04 octobre 2007

Venise en travaux


De tout temps, les vénitiens devaient prendre eux-mêmes en charge le nettoyage des canaux et des rives. régulièrement les riverains effectuaient ce travail qui évitait l'envasement et les eaux stagnantes et saumâtres. C'est ainsi qu'avec le renouvellement des marées, si on ne pêchait plus depuis longtemps du haut de son balcon, on pouvait sans craindre la poussée de pustules eczémateuses, se baigner dans l'eau verte des canaux. Les enfants ne s'en privaient pas qui plongeaient du haut des ponts pour se distraire et puis pour amuser aussi les passants et les voyageurs contre quelques piécettes. Il aura fallu attendre plus de cent cinquante ans pour que la Magistrature des Eaux impose le curetage et le dragage des rii de la ville. Cela se fait année après année. On en profite pour refaire les réseaux de câbles et de canalisations, pour restaurer les fondations des bâtiments, des quais et des ponts. Finalement à voir travailler les ouvriers chargés de ce nettoyage mais aussi de ces rénovations, on se rend compte qu'en dépit de la mécanisation des tâches effectuées, le travail reste le même. Pendant des années on a cru, au nom du sacro-saint mythe du progrès, que les techniques modernes valaient toujours mieux que les procédés antiques. 
Mal en a pris les vénitiens (et surtout les italiens parachutés dans les administrations vénitiennes qui eurent en charge le dossier restauration) : on a vu par exemple que les briques de fabrication industrielle qui ont servi jusque dans les années 80 ne se conservaient pas très longtemps et attiraient des champignons qui s'attaquaient ensuite aux parties anciennes des bâtiments. En revanche la brique cuite au feu de bois et faite des matériaux identiques à ceux employés depuis toujours par les maçons vénitiens résiste parfaitement aux intempéries et à ces bactéries. La pierre d'Istrie, dure et résistante à l'eau ne peut être remplacée par aucune pierre de synthèse ou d'une autre provenance. Elle est totalement imperméable et sa densité convient parfaitement au contact prolongé avec l'eau de la lagune. Les bois des palli ne peuvent être remplacés par d'autres essences car le résultat n'est pas le même en terme de solidité par exemple. On ne le dira jamais assez, à Venise comme ailleurs : le passé a beaucoup à nous enseigner et demain n'existera pas sans une bonne connaissance d'hier. C'est valable pour tout, j'en suis convaincu...
1 commentaire:
condorcet a dit…
Votre conclusion me remplit d'allégresse, mon cher Lorenzo, car le souci du temps devient par trop évanescent : vous avez bien raison d'en réaffirmer tout l'intérêt.

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