Moi qui peine depuis plus d'un an sur la parution d'un modeste opus réclamé à corps et à cris par les lecteurs de Tramezzinimag, je suis ébahi par l'arrivée d'un nouvel éditeur. Bordelais monté à Paris, l'homme n'est pas le premier venu. Après le Castor Astral, il devient le directeur littéraire des Éditions Zulma, dont il est un des fondateurs. Il vient de publier un texte superbe, "Le voyage du poète à Paris", en lice pour le Prix Renaudot 2011.
Mais il trouve aussi le moyen de lancer une nouvelle maison d'édition à
son nom, et devinez quel est le sujet du premier titre de la maison ?
Venise évidemment avec un recueil de nouvelles de Dominique Paravel qui
se lit d'un trait, comme un envoûtement. L'auteur a plongé sa plume dans
l'eau saumâtre des canaux et nous conte au fil des pages une Venise
pleine de violence et d'angoisse. Mais jamais rien de mortifère si ce
n'est l'indubitable vérité, celle qui nous ramène à notre état fragile et
éphémère. Les femmes et les hommes de ce livre se frottent à une réalité
qui les écrase et les fait vivre à la fois. Venise est l'héroïne de ces
pages, le fil conducteur qui permet de lire chacun des textes comme on
lit un roman chapitre après chapitre. Et on se régale de cette langue
âpre, directe et sans masque. Bienvenue aux Editions Serge Safran.
Curieux
hasard, mais le hasard existe-t-il vraiment, qui fait jaillir, pratiquement en même temps que le roman de Safran et les nouvelles de la Dame Paravel,
le flamboyant « Ce qu'aimer veut dire» de Mathieu Lindon - certainement le plus beau texte de l'année, terriblement fort et émouvant -, et la sortie du purgatoire des textes d'Hervé Guibert que la jeune génération va découvrir enfin.
Vous
pouvez imaginer le délice que va être ce dimanche... Le soleil qui
brille, un vent léger et parfumé qui porte dans la maison, l'odeur des
tilleuls, les oiseaux dans les arbres. Une tasse de thé après un verre de l'excellent Moscato d'Asti des amis Batasiolo, et des livres, plein de livres : Paravel, Safran Lindon, Guibert, mais aussi Paul Auster, le texte sur Cassavetes de Maurice Darmon et deux livres retrouvés dans mes cartons : «Avec Mon meilleur souvenir», et sa suite «Et Toute ma sympathie», peut-être le meilleur de Françoise Sagan depuis «Bonjour Tristesse». Bon dimanche à vous aussi.
Nouvelles vénitiennes
Dominique Paravel
Éditions Serge Safran, 2011
Dominique Paravel
Éditions Serge Safran, 2011
Le voyage du poète à Paris
Serge Safran
Éditions Léo Scheer, 2011
Serge Safran
Éditions Léo Scheer, 2011
Ce qu'aimer veut dire
Mathieu Lindon
Éditions P.O.L., 2011
Mathieu Lindon
Éditions P.O.L., 2011
Fou de Vincent
Hervé Guibert
Éditions de Minuit , 1989
Hervé Guibert
Éditions de Minuit , 1989
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie
Hervé Guibert
Éditions de Minuit , 1990
Hervé Guibert
Éditions de Minuit , 1990
Le Carnet rouge
Paul Auster
Éditions Actes Sud, 1993
Paul Auster
Éditions Actes Sud, 1993
Pour John cassavetes
Maurice Darmon
Éditions Le Temps qu'il fait, 2011
Maurice Darmon
Éditions Le Temps qu'il fait, 2011
Avec mon meilleur souvenir
Françoise Sagan
Éditions Gallimard, 1984
Françoise Sagan
Éditions Gallimard, 1984
Et toute ma sympathie
Françoise Sagan
Éditions Gallimard, 1993
Françoise Sagan
Éditions Gallimard, 1993
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Serge