06 juin 2007

La première femme diplômée au monde était vénitienne.

 
Le saviez-vous ? La première personne de sexe féminin à avoir bravé règles et traditions en poursuivant un cursus universitaire et en briguant un diplôme jusqu'alors exclusivement réservé aux hommes était une jeune patricienne de Venise, Elena Lucrezia Cornaro Piscopia. Elle fut nommée docteur en philosophie et en théologie à l'Université de Padoue en 1678.  

Née à Venise en 1646, dans l'illustre famille des Cornaro (dont l'autre femme illustre est la fameuse reine de Chypre, Caterina Cornaro), connue à Venise pour avoir donné des doges, des amiraux, des cardinaux et de nombreux sénateurs. Depuis sa plus petite enfance, elle était réputée pour son intelligence très vive. Le père de la jeune fille lui donna le meilleur enseignement possible à Venise à l'époque.

Elle reçut des leçons avec d'illustres précepteurs dans un grand nombre de matières : langues, latin et grec, mathématiques. C'est le mathématicien et philosophe padouan
Carlo Renaldini ou Rinaldin qui lui enseigna des notions très approfondies de mathématiques et l'orienta vers l'étude approfondie d'Aristote. Elle parlait français, espagnol, arabe et hébreu. Elle a écrit plusieurs ouvrages fort cotés en leur temps.

Très gravement malade, Elena Cornaro, docteur de l'Université à 32 ans, mourut à Padoue le 26 juillet 1684, après avoir renoncé au monde en rentrant chez les bénédictines. Elle n'avait pas trente-huit ans. On peut voir sa sépulture dans l'église Santa Giustina de Padoue. Une statue rappelle son exploit à l'université de Padoue dont elle fut la première élève. Un médaillon de marbre la représente sur la façade de l'Hôtel de ville de Venise, à l'origine le palais de la famille Cornaro.

Elle provoqua un scandale lorsqu'elle sollicita l'autorisation de passer sa licence de théologie pure. Impensable pour une femme répondirent les responsables religieux. Mais devant sa détermination et la qualité de ses compétences, ils l'autorisèrent à se présenter en section de philosophie avec ce qu'on appellerait aujourd'hui une option Théologie. L'honneur était sauf pour l’Église et la jeune femme apte à s'instruire dans les domaines qu'elle affectait. Encore un domaine où Venise fut précurseur !

On possède peu d'écrits de sa main, Elena Cornaro ayant demandé par humilité, que soient détruits se manuscrits et ses notes à sa mort.

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