VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
01 juin 2007
Venise au quotidien
31 mai 2007
Journal de Venise, 1985
Qui disait justement qu'on ne peut plus écrire sur Venise. Peut-être simplement parce que Venise est tellement liée à ma vie, tellement mêlée à mes sens, mes souvenirs, mes idées, mes désirs que parler d’elle c’est expliquer – aux autres comme à moi-même – ce que je suis vraiment. Ce que je pense et ce qui me fait vivre… Lourde tâche. Rester sobre et pudique. On me reproche déjà souvent cet étalage d’indiscrétions sur ma vie intime, sur les miens…
Une de mes cousines me disait il y a quelques jours combien elle trouvait cela impudique et vain. Elle a peut-être raison. Cependant les courriers que je reçois semblent prouver au contraire que ce travail a tout de même une certaine utilité, puisqu’il plait à mes lecteurs. Allez, j’en rajoute une couche, quitte à déplaire à ma chère cousine : je viens de relire quelques pages de mon journal de jeunesse. Premier trimestre 1985. J’étais totalement sous influence : Montherlant, Matzneff, mais aussi Mauriac et Huguenin … Je découvrais la liberté, la solitude, l'exil mais aussi le bonheur de vivre à Venise.
Jeudi 7 février
Je commence le volume du journal de Matzneff.
Page 57, cette belle description : "Outre la patrie où le destin nous fait naître, il y a la patrie d’élection, qui est celle que nous choisissons. Pour nous les décadents, les rebelles, qui nous sentons en marge du monde moderne, cette patrie ne peut être que Venise. Venise est une ville pour vivre la « vie inimitable » ; mais aussi une ville pour mourir…"
[...]
Venise est ce qui reste du grand rêve byzantin. Ceux qui foulent ses pavés chaque jour se rendent-ils compte qu'ils posent leurs pieds sur les vestiges d'une gloire universelle ?
[...]
Demain rencontre avec Hugo Pratt, le voyageur bienveillant.
Vendredi 8 février
Rencontre avec Hugo Pratt ce matin,à la Bevilacqua la Masa, place Saint Marc. Interview réussie je crois. Personnage sympathique, bienveillant. Les yeux bleus, le sourire affable. Rien à voir avec le rictus faux et commercial du galeriste G. pour qui je travaille. Long moment hors du temps et du monde avec le père de Corto Maltese. Passionnant.
Le carnaval commence demain.
[...]
Renvoyé de la galerie. Me voilà libre enfin. Mais dès le 1er avril, il me faudra trouver au autre appartement. Dachine Rainer, très gentille, cherche à m’aider. Je lis sa pièce "copper coloured" et quelques notes de son futur journal de Venise dont elle me demande de corriger les noms italiens qu’elle a tendance à confondre ou à écorcher. J’aime ce travail de relecture. Une modeste participation à l’acte créateur d’un autre. Un apprentissage.
Dimanche 10
Il fait froid mais très beau aujourd’hui. La ville est en liesse. Quel ennui que ce carnaval qui perturbe tout et amène une foule de personnages bruyants et excités.
"Prendre une décision, c’est rajeunir de dix ans", dit Matzneff. C’est pour cela que je me sens aussi guilleret ce matin. J'ai quitté Graziussi qui finalement aurait aimé me garder dans sa galerie, et je vais changer d’appartement. Parviz doit quitter celui qu’il occupe avec Bijan à Dorsoduro. J’irai m’y installer.
Ça y est, j'ai les clés de l'appartement des persans. Calle Navarro, près du petit marchand de fruits. Nous allons être bien Rosa la chatte et moi. Ma table à écrire sera devant la fenêtre, au-dessus des toits !
[...]
[...]
Vivaldi, le film
Cinéphages, cinéphiles, aspirants cinéastes du monde entier, la Mecque cinématographique se situe désormais à Saint-Médard-en-Jalles. C’est dans cette petite ville au cœur de la Gironde que se trouve l’unique salle qui diffuse Antonio Vivaldi, un prince à Venise.Immense nanar qui défie tous les superlatifs de nullité, ce Vivaldi n’est pas près d’être oublié pour quiconque aura eu la chance (si, si, c’est une chance à ce niveau là d’incompétences) de le voir. Réinventant durant une heure et demi le dicton « incroyable mais vrai », le film de Jean-Louis Guillermou offre l’immense privilège de découvrir ce que Amadeus aurait pu donner s’il avait été tourné avec un budget de deux francs six sous par un cinéaste porno bourré dirigeant une brochette de « comédiens » sous cocaïne. Les moments de se tordre de rire (si on décide de prendre le bon côté de la chose, l’autre étant bien évidemment de s’enfuir de la salle au plus vite) sont ainsi légions.Entre les délires de cadrage où l’on ne voit même pas l’acteur qui parle et où l’on découvre que Venise au 17ème siècle était déjà équipée en antennes télé, la pauvreté des décors (ah la cave familiale où Vivaldi fait toutes ses réunions) ou de la reconstitution historique (le souper royal façon Les Bidochons au camping), le vide sidéral de sens des dialogues assénés à répétition (cinq fois la même situation en un quart-d’heure) et le jeu ahurissant de comédiens littéralement fous (Galabru jouant le pape comme il jouait les gendarmes, Serrault pétant une diurite et se lançant dans un numéro de trompettiste à faire pâlir Charlie Parker, Stefano Dionisi en Vivaldi donnant à tous les Rocco Siffredi du monde le droit de recevoir automatiquement un Prix d’interprétation dans les festivals du monde entier), Antonio Vivaldi, un prince à Venise est une « perle » cinématographique, un événement comme on n’en voit qu’une fois dans une vie consacrée à arpenter les salles obscures.Direction Saint-Médard-en-Jalles ?
30 mai 2007
29 mai 2007
L'insolite a pignon sur canal à Venise.
28 mai 2007
La maison du Tintoret sur la Fondamenta dei Mori
Les Noces de Canaa de Veronese, 210 ans après : enfin le retour
Le fac-similé est réalisé avec la technologie développée par Adam Lowe, artiste britannique et fondateur de l'Atelier Factum Arte, laboratoire à l'avant-garde de la reconstruction et de la reproduction des oeuvres d'art.
Ce projet, commente avec emphase le communiqué de presse, représente un véritable défi à la théorie de la décadence de l'aura : en créant une copie physiquement et esthétiquement parfaite de l'original, et en la replaçant dans le lieu exact pour lequel cet original a été conçu “en concordance totale" entre Veronese et Palladio, il s'agit pour les commanditaires d'une intervention de restauration globale du site monumental de San Giorgio Maggiore. Cette opération remplit un objectif spécifique qui est de rétablir l'équilibre esthétique originel en vertu duquel le prodige artistique réalisé par le tandem Palladio-Veronese devient pleinement compréhensible.
Le projet, en collaboration avec le Musée du Louvre a pu voir le jour grâce au soutien de l'Enel, San Pellegrino, du Consorzio Venezia Nuova, de la Fondazione Banco di Sicilia, et du Casino de Venise. Tramezzinimag y sera et nous ne manquerons pas de détailler l'évènement.
Promenade en dialecte
« Oii ! ».Tout le monde l’utilise à Venise. Depuis le gondolier qui lance ce cri à l’angle d’un canal pour signaler sa présence (la variante est "Aooe !") à la personne qui veut vous faire une farce, saluer un ami croisé dans une calle ou quelqu’un qui s’énerve. Aucune traduction de cette onomatopée ne s’impose.
« Mongoeo ».
Littéralement "mongolien". On dit parfois que l’expression date de l’époque de Marco Polo quand on parlait pour la première fois de ces peuplades de Mongolie très différentes des vénitiens. Mais cette explication me paraît fumeuse… Vous l’entendrez au même titre que le fameux "deficiente" italien prononcé par quelqu’un en colère, hors de lui.
« Ma no ti gà na casa cio ?! »Phrase très utilisée à Venise où le problème de l’habitat est récurrent depuis plus de cent ans. Littéralement "Mais tu n’as pas de maison où aller ?". Ce "tu es à la rue ou quoi ?" sert à exprimer la désapprobation, la surprise quand l’autre ne comprend pas ce qu’on attend de lui, quand un chaland ne veut pas payer le prix proposé par le marchand ou semble étonné de la somme demandée. On l’entend aujourd’hui dans les stades quand il s’agit de tancer les supporteurs de l’équipe adverse…
« Ti xè forà come un balcon ».
"Tu es dehors comme un balcon" pour signifier que vous n’avez pas tous vos esprits, que ce vous exprimez est absurde et ridicule. On pourrait traduire par "Ou as-tu la tête" mais selon le contexte, d’autres significations apparaissent.
Revenons aux injures et autres imprécations dont les vénitiens sont friands. Pas un jour sans qu’une altercation anime le trafic sur le grand canal devant le marché, à la gare ou dans la foule des environs de la Piazza. Certains trouvent vulgaires ces expressions. Elles font partie du paysage sonore de la ville, au même titre que les cloches des églises, le clapotis de l’eau des canaux, la sirène des ambulances ou des pompiers.
« Chei cani dei to morti ».
Avec ses variantes : "I to morti" (la forme la plus simple et directe), "Varemengo ti ta morti" (sophistiqué), "Va in boca de tuti i to morti" (la plus violente). Expression assez redoutable qu’on pourrait traduire par "au diable les tiens", "famille de moins que rien". Mais le sens demeure bien plus dur et définitif en vénitien.
« Va in cùeo da to mare ».Parole des plus répandue, certainement la plus utilisée, qui se rapproche du "nique ta mère" de nos banlieues et des cours de collège. Version plus simple : "Va in cùeo" équivalent du "va te faire voir" (traduction expurgée pour les oreilles chastes !).
« Casso ».Très répandu aussi chez les jeunes, les gondoliers et tout le petit peuple des tavernes depuis toujours. Littéralement "bite", équivalent de notre "couillon" ou "merde". A la fin d’une phrase, l’expression sert à renforcer ce qui a été dit. A Bègles, près de Bordeaux on rajoute (avec l’accent) un "cong" significatif. C'est en plus grossier le "peuchère" des marseillais. Les titis parisiens diront "putain".
« Col casso ».Là le même mot aura un autre sens, il est plus interrogatif, dubitatif "non, c’est pas vrai", "j’y crois pas", "tu es sérieux ?" mettant en doute les surprenantes allégations de votre interlocuteur. cela peut aussi signifiait un "t'es pas cap" de mise au défi. Toujours très employé.
27 mai 2007
Tintoret, le favori de la nature
«... Parmi ceux qui chevauchent le Pégase de l’art moderne, il n’en est pas de plus habile que vous dans la représentation des gestes, attitudes, poses majestueuses, raccourcis, profils, ombres, lointains, perspectives. On peut bien dire, en somme, que si vous aviez autant de mains que de qualités de cœur et d’esprit, il n’y aurait pas de chose que vous ne puissiez faire, aussi difficile fut-elle. Vous m’êtes bien cher, oh mon frère, je le jure par le sang des moustiques, car vous êtes ennemi de la paresse : vous passez votre vie partagé entre l’accroissement de votre gloire, la restauration de vos forces physiques et l’édification de votre esprit. Cela s’appelle travailler pour en tirer bénéfice et gloire,manger pour vivre et ne pas dépérir, et faire de la musique et chanter pour ne pas devenir fou comme certains qui s’adonnent tant à leur art qu’ils en perdent d’un coup la raison et leur tête…».
Le peintre était avant tout vénitien. Et comme tout vénitien, il était ce mélange de raffinement, de grâce et d’épaisseur (car on ne peut jamais de parler de lourdeur quand on s’intéresse aux qualités artistiques des vénitiens). Dans un texte fort bien documenté qui part de la lettre de Calmo, Lionel Dax, que je salue au passage, explique combien le c'était un homme de la Renaissance : Outre la sensibilité artistique très aiguisée dont je parlais plus haut, il souligne combien le peintre menait une "vita sobria", à l’instar des idées humanistes, comme l'exprima dans ses écrits, le philosophe vénitien Alvise Cornaro, que fréquenta le peintre et dont il fit un portrait conservé aujourd’hui au Palais Pitti à Florence. Cette vie saine et tempérée n’avait rien à voir avec une ascèse dictée par une morale étroite ou desdogmes spitituels imposés. Il s’agissait bien plutôt de l’état d’esprit d’une homme sain qui avait su retrouver avec naturel les préceptes de la sagesse antique.
«Si le monde se conserve par l’ordre, et si notre vie n’est autre chose, relativement au corps, que l’harmonie et l’ordre de quatre éléments, notre vie doit se maintenir et se conserver par ce même ordre, et au contraire s’altérer et se dissoudre par l’action inverse de la maladie et de la mort. L’ordre n’a-t-il pas une puissance admirable».
Je sais qu’il ne faut pas faire long sur internet, mais je ne résiste pas au plaisir de vous présenter ce texte de Cornaro que cite Lionel Dax dans son travail sur Tintoret que je rejoins totalement. En voici des extraits qui à eux seuls expriment la raison du bonheur qu’il y a à vivre à Venise. XVIe ou XXIe siècle, l’idée est la même et le plaisir aussi doux :
«… Je passe mon temps sans dégoût, parce que je trouve à en occuper toutes les heures avec plaisir. Ainsi, j’ai souvent occasion de causer avec nombre de gens distingués par l’esprit, les mœurs, les goûts des lettres, ou par un talent supérieur. Si leur conversation me manque, je lis quelque bel ouvrage. Ai-je lu suffisamment, j’écris… Tous mes sens, Dieu merci, sont excellents, et spécialement le goût… Partout je dors du sommeil le plus doux et le plus paisible, sans éprouver la moindre agitation ; aussi mes nuits sont-elles embellies de songes agréables… Enfant de Venise, je lui dois tout l’amour… La sobriété purifie les sens ; elle donne légèreté au corps, vivacité à l’intelligence, ténacité à la mémoire, souplesse aux mouvements, promptitude et régularité à l’action. Par elle, l’âme, comme déchargée de son fardeau terrestre, jouit de la plénitude de la liberté : les esprits se meuvent paisiblement dans les artères ; le sang court dans les veines ; la chaleur, tempérée et douce, produit de doux et tempérés effets, et finalement ces éléments de notre corps conservent avec un ordre admirable une heureuse et bienfaisante harmonie.»
1 commentaire :
Gérard a dit...
Bravo à vous , et merci pour ce post absolument magnifique , que je recommande à nombre d'entre tous les lecteurs . Vraiment superbe ! Quelle leçon ! Effectivement , l'exposition du Louvre , l'année dernière , sur l'esquisse du " Paradis" , m'a fait découvrir un Robusti lumineux , spatial , cosmique . Ses dessins michelangelesques , leurs contorsions laocooniennes , les fusains rampants . Et aussi une action colorée , élégante mais surtout héliotropique , rugissant sur une palette et sa trame énergétique . Que retint-il , ce descendant d'Alexandrie ? Le pinceau d'Apelle ou les marbres de Praxitèle ? Leur poésie antique ? Mystère ! Quelle force ! Surtout celle que retiennent toutes ces vieilles villes endormies . Si chères à nos cœurs . Envoyé
le 30 mai, 2007
26 mai 2007
Quando piove...
25 mai 2007
Aimez-vous Tintoret ?
1 commentaire:
- Gérard a dit…
-
Pierre Boulez - grand Maître s'il en est un - écrivit un livre sur Igor
Stravinsky , précisant les détails du " Sacre " avec des formules de ce
type :
" Ici , il a voulu dire ceci ; là , il a voulu dire .... , etc , ... "
La réponse vint de Stravinsky lui-même , et cette fois dite de vive voix à Michel Legrand :
" Mon p'tit , quand on est un grand créateur , on ne sait jamais ce que l'on fait !
Laissons aller ! "
Quelle véracité , cette réponse magique du prince Igor !
C'était hier matin , Radio-Classique , 3 heures d'interview exceptionnelle du fabuleux Michel Legrand , élève de l'intraitable et parfois très cruelle Nadia Boulanger .
Reich disait que la musique et la peinture sauvaient l'Homme .
C'est vrai .
Tintoret , le grand inspiré irradiant , d'une certaine façon , un peu comme Igor Stravinsky , possède encore aujourd'hui , et à l'égal de ces si grands autres Vénitiens , cette forme d'Immortalité qui vient nous sauver .
Cherchons ce Paradis !
Trouvons ce Paradis !
Là-bas , à Venise !
Et pourtant , mon chagrin est sans fond .
Sans fond !
- 26 mai, 2007
24 mai 2007
Ça vous dirait de devenir propriétaire d'une île sur la Lagune ?
22 mai 2007
Un grand monsieur
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2 commentaires:
- Delphine R2M a dit…
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Quelle rencontre merveilleuse cela a du être!
- 28 mai, 2007
- Lorenzo a dit…
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Oui en effet. Un personnage. En partant, il me donna le catalogue de
l'exposition que j'ai toujours. Il avait simplement dessiné sur la page
de garde à côté d'un mot amical et de sa signature, une petite
mouette...
- 30 mai, 2007