Avouez
que, même aux heures de pointe - hélas la foule des hommes d'affaires,
des écoliers et des ménagères a été remplacée par les hordes de
touristes - utiliser les transports en commun à Venise demeure un
bonheur. Le rythme, les bruits, les odeurs et ce paysage unique au
monde. J'ai le souvenir de ces soirs d'hiver où, revenant de la galerie
où je travaillais, j'aimais m'asseoir dans la cabine au milieu des
vénitiens fatigués comme moi de leur journée. Dehors la nuit tombée
rendait tout plus mystérieux. Quelques touristes seulement, restés
debout sur le pont, remplissaient leurs yeux de toute cette beauté au
milieu de laquelle les vénitiens vivent depuis toujours. Sur les
banquettes, tout un monde se côtoyait, des religieuses, des écoliers, de
vieux messieurs plongés dans la lecture d'un journal du soir, des
étudiants, des ouvriers, quelques dames bien habillées se rendant à un
dîner ou au théâtre... A Bordeaux quand je suis dans le tramway, ou à
Paris dans le métro, il m'arrive de fermer les yeux et d'imaginer le
vaporetto bondé, cette linea 5 que j'ai pris chaque jour pendant plusieurs années. Des sons et des odeurs ressurgissent alors pour mon plus grand bonheur.
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1 commentaire:
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Lorenzo, votre article m'évoque un souvenir agréable. Alain et moi avions assisté à un concert romantique dans un palais vénitien où le ténor avait particulièrement bien interprété son rôle et, quelques minutes après, nous l'avons retrouvé sur le vaporetto, en vêtements ordinaires, l'attitude anonyme parmi les autres passagers. Cela fait s'interroger sur l'histoire de chaque passager d'un vaporetto...
Anne
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