02 mai 2012

"Gelido in ogni vena", Vivaldi chanté par Cecilia Bartoli


En relisant mes notes sur l'Ospedale della Pietà, j'ai eu envie d'écouter ce magnifique disque enregistré par la grande Cecilia Bartoli, The Vivaldi Album, paru il y a un certain temps déjà (en 1999 !) chez Decca. Une merveille que tous les amateurs de musique baroque connaissent. Tout est beau dans ce disque. Avec l'enregistrement du Nisi Dominus de James Bowman, les Gloria et Magnificat dans la sublime version de Riccardo Muti avec la grande Teresa Berganza, c'est un des plus extraordinaires enregistrements consacrés à la musique du prêtre roux. Dans son Dictionnaire amoureux de Venise, Philippe Sollers décrit parfaitement la beauté émouvante de cette musique et le portrait qu'il dresse de la cantatrice est totalement justifié par ces images. Qui disait si bêtement qu'Antonio Vivaldi avait passé sa vie à écrire le même concerto ?

Il m'est impossible de parler de Vivaldi sans évoquer la mémoire d'Olga Rudge et d'Ezra Pound. Sans eux, le compositeur serait considéré à l'aulne de ce qu'en a écrit Goldoni dans ses mémoires, ("un bien médiocre compositeur", sic). Johan Sebastian Bach lui, qui avait transcrit nombre de pièces du vénitien, ne s'y était pas trompé : Vivaldi est un grand compositeur, un poète et un précurseur. Son œuvre est mystérieuse comme sa vie. Ce qui est évident, c'est le rôle de Venise, de la lagune, de cette ambiance unique, dans l'inspiration du musicien. Quand on tend l'oreille - et le cœur - à l'écoute d'une de ses pièces, c'est la lumière, les odeurs, les sons de Venise qui surgissent soudain. Et puis cette musique divine ramène toujours le soleil et une sérénité joyeuse... 

Cet aria, Gelido in ogni vena (« Chacune de mes veines se glace »), extrait de Farnace, est en fait une citation d'un texte de Metastasio écrit pour Siroe, cantate du compositeur napolitain Leonardo Vinci, représentée en 1726, que le librettiste a repris dans l'opéra de Vivaldi

4 commentaires:


Gérard a dit…

Un joli article !
Il faut toujours pour le grand Antonio à chaque fois remettre l'ouvrage sur le tapis tellement il fut vilipendé , maltraité , etc , etc , ....
Perso , " La Stravaganza " ou " La notte " , et ce , dans la nuit froide et noire de la Sérénissime .
La clarté cristalline de son violon , de sa flûte , telle qu'elle est parce qu'il l'a voulue ainsi , suspendue au milieu de l'orchestre , nous guide , on la suit dans le dédale de partout : elle nous envoûte à tout jamais , son but .
Il percevait les sons , et les sens , comme peu .
Et nous les rend , 3 siècles après , merveilleusement intacts .
Un vrai artiste authentique , en somme !
Sa plus belle qualité .
Une individualité immortelle .
Et bien sûr , par là , très très précieuse .

kate.rene a dit…

Celui qui disait bêtement que Vivaldi avait passé sa vie à écrire le même concerto était Igor Stravinsky !

Anonyme a dit…

SUBLIME ! Comme Venise.
Merci Lorenzo.
Gabriella

Lorenzo a dit...

Il y a encore des musiciens, baroqueux pour la plupart à ma grande surprise, qui font leur la perfide flèche de Stravinsky - qui n'est ni à son honneur ni au leur ce me semble - mais il faut rappeler qu'à l'époque où le musicien russe disait cela, on connaissait de Vivaldi peu de choses et toujours les mêmes qu'on ne savait jouer qu'à la manière pompeuse du XIXe avec des instruments à un diapason bien différent de celui de l'époque du prêtre roux !

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