Beaucoup de mes lecteurs s'insurgent parfois du caractère négatif de certains des billets de TraMeZziniMag.
Le constat quotidien de la perte d'âme est douloureux pour ceux qui,
vivant à Venise ou la considérant comme leur patrie de cœur. cependant,
il ne fait pas de nous des réactionnaires aigris. Au contraire.
Seulement, lorsque la plupart des médias - cela dure depuis des siècles -
tendent à véhiculer une vision orientée des événements où tout n'est
pas bon à dire, j'estime que nous devons dire la vérité. C'est une chose
vitale pour la liberté. La phrase de monsieur de Beaumarchais,
"Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres" devrait être le
serment prononcé par tous ceux qui font profession d'informer.
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Dire que les tagueurs sont
des iconoclastes dangereux fait ricaner. Avoir dépassé le demi-siècle et
dire cela de jeunes gens vigoureux qui inventent le monde de demain est
pour beaucoup un crime de lèse-majesté. Surtout ne critiquons pas notre
belle jeunesse. Pourtant ces writers comme on les a baptisé,
commettent par la laideur de leurs graffitis un crime contre la beauté.
Leurs graffitis n'ont rien à voir avec l'Art Urbain, le street art,
qui s'il investit les mêmes supports dans les villes, est avant tout
une démarche esthétique, une posture artistique qui le plus souvent
s'intègre bien aux lieux où il est apposé, ne les défigure ni les
endommage et constitue une forme reconnue d'activité artistique. Ces
pochoirs et autres collages ont une durée de vie volontairement limitée.
Ils expriment, souvent avec beaucoup d'humour, un message, personnel ou
générique, où l'humour et la beauté sont toujours présents. Ce n'est
hélas jamais le cas de ces tags sauvages. Rien à voir avec le sympathique collage ci-dessous qui ne nuit en rien à l'harmonie des lieux.
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Photographie : © Eric Ségelle - Tous Droits Réservés. |
En attendant, le Gazzettino s'en faisait l'écho hier ou avant-hier : la guerre aux murs souillés est déclarée et Tout l'arsenal répressif est en route, mais s'il est satisfaisant de savoir que l'autorité publique a enfin pris la mesure du défi, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte c'est qu'on permette enfin aux visiteurs comme aux quelques vénitiens qui restent de ne pas être partout et à tout moment, confrontés à ces tags hideux, signatures hiéroglyphiques bizarroïdes qui servent à marquer le territoire de ces ersatz de révoltés comme en usent les canidés avec leur urine. Retrouver une ville certes décatie dans bien trop d'endroits, mais qui demeure le vivant manifeste de l'amour des hommes pour la beauté, leur participation à la transcendance.
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L'annonce
de cette guerre ouverte officiellement a été accueillie avec joie par
les vénitiens. (un vieux gondolier connu pour ses saillies, s'est écrié
dans son bar favori en lisant le journal "Tiens, ça y est enfin, la chasse est ouverte !").
Les contrevenants pris sur le fait seront traduits devant les tribunaux
pour dégradation récidivante et les peines seront lourdes. En
attendant, tous à nos éponges, nos brosses et nos pinceaux pour nettoyer
les façades et faire oublier cette laideur !
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