Venise contient des centaines de bacari, d'osterie, chaque quartier a son enoteca ou sa birerria. Il reste encore quelques tavole calde disséminées dans les recoins les plus inattendus et plein de bars et de pasticcerie qui peuvent vous accueillir entre deux musées ou après une belle promenade. Je ne peux pas tous les citer ne serait-ce que parce que je ne les connais pas tous. Mais en voilà quelques uns que j'aime bien et où, sauf changements récents, on est bien accueilli, où on mange bien et pas cher. C'est aussi un critère important que celui du prix demandé. De quoi parfois vous empêcher de digérer. Mais au-delà des considérations financières, c'est aussi dans ces lieux qu'on voit vivre la ville et ses habitants. En y prenant ses habitudes, on se sent vite moins étranger et un peu plus vénitien. A vous d'en faire l'expérience. Voici une sélection d'adresses mais il y en aurait tellement d'autres à recommander aussi...
Avant tout, il existe un petit ouvrage qui à ma connaissance n'existe qu'en italien ou en anglais, un peu daté aujourd'hui, consacré aux osterie et aux bars de Venise. Le guide d'Ugo Pratt cite aussi pas mal de petits endroits sympathiques. Il y en a donc un grand nombre bien que beaucoup ont disparu ces dernières années. Certaines de ces adresses sont aujourd'hui des lieux trop propres, trop cosmopolites, neutres et sont seulement visités par les touristes. Évitez-les. Il est facile de les reconnaître : menus touristiques en plusieurs langues, photographies des mets en couleurs, pubs pour Coca Cola ou Fanta... Vous aurez beau tendre l'oreille, vous n'y entendrez pas parler en vénitien. En revanche, quand vous entrerez dans les endroits que je vais vous citer - sauf révolution de dernière heure dont on ne m'aurait pas encore informé - vous serez dans un véritable et authentique lieu casalinga. Vous y rencontrerez des vieillards sans âge, des dames élégantes, des hommes d'affaires affairés, des étudiants, quelques ménagères. Tous se connaissent et tous y ont leurs habitudes, saluant la serveuse par son prénom, n'hésitant pas à laisser leurs cabas ou même la poussette du bébé le temps de faire une course ou de bavarder avec la voisine... Les lieux photographiés dans les années 80 que j'ai présenté l'autre jour existent presque tous encore. Quelques-uns n'ont pas changé.
Je profite de l'occasion pour regretter l'une des osterie les plus extraordinaires que Venise ait connu : Il Milione, situé derrière le Théâtre Malibran, à l'entrée de la Corte del Millione, là où se trouvent les vestiges de la demeure de Marco Polo. C'était une grande auberge à l'ancienne. Un grand comptoir en bois, des tables, des chaises et des bancs. Jambons, salamis et saucissons pendus au plafond, une vitrine toujours remplie de délices. Le vin était dans des bonbonnes de verre et d'osier ou dans des barriques. Le prix des plats et les vins disponibles étaient notés à la craie sur des ardoises. Il y avait toujours du monde. Beaucoup d'étudiants. On s'y régalait de jambon cru, de haricots blancs au vinaigre, de sarde in saor, de crustacés ultra frais, de beignets de mozarella, de ragout d'aubergines, et de mille autres cicchetti à vous damner. Le vin était bon et pour 1000 ou 1500 lires, on faisait un vrai dîner de roi bien arrosé (l'équivalent sauf erreur de 9 ou 10 euros). Mais c'était il y a 20 ans. Avant la mondialisation, l'ère berlusconienne et l'invasion des barbares... Il existe toujours mais c'est devenu un restaurant chic qui a voulu garder des airs d'estaminet populaire. Mais ne soyons surtout pas négatifs : la vie reprend toujours le dessus et la joie d'aller de bars en osterie demeure.
Donc deux styles de restauration pour deux moments différents de la journée : les bàcari ("bàcaro" au singulier) pour le soir, pendant la passegiatta et pour boire une petit blanc le matin. Les tavole calde, enoteche et autres osterie pour le déjeuner, entre 11 et 14 heures. Attention, vers 13 heures il y a foule partout !
Osteria Do Mori
Campo Santa Marina 5911.
Campo Santa Marina 5911.
Commençons par une adresse "alternative", un local situé campo San Marina à Castello. Facile à trouver. Cet établissement a plus de deux-cents ans d'existence et plein d'histoire. On y trouve des vins blancs et rouges excellents accompagnés de délicieux tramezzini et de stuzzichini de la tradition culinaire vénitienne. Comme le veut la tradition, on ne peut pas s'asseoir. On entre d'un côté et on sort de l'autre, sur une ruelle latérale. Tradition vénitienne vraie de vraie, comptoirs en bois et grosses barriques poutres en bois . Le lieu parfait pour un casse-croûte rapide et gourmand ou en fin de matinée quelques grignotages avec le spritz.
Rosticerria San Bartolomeo
Calle della Bissa 5424/A
Mais la vedette demeure cette fameuse maison, située à quelques pas de la statue de Goldoni, sur cette place toujours très animée qui forme l'antichambre du Rialto. Depuis de nombreuses années on y trouve des dizaines de plats cuisinés vendus à l'assiette, à consommer sur place, debout ou niché sur des sièges hauts le long de la vitrine, plats cuisinés délicieux qu'on peut aussi emporter. La dénomination "tavola calda" (littéralement : table chaude) exprime bien les caractéristiques de ce genre d'établissement répandu dans toute l'Italie depuis l'antiquité (on en visite à Pompéi). A l'étage, une salle de restaurant vous accueille si vous préférez déjeuner traditionnellement, servis sur une nappe blanche. Vues l'activité et l'affluence au rez-de-chaussée, ne vous y étonnez pas de la lenteur du service. Les prix sont plus que raisonnables bien qu'ayant récemment augmenté d'une manière sensible comme me le signalait une lectrice. Le risotto comme les lasagne sont délicieux, les gnocchi méritent votre attention. Pour de plus rapides encas, le comptoir tout à fait à droite abrite les traditionnels tramezzini et autres panini, des croquettes et des beignets de toutes sortes. Le vin est bon et abordable. Les salades et les viandes sont quelconques. Mais je vous recommande vraiment tous les plats à base de pâtes et de riz...
Calle della Bissa 5424/A
Mais la vedette demeure cette fameuse maison, située à quelques pas de la statue de Goldoni, sur cette place toujours très animée qui forme l'antichambre du Rialto. Depuis de nombreuses années on y trouve des dizaines de plats cuisinés vendus à l'assiette, à consommer sur place, debout ou niché sur des sièges hauts le long de la vitrine, plats cuisinés délicieux qu'on peut aussi emporter. La dénomination "tavola calda" (littéralement : table chaude) exprime bien les caractéristiques de ce genre d'établissement répandu dans toute l'Italie depuis l'antiquité (on en visite à Pompéi). A l'étage, une salle de restaurant vous accueille si vous préférez déjeuner traditionnellement, servis sur une nappe blanche. Vues l'activité et l'affluence au rez-de-chaussée, ne vous y étonnez pas de la lenteur du service. Les prix sont plus que raisonnables bien qu'ayant récemment augmenté d'une manière sensible comme me le signalait une lectrice. Le risotto comme les lasagne sont délicieux, les gnocchi méritent votre attention. Pour de plus rapides encas, le comptoir tout à fait à droite abrite les traditionnels tramezzini et autres panini, des croquettes et des beignets de toutes sortes. Le vin est bon et abordable. Les salades et les viandes sont quelconques. Mais je vous recommande vraiment tous les plats à base de pâtes et de riz...
Calle Longa Santa Maria Formosa, 5225.
Un lieu semblable au Milione, d'autrefois, avec son grand comptoir de bois, ses tables et ses bancs de taverne. Cadre rustique, ambiance vénitienne garantie en dépit de la haute fréquentation des touristes depuis qu'un guide anglo-saxon a repéré l'endroit. On y trouve les meilleurs ciccheti du quartier et le vin servi à la tireuse est très convenable. Il y a parfois un excellent Raboso et je me souviens y avoir goûté l'année dernière un délicieux Moscato d'Alba, inattendu à Venise ( les vénitiens sont aussi chauvins que les bordelais quand il s'agit de vin!). C'est souvent plein, alors si vous passez devant et qu'il y a de la place, allez-y sans hésiter.
Da Zorzi.
Calle dei Fuseri, entre San Luca et San Marco.
Calle dei Fuseri, entre San Luca et San Marco.
Ex latteria (littéralement : "laiterie", boutique où on servait du lait frais, des laitages et des pâtisseries, sorte de salon de lait). Quand je vivais à Venise, Da Zorzi avait deux caractéristiques sympathiques : c'était le seul vrai salon de thé de Venise rempli l'après-midi de dames chapeautées qui n'auraient pas déparé le très chic salon de thé du Ritz de Londres ou Angelina à Paris. C'était aussi un restaurant essentiellement végétarien. Le cadre est resté le même mais la carte a évolué. On y trouve toujours de délicieux légumes ai ferri, des pâtes et risotti de première qualité. Le bar est sympathique et bien situé quand on traîne dans le quartier de San Marco.
Al Bacco.
Cannaregio 3054, Fondamente Cappucine.
Cannaregio 3054, Fondamente Cappucine.
Autre osteria bien connue des vénitiens, située sur la fondamenta la plus typique de Cannareggio. J'y ai habité un peu plus d'un an, tout au bout, juste avant le gymnase et les HLM qui donnent sur la lagune. Quartier pittoresque où vivent beaucoup de pêcheurs et de gondoliers. Al Bacco est toujours rempli de monde et, avant que la loi anti-tabagisme s'impose en Italie, le local était noyé dans le brouillard comme le port de Londres en hiver. Étape agréable quand vous irez vous promener dans le Ghetto et du côté de San Alvise.
Alla Bomba
calle de l'Oca, 4297.
calle de l'Oca, 4297.
Dans ce même quartier de Cannaregio que j'aime beaucoup se trouve la Bomba. Une petite rue, une vieille bâtisse qui semble surgir des temps les plus reculés de la Sérénissime. C'est surement l'étroitesse de la ruelle qui fait cet effet. Ambiance typique là aussi et clientèle locale à 100%.
Paradiso Perduto
Fondamenta della Misericordia, 2539.
Toujours dans le quartier, ne manquez pas ce paradis perdu. Un haut-lieu de la vie nocturne. Une véritable institution, au même titre que le Florian ou le Harry's Bar. Clientèle d'étudiants, de jeunes vénitiens. Feu de cheminée en hiver et tables au bord du canal à la belle saison (soit pratiquement de mai à octobre). Très bonne musique en live et ambiance parfois chaude, genre fêtes de Bayonne. Mais cela fait partie aussi de l'institution.
Fondamenta della Misericordia, 2539.
Toujours dans le quartier, ne manquez pas ce paradis perdu. Un haut-lieu de la vie nocturne. Une véritable institution, au même titre que le Florian ou le Harry's Bar. Clientèle d'étudiants, de jeunes vénitiens. Feu de cheminée en hiver et tables au bord du canal à la belle saison (soit pratiquement de mai à octobre). Très bonne musique en live et ambiance parfois chaude, genre fêtes de Bayonne. Mais cela fait partie aussi de l'institution.
Busa alla Torre.
Campo Santo Stefano 3.
Lorsque vous serez à Murano, après la visite de l'église, du musée et des verriers, c'est une étape agréable. je n'y suis allé qu'une fois, mais si je me souviens bien, il y a une petite terrasse bien confortable et très calme.
Bon la liste est longue et pourrait devenir fastidieuse, je vais réfléchir à un moyen de vous la communiquer qui soit efficace et sans prétention. Un petit guide papier en souscription ? Nous y songeons à Tramezzinimag... Le choix des lieux n'engage que moi et ma gourmandise. Si mes lecteurs ont des suggestions et des recommandations, ou encore mieux des noms de lieux qu'il vaut mieux éviter désormais, qu'ils n'hésitent pas. En attendant, bon week-end à tous. Ici, il s'annonce venteux et pluvieux. Mais un ciel bleu semble vouloir faire son apparition. Il fait doux. Ballade à l'océan en perspective pour de nombreux bordelais. Mes amis vénitiens partent voir si la neige est au rendez-vous du côté de Cortina. Les veinards. Une de mes fille, guide marine, part en camp scout, l'aînée révise un concours blanc pour hypokhâgne, mon fils répète au Conservatoire les pièces de chant choral qu'ils donneront en juin et la petite dernière reste avec son papa pour mijoter de bons petits gâteaux pour le thé. Il y a aussi le vieux castelet de marionnettes à finir de restaurer et certainement mille autres trucs à faire. Un week-end bien chargé.
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