28 août 2009

Lasciamo stare !

A titre de boutade et puisque mon article sur le manque de tenue des touristes à Venise a suscité des réactions parfois négatives, voici des photos prises au hasard dans ma photothèque pour confirmer ce qu'écrivaient certains de mes lecteurs : les vénitiens aussi sont parfois peu habillés en été. Il y a les ouvriers qui travaillent plus aisément torse nu, les jeunes qui s'amusent à sauter des ponts du côté de San Alvise, d'autres jeunes qui font du skate près des entrepôts désaffectés à la Giudecca... Pourquoi ne pas prendre ses aises, c'est vrai. Tant que cela ne sent pas les odeurs de poireaux dont parlait Paul Morand dans Venises (cité par Condorcet dans son commentaire) ! Mais le manque d'humour du billet relayant l'information envoyée par le service de presse de la Municipalité a été mal pris par nombre d'entre vous. 
 
Il était la transcription de l'état d'esprit de l'avocat Salvadori qui dirige cette croisade anti-relâchement qui n'est pas spécialement connu pour son grand humour ! C'est aussi parce que, à la difficulté qu'il y a pour ce qui reste de vénitiens à se frayer une vie normale dans leur ville envahie par des hordes de touristes au comportement souvent aberrant, répond de plus en plus une attitude agacée, souvent hostile dont je voulais ainsi donner l'explication. 
 
Je vous assure qu'il est difficile de recevoir soudain dans son magasin une masse de gens (jeunes ou moins jeunes) très excités, en tongs et torse nu, casquette sur la tête, parlant très fort une langue qu'elle ne parle pas forcément, qui se répandent comme un essaim de guêpes sans dire le plus souvent un "bonjour, pouvons-nous entrer ?" qui serait de simple politesse, touchent à tout et repartent aussitôt tous ensemble, sans un mot mais en riant et en chahutant... Certes, le client est roi mais bien des commerçants sortent aussitôt une bombe de désodorisant tellement les odeurs parfois sont fortes. On peut en rire une oud eux fois, mais cent fois par jour, cela devient lassant. 
 
Mais je ne veux pas reprendre la polémique. Supporter la «différence» est aussi une question de politesse, de courtoisie et de savoir-vivre. A ma connaissance, peu nombreux sont les vénitiens qui manquent d'égard aux visiteurs. Après tout, on peut penser qu'en dépit de leur manque de tenue, de leur lassitude affichée devant l'écrasante chaleur de l'été vénitien, ils aiment ce qu'ils voient et que leur visite même désordonnée et sans correction, reste un hommage à la plus belle des villes ! Alors, «lasciamo stare !*»
* : littéralement : laissons tomber.
7 commentaires:
Douille a dit…

Je suis un fan de Venise, je ne me promène pas torse-nu et pourtant j'ai déjà été mal accueilli dans des établissements... Parce que j'ai eu du mal à assimiler la logique de l'établissement (payer le sandwich à une caisse pour recevoir un ticket qu'on tend à l'autre comptoir)...

Pour ce qui est des torses-nus: que les commerçants ne fassent pas leur vierges effarouchées... Ça fait 50ans que la ville fait tout pour devenir un nid à touristes... D'ailleurs bon nombre vendent des articles pour touristes et il faut reconnaître que c'est LE commerce ou on rencontre des olibrius...

Pour ce qui est de l'odeur, il y a peut-être des gens sales mais il a aussi certainement des gens peu habitués à une telle chaleur...

Lorenzo a dit…

Nous sommes bien d'accord, ami lecteur, et il ne fallait vous sentir particulièrement visé par mes allusions aux critiques - toujours positives puisqu'elles permettent d'aller de l'avant - de certaines personnes ! Quant aux odeurs c'était de l'humour. Tout cela montre bien la complexité du problème de Venise. Comment satisfaire tant de besoins tellement opposés et préserver la ville qui n'appartient plus seulement aux vénitiens mais fait partie de notre patrimoine à tous ? Comment ne pas tomber dans un élitisme façonné par l'argent qui laisserait de côté les moins bien lotis ? Comment éviter les débordements, les erreurs... Ce n'est pas une mince affaire.

douille a dit…

Pour moi le problème vient en grande partie de la mentalité italienne... Sans vouloir être raciste: il faut reconnaître qu'en Italie on brique sa maison à fond, mais on est pas géné d'un tas d'immondices devant sa maison... Ce qui n'appartient pas à quelqu'un de précis n'appartient à personne... J'ai encore remarqué ça lors de mon séjour à Turin, Pourtant ville riche et très "vive le nord on est les meilleurs" alors que franchement y a pas de quoi être fiers...

Bref, c'est un peu l'opposé de la Suisse par exemple ou là ce qui n'appartient à personne appartient à tout le monde... je pense qu' à cause de cette "mentalité", il doit être nettement plus difficile de "résister" à l'invasion...

Anne a dit…

Douille, je voudrais vous dire que les Italiens sont extrêmement honnêtes; on peut avoir confiance en Italie bien plus qu'à Paris, par exemple. Quant à la tolérance et à la courtoisie des Italiens, ce ne sont pas de vains mots. Je suis désolée pour vous si vous avez vécu de désagréables expériences. Les miennes n'ont été qu'un perpétuel enchantement et je trouve que les Italiens pourraient donner des leçons de civilité à bien des Français. J'espère que vos prochains séjours en Italie vous réconcilieront avec ce merveilleux pays et ses charmants habitants.
Anne

douille a dit…

Je suis allé de nombreuses fois déjà en Italie... J'ai été très bien reçu dans certain endroits et très mal dans d'autres, le problème est que la balance penche plutôt du côté du "mal"... Ou plutôt quand on est mal reçu, ils ne font pas les choses à moitié...

Par exemple à Turin, J'ai rencontré des gens très sympas... Certainement plus que quand je suis allé à Paris...

Agnès a dit…

Quand on va "ailleurs", on respecte les règles de l'ailleurs. Si on ne supporte pas de devoir changer ses habitudes, il vaut mieux rester chez soi. On a tous de bonnes et de mauvaises expériences des endroits que l'on visite. L'Italie a toujours été pour moi une très bonne expérience. N'oubliez pas de sourire aux autres ...ça change tout.

Lorenzo a dit…

L'incivilité, le manque de respect, la malpropreté sont des maux le plus souvent liés à des malaises plus profonds que notre pauvre occident n'arrive pas à assumer ni à régler. La saleté et la puanteur de certains quartiers de Calcutta ou de Delhi n'enlèvent rien à la gentillesse des indiens et leur sourire est aussi grand que leur misère. La Suisse a de belles rues bien propres mais combien de choses sales derrière les façades. On ne peut pas généraliser ni en bien ni en mal ce que notre expérience nous a fait découvrir. J'ai autant honte des voyous bordelais que de ceux de Venise, de Lausanne ou de Munich. En tant qu'être humain face à d'autres êtres humains. J'ai été volé à Genève, à Turin, à Paris. Jamais encore à Rome, à Naples, à Taormina ou à Patras. J'ai dormi à Istambul dans une chambre d'hôtel dont la porte ne fermait pas et on ne m'a pas volé. J'ai été délesté d'un appareil photo et de mon portefeuille une nuit dans un bon hôtel de Strasbourg. Cela ne veut rien dire. Ce n'est pas parce qu'il a fait des expériences négatives que Douille n'aime pas l'Italie. Ce n'est pas non plus parce qu'on aime un pays qu'on ne peut pas voir ses défauts et des désagréments. Les vénitiens sont les premiers à reconnaître l'incivilité de certains de leurs jeunes, le manque de cordialité de certains de leurs commerçants, le manque de civisme de ceux qui balancent leurs ordures dans les canaux comme au Moyen-Age on jetait ses détritus par la fenêtre si possible au moment où passait un bourgeois...

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