26 mai 2007

Quando piove...

L’enfant distrait regardait par la fenêtre la pluie tomber. Il suivait des yeux les gouttes qui s’écrasaient sur la vitre. Le bruit de l’eau coulant le long des croisées. Tout l’emportait vers un ailleurs paisible et tendre. Comme une mélodie lente et suave qu’un violoncelle quelque part égrènerait. Il était seul. Dehors, l'eau du canal s'était faite noire, le ciel d'abord d'un jaune délavé passait du blanc au gris. Des éclairs au loin illuminaient l'horizon qu'on devinait derrière la façade du vieux palais, de l'autre côté. Sur l'autre rive. L'enfant était soudain au milieu des éléments déchaînés, loin en pleine mer, abandonné sur un navire aux mâts arrachés, aux voiles déchirées. De terribles pirates le poursuivaient. Le crayon à la bouche, l'enfant regardait par la fenêtre la pluie tomber. La page du cahier de français restait blanche. Un jour d'averse à Venise, rempli d'angoisse et de solitude[...]
Écrit un jour de pluie, à la mémoire de N.H. Jacopo F.
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25 mai 2007

Aimez-vous Tintoret ?

Artiste prolixe et somptueux, Jacoppo Robusti dit le Tintoret est souvent mal perçu, mal connu. La plupart des historiens de l'art et les critiques lui préfèrent Titien ou Véronèse. Pourquoi cet ostrascisme ? Serait-il ce peintre tourmenté que les exégètes ont bien voulu nous vendre depuis des générations ? Le reclus, le travailleur acharné, le "Séquestré de Venise" dont Sartre. a presque tiré un sujet de roman... Pourquoi le rire, le jeu, la musique et la passion de peindre ne seraient-ils pas compatibles ? Aujourd'hui, ses œuvres n'intéressent pas grand monde. Il semble que le jugement initial de Vasari, celui d'en faire un peintre frivole et incomplet soit encore de rigueur. "Vous êtes trop rapide" Lui disait l'Arétin dont il décora le palais et peint le portrait. Un peu comme l'Empereur d'Autriche trouvait qu'il y avait trop de notes dans la musique de Mozart. Mais nous allons reparler de ce vénitien pur sang. Il est passionnant et son oeuvre simplement géniale. A l'égal de celle de Michel-Ange dont il s'inspira.

1 commentaire:

Gérard a dit…
Pierre Boulez - grand Maître s'il en est un - écrivit un livre sur Igor Stravinsky , précisant les détails du " Sacre " avec des formules de ce type :
" Ici , il a voulu dire ceci ; là , il a voulu dire .... , etc , ... "
La réponse vint de Stravinsky lui-même , et cette fois dite de vive voix à Michel Legrand :
" Mon p'tit , quand on est un grand créateur , on ne sait jamais ce que l'on fait !
Laissons aller ! "
Quelle véracité , cette réponse magique du prince Igor !
C'était hier matin , Radio-Classique , 3 heures d'interview exceptionnelle du fabuleux Michel Legrand , élève de l'intraitable et parfois très cruelle Nadia Boulanger .
Reich disait que la musique et la peinture sauvaient l'Homme .
C'est vrai .
Tintoret , le grand inspiré irradiant , d'une certaine façon , un peu comme Igor Stravinsky , possède encore aujourd'hui , et à l'égal de ces si grands autres Vénitiens , cette forme d'Immortalité qui vient nous sauver .
Cherchons ce Paradis !
Trouvons ce Paradis !
Là-bas , à Venise !
Et pourtant , mon chagrin est sans fond .
Sans fond !

24 mai 2007

Ça vous dirait de devenir propriétaire d'une île sur la Lagune ?

Non, vous ne rêvez pas - ou plutôt si, vous pouvez rêver car cela fait envie -, une agence immobilière vend en ce moment une île des environs de Venise. 
 
D'une superficie de 9800 m², protégée des hautes marées par un grand mur, avec un ponton privé et des bâtiments (en ruine), c'est un petit paradis garanti. A condition d'avoir de sérieux moyens : le prix de vente est fixé à 3.200.000 €.

Quant aux travaux de rénovation et de restructuration, n'en parlons pas. Ce sera certainement une résidence hôtelière de luxe à moins qu'un milliardaire russe n'ait l'idée d'en faire son palais des mille et une nuits à grand renfort de dollars...

Je suis allé visiter, c'est impressionnant et terriblement tentant mais je ne crois pas que mon banquier se laisserait tenter lui...
 
Si vous voulez de plus amples informations, n'hésitez-pas à m'écrire, je vous donnerez toutes les informations. Ma commission est négociable !

22 mai 2007

Un grand monsieur

Dimanche, en rangeant quelques livres de ma bibliothèque, j'ai retrouvé un carnet égaré depuis longtemps, daté de 1985. Plein des souvenirs de ces années phares où Venise était mon quotidien, j'y avais noté ma rencontre avec Hugo Pratt. A la demande du journal Sud Ouest, j'avais passé plusieurs heures avec lui.
.
L'article fut un de mes premiers vrais grands papiers dans le quotidien bordelais. J'avais oublié de nombreux détails qui me ramènent plus de vingt ans en arrière... Hugo Pratt s'exprimait dans un français excellent, avec un accent sympathique. Sa voix était chaude, ses manières amples et généreuses. Nous nous étions donné rendez-vous dans un bureau de la Bevilacqua La Masa, sur la Piazza, au-dessus de la galerie où il exposait. Utilisant un de ces petits magnétophones à cassettes en vogue à l'époque j'avais deux heures d'enregistrement qui doivent dormir quelque part. 
"Ma génération n'apprenait que le français à l'école, m'expliqua-t-il quand je m'étonnais de la facilité avec laquelle il s'exprimait, "Avec l'italien et les langues mortes, on n'enseignait que le français. J'ai appris l'histoire de France, la littérature française, la poésie. L'empreinte de cette culture est très forte en moi, même si le souvenir de ce que Napoléon et ses maréchaux ont fait à Venise n'est pas à l'avantage de la France. Combien je l'ai détesté quand j'étais enfant !"
 
Je me souviens de son éclat de rire en me disant cela.

"Ce qu'il y avait de bien, c'est que notre enseignement nous montrait autre chose que la voix officielle française. ainsi, par exemple, j'ai découvert qu'Henry de Monfreid était un grand bonhomme. Souvent en France on dit que c'était un minable. En fait c'était un grand journaliste, un vrai reporter. Son voyage avec Teilhard de Chardin est un monument dont j'ai illustré quelques pages.. Si Henry de Monfreid et Teilhard de Chardin se retrouvaient sur le même bateau que Corto Maltese et Raspoutine, ils auraient beaucoup de choses à se dire. Ils seraient en famille !"
L'entretien avait difficilement commencé. J'étais intimidé, hésitant, maladroit. Il s'impatientait. Puis le courant a fini par passer et une fois lancé, plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Ce fut passionnant. A plusieurs reprises la porte s'était ouverte, l'attachée de presse rappelait les autre rendez-vous. d'autres journalistes piaffaient dans l'entrée. Il la renvoyait avec un sourire : "Je parle de la France, ils peuvent attendre" me dit-il, royal. 
Je l'interrogeais sur la France : "J'ai des amis français mais je connais encore mal la France. Je suis allé en Normandie pour voir la tapisserie de Bayeux. C'est une œuvre importante pour un dessinateur de BD, une sorte d'ancêtre spirituel."

"L'amitié, les amis", des mots qu'Hugo Pratt employa souvent tout au long de cette interview, comme pour souligner combien cela lui paraissait fondamental, constitutif de la vie même. "Je suis très attentif aux autres. Parce que c'est vital pour mon boulot bien sur, mais c'est parce que je suis incapable de vivre sans mon coeur et les amis c'est dans le coeur qu'ils ont leur place. Pas dans la tête"...
 
"Quelque soit la force de nos passions, l'emprise de nos actions, notre métier, il faut avoir du temps pour les amis et la famille. j'ai des enfants dont personne jamais ne me parle"
"Alors, parlez-moi d'eux !" lui avais -je répondu.

"Puisque vous m'en donnez l'occasion : J'ai un fils qui est grand maintenant mais quand il était petit, il n'aimait pas du tout ce que je faisais. Il préférait Rahan. C'était un peu difficile pour moi. Maintenant il apprécie ce que je fais. Quant à mes filles, une seule dessine. C'est Silvana, la dernière. Elle fait des dessins de mode. Elle se débrouille bien. Les autres ont comme on dit dans "les affaires". Elle seule a pris un peu de l'esprit de son père".
"Un esprit d'aventure ?" demandai-je.
" Vous savez dans un pays catholique comme l'Italie, l'aventure ce n'est pas une chose bien vue. C'est le droit chemin commun qu'on vous apprend à suivre. L'aventure, c'est resté longtemps une chose peu convenable".
"Est ce que cela a changé ?" lui dis-je en essayant de faire le plus professionnel possible.

 
" L’Église c'est évident ne joue plus le même rôle. Mais si on écoute le PCI par exemple, le mot aventure reste mal noté, dangereux. Il n'y a guère de place dans le matérialisme historique pour cet individualisme-là non plus... Rimbaud aujourd'hui on ne pourrait pas l'encadrer. C'est plutôt minable. Tolérer l'aventure, l'encourager, c'est tolérer, encourager la liberté"... 
Suivirent de nombreux autre échanges tous aussi passionnants. Mais il fallut prendre congé. Voilà ce que je lis dans mes notes de janvier 85 : "Hugo Pratt me raccompagne jusqu'au milieu de la Piazza. J'ai passé deux heures avec lui et nous étions dans un autre univers, loin de la foule qui se pressait pour visiter l'exposition, loin des cloches de San Marco et des pigeons qu'elles font fuir en sonnant. peut-être avions-nous franchis, sans bouger de ce petit bureau de la Bevilacqua, un de ces lieux magiques et secrets où les vénitiens qui sont fatigué des contraintes et de l'autorité se retrouvent comme dans d'autres histoires"...
 
Quelques mois plus tôt, des amies parties pour l'été m'avaient laissé leur petite maison de Malamocco, située juste à côté de chez Hugo Pratt et j'espérais chaque jour le croiser et pouvoir lui parler. Mais il était cet été là en Amérique du Sud. Le hasard d'une commande de mon rédacteur en chef (à l'époque Pierre Veilletet) m'a permis cette rencontre. Une des plus marquantes de toute ma vie vénitienne. Il y eut Olga Rudge grâce à Dachine Rainer (elle aussi passionnant personnage dont j'ai déjà parlé sur ce blog), Arbit Blatas et Regina Reznik, Rostropovitch, Maurice Béjart, Ivo Pogorelitch, Hervé Guibert, et tellement d'autres.
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2 commentaires:

Delphine R2M a dit…
Quelle rencontre merveilleuse cela a du être!
Lorenzo a dit…
Oui en effet. Un personnage. En partant, il me donna le catalogue de l'exposition que j'ai toujours. Il avait simplement dessiné sur la page de garde à côté d'un mot amical et de sa signature, une petite mouette...

Le canal au bout de la calle Navarro

J'habitais au dernier étage d'une vieille maison de brique, calle Navarro, au bout de la ruelle, ce petit canal et de l'autre côté, la maison du peinte Bacci-Baïk, de son épouse Denise et de leur fils qui a repris la galerie de son père. Denise, comme toutes les anglaises avait la passion des plantes et elle passait son temps à faire de nouvelles plantations. Sur la gauche, du côté du canal où je vivais, il y a le petit campo où Bobbo Ferruzzi et sa femme Hélène ont leur maison, juste avant le chemin qui mène aux Zattere...

18 mai 2007

Les yeux épris du ciel...


"Je veux rester ici sans penser : je veux vivre.
Les yeux épris du ciel n'ont pas besoin de livre.
L'automne de Venise épargné du soleil,
Sera ma rêverie et mon repos vermeil..."

Albert Mérat, les villes de marbre

17 mai 2007

Le bleu sied bien à Venise vous ne trouvez pas ?


Surtout quand l'été peine à se frayer un chemin... 
Dire qu'un jour ces palli de bois seront en résine...

15 mai 2007

Les plus belles vues de Venise

Je viens de découvrir un article élégant publié par Marie-Odile Beauvais, ravissante jeune écrivain de talent, dans le magazine Marianne que j'avoue n'avoir jamais feuilleté mais qui étant cité dans notre revue de presse sur Venise méritait qu'on y jette un coup d’œil. Rappelant les envolées lyriques des journalistes mondains du New York Times ou du New Yorker, lorsqu'ils parlent de Venise ou de Paris, l'envoyée du journal de J.-F. Kahn (dont a vu récemment qu'il était capable de publier le pire...), cet article sur les meilleures vues d’hôtel de la cité des doges présente aussi quelques adresses gastronomiques intéressantes comme le Met, le restaurant de l'Albergo Metropole récemment coté par le Guide Michelin et investi à la fois pas les membres de l'Academia italiana della Cucina et les adeptes du mouvement Slow Food. Je vous invite à lire cet article comme je vous recommande l'excellent "Proust vous écrira" (Melville Editeur) que Marie-Odile Beauvais a publié en 2005.

13 mai 2007

Brèves de Venise


Ou va le monde !
Même les princesses de sang achètent de la drogue sur la via Anelli à Padoue. L'autre après-midi, Virginia von Furstenberg, 32 ans, fille de Sebastiano von Furstenberg, est une des héritières de la famille Agnelli. Personnage très connu dans les salons vénitiens, a été surprise en train d'acheter trois grammes de cocaïne d'un pusher tunisien clandestin, Glay Ghammouri. Celui-ci a été interpelé. Embarrassante situation lorsque la police en civil a entouré la luxueuse mercedes noire de la princesse qui terminait la transaction avec le dealer recherché.

Disparition d'un homme discret
Mario Bastianello, le fondateur des supermarchés Pam (fondés en 1958) .Il vient de mourir à 74 ans des suites d'une longue maladie. Très secret, cet homme fréquentait peu la société vénitienne où il était unaniment respecté et apprécié. Très lié à sa famille, il vivaitretiré sur le grand Canal, au Palais Businello. Les obsèques ont lieu ce lundi, dans la basilique des Frari. Marié à Maria Teresa Moretti, il a trois enfants Marta, architecte à Milan, Cristina qui vit à Rome et Alberto, qui s'occupe de la propriété familiale de Caorle, ferme modèle qui passionnait le vieil homme. De nombreux témoignages de sympathie ne cesent de se manifester depuis l'annonce de sa mort.

La Fondation de Venise soutient

la future école de journalisme "Dino Buzzati"
Décidée en mars dernier par l'Ordre des journalistes pour la formation de professionnels de la presse (et la formation permanente des 4000 professionnels inscrits à ce jour. Maurizio Paglialunga, president de l'Ordre des Journalistes du Veneto, a accueilli la semaine dernière Giuliano Segre, président de la Fondazione di Venezia, en se félicitant de l'installation de cette école qui portera le nom de l'écrivain Dino Buzzati, journaliste célèbre en son temps et originaire de Belluno, dans les environs de Venise. Installé dans le centre historique, cet établissement contribuera à la redynamisation de la Cité des Doges à une période où un grand nombre de sièges sociaux et de bureaux importants déménagent vers Mestre ou sont délocalisés, montrant ainsi qu'il n'y a pas que le tourisme à Venise.

Une nuit avec Carlo Goldoni à la Ca d'Oro

La IIIe édition de la Nuit des Musées aura lieu le 19 mai prochain dans toutes l'Europe. A Venise, c'est dans la Ca d'Oro, la fameuse et somptueuse Galerie Franchetti, qui a été retenue pour cette manifestation. Ainsi, toute une partie de la nuit (jusqu'à 22 heures), le public pourra entendre des acteurs déclamer poèmes et répliques sur le thème du théatre pour proposer aux visiteurs des lectures et des spectacles inspirés des textes de Carlo Goldoni par les membres de l'école de théâtre "Fabbrica d'attori" en collaboration avec l'association "Piuttosto Puck" de Venise. Renseignements au 39 41 522 23 49.
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 1 commentaire:
Gérard a dit…
Quelle tristesse !
A 32 ans , et se mettre déjà H.S.
Quelle tristesse !
Doit s'ennuyer drôlement pour respirer l'air malsain des paradis , jadis réservés aux artistes perdus ou dont on disait qu'ils étaient maudits .
Quelle tristesse !
Les gens d'la Haute , au fond du désespoir ?
Un peu de tenue , voyons !
Ceux du peuple pauvre , morbleu , arrivent et ceci très souvent à ..... Résister .
Moi , j'aime la beauté sauvage de la primevère qui , elle , chez nous , échevelée-belle et gavroche-dorée , fleurit au bas des caniveaux .
Et ,
Jamais regardée par ceux de la .... Haute !
Et pour cause !

12 mai 2007

Tourisme à Venise : seulement sur réservation

Accepter les touristes à Venise uniquement sur réservation... C'est la dernière idée dont on discute en ce moment à Venise et elle vient d'être proposée par l'Assesseur régional au Tourisme, Luca Zaia, pour limiter l'invasion quotidienne de la cité des doges : "S'il s'avère nécessaire de contingenter la quantité de personnes qu'une ville comme Venise peut supporter, introduisons un système d'entrée sur réservation" suggère-t-il, "pourquoi pas par le biais d'internet. Ce serait la meilleure solution pour contrôler les entrées sans discrimination par l'argent car il doit y avoir place à Venise pour la clientèle aisée autant que pour les jeunes en sac à dos"

La Ca'Farsetti (le siège de la mairie toujours en guerre avec la région) a aussitôt répliqué. Le maire adjoint Michele Vianello ironisait hier soir : "L'assesseur Zaia connait bien la législation de Padanie pas celle en vigueur en Italie !". Polémique à suivre. Il faudra bien trouver une solution qui ne lèse personne ou soit la moins inacceptable. 

Et si demain, par malheur ou ironie, les réactionnaires rétrogrades et néo-fascisants de Padanie (qui se sont inventés une Vénétie rêvée hors du giron de la mère-patrie, pourtant voulue en son temps par leurs ancêtres dans l'enthousiasme, la joie et la ferveur) arrivaient au pouvoir, la classe politique actuelle ne parvient pas à gérer la situation et régler le problème des hordes de touristes, qu'en sera-t-il ?

11 mai 2007

Les éboueurs vénitiens





C'est ainsi que sont ramassées les ordures ménagères à Venise. I Spazzini à Venise... Longtemps le ramassage des ordures ménagères a posé un réel problème que l'actuelle administration semble vouloir enfin sur le point de régler. 

D'ores et déjà, et depuis quelques années déjà, le tri sélectif a été mis en place bien que les mouettes et les rats (il n'y a pratiquement plus de chats dans le centre historique de par la volonté d'un élu de l'ancienne majorité qui ne les aimait pas et les a tous- ou presque - fait déporter !) passent souvent avant les employés municipaux...


Remerciements à Nino Barbieri pour ses clichés et à Skat pour la vidéo..

L'enfant dans la joie d'un crépuscule vénitien souriait à la vie...

Depuis sa plus tendre enfance, mon fils Jean est amoureux de Venise. Tout comme ses sœurs, il aime passionnément cette ville d'où nous venons et ressent cette fascination qu'aucun autre lieu au monde n'est capable de susciter. Cela lui est tombé dessus dès le premier regard, dès son premier pas sur le parvis de Santa Lucia, en débarquant du train, il y a quelques années. Une histoire d'amour familiale qui dure depuis tellement de générations et dont je suis fier ! En écoutant Moon River, je songe ce soir à tous ceux qui nous y ont précédé. Cet article et cette photo, comme un hommage qu'il me plait de leur rendre à l'occasion de l'anniversaire de TraMeZziniMag qui vient de fêter en effet des deux ans d'existence ! Comme le temps passe...

Feed the parrots !


Venise a toujours inspiré les publicistes. La dernière campagne de Diesel montre une piazza déserte où les perroquets remplacent les pigeons. Réchauffement planétaire oblige certainement. Ces messieurs de la pub sont ils des visionnaires ou seulement d'aimables plaisantins ?

Renseignements pris, il s'agit d'une campagne d'envergure sur le "Global Warming" où se déclinent dans des clichés très esthétisants les conséquences envisagées du réchauffement. Cela fait sourire mais c'est très sérieux. La firme a investi des sommes énormes pour communiquer avec son public sur les moyens de lutter contre les catastrophes climatiques à venir. Allez voir, c'est édifiant ! On hésite entre la satisfaction de voir une marque branchée donc porteuse, se mettre au service de la sauvegarde de la planète et la hargne devant une provocation commerciale utilisant un danger réel et gravissime à des fins publicitaires... Mais on connaît la tradition Diesel en Italie et dans le monde : la provocation avant tout. C'est très décadent tout ça. Alors, la fin du monde du moment que vous la vivrez en Diesel ce n'est pas la mer à boire...

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais le message est assez clair en dépit des efforts faits par la marque depuis pour encourager la démarche de Al Gore et souhaiter publiquement la sauvegarde de Venise... Moi je n'achèterai rien portant le label "Diesel". Par principe. Na ! Qu'en dites-vous ? A ce sujet, j'ai déniché un article édifiant sur culture buzz (cliquez sur le lien) qui va dans le sens de mon humeur. Non, tout n'est pas permis en matière de publicité vous ne pensez pas. En tout cas un ami vénitien avec qui je me suis entretenu de cette campagne au téléphone me disait que Massimo Cacciari aurait fait suggérer (j'aime ce genre de précautions oratoires) aux dirigeants de Diesel une action en faveur de la ville, restauration d'un monument ou quelque chose dans le genre. Histoire de se rattraper.

Les touristes, c'est limite !



"Il y a trop de touristes, l’invasion est devenue un problème très sérieux pour les vénitiens. C’est limite” note le maire, Massimo Cacciari qui vient d’intervenir pour que soit réservée aux vénitiens au moins une ligne de navigation ou au moins quelques horaires dans la journée, tant il est devenu quasiment impossible de circuler normalement depuis quelques mois.

Contrairement à ses prédécesseurs qui ne se déplaçaient qu’en bateau privé avec chauffeur et sirènes, le maire va souvent à pied et utilise donc les transports en commun. Il peut ainsi se rendre compte des problèmes que les vénitiens doivent supporter. S’il est vrai en revanche que grâce aux touristes le bilan de l’A.C.T.V. est largement positif comme vient de le souligner son président Marcello Panettoni aux actionnaires, précisant que les fonds propres de la société s’élèvent aujourd’hui à plus de huit millions d’euros, il devient quasi impossible de circuler en vaporetto quand on est vénitien. Des hordes de touristes envahissent par flots les navires, s’entassent sur le pont et dans la cabine, empêchant les manœuvres et bousculant les autres passagers pour pouvoir prendre la photo-souvenir du siècle. Que faire ?

L’idée de Massimo Cacciari serait de réserver une ligne transversale de la Biennale à Piazzale Roma aux détenteurs de la carte orange vénitienne, résidents permanents ou de faire sen sorte que des navettes régulières soient interdites aux touristes aux heures d’embauche et de débauche les jours ouvrables. D’autres parlent d’un numerus clausus pour limiter l’afflux de visiteurs. On a même évoqué l’enregistrement nominal des visiteurs avant leur arrivée et la création d’un fichier afin de limiter les visites. Vous seriez inscrit pour une visite tous les deux ans avec interdiction d’y revenir avant ce délai…

De quoi l’avenir sera-t-il donc fait ? Lorsque je vivais toute l'année à Venise (je suis revenu travailler en France en 1986 !), il y avait des périodes où la ville n'appartenait qu'aux vénitiens : dès la mi-octobre le tourisme ralentissait, les hôtels fermaient, les prix baissaient. Hormis un petit pic entre Noël et le premier de l’an, une chape de tranquillité retombait sur la ville jusqu’à Carnaval. Après février, il fallait attendre la mi-mai pour que les touristes refassent leur apparition et l’été voyait la ville se vider de ses habitants. Après la Mostra du cinéma, Venise se rendormait doucement, bon nombre de restaurants et d'hôtels baissaient leur rideau. Depuis cinq ou six ans, il y a du monde tout le temps partout sans arrêt. Alors, imaginez l'enfer sur les bateaux aux heures de pointe, été comme hiver…

09 mai 2007

Nouvelles scènes de la vie quotidienne

  

Sans commentaire, le quotidien ordinaire à Venise.




Les Zattere vus du vaporetto


Sur mes pas d'autrefois...


Cette photo empruntée au magnifique site Venice Daily Photo, montre le portique de la Corte del Sabion, qui permet de passer de la Fondamenta où se trouve aujourd'hui la boutique de la Guggenheim (à mon époque la galerie du peintre Bobo Ferruzzi où je travaillais) au campiello qui débouche sur la calle Navarro, où j'ai habité jusqu'à mon retour en France en 1986. Au bout de la corte vivait une vieille femme qui nourrissait (et abritait) une nombreuse colonie de chats. L'écrivain Dachine Rainer, aujourd'hui disparue, attendrie par ces chats abandonnés souvent faméliques, m'avait chargé de distribuer à la vieille femme une assez forte somme d'argent pour veiller à l'entretien des petits orphelins... Venise est ainsi remplie de lieux pittoresques qu'il faut apprendre à découvrir. Ouvrez l’œil, visiteurs, tant qu'il est encore temps !

Quand le Croiseur Colbert mouillait devant Saint Marc



Bordeaux accueillait depuis de nombreuses années le célèbre navire amiral de la Flotte de Méditerranée, le Croiseur Colbert sur lequel le Général de Gaulle se rendit au Canada pour pousser son fameux "Vive le Québec libre !". Devenu un musée flottant, passionnant témoignage de la vie des marins et rempli de souvenirs de nombreuses années au service de la Royale, ce bateau était à quai devant les façades XVIIIe de l'ancienne cité portuaire. Mais laminé par le temps, endommagé, il n'était plus que l'ombre de lui-même en dépit de la volonté et de l'énergie des bénévoles de l'association "Les amis du Colbert" que je tiens à saluer au passage.

Le maire de Bordeaux et le ministre des armées ont décidé de son sort. Le navire effectuera son ultime voyage le 29 mai prochain en direction de Brest où il restera jusqu'en 2010 puis il rejoindra au cimetière marin les autres fières dépouilles des navires de la Royale abandonnés. Le Colbert vint à plusieurs reprises à Venise : en 1960 (la photo de Pierre Le Quellec ci-dessus - Collection Les Amis du Colbert) puis lors de sa dernière mission avant son désarmement. 

En 1985, j'étais à bord. Souvenir très précis de notre arrivée avec la vedette du Consulat, les sifflets, les marins au garde-à-vous, le cocktail, puis le dîner à la table du Commandant, la visite de la chambre et de la salle de bains du Général, la fausse cheminée installée pour l'agrément de Madame de Gaulle qui n'aimait pas voyager en mer ! Puis le départ de la plupart des jeunes gens, les filles restant, comme le veut la tradition, pour danser avec les officiers et les marins. Un moyen facile pour eux d'éviter la concurrence ! Je garderai longtemps le souvenir de ce navire superbe, orgueilleux fleuron de notre marine. J'ai rencontré il y a deux ans un ancien quartier-Maître qui était à bord quand le navire reçut à son bord tout Venise. Il me raconta combien il fut ému de pouvoir arpenter de nouveau le pont et les coursives du navire, à Bordeaux et retrouver ainsi toutes les odeurs, toutes les sensations de sa jeunesse.