Un
ami vénitien me disait ce matin au téléphone qu'il n'avait jamais vu
une nuit du Rédempteur aussi décharnée que celle de cette année. Cette venezianità qui
fait les délices des vénitiens, de sang ou de cœur - et le régal des
voyageurs qui savent combien s'imprégner des us et des coutumes d'un
lieu a d'importance - a été bien malmenée.
D'abord par notre concitoyen, le milliardaire Pinault
qui avait fait interdire la Pointe de la Douane au public ce soir-là ( !
) parce qu'une fête privée était organisée dans les locaux dévolus à sa
Fondation d'Art contemporain. La Pointe de la Douane, vous imaginez ?
Un lieu mythique où il est depuis toujours d'usage de s'installer pour
admirer le feu d'artifice (lieu favori des enfants, comme sur le cliché
de Graziano Arici ci-dessus) pour ceux qui n'ont n'a pas la chance de
pouvoir passer la soirée sur une des barques décorées qui envahissent
tout le Bassin de San Marco cette nuit-là.
Les barques décorées, parlons-en aussi, car à cette aberrante confiscation de l'espace public s'ajoutait l'interdiction formelle, édictée par la Capitainerie du Port, de décorer les embarcations à moteur et de les doter de tables. Sanctions pénales lourdes pour ceux qui utilisaient des mototopi et autres petites barques pour transporter des gens. On n'avait jamais vu autant d'interdictions pour une nuit du Rédempteur. «Scandaleux» crièrent bon nombre d'habitants de la Sérénissime. «A quand la suppression du pont votif au nom du principe de précaution ? » criait mon ami très remonté à l'autre bout de la ligne.
Heureusement, tout le monde garde le souvenir des nuits du Redentore d'autrefois, quand la fête était joyeuse, sans débordements, sans vulgarité, sans incidents et sans restrictions. Mais les temps changent et la barbarie s'immisce partout.
© Photographie de Graziano Arici
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