11 février 2007

Voilà le temps du Carnaval

Et bien nous y sommes, Carnaval est revenu. Aujourd'hui le vol de l'ange aura lieu sous la pluie comme cette soirée de samedi noyée par les eaux. Une habitude à Venise me direz-vous mais bon, 40.000 visiteurs sur la Piazza San Marco, trempés et détrempés, ce n'est pas forcément joyeux.

Et pourtant si, ce fut une grande et mémorable soirée festive, pleine de chants et de cris joyeux. Si on reste loin très loin des carnavals d'antan (on va penser que j'ai vécu ceux du temps de Casanova si cela continue !), la foule est toujours aussi bon enfant et les costumes somptueux. Revers de la médaille : plusieurs centaines d'autocars de tourisme sont arrivés du côté de Cavallino créant une réelle panique et des embouteillages monstres. Il a fallu réquisitionner des bateaux pour trimballer toute cette foule imprévue vers le centre historique. Inutile de vous expliquer l'embarras de la municipalité et des services de sécurité... L'après-midi était hier très vénitienne : cortège de bateaux à Cannaregio avec un grand apéritif offert ou les ciccheti circulaient de groupe en groupe, musique al vivo sur les campi et le soir, grandiose soirée au Palais Vendramin (le Casino) ou se déroulait la première grande fête de l'année en l'honneur du jumelage Venise-Saint Petersbourg, sur le thème de Pierre le Grand. A la Fenice, les loges avaient été louées presque entièrement par un milliardaire libanais qui donnait dans les foyers un dîner après la représentation pour une cinquantaine d'invités triés sur le volet. Le Carnaval 2007 sent le luxe international - très nouveaux riches hélas - plus que jamais.

Dans les rues, la fête populaire est malgré tout au rendez-vous : estrades traditionnelles avec des comédiens de la Commedia dell'arte, danse à la verticale avec une chorégraphie pour le moins originale sur les parois du Campanile, le vol de l'ange à midi aujourd'hui par la championne italienne de natation, Federica Pellegrini, défilé des enfants masqués et costumés, fanfares, maquillage et costumes à chaque coin de rue... Il ne manque que le beau temps.

Vendredi la traditionnelle fête des Maries réinventée par mon ami Bruno Tosi, qui garde bon pied bon œil en dépit de ses 80 ans, conduite par la Banda di Venezia, a ouvert les réjouissances avec le défilé en costume de San Pietro à San Marco. Au fur et à mesure de l'avancée du cortège, s'ouvraient çà et là des stands, des petits marchés, des scènes publiques. Il y a cette année encore la Frittolera, un marché de friandises du Carnaval où on peut trouver les traditionnelles confiseries et pâtisseries vénitiennes d'avant Carême. De quoi satisfaire les petits vénitiens qui ne sont pas les derniers à se (bien) costumer. Et puis bien entendu, époque moderne oblige, sur le Campo Bella Vienna, les concerts de rock pour les jeunes.

La mondialisation est à l’œuvre ici aussi puisque on pourra danser comme à Rio sur la Fondamenta de Cannaregio avec des Mambo, Merenghe, Chachacha et autres Salsa tandis que Bollywood sera Piazza San Marco répandant le son de la musique anglo-indienne comme si vous y étiez (dans les jardins du Vice-roi cela s'entend)... Et boire des bières comme à Munich...

Voilà, c'est parti pour onze jours de délire et d'embarras de toutes sortes, notamment dans les rues environnant la Piazza, jusqu'au bouquet final, le spectacle pyrotechnique et musical de mardi gras devant le Palais des Doges.

Si ça vous dit malgré tout (il faut l'avoir vu une fois ce carnaval), il reste des chambres à louer dans quelques auberges où dans les grands hôtels. Mais d'une minute sur l'autre, les possibilités se font rares. Trains et avions sont complets? sauf à ruser : billet pour Milan ou Turin puis pour Venise avec le risque de voyager debout dans les couloirs. Mais avant de vous lancer dans l'aventure, assurez-vous de pouvoir trouver un lit quelque part, il ne fait pas très bon dormir dehors en cette saison... Vivement le Carême ! Moi en attendant, je vais faire des fritelle et des galettes irlandaises que nous dégusterons avec un bon thé chaud au coin du feu, où nous attend déjà notre bon gros Mitsou, le chat de la maison.

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