02 janvier 2008

Enquête : où en sont les prix à Venise ?

Une enquête réalisée récemment à la demande de la municipalité compare les prix pratiqués aujourd'hui dans les bars à ceux en vigueur lors du passage à l'Euro. Le billet où je citais la brûlerie de Cannaregio - qui sert un excellent expresso pour 80 centimes sans que le patron (la patronne en l'occurrence) soit particulièrement militant ou l'entreprise perpétuellement en déficit -, ce billet donc a suscité la réaction d'un lecteur qui m'a dit n'avoir jamais payé son café moins de 1,50€ lorsqu'il était en Italie et me demande de parler du prix des denrées courantes.

J'ai donc interrogé les statistiques municipales récentes. C'est édifiant. Un peu comme partout en Europe dans la zone Euro. Mais le propos n'est pas de faire de politique bien qu'il serait tant de se pencher sur les "bienfaits" (les méfaits) de cette Europe qu'on nous impose malgré nous et qui ne ressemble en rien à ce qu'on aurait aimé ou espéré... A un moment où en France on piétine la volonté populaire qui a majoritairement - et en toute connaissance de cause quoiqu'en disent journalistes et politiciens de tous bords - rejeté le projet constitutionnel, en cherchant à imposer un nouveau traité qui reprend mot pour mot le texte refusé par les français, je trouve intéressant de se pencher sur le panier de la ménagère vénitienne. A Venise, on a souvent envie de crier "cher petit déjeuner" et cela n'a rien à voir la plupart du temps du moins avec le plaisir qu'on prend à ce premier repas du jour... Une étude portant sur l'évolution des prix dans les bars de la ville montre une augmentation des prix de 10 à 20% en deux ans, entre octobre 2005 et octobre 2007 ! Entre ces deux périodes, les bars du centre historique ont augmenté leurs prix d'une manière assez significative : le café est passé en moyenne de 75 à 82 centimes, soit près de 10%, le cappuccino de 1,03 euro à 1,12 euro (12%), le croissant (appelé ici "brioche") a fait un bon de 20% en passant de 69 centimes à 82 centimes ! La traditionnelle colazione du matin, café-croissant, passe ainsi de 1,44 euro à 1,64 euro... 

Cela n'a l'air de rien, mais c'est une augmentation conséquente qui n'a pas vraiment d'explication logique d'après les services concernés.Mais ce n'est pas tout. Nous revoilà dans notre bar favori à l'heure du déjeuner. Les toasts (croque-monsieurs) et les panini (sandwiches), de plus en plus choisis à la place du repas familial ou du restaurant classique, par manque de temps ou d'argent, ont pris une majoration de 25% et les tramezzini 22% ! Il est vrai que les produits de base qui rentrent dans leur fabrication, comme le pain par exemple, coûtent plus cher et les patrons des bars doivent suivre pour tenir le coup. Mais les boissons aussi augmentent : les apéritifs prennent 21,89%, les boissons non alcoolisées 17,06%, la bière 16,02%, les sirops 13,48%, les jus de fruits 8,87% et le thé 8,33%...Mais d'où viennent ces augmentations. Les matières premières ont considérablement grimpé bien sur, comme le café, la farine, les œufs, le beurre, provoquant une réaction en chaîne qui pénalise le consommateur. Mais il n'y a pas que ça, les contraintes administratives et les nouvelles réglementations venues de Bruxelles sont aussi responsables de cet "alignement" vers le haut. L'électricité, le gaz, l'eau aussi y sont pour quelque chose. Les taxes grimpent à leur tour. Dans le prix de la tasse de café, en plus du café et de l'eau, il y a le coût de la machine, le courant pour la faire fonctionner, le salaire du serveur. C'est la loi du marché dit-on au consommateur effaré de voir son porte-monnaie se vider aussi vite alors qu'il n'a rien changé à ses habitudes. En fait, tous les prétextes sont bons, surtout dans le centre historique, pour arrondir les prix à la hausse. Au moment du passage à l'euro, le café à Venise coûtait 70 centimes. 15 centimes en aussi peu de temps ne vous paraît-il pas excessif ? D'autant que la tradition et les usages font du café un produit de haute consommation en Italie. La montée des prix se fait sentir en fin d'année sur le porte-monnaie du consommateur. On ne peut envisager d'en réduire l'usage et la consommation. Alors le service des statistiques et de la recherche (équivalent de notre observatoire des prix) a lancé ce conseil : "goûtez-le bien votre cher café, buvez-le lentement et n'en laissez pas une goutte".
Au marché souvent les prix ont changé parce que, normes européennes obligent, de plus en plus de produits ne viennent plus des environs immédiats mais de tous les coins d'Europe. Ainsi, avec la baisse de qualité des fruits et des légumes on observe une augmentation des prix. A titre d'exemples, voici quelques prix relevés en décembre à Venise, sur un étal normal (je veux dire non réservé aux touristes) : tomates : 3,50 euros le kilo (contre 2,49 à Chioggia, à titre d'information), courgettes, 2,60 euros, brocolis 2 euros, salade 1,60 euro, chou-fleur 2 euros, oranges 2,40 euros et mandarines 2 euros. A Murano, un paysan de Mazzorbo vend sur sa barque de belles salades à 80 centimes, des carottes à 60 centimes le kilo et de splendides courgettes à 1 euro... Mais là-encore ne polémiquons pas. Nous vivons une époque moderne comme disait Philippe Meyer à la radio !Mais libre aux peuples de s'interroger sur la viabilité de cette Europe ultra-libérale que les technocrates européens sont en train de nous imposer... Le réveil sera douloureux. C'est à craindre !

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