Dans ce
monde si froid où trop souvent seul l'appât du gain et l'égoïsme
prévalent, il y a parfois de jolies choses qui font présager de ce que
pourrait être un monde vraiment solidaire et respectueux de l'autre.
Cela se passe à Venise et toute la presse transalpine s'en est fait l'écho : grâce à la Fondazione Venezia, une jeune nigériane est devenue une coiffeuse réputée.
La manière dont les parruchieri
italiens coiffaient ses cheveux ne lui plaisait vraiment pas. Il faut
dire qu'avec ses cheveux, cette crinière très drue et crépue propre aux
femmes africaines, il semblait difficile de faire tenir une mise en
plis. Elle était certaine de pouvoir un jour faire mieux et c'est ainsi
qu'elle s'est lancée. Pour Ijeoma Samson-Onuoha, ouvrir son propre salon de coiffure était un rêve apparemment irréalisable que le projet Micro Crédit Social de la Fondazione di Venezia, prolongement historique de la Cassa di Risparmio di Venezia, a rendu possible.
Ijeoma
gère maintenant sa boutique à Mestre, faute d'avoir pu trouver un local
bon marché dans le centre historique. Ouvert depuis trois mois
maintenant, son salon ne désemplit pas, accueillant du matin au soir des
clients vénitiens ou étrangers. "Je suis en Italie depuis 1995" raconte-t-elle, "j'ai
travaillé huit ans à la polyclinique de Mestre mais mon salaire ne me
suffisait pas pour vivre sereinement. J'avais besoin d'une idée, de
trouver une autre voie. Un jour, j'étais allé me faire coiffer à Padoue
et le résultat fut un désastre. Je savais pouvoir faire mieux et ce fut
l'illumination : j'ai demandé s'ils n'avaient pas besoin d'une
apprentie. Devant la réponse négative, j'ai pris la décision de suivre
une formation spécialisée".
A partir de là, ce qui n'était qu'une idée va devenir pour Ijeoma Samson-Onuoha, un objectif. Profitant des jours où elle ne travaillait pas à la clinique, elle suivait assidûment les cours organisés par la Région Veneto
et deux ans après, la voilà diplômée et bénéficiaire d'une aide
financière de dix mille euros prêtée par la Fondation sur le principe du
prêt social, de plus en plus répandu en Italie et à Venise. Un bel exemple de solidarité sans préjugés ni réticences qui honore Venise, cité traditionnellement ouverte aux mondes lointains.