont mis en place une exposition unique répartie sur trois lieux géographiques différents réunis dans un seul parcours muséographique. Trois villes emblématiques de la carrière artistique de Mantegna : Padoue accueille la première période de l'artiste (de 1438 à1460) avec la présentation d'un Mantegna méconnu : la Madone de la tendresse, à Vérone est présentée "Mantegna et les arts à Vérone", (couvrant une période allant de 1450 à 1500) et Mantoue pour la période de 1460 à 1506.
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Rapidement considéré comme le peintre le plus doué de sa génération au Nord de l'Italie, simple fils de bûcheron, Andrea Mantegna épousa Nicolossa Bellini, la fille de Jacopo Bellini, et soeur de Gentile et Giovanni.
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En entrant dans cette prestigieuse famille d'artistes vénitiens, il se fera rapidement un nom et passera de l'état d'artisan à celui de courtisan en se liant à la puissante famille des Gonzague de Mantoue. Ami de Dürer, il fut le maître du Bramante.

posted by lorenzo at 07:28

03 octobre 2006

COUPS DE CŒUR N°9

Apprendre l'italien à Venise. On me pose souvent la question. Si vous ne parlez pas ou si vous parlez peu ou mal l'italien, pourquoi ne pas en profiter pour reprendre le chemin de l'école. Inscrivez-vous depuis chez vous à des cours de langue ou à des séances de conversation, selon votre niveau et partez à Venise parfaire votre cursus ! N'est-ce pas joindre l'utile à l'agréable d'une manière absolue et joyeuse ? Emmenez avec vous des livres utiles autant que passionnants, voilà les thèmes de notre coups de cœur du mois.

Società Dante Alighieri
presso Ateneo Veneto San Marco 1887
30122 Venezia
00 39 041 523 45 90
On m'a souvent posé la question. En tout premier lieu, je recommande évidemment notre bonne Association Dante Alighieri, j'en veux pour témoignage ma propre expérience, cet institut demeure l'un des meilleurs lieux pour l'apprentissage ou le perfectionnement de la langue. Il y en a dans pratiquement toutes les grandes villes de France et de Belgique. Celle de Venise longtemps très dynamique a beaucoup bougé et ses activités se sont longtemps ralenties. Aujourd'hui, la sociéta de Venise repart d'un pied allègre dans de somptueux locaux, situés à Sant'Elena, tout au bout de Venise, dans l'ancien monastère franciscain située dans le quartier de Santa Croce était autrefois installée dans de confortables locaux à l'arsenal, près de l'église San Martino. C'est le professeur Rosella Mamoli Zorzi qui en est la présidente (l'écrivain et historien Alvise Zorzi en est le président d'honneur). Le site internet sera bientôt opérationnel. je suis à votre disposition pour vous envoyer de la documentation en attendant par mail.
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Istituto Venezia
Campo Sta Margherita 3116/a
Dorsoduro, 30123 Venezia
0039 041 522 43 31 / fax 528 56 28
Situé sur le campo Sta Margherita de loin le préféré des étudiants et des habitants de Dorsoduro, l'Istituto Venezia propose tout au long de l'année des sessions de cours avec 5 niveaux de programmes d'étude, de l'initiation au perfectionnement et à la préparation de concours et d'examens. Les groupes sont composés de 12 étudiants au maximum. Tout est fourni à l'étudiant et il est possible d'être logé par l'école, soit en résidence étudiante, soit dans des familles. Il existe aussi des cours individuels intensifs. Deux catégories de prix sont proposées : les cours intensifs avec programme d'activités culturelles et sportives, 220 euros la semaine (tarifs dégressifs selon la durée) et une version "petit budget" pour seulement 160 euros. 4 heures de cours par jour du lundi au vendredi. Une annexe existe aussi à Trieste. Pour ce qui est du prix demandé pour une chambre individuelle en résidence, il faut compter 210 euros pour une semaine et 190 euros chez l'habitant. Il est possible la plupart du temps d'utiliser la cuisine de la maison. Ils organisent aussi des stages Italien et art qui combinent l'apprentissage de la langue et l'histoire de l'art et de l'architecture.
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Lectures vénitiennes. Dans le paysage éditorial francophone, de nombreux ouvrages consacrés à Venise paraissent chaque année. En voici un de grande qualité.
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Sergio Bettini
Venise. Naissance d'une ville
Traduit de l'italien par Patrizia Farazzi
Editions de l'Eclat.Coll. Philosophie imaginaire
320 pp. - Octobre 2006
Considéré par les italiens comme un classique, cet ouvrage tient une place particulière en ce qu'il adopte dès l'abord une position qui veut concevoir Venise comme obéissant, à travers les siècles, à une intention artistique propre, faisant de la ville une seule et unique oeuvre d'art, vivante et cohérente. Tout entière construite dans une relation à la lumière et au rythme, obéissant à un tempo pleinement humain. Venise est "la ville, la plus ville qui soit, écrit Bettini. Non seulement les places et les rues, les maisons et les églises ont été, comme partout, construites par la main de l’homme, mais le terrain lui-même a été fait par l’homme. Les Vénitiens ont dû fixer et “amarrer” leur sol, consolider le fond boueux et instable des îles avec des pylônes, relever et renforcer les grèves contre les marées, imposer aux canaux des cours moins hasardeux. Construire enfin la base elle-même de la ville, pour affirmer leur volonté de vivre, et donner à cette vie une forme et un destin". C'est l'histoire de cette forme et de ce destin que Sergio Bettini raconte ici, dessinant la mosaïque d'une ville depuis ses origines jusqu'à l'apogée de son aventure architecturale. Mort il y a tout juste vingt ans, il fut professeur d’esthétique à l’université de Padoue. Il a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels: Pittura delle origine cristiane (1942), L’Arte alla fine del mondo antico (1948), Il Gotico internazionale (1996). Quelques-uns de ses plus importants essais ont été rassemblés par Andrea Cavalletti dans le volume Tempo e forma. Scritti 1935-1977 (1996). Malheureusement aucun de ces ouvrages de référence n'est encore traduit en français. Mais je reviendrai sur cet auteur et sur son oeuvre dans un prochain texte. 
posted by lorenzo at 13:03