Madeleine Peyroux chante "the summer wind". Devant la maison, deux jeunes garçons s'amusent avec leur skate. Ils ressemblent à mon fils. Lui, le skate ce n'est pas vraiment son truc. Il est en haut, les yeux rivés à son écran d'ordinateur, jouant à Dofus où il est tout à tour marchand, artisan ou chevalier. La rumeur de la foule qui passe est atténuée par le mur qui nous sépare de l'école voisine. Toutes les fenêtres sont ouvertes. Le jardin embaume, le jasmin et les vieilles roses, l'herbe fraîchement coupée, les massifs de fleurs du voisin. Le ciel est d'un bleu limpide, sans un nuage. Il fait bon. Ce sera bientôt le retour, la rentrée.
Mes filles bouquinent sur la terrasse. Le thé bien chaud est servi, avec les biscuits et ces délicieux macarons de Rosa Salva, sur la vieille table un peu rouillée du jardin. Il ne manque que notre bon vieux chat resté en France. Nous sommes en ville, avec cette sensation d'être vraiment au centre de quelque chose d'unique et de fondamental. Pourtant nous pourrions être dans n'importe quel jardin de campagne, tant le nôtre ici est sauvage et commun. Mais, contrairement à la ville normale, ici il n'y a pas ce bruit permanent, celui des moteurs de voitures, des klaxons, qui dérange et obsède. Ni cette odeur infecte que laissent derrière elles les automobiles.
Oui vraiment, même sans sortir de chez nous, vivre à Venise a quelque chose d'unique et de différent. Deux voisines bavardent derrière le mur. L'une est la concierge de l'école avec qui je parle souvent. Joie d'entendre ce dialecte vénitien dont je ne comprends pas tout. Cette intonation sans pareille.
Nous sommes à Venise, il est presque dix huit heures et la vie passe, tranquille. A deux pas les touristes vont et viennent. Devant la maison les deux garçons s'amusent avec leur skate et rient aux éclats. Jean est venu nous rejoindre dans le jardin. Alix sert le thé, Margot a posé son livre et son visage radieux qui me sourit efface la souffrance de ces dernières semaines. Notre jardin à Venise, une parenthèse dans ce temps de rupture, terrible maelström dans lequel nous sommes tous précipités... Madeleine Peyroux chante doucement "the summer wind".
Écrit à la Toletta, juillet 2007
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