14 juillet 2011

Vera da pozzo, ou l'histoire des puits vénitiens

 
N'est-ce pas un joli nom ? Ce beau vocable m'est venu aux lèvres ce matin en feuilletant un vieil album de photos trouvé un jour sur le stand d’un bouquiniste ambulant aux Santi Apostoli, oublié sur une étagère. On y voit des femmes venant puiser de l'eau dans la cour d'honneur du palais ducal. La scène se situe certainement à la fin du XIXe siècle, au vu des costumes. L’atmosphère pittoresque semble un tant soit peu artificielle, surtout quand on sait que les autrichiens firent boucher la plupart des puits en 1864, lorsque leur aqueduc permit d'alimenter en eau potable toute la ville... On est en droit de se demander si la scène n’a pas été arrangée pour les besoins du photographe. C'était courant à l'époque. Elle montre en tout cas ce que devait être le quotidien des vénitiens d’autrefois qui ne pouvaient avoir d'eau potable qu'en utilisant les nombreux puits répandus sur chaque campo, dans de nombreuses cours aussi.  
 
Le puits vénitien, unique en son genre est une trouvaille très ingénieuse, inventée dans un lieu où l'eau salée se répand partout, il a permis aux vénitiens de subsister à la Sérénissime de se développer. S’il ne sert plus à alimenter la ville en eau, sa structure architectonique fait encore aujourd'hui le bonheur de tous. Vénitiens, touristes, les adultes comme les enfants et... les chats, tout le monde apprécie ces constructions souvent très belles, qui ornent les places de la ville. Toujours différents, ils sont un vivant témoignage du quotidien de la Venise d'antan.
 
 
Le puits vénitien se distingue du puits artésien, son cousin. Car, contrairement à ce qui existe ailleurs, l'eau de ces puits ne provient jamais (ou presque) de nappes souterraines, de ruisseaux ou de sources enfouies plus ou moins profondément. Les caractéristiques hydro-géologiques de la lagune ne présentent, on le devine, aucune nappe phréatique, pas la moindre masse d'eau douce dans un sous-sol de nature argileuse, et donc pratiquement imperméable. Rien que de l'eau salée venue de la mer, adoucie parfois par l'eau des fleuves qui se jettent dans le delta. A Venise, l'eau provenait exclusivement de l'eau de pluie soigneusement recueillie par un ingénieux système de filtrage.
 
Construire un puits coûtait très cher. Il ne s’agissait pas comme ailleurs de creuser une galerie verticale et de la surmonter par une construction en maçonnerie munie d’un système de poulie comme partout ailleurs. Ici, la complexité du procédé, la quantité de matériaux nécessaires et les difficultés techniques rendaient ces constructions très onéreuses et les travaux ne se faisaient pas en quelques jours. Il fallait d’abord creuser une fosse de cinq ou six mètres de profondeur soit largement en dessous du niveau de la lagune. Cela obligeait à des travaux titanesques d’imperméabilisation et de renforcement des parois pour éviter les infiltrations. Fondamentaux, ces travaux d’utilité publique étaient le plus souvent financés par de riches familles patriciennes. Faire don d’un puits à la ville était considéré comme un acte de haute bienfaisance et donnait au donateur et à sa famille un statut de bienfaiteur reconnu par tous. Cette opération de communication était aussi une nécessité vitale pour la survie et le développement de Venise. Aussi la République encourageait-elle ce genre d’initiative. C’est pour cela qu’on voit souvent sur les puits des inscriptions somptuaires, des bas-reliefs rappelant le nom des familles qui ont pris en charge la construction de ces puits, leur blason.
 
Une fois la cavité creusée (le plus souvent un carré ou rectangle), on la recouvrait d'une maçonnerie qui remontait un peu au-dessus du niveau naturel du sol du campo, afin d'y apposer les dalles (i masegni) qui servaient au pavement des rues. Dans certains cas, les limites du puits étaient ainsi marqués au-dessus de cette maçonnerie par un tracé en pierre d'Istrie afin de bien en signaler l'emplacement. Au centre de la cuve creusée on élevait le puits sur un disque de pierre, comme une sorte de cheminée en maçonnerie à l'aide de briques spécialement conçues pour permettre à l'eau de pluie de pénétrer dans le conduit (les pozzali). Le haut du puits était terminé par ces magnifiques margelles que nous pouvons admirer encore de nos jours. La citerne sous le puits était alimentée par l'eau de pluie qui pénétrait par les pilelle, ces grilles de pierre d'Istrie qu'on voit aux quatre coins de la construction. les environs immédiats du puits sont souvent en pente si vous regardez bien, afin de permettre à l'eau de descendre vers les bouches de pierre. Cinq six mètres en dessous du niveau du sol, l'eau entrait en contact avec un filtre naturel fait à base d'une couche d'argile épaisse (la crea) qui recouvrait une couche de sable fin provenant des fleuves du delta, avant de remplir le puits lui-même par porosité. Ainsi il y a avait presque toujours de l'eau et elle était pure et fraîche. Autour du puits, la citerne était le plus souvent réalisée en forme de cloche dont le fond était ouvert, pour éviter la dispersion de l'eau dans le sous-sol alentour. L'eau pouvait ainsi se répandre en grande quantité dans le sable qui servait de filtre.

Les couvercles de bronze qui ferment ces puits datent parfois de la Sérénissime. on les cadenassait pour éviter que des gens mal intentionnés (la République avait beaucoup d'ennemis réels et imaginaires) n'empoisonne l'eau. Quand l'aqueduc amena l'eau de la terre ferme, les autrichiens firent fermer les puits pour éviter les risques d'épidémie de Choléra mais aussi par sécurité (déjà la phobie sécuritaire). Certains puits ont été construits avec des matériaux très anciens, des chapiteaux ou des bas-reliefs datant de l'époque romaine.

En 1322, un décret du Grand Conseil ordonne la construction de cinquante nouveaux puits. On en ajoutera trente en 1424. Au XVIIIe siècle on comptait 157 puits publics. Tous les palais, les cours des maisons, les bâtiments publics avaient un puits. Des 8000 qui existaient au début de l'occupation autrichienne, il n'en reste plus que 250 environ. Les autres ont souvent été vendus et on en retrouve aujourd'hui jusqu'aux États Unis et en Russie !
 
 
On a récemment retrouvé les traces d'un grands puits sur la piazza, à l'occasion de travaux de voirie, qui n'apparaissait sur aucun des plans conservés dans les archives de la Sérénissime. Présents dans les archives en revanche, la plupart des actes de donation de puits de la part de riches patriciens ou de confréries. On trouve aussi une ordonnance de la République qui prévoyait la récupération d'eau des rivières et des plans d'eau de la terre ferme qu'on acheminait en barque pour remplir les citernes en cas de sécheresse.

07 juillet 2011

Spritz Party à Bordeaux !

L'initiative appartient à un jeune vénitien d'une vingtaine d'années, musicien de son état, en Erasmus à Bordeaux, qui organisait ce soir pour fêter comme il se doit l'arrivée des grandes vacances et rendre la séparation moins difficile une soirée unique : une Fête Spritz. Le jeune homme connait bien sa ville d'adoption puisqu'il a choisi comme cadre pour sa soirée un bar-restaurant apparu il y a peu et qui est devenu en quelques mois l'un des lieux les mieux côtés et les plus en vue de Bordeaux. Du moins pour ceux qui ne s'arrêtent pas aux conventionnelles apparences et apprécient les gens pour ce qu'il sont. 

L'Ours Marin est un bar gay, une caverne d'Ali baba où on rencontre tout ce que la ville compte d'artistes, de musiciens. Les maîtres de l'établissement le définissent comme un espace convivial et simple, 100% hétéro-friendly tout sauf un ghetto ou un repère de militants. On y prend plaisir à boire un verre ou grignoter. C'était donc là que le vénitien recevait ses amis. Lancé par le biais de Facebook, la manifestation a été un franc succès et c'était sympathique de voir tous ces gens un verre de spritz à la main, se régalant de ciccheti maison : bruschetta et autres produits italiens. C'était, le temps d'une soirée, Venise à Bordeaux... A Tramezzinimag, on ne pouvait que se féliciter de l'initiative. C'est vrai que le spritz était bon ! Comme à Venise...

 

 E

07 juillet 2011

Spritz party à Bordeaux

L'initiative appartient à un jeune vénitien d'une vingtaine d'années, musicien en Erasmus à Bordeaux qui organisait ce soir pour fêter comme il se doit l'arrivée des grandes vacances et rendre la séparation moins difficile une soirée unique : une Fête Spritz. Le jeune homme connait bien sa ville d'adoption puisqu'il a choisi comme cadre pour sa soirée un bar-restaurant apparu il y a peu et qui est devenu en quelques mois l'un des lieux les mieux côtés et les plus en vue de Bordeaux. Du moins pour ceux qui ne s'arrêtent pas aux conventionnelles apparences et apprécient les gens pour ce qu'il sont. L'Ours Marin est une caverne d'Ali baba où on rencontre tout ce que la ville compte d'artistes, de musiciens. Les maîtres des lieux le définissent comme un espace convivial et simple, 100% hétéro-friendly tout sauf ghetto gay où on prend plaisir à boire un verre ou grignoter. C'était donc là que le vénitien recevait ses amis. Lancé par le biais de Facebook, la manifestation a été un franc succès et c'était sympathique de voir tous ces gens un verre de spritz à la main, se régalant de ciccheti maison : bruschetta et autres produits italiens. C'était, le temps d'une soirée, Venise à Bordeaux... A Tramezzinimag, on ne pouvait que se féliciter de l'initiative. C'est vrai que le spritz était bon ! Comme à Venise...

2 commentaires:

Robert M a dit…

une adresse à découvrir bien sympathique .

ytaba36 a dit…

The best of both worlds?

Yvonne

26 juin 2011

Au soir d'un jour torride...


L'enfant vient de reprendre ce passage difficile de la sonate. Do majeur. Le clavecin répand dans la maison son âme un peu désuète, presque déplacée par ce temps trop ensoleillé. La chaleur au dehors est devenue pesante. Pas un bruit, pas un passant. Les chats cherchent de la fraîcheur dans les recoins les plus sombres de la bibliothèque. Même les mouches économisent leurs mouvements et on ne les entend plus voler. Par la fenêtre entrouverte un air sec, parfumé et bouillant se répand. On pourrait se croire quelque part dans une ville de Méditerranée, non loin du désert. Pourtant, je suis incapable de renoncer à ma tasse de thé brûlant. La chope bleue est posée, là, sur la petite table du salon, devant le canapé rouge. Sur le plateau, une assiette de biscuits, des abricots et des cerises. Si j'étais peintre, j'aimerai dresser le portrait de ces objets inanimés parce que mes mots ne parviennent pas à rendre vrais pour le lecteur ces formes et ces couleurs qui forment le décor de ce dimanche d'été.
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C'est aujourd'hui la Fête-Dieu, plus communément appelé maintenant la Solennité du Saint-Sacrement. Plus personne ne s'en souvient, mais ce dimanche autrefois, partout en terre chrétienne était un jour de joie et grandes réjouissances. Les enfants, vêtus de blanc, jetaient sur les chemins des jonchées de pétales de fleurs, précédé par les servants de messe en surplis rouges garnis de dentelles, des diacres, des chantres, sous la pavillée, un dais d'or et de soieries ou une grande ombrelle, passait le saint-Sacrement, le plus souvent dans un magnifique ostensoir de bronze ou d'argent ciselé porté par le prêtre. Derrière le clergé, tout le village suivait en chantant des cantiques. Sur le trajet, le cortège faisait étape devant des autels dressé pour l'occasion, les Reposoirs gorgés de fleurs odorantes et de dentelles précieuses. Chacun revêtait ses plus beaux atours... Je pense toujours à Francis Jammes qui en parle si bien :
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"oh! ce parfum d'enfance dans la prairie trempée
d'eau et d'azur, parfum de pieuse jonchée
de joncs-fleuris sous les pas des processions
des hameaux noirs, parfum de fougère écrasée
au soir d'un jour torride, quand les inflexions
des chants ne peuvent pas mourir et que mon âme
a peur de trop aimer, parfum de lis en flammes,
comme j'en voyais dans les vieux paroissiens,
parfum des dimanches soirs dans les jardins,
parfum d'encensoirs purs qui vont à Dieu ensemble,
parfums de rosiers qui, à l'aube, tremblent..."
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A Venise aussi, il y avait une procession. Un cortège de barques et de gondoles chamarrées transportait clergé et fidèles le long des canaux. Partout sur le bord des canaux, aux balcons des maisons, sur les places, la foule applaudissait, et se signait au passage du Corpus Domini. L'infiorata (tapis de fleurs) sur l'eau, avait quelque chose de magique avec ces centaines de pétales de roses, de lilas et de jasmin qui flottaient sur l'eau verte de la lagune et jonchaient les dalles des ruelles...

1 commentaire: 

Anonyme a dit…

La fete du Corpus Domini existe encore dans le sud de l'Italie... Je reviens de vacances du Salento, l'extrême sud des Pouilles, d'un petit village à mi-chemin entre la Mer ionienne et l'Adriatique, et dimanche dernier nous avons pu assister à cette procession - en mode mineur pour une si petite commune - où tous les enfants portaient des paniers de pétales de fleurs qu'ils ont sagement répandus devant chacune des églises où la petite foule s’arrêtait pour attendre la sortie d'un autre saint sacrement entouré d'un prêtre et d'une nouvelle "confraternità" laquelle portait également un immense bâton orné de rubans et d'un bouquet campestre.
Et cela n'avait absolument rien de touristique. Malgré la présence d'une vingtaine d'enfants, l'age moyen des participants laisse toutefois présager que dans quelques années nous n'assisterons plus à un tel cortège...

Gabriella

Coups de Cœur N°44

Bottega della Latta
& Tabaccheria San Rocco  
S.Polo 3119, sur le campo
vaporetto : Arrêt S. Tomà

Acheté en 1972 par Giorgio et Annamaria Pasetti , l'endroit situé au cœur de Venise, sur le célèbre campo San Rocco, n'était qu'un petit débit de tabacs où les riverains venaient acheter leurs cigarettes et jouer au totocalcio. Repris par leurs enfants Monica et Luca, la boutique s'est transformée, devenant en quelques années un must. Spécialisé dans les cigares de la Havane, on y trouve toutes les marques de tabac et les vénitiens peuvent toujours venir tenter leur chance aux lotos et autres loteries dont les gens sont friands. On y trouve aussi des carnets de ticket pour le vaporetto. Mais ce n'est pas pour le tabac ni pour les titres de transport que nous avons eu le coup de cœur, bien que personnellement, je continue d'apprécier un bon cigare après le repas, voire dans la journée, et que je n'ai jamais cessé de fumer la pipe. Quand je vivais à Venise, j'achetais mon mélange préféré, le Scottish mixture de Davidoff, la fameuse boite verte en métal, à la seule civette de la ville, calle dell'Ovo près du Rialto. C'est surtout que les Pasetti commercialisent ces merveilleux jouets de métal à ressort qu'on trouve de plus en plus difficilement. Créations ou rééditions, ces pièces sont davantage destinées aux collectionneurs qu'aux enfants (les normes de sécurité que le monde moderne a inventé). On y trouve un choix incroyable que je n'ai pas vu ailleurs à ce jour, sauf du temps de Petenello, à Sta Margherita.
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Paul Auster

Le carnet rouge
Actes Sud

Ce carnet rouge n'est pas une invention d'auteur. Il existe bel et bien. Depuis des années, l'écrivain y consigne des événements bizarres, mystérieux ou invraisemblables dont il a pu un jour être la victime ou le témoin, ou qui lui ont été racontés. Ces faits extraordinaires sont consignés en quelques pages acérées et précises qui, sous un humour assez vif, révèle son inquiétude et son questionnement. La réalité rejoint parfois la fiction et c'est toujours surprenant.
Ce que Paul Auster désigne lui-même comme un "art poétique sans théorie", devient un de ces bijoux merveilleusement travaillés où les mots sont des gemmes précieux dont on a du mal à se détacher. Cet authentique carnet est un joyau. Petit par la taille, c'est un grand livre qui révèle à ceux qui ne le connaîtraient pas encore tout l'univers austérien. Le genre de lecture que vous pouvez m'imaginer en train de lire à une terrasse de café sur les Zattere, quand la saison n'est pas trop avancée et que, tempéré par une douce brise marine, le soleil, à travers les bâches bleues, reste supportable...
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Venise Vivaldi Versailles

du 24/06 au 17/07/2011

Festival de musique
Château de Versailles

Extraordinaire festival que celui organisé au Château à l'occasion de la sortie de l'intégrale des œuvres de Vivaldi chez le label Naïve. Du dur comme on dit trivialement, et pendant trois semaines : concerts, festivités grandioses sur le grand canal et dans les jardins, soirées vénitiennes et carnavalesques à l'Orangerie, feux d'artifice et jeux d'eau... Le programme est alléchant. Télérama lui consacre plusieurs pages dans son numéro de la semaine. On pourra y entendre les plus grands noms de la musique baroque, tous ceux qui ont participé à la grande aventure de l'intégrale des œuvres connues du prêtre roux chez Naïve : Cecilia Bartoli, Philippe Jaroussky, Jordi Savall, William Christie, Fabio Biondi, Rinaldo Alessandrini, David Grimal, Jean-Christophe Spinosi, et l'acteur John Malkovich, qui sera Casanova dans une mise en scène de Michael Sturminger. Renseignements et réservations en cliquant ici
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Venezia
Rosenmüller, Legrenzi & Stradella
The Rare Fruits Council
dirigé par Manfredo Kraemer
Label Ambronay Editions, 2011.
Un disque tout en finesse, conçu par Manfredo Kraemer autour d’œuvres visionnaires et d'une grande intensité, totalement baroques. Un bonheur tout au long de l'audition vraiment. Les trois compositeurs venus d'horizons différents se sont croisés dans la cité des doges à la fin des années 1670. Rien ne permet de dire qu'ils se soient rencontrés. Mais plus de 300 ans après, par le miracle de la technique, nait un échange artistique splendide que nous offrent les éditions Ambronay, par le biais du Rare Fruits Council. Tout est beau dans ce disque, magnifié par une prise de son de haut niveau. C'est plein de fraîcheur, de spontanéité qui traduit bien la structure encore en recherche des sonates en cette fin du XVIIe siècle vénitien.

Comme l'écrit si bien Alexandre Barrère dans sa chronique pour Muse "[...] Manfredo Kraemer en peintre de lumières, a habilement joué sur les combinaisons de timbres et les effectifs, [...] Le discours sait à chaque détour se faire dense et complexe, tout en ne reniant pas un certain hédonisme mélodique, et cette succession de sonates constitue un hymne au contrepoint et à la diversité. Si Rosenmuller n’hésite pas à perpétuer un style archaïsant propre à la première moitié du XVIIème siècle, Legrenzi n’abandonne pas pour autant l’enchevêtrement des pupitres au profit de la primauté mélodique... Avec Stradella, le langage s’épure, se tourne vers l’avenir, tend l’oreille vers une sorte de Corelli en plus frais, audacieux et spectaculaire, au risque de déséquilibrer le discours." Plus d'une heure de plaisir à consommer sans modération.

23 juin 2011

En attendant le voyage...

© Cliché Pietro Bortoluzzi, Venezia 2011 - Droits Réservés
 
Le conseiller Pietro Bortoluzzi a beau faire le politique, il a l’œil artiste et cette magnifique photographie, prise d'une fenêtre de l'escalier de la Ca' Corner, siège de la Province de Venise : le bassin de San Marco, San Giorgio et au fond la Salute, avec à l'horizon le Lido, le démontre...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Avec photoshop, il aurait pu supprimer la flèche de la grue qui dépasse du dôme de la Salute...

Lorenzo a dit…

l'idée était d'envoyer un instantané de ce qu'il avait sous les yeux en se rendant à son bureau du conseil régional...

dominique a dit…

bonjour
j'ai cru lire quelque part que vous organisiez un voyage en novembre ... ai je rêvé ?

Lorenzo a dit…

On me presse d'en organiser un. Alors Tramezzinimag s'est rapproché d'un organisateur professionnel et cela donne le projet annoncé qui est susceptible d'aménagements bien que l'essentiel soit en place : les dates, le lieu de résidence, le prix et les grandes lignes.

dominique a dit…

bonjour,
ce voyage m'intéresse, à quel moment ouvrirez-vous les réservations. Je peux vous aider si vous en avez besoin, j'adore organiser les voyages à Venise.

Lorenzo a dit…

Les réservations sont ouvertes. Le voyage est pour à 15/20 personnes maximum. Le prospectus est en ligne par facebook et par twitter. Le lien est à votre disposition par mail.

dominique a dit…

bonjour,
merci pour les informations.
un saluto di venezia .... demain le Redentore ...



16 juin 2011

Clin d’œil : Romance à Venise

C'est le genre de musique sirupeuse à souhait qu'on assimile aux clairs de lune des soirées entre amoureux, aux promenades en gondole. Les gondoliers justement qui, sous des allures de gros durs musculeux sont en vérité de grands sentimentaux au cœur d'artichaut (salve fioi, ghe xe vèro, no ?), en fredonnent les rengaines de père en fils. O Sole mio et autres Santa Lucia ont remplacé depuis longtemps les mélodies de Monteverdi, mais le crooner italo-mexicain Luis Miguel demeure, depuis son apparition fracassante au festival de San Remo dans les années 80, un must dans leur répertoire. Les plus anciens le chantent souvent lors des soirées entre amis dans les osterie tranquilles. Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, voici donc Luis Miguel qui interprète La barca.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Que de stéréotypes à pleurer... Avec les gondoliers au coeur d'artichaut et aux gros muscles...

ça fait peur ...

Lorenzo a dit…

N'ayez pas peur ! Vaut mieux en sourire qu'en pleurer ! Cela étant, pour en connaître quelques uns, je puis assurer qu'ils répondent au cliché ou l'entretiennent. C'est du simple domaine de la plaisanterie, comme les blagues belges !

Masherata a dit…

Non seulement anonyme mais encore agressif ! Lorenzo vous êtes bien patient avec certains de vos lecteurs. Merci pour votre excellent blog que nous suivons mon mari et moi depuis plusieurs années. Nous y glanons toujours une information passionnante.
Paule

Lorenzo a dit…

Je ne suis pas un adepte du consensus à tout crin, ni du consensus mou (pire), mais Chacun est libre d'émettre des opinions et tant qu'il ne s'agit ni d'injures ni de propos diffamants, Tramezzinimag publie les propos de chacun des lecteurs. C'est ainsi que nait le débat et qu'évoluent les idées.Et puis, des goûts et des couleurs...

15 juin 2011

Bordeaux-Venise , ce qui aurait pu être une histoire d'amour (I) :

1980, la Biennale invite Bordeaux.

Le Capc (Centre d'Arts Plastiques Contemporain) est né à Bordeaux de l'impulsion d'un groupe de passionnés visionnaires qui avait à sa tête Jean-Louis Froment. Soutenu par Micheline Chaban-Delmas, l'épouse du maire d'alors, qui fut aussi président de l'Assemblée Nationale, puis premier ministre. Jacques Chaban-Delmas eut l'intuition géniale de ce que cet espace pouvait apporter à la ville.

Souvent mal compris des bordelais, méconnu par l'élite locale d'alors qui bouda longtemps les lieux, le Capc devint vite un haut-lieu de la création contemporaine, reconnu dans le monde entier. Sa dimension internationale venait s'ajouter au prestige des manifestations dont le maire, soutenu par une kyrielle de bordelais mécènes et connaisseurs, avait eu l'initiative. Le Mai musical, qui à l'imitation du Maggio di Firenze, proposait chaque année une série de concerts, d'opéras et de ballets amenant au Grand-Théâtre les plus grands artistes de l'époque et un public international, ainsi que des expositions de très haut niveau : les collections du Metropolitan de New-York, de l'Hermitage... A ces manifestations officielles s'ajoutait Sigma, une initiative privée soutenue par la ville (le maire était président de l'association qui avait son siège à la mairie) qui prit de plus en plus d'ampleur jusqu'à sa mort par asphyxie à la fin des années 90, plus ou moins provoquée par le désintérêt d'Alain Juppé, nouveau duc d'Aquitaine et lui aussi à son tour fringant premier ministre...

Le Centre d'art contemporain de la capitale de Guyenne, installé dans un magnifique entrepôt de denrées coloniales qui conserva longtemps l'odeur des produits qu'on y avait entreposé (vanille, café, cacao, épices...), avait acquis une telle réputation que les organisateurs de la Biennale de Venise firent appel aux bordelais pour intervenir sur la lagune. Froment transporta Bordeaux à Venise, avec la complicité des artistes dont la présence à Bordeaux fait rêver aujourd'hui : Anne et Patrick Poirier qui réalisèrent à l'Entrepôt Laîné leur magnifique Domus Aurea, vaste maquette de charbon de bois, fascinante ruine calcinée, Christian Boltanski qui a cette année les honneurs du Pavillon Français, Claude Viallat...

Ce fut comme un déclic. Le commencement d'une histoire d'amour - de passion même - que des maladresses, des incompréhensions mais aussi des malentendus ont laissé s'éteindre. Tout Venise se pressa dans l'église San Lorenzo dont les 1500 m² furent entièrement à la disposition du Capc. La voix de Laurie Anderson planait sur ce campo très particulier qui ressemble à une scène de théâtre.

Mais laissez-moi vous compter cette belle histoire d'amour. Le film réalisé en 1980 par Marcello Paradisi pour FR3, que je viens de retrouver dans les archives de l'INA, explique mieux que je ne pourrais le faire cette période où j'étais à Bordeaux simple spectateur et où, déjà presque vénitien à temps plein, j'allais peu à peu devenir (modeste) acteur, là-bas sur les bords de l'Adriatique.
 

Quelques années plus tard, en 1990 Jean-Louis Froment allait être nommé commissaire général du pavillon français à la Biennale, après avoir dirigé de sa création jusqu'à 1996 le Capc, il est aujourd'hui directeur de la Fondation Prince Pierre de Monaco.

Mais avant ce retour de Bordeaux à Venise, il y eut l'AJIL, cette petite association d'étudiants que j'avais fondé avec quelques amis et qui organisa, avec le soutien des Chaban-Delmas, la Semaine de Venise à Bordeaux
 
C'était en 1985. Je vivais depuis près de cinq ans à Venise et je ne supportais plus d'entendre à chaque dîner mondain les bordelais cancaner sur "la ville qui s'enfonce", "ces pigeons par milliers tous porteurs de maladie", "les délicieux verres de Murano" et "la puanteur qui envahit la ville et fait fuir les touristes"... La carte postale qu'ils avaient tous en tête - hormis quelques esprits éclairés - montrait une conception étriquée de la Sérénissime qui me révoltait. Je donnais des conférences, je racontais à qui voulait m'entendre ce que la ville était vraiment et les menaces qui pesaient sur elles depuis la grande inondation de 1966. Il fallait frapper fort. C'est ainsi que naquit l'idée d'une sorte de festival, une première édition de ce que nous souhaitions voir devenir un rendez-vous annuel ou biennal entre les deux villes.
à suivre.

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Merci pour la ballade. A suivre...
FRG


14 juin 2011

Le progrès fait trop de vagues à Venise

Ajouter une légende
Dans Venise la rouge, pas un bateau ne bouge... La rime n'est pas des plus élaborées mais le génie d'Alfred de Musset fait de ces vers une clé pour nos mémoires. Fermant les yeux, le lecteur voit le môle au petit matin nimbé d'un léger brouillard aux senteurs primavériles, que percent peu à peu les rayons incarnats du soleil. Sur l'eau qui scintille, les gondoles immobiles attentes le réveil. Mais soudain, un bruit étrange, mélange de pétarade et d'eau qui bruisse sort le lecteur de sa rêverie. Une vedette de la police ou bien est-ce un taxi, fend l'eau du bassin à grande vitesse, créant tout autour de son sillage des vagues de plus en plus hautes, l'eau rouge il y a un instant comme un miroir pour le soleil levant devient verte, puis noire et l'écume blanche et mousseuse éclate comme de rage sur la bordure de pierre des Esclavons, comme une protestation rageuse. La réalité éloigne la paisible vision de Musset : le moto ondoso est un poison pour la cité lacustre. Les flots remués trop fréquemment attaquent les fondations mêmes de la cité des doges, les fonds bouillonnent et ce bouillonnent se répand jusqu'aux confins de la lagune, remuant les sols, dérangeant tout ce qui tente de vivre dans ce milieu aquatique fragile qui se meurt peu à peu par la faute des hommes qui pourtant lui doivent leur existence. Qui n'a pas été témoin de ces pétaradantes cavalcades des bateaux à moteur, secouant violemment les bateaux accostés le long des canaux, arrosant les passants marchant trop près du bord au Rialto ou à San Marco ? Qui n'a pas vu de ses yeux le déplorable état des soubassements en pierre d'Istrie ou en marbre rongés par une terrible gangrène aggravée par ces vagues sacrilèges. Pompiers, police, ambulances, mais aussi livreurs, taxis, particuliers forçant leurs moteurs surpuissants comme les petits ruffians le font avec leur mobylette dans les rues des banlieues ou plus tard leur BMW ou leur Golf GTI flambant neuves, les vénitiens sont eux-mêmes responsables de ce moto ondoso catastrophique pour la ville et cela dure depuis que le moteur est apparu.

On connait les solutions. Verbaliser là comme ailleurs ne suffit pas pas plus que la limitation de vitesse, et on ne peut évidemment pas revenir aux seules embarcations à rame (quoi que parfois je me demande...). Mais il existe des moteurs électriques assez puissants pour déplacer de grosses barques mais dont la conception évite les remous, pour les déplacements lagunaires extra-urbains, les bateaux sur coussin d'air sont parfaitement adaptés, silencieux, rapides, ils n'ont qu'un impact très minime sur l'écosystème et ne dérangent aucunement les habitants - les survivants - sous-marins de la lagune. Là comme ailleurs, c'est de gros sous dont il s'agit et d'intérêts, de profit et aussi d'égoïsme. Interrogés, les bateliers concernés répètent toujours le même discours : "ce n'est pas que moi", "je ne suis pas tout seul", "il faut bien aller vite si on veut faire notre travail", etc... Là aussi, il faudrait un référendum d'initiative populaire pour forcer les autorités à prendre les mesures qui s'imposent. Pour qu'un jour, le passant puisse dire en se remémorant les vers du poète : "Mon dieu, comme Musset a bien dépeint Venise avec ces deux vers"...
photographies : © Marco Zanon.

2 commentaires:

Douille a dit… 
Sans, pour autant, vouloir prendre la défense de ces vils margoulins, force est de constater que comme toujours à Venise nous sommes "le cul entre 2 chaises"... J'aimerais bien aussi préserver la ville et mettre tout le monde à la barque à rame, mais c'est pas possible, ces gens travaillent!!! Contrairement à nous qui allons à Venise pour glander! Tout ce qu'on aime à Venise y arrive par un bateau à moteur, qu'on se le dise! Mon dernier repas si typique au Rioba (que je recommande), n'était que des produits livrés en bateau... 
14 juin, 2011  

Lorenzo a dit… 
Douille, personne ne souhaite revenir aux galères et autres barcasses. Le moto ondoso est l'exemple même de l'abus ces gens qui poussent au maximum la vitesse de leurs puissants moteurs causent de graves dommages à la ville et la règlementation n'est pas respectée. Ni les vaporetti ni les barques à moteur qui respectent la limitation de vitesse sont en cause. Heureusement que le bateau reste le moyen de transport mais il y a de plus en plus de trafic et de plus en plus d'excès de vitesse. On sait aujourd'hui que ces vagues sont très dangereuses pour les fondations de la ville.Sans remettre en cause la motorisation des embarcations, il s'agit de rappeler chacun à sa responsabilité qui non seulement finit par coûter cher à la collectivité mais aussi met en danger le patrimoine artistique de la ville. C'est un peu comme ces gens qui font du jogging dans un jardin public et courent chaque jour sur le bord de la pelouse. ils sont un puis deux puis dix puis cent et en quelques semaines il n'y a plus de pelouse. Quand on leur fait remarquer la disparition de la pelouse à l'emplacement de leur passage, tous répliquent en chœur "nous ne sommes pas les seuls" ou "ce n'est pas moi"... Que répondre à cette terrible inconscience ? Il en est de même pour le moto ondoso évidemment aggravé par la vogue de smoteurs puissants et le goût pour la vitesse (car s'il y avait seulement les ambulances, les taxis et les pompiers,mais il y a surtout les particuliers qui se font plaisir en poussant des pointes sur le grand canal comme ailleurs ils le font avec leur voiture !)  
14 juin, 2011

Venise à Bordeaux, le retour de l'ambassadeur

Cliché © Pierre Paréja - Tous Droits Réservés.
 
Pendant 25 ans, il y eut à Bordeaux une élégante petite boutique dans le quartier Saint Pierre à l'enseigne de Marco Polo. Sa fondatrice en avait fait une sorte d'ambassade de la Sérénissime. On y trouvait tout l'artisanat vénitien - l'authentique - signé des meilleurs : masques, cadres et miroirs, vases, lustres et lampes, bracelets, colliers et pendentifs. Les plus grands noms étaient représentés et toutes les bourses pouvaient s'y satisfaire, depuis les bagues en verre colorés jusqu'aux lustres à girandoles entièrement soufflés à la main, en passant par la verrerie de Nason & Moretti, des vases et des lampes de créateurs, de Fortuny à Hans Peter Neidhard, le fondateur de Dimensione Vetro.
 
Mais vingt cinq ans c'est long et Claire Normand décida il y a un an de fermer boutique pour pouvoir enfin disposer de temps pour elle entre Venise et le bassin d'Arcachon où elle décida d'acquérir une petite maison. Et c'est là que l'histoire devient comme un conte, de ceux qu'on écoute au coin du feu dans les maisons perdues dans les îles de la lagune. Cherchant la maison qui lui conviendrait le mieux, la fondatrice de Marco Polo se décide sur un coup de cœur. Elle rencontre les propriétaires, Sabine et Brigitte, deux jeunes femmes qui souhaitaient changer de vie. Elles avaient fait le tour des charmes de leur profession et envisageaient une reconversion. Ensemble. C'est là que le miracle se produisit. Claire leur parla de sa boutique, de Venise, de l'artisanat de Murano, des artistes faiseurs de masques traditionnels...
 
Ces dames ne réfléchirent pas des mois. Elles demandèrent à Claire de les introduire chez ses ex-fournisseurs, de les aider à se lancer et elles dénichèrent dans le vieux Bordeaux, à deux pas de la rue où se tenait l'ancienne boutique, un superbe local. Sabine et Brigitte étaient fin prêtes pour le grand saut. Il ne manquait plus que le voyage à Venise, une véritable initiation pour ces jeunes femmes qui découvraient, émerveillées, la Sérénissime et son art de vivre. Accueillies chaleureusement par tous, elles tombèrent sous le charme. Après quelques semaines de travaux, Marco Polo, le second du nom est ouvert au public pour le bonheur d'une clientèle qui avait vu avec tristesse le rideau tomber sur la petite boutique de la rue du Parlement Saint Pierre.

Vous ne pouvez pas le manquer, le nouveau magasin est situé au 4 rue des Lauriers, entre la rue Saint Rémi et la somptueuse place du Parlement. Si vous êtes à Bordeaux, ou quand vous vous y rendrez, allez y jeter un coup d’œil, vous ne serez pas déçus ! Et si elles ont le temps, les nouvelles ambassadrices de Venise se feront un plaisir de trinquer avec vous. Le Prosecco n'a plus de secrets pour elles, non plus que le spritz qui les a conquis, au point que le restaurant italien voisin a ajouté l'apéritif vénitien à sa carte. Au Campari seulement pour le moment.

Marco Polo
4, rue des Lauriers
33000 - Bordeaux
05 56 81 53 76
contact @marcopolovetro.com


3 commentaires:

ladivinecomedie a dit…
" Un Spritz campari seulement" ! Pourtant de l'Aperol, on en trouve facilement en France maintenant ;-)
http://www.nicolas.com/fr/_18_17_8294_aperol.htm

Lors de mon dernier passage à Bordeaux, après avoir acheté quelques livres sur Venise aux bouquinistes de la Halle des Chartrons, j'ai découvert non loin u ne sympathique épicerie italienne La Bocca (78 bis Rue Notre Dame) : http://www.epicerielabocca.com/
Mais je ne manquerais pas de faire un tour à votre adresse lors de mon prochain séjour bordelais !

Lorenzo a dit…
merci pour cette adresse. Il y en a quelques unes d'autres dans la ville depuis quelques années ! Evviva Italia !
Maïté a dit…
Dommage pour le spritz à Bordeaux...à quand le Lillet à Venise ! Bonne soirée, a presto !

Venise en juin avec Henry James


© Stefano Neno - Tous droits réservés

[...] Pour ce qui est de venir à Venise, si vous le pouvez, je n'ai qu'une seule réponse, enthousiaste : oui, mille fois oui. Ce serait pour moi, dans certaines circonstances (si j'étais libre, et ma vie, sur cent autres points, différente) la solution de tous mes problèmes et la consolation de mes jours déclinants. Jamais la ville entière ne m'a semblé plus délicieuse, plus chère, plus divine. elle laisse tout le reste loin derrière. Je voudrais pouvoir rêver de venir m'y mettre dans mes meubles [...], près de vous. Je caresserais cette idée avec un attendrissement bouleversé. Que vous êtes heureuse de pouvoire envisager un tel bonheur !..."
Henry James, 
Lettre à Laura Wagnière-Huttington, 
23 juin 1907