Finalement, qui pourrait prétendre que ces embarras-là ne sont pas charmants, peu contraignants et qu'ils ne procèdent pas peu de l'ambiance générale qui règne à Venise dans chaque interstice d'un quotidien banal ? Il suffit à Paris, à Lyon ou à Bordeaux de trois ou quatre automobilistes impatients, d'une sirène de pompier et de la grue de la fourrière pour que notre oreille endolorie transmette à notre pauvre cerveau un engourdissement qui se transforme bien vite en haine du bruit et de l'automobile.
C'est du moins mon cas. Alors, j'adore lorsque au détour d'un canal, livreurs et gondoliers hurlent et s'interpellent. Leurs injures sont comme une musique agréable à mes tympans ! Le clapotis de l'eau, le teufteuf ronronnant des moteurs, les mouettes et les oiseaux, le pas des passants qui résonne sur les dalles des rues valent mieux que l'infernale rumeur qui jour et nuit pollue nos villes et endolorit nos cerveaux. Chaque jour me rapproche du départ. Quitter le quotidien pollué et sans âme de l'enfer qu'est la vie urbaine du XXIème siècle pour aborder un rivage apaisé et tranquille, la vie à Venise. Je donnerai ainsi aujourd'hui toutes les beautés, tous les avantages, toutes les promesses d'un Bordeaux splendidement rénové pour que mes oreilles subissent chaque jour et à jamais le bruit des embarras de Venise. Sans appel.
posted by lorenzo at 06:26
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