Combien il est merveilleux de pouvoir écrire et de prendre en même temps le soleil, assis devant un café macchiato bien parfumé, un deux décembre... Le soleil très haut sur la lagune inonde la ville d'une lumière assez crue, presque blanche, comme embrumée. A l'horizon, les lignes et les profils de toutes les îles et de leurs églises se dessinent parfaitement. C’est un véritable moment de plénitude qu'illustre parfaitement ce bel aria de Caldarà que j'écoute en sirotant mon café, face au bassin de Saint-Marc. Les senteurs sucrées de la vieille glycine qui fait le charme de cet endroit, ont laissé la place aux parfums un peu âcres des feuilles mortes et de l'herbe fraîchement coupée. En passant tout à l'heure devant le monument de la partisane d'Augusto Murer, le bronze brillant maculé de mousse, léché par l'eau de la lagune, j'ai repensé à ceux qui sont morts à cet endroit parce que d'instinct ils avaient compris que leur vie valait moins que la liberté des leurs. Descendus des montagnes, ces gens simples, souvent très jeunes, ont été fusillés sur cette rive baptisée aujourd'hui Riva dei Martiri. L'installation de Murer et Scarpa doit sans cesse rappeler à l'humanité que la liberté est un combat permanent. Le serveur du café écoute la radio en sifflotant. Je suis le seul client de la terrasse jardin. Devant moi, l'un des plus beaux spectacles du monde. Et le soleil, la lumière blanche, la brume au loin. Le délicieux parfum d'un café chaud. Mon carnet... Le paradis en ce deux décembre.
2 décembre 1984, Venise, Café del Paradiso.
(Journal 1981-1985 - Extrait)
(Journal 1981-1985 - Extrait)
4 commentaires:
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Merci pour ce beau souvenir qu'on croirait presque chuchoté en confidence par les statues de votre photo.
Anne
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bonsoir, Lorenzo, je me joins à vous pour le petit machiatto, je vous
laisse à votre carnet pour un nouveau billet, je profite seulement du
Paradiso de ce 2 décembre ....
bonne nuit
Danielle
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Je viens, j'en suis, je reviens !!
MERCI pour le partage, comme cela nous y sommes...en toute discrétion, laissant chacun à son bonheur d'être seul à cette terrasse.
Tout ce que j'aime.
Lôlà
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Je rentre de Turin...le retour est toujours difficile après ces instants
de bonheur passés auprès de mes amies italiennes...un bel extrait,
merci et à bientôt.
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