27 août 2007

Un nouvel endroit chic et sophistiqué : le 947 Club



C'est un évènement. On en parlait depuis plusieurs mois et ça y est, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre (à canon) : le Club 947 est ouvert. Un endroit ultra raffiné, chic sans être snob, sophistiqué sans mauvais goût vient de naître.
 
Situé au 4228 de Castello, sur le campo Santi Filippo e Giacomo, à deux pas de San Marco, l'établissement a tout pour plaire : ambiance chaleureuse et raffinée, une décoration classique dans les tons crème et rouge selon l'étage, mobilier glamour-chic très new yorkais (les vénitiens adorent New York), une cuisine sophistiquée à l'extrême. Rien à voir avec la pizzeria du coin au menu casalinga. Ambiance lounge pendant le repas avec la musique du Dj Matteo Rossi (alias Rougedish) et les performances de Micky Moi’s au piano et au violon.

Pourquoi ce nom ?
Le propriétaire, Max Costa, nous l'a expliqué lors de sa conférence de presse : en 1947, son père et son oncle ont ouvert la Conca d'oro, première pizzeria de Venise. Il y servaient une nourriture raffinée et "évènementielle" (la pizza au mètre c'est eux) et créèrent un cocktail à base de basilic et de vodka (Il Basiliquito"). 
C'est cet esprit qui a présidé à la création du Club 947. La cuisine se veut simple, vraie et tendance... Tout, jusqu'aux couverts, a été dessiné par Max Costa pour le nouvel établissement. Pour commencer, 500 cartes de membres ont été délivrées, puis ces membres feront rentrer d'autres membres qui partageront la philosophie des lieux. Mais c'est ouvert aussi aux non-membres, à condition de réserver et d'apprécier l'ultra-chic somme toute un peu décadent de notre XXIème siècle. Comme le dit Costa "cela va si bien à Venise finalement"...
Seulement sur réservation donc. Déjà complet pour de nombreuses semaines ! Pour tenter votre chance, envoyez un courriel à : club947@hotmail.it ou téléphonez à Giacomo Gervasutti au 347 4279658. Inauguration en septembre, nous vous raconterons.

25 août 2007

Les pâtes, festin de roi

Je ne sais si vous êtes comme nous, mais il n'y a rien que nous préférons à une bonne assiettée de pâtes cuites al dente dans de l'eau aillée et bien salée que je sers aussitôt prêtes avec du coulis de tomates, du parmesan fraîchement râpé, des tranches de tomates crues bien mûres et du basilic. Un filet d'huile d'olive et Lucullus dîne chez Lucullus. Parfois des anchois fraîches que je fais griller au four avec un peu d'huile simplement assaisonnées avec du tamari, un hachis d'ail de basilic et de persil viennent raffiner le plat; ou bien des petits morceaux de blanc de poulet dorés à la poêle, voire du jambon de San Daniele en lamelles qui cuit un peu au contact des pâtes bouillantes (comme les tomates d'ailleurs)... Les recettes sont nombreuses. Il faut avant tout que les ingrédients soient de très bonne qualité. Des pâtes faites avec des farines de haute tenue et ce ne sont pas forcément les marques les plus connues qui sont les meilleures.

Voici un autre exemple, que mes amis ont baptisé la Pasta Lorenzo :

Il vous faut des penne rigate (100% blé dur italien). 150g. de noix; 2 belles gousses d'ail frais, du bouillon de poule, du basilic frais, de la marjolaine, du romarin, huile d'olive, sel et poivre, parmesan frais.

Faire cuire les pâtes dans le bouillon dégraissé avec une gousse d'ail. Pendant que les pâtes cuisent, râper le parmesan, hacher les noix fraîches avec l'ail, le basilic, la marjolaine et le romarin. Faire chauffer du beurre dans de l'huile d'olive. Une fois le beurre fondu, ajouter le hachis. L'ail ne doit pas se colorer. Bien mélanger. ajouter le vin blanc et le jus du citron (ou bien seulement d'un demi-citron selon la taille du fruit).  Ajouter le poivre. Quand les pâtes sont cuites al dente, les égoutter  Les verser aussitôt dans la sauce et bien mélanger. Dresser aussitôt dans les asssiettes, en saupoudrant généreusement de parmesan et en ajoutant une ou deux feuilles de basilic.

Un délice dont vraiment nous ne nous lassons jamais. Et puis au délicat fumet qui se dégage de nos assiettes se mêle le parfum de nos journées italiennes, à Venise, Sorrente ou à Capri... Dans le sud justement, quand il fait bien chaud on sert la crudaiola, variante froide de la pastasciutta. Je tiens la recette d'une vieille cuisinière capriote qui aimait beaucoup me raconter la vie dans l'Ile il y a cinquante ans. Elle faisait une tarte aux pommes extraordinaire qu'elle servait comme au café de la Belle Carmelina avec un Lacrima Tiberio des Fratelli Brunetti à se damner.

22 août 2007

Les touristes Eurodisney

Sans vouloir poursuivre la polémique ni paraître sectaire à mes fidèles amis lecteurs, je voudrais revenir sur cette problématique (allez un peu de jargon "tendance" sur TraMeZziniMag !) qui bouleverse depuis quelques années la vie quotidienne des vénitiens et représente un réel danger pour la ville elle-même, comme pour tous les lieux visités du monde d'ailleurs. L'exemple de Bordeaux est frappant : devenu un des sites du patrimoine mondial, la ville semble envahie en permanence par un flot incessant de touristes. Certes tant mieux ; cependant à bien y regarder, que sont ces nouveaux visiteurs ? des groupes de gens qui envahissent les monuments, déambulent dans les rues et encombrent. Toutes proportions gardées, les embarras provoqués rappellent les rues du Rialto ou des alentours de San Marco : impossible de se faufiler si on est pressé, les groupes vont au pas, (normal direz-vous : ils sont en vacances), s'arrêtent en plein milieu d'une ruelle, pénètrent dans la moindre cour, jusque dans les halls des immeubles, si par malheur les portes sont restées ouvertes. Et nous avons même depuis quelques semaines un ridicule petit train rouge qui promène les gogos avec des commentaires caricaturaux (truffés d'inexactitude et d'approximation). Partout dans le monde les beaux endroits qui sont la richesse de l'humanité sont désormais envahis. On aménage le moindre paysage : tables pique-nique et poubelles, panneaux explicatifs : "regardez à gauche, levez la tête, ne cueillez pas les fleurs, ne nourrissez pas les autochtones". Ce tourisme de masse n'en a qu'à ses débuts. Ressource inespérée pour beaucoup de lieux en désuétude économique, ils confirment les paroles de l'Archiduc Otto de Habsbourg qui nous disait un jour "évitons à nos enfants de devenir les garçons de café des touristes des super-puissances qui envahirons nos places et nos monuments". 
 
Le tourisme eurodisney est la plaie de Venise, je continue de l'affirmer. Il faudrait trouver un moyen pour l'éclairer. Lui faire comprendre que Venise (comme Paris, Séville ou Katmandou) se déguste avec sensibilité, au hasard des découvertes, des surprises, des erreurs. Il faut savoir se perdre. Se pénétrer de l'atmosphère des lieux, appliquer le sage proverbe anglais "when in Rome do as the romans do" . Oubliez les plans, laisser nos habitudes alimentaires, observer et rester civilisé. Voilà la règle que j'aimerai enseigner à tout ces visiteurs. Ceux qui se vautrent à même le sol de la Piazzetta bivouaquant au milieu de la foule, qui déballent leurs sandwichs, grignotent leurs chips et boivent des litres d'eau gazeuse ou de jus de fruits synthétiques survitaminés, pieds nus et souvent même torses nus, ne feraient jamais cela devant chez eux. Et ceux qui s'entêtent à transposer à Venise - comme ailleurs - leur mode de vie quotidien ne peuvent ni profiter pleinement de ce que Venise a à leur offrir, ni vivre leur présence dans l'un des plus beaux lieux du monde d'une manière optimale. Un voyageur lambda (voir le lien ci-dessus), a trouvé cette expression "les touristes eurodisney". Je vous livre son article dans sa version intégrale et je le félicite de sa sagacité :
"As I use this term quite often in my writings about Venezia, I will explain it here. Remember the statistics of Venezia’s tourism. Nearly 80% of us are day visitors, coming in the morning and leaving in the evening and don’t come back. When I was wandering through Venezia, looking here and there and also taking the vaporettos, I did see so many of very strange behaving foreigners, so I decided to call them Eurodisney visitors. So who are they ? They are tourists who believe that Venezia is a museum. A gigantic museum on water, made to please their eyes. What they neglect is that this city has been erected ages before even anyone thought of their existence and was not at all built to be seen as a tourist trap or a museum city. Venezia just was lucky that it was not much bombed during the world wars (that’s what I read) and that the Venezianos love their home city very much, thus take care that it won’t be destroyed by the ravages of time, and by us tourists. Eurodisney visitors will block almost everything, as (as described above), they cannot believe that other people actually have to go from A to B and not marvel at Eurodisney Venezia like themselves. Several times I also did observe that they must have fall from the sky onto the vaporettos, as they seem not to realise that – once a vaporetto approaches a yellow vaporetto stop (like one where they themselves sould have boarded the vaporetto), it will stop there, let passengers get off and on the boat. They were hanging over the rail (the one, the assistant would have to open to let others get off and on), and looked at this poor assistant as if he would be an alien. I am sure, they never got the point why he wanted them move away from the rail……Yes, I am fully aware that I am very very much sarcastic here. I had to get it off my chest and maybe it helps the non-VTers which come from Google’s search engines, to realise that they should watch their behaviour towards the others when visiting what they believe is Eurodisney museum city Venezia". (*)
Sans commentaire.
 
Note :

(*) :  "Comme j'utilise souvent ce terme dans mes écrits sur Venise, je vais l'expliquer ici. N'oubliez pas les statistiques du tourisme à Venise. Près de 80% des visiteurs ne reste qu'une journée, arrivant le matin et repartant le soir, et ne reviennent pas. Quand je me promenais dans Venise, regardant ici et là et prenant également les vaporettos, j’ai vu tellement d’étrangers se comporter de façon étrange, que j'ai décidé de les appeler les visiteurs Eurodisney. Qui sont-ils? Ce sont des touristes qui croient que Venezia est un musée. Un gigantesque musée sur l'eau, conçu pour leur plaire. Ce qu'ils oublient, c'est que cette ville a été érigée bien avant qu'ils existent et qu'elle ne l'a pas du tout été pour attirer les touristes. Venise a la chance de ne pas avoir été beaucoup endommagée au cours des guerres mondiales (c’est ce que j'ai lu) et que ses habitants l'aiment avec passion, veillant donc à ce qu’elle soit préservée des ravages du temps, et des touristes. Les Visiteurs Eurodisney encombrent partout, comme je l'ai écris plus haut, ils n'ont pas conscience que des gens doivent réellement se déplacer d'un point à un autre et n'ont pas forcément le temps de s'émerveiller de la Venise Eurodisney comme ils le font. Plusieurs fois, j’ai eu l'impression de les voir tomber du ciel sur les vaporettos, car ils ne semblaient pas se rendre compte que - dès qu’un bateau se rapproche de son arrêt jaune (comme celui d'où ils vont eux-mêmes prendre le vaporetto), il s’arrêtera, pour laisser les passagers descendre. Agglutinés devant la rembarde (que l'employé doit ouvrir pour permettre aux gens de descendre et de monter à bord), ils regardent ce pauvre homme comme s'il était un extra-terrestre. Je suis sûr qu'ils n'ont jamais compris pourquoi il voulait qu'ils s'éloignent de la rembarde ... Je suis tout à fait conscient d'être vraiment très sarcastique, mais j'avais besoin de l'exprimer et peut-être cela aidera ceux qui ne sont pas vénitiens adeptes des moteurs de recherche de Google à se rendre compte qu’ils devraient surveiller leur comportement vis-à-vis des autres lorsqu'ils visitent ce qu’ils considèrent être l'Eurodisney ville-musée Venezia". (Traduction TraMeZziniMag)

Etre un chat au soleil à Venise...


Celui-ci pose bien malgré lui et ne semble pas tout à fait satisfait de la présence indiscrète du photographe. Méfiant mais poli, il se tient sur ses gardes, dubitatif "Sait-on jamais" se dit-il "peut-être après tout ce bipède qui me tire le portrait ne me veut pas de mal et me donnera-t-il une caresse voire quelque chose à manger". Au risque de me répéter, Venise est vraiment le paradis des chats : pas de voitures, des humains le plus souvent très attachés aux félins, et les chiens muselés ; l'histoire de la Sérénissime aussi et la tradition qui en font une confrérie respectée et protégée ; le climat idéal pour les matous. Bref, être chat à Venise c'est garanti beneficum sine cura !

Jardins secrets et secrets bien gardés



Les amis du Campiello viennent de mettre en ligne un série de photos de jardins secrets de Venise. Je vous invite à vous y rendre, c’est magique. Il existe encore d'autres lieux cachés mais doit-on en parler ? Pour ma part, j'hésite toujours entre dévoiler les moindres endroits reculés et inconnus des touristes ou garder cachés ces lieux magiques qui échappent encore aux flots de la horde des visiteurs.
 
 
Un lecteur m'en fait d'ailleurs le reproche, récriant cet élitisme somme toute inacceptable. Le monde s'est ouvert et le monde a l'intention de déferler sur les plus beaux sites de la planète. Nous n'y pouvons rien. Mais comment préserver l'authenticité et la vie réelle de ces lieux qui fascinent ? Comment éduquer les visiteurs pour en faire des voyageurs curieux et non pas un troupeau bêlant ? Lors de mon dernier passage à Venise, au printemps, j’avais des démangeaisons : plusieurs centaines de touristes de la pire espèce (casquettes américaines à l'envers, sodas géants à la main, dégoulinant de sueur, a demi vêtus - tout ce que j'aime!), défilaient devant la terrasse - autrefois très tranquille - où je sirotais un bon café en lisant le Gazzettino. Le marchand de fruits et le boucher qui tenaient boutique à côté il y a encore cinq ou six ans ont été remplacés par des masques et de la verroterie (pas du fabriqué à Venise, tout là-dedans est Made in Taïwan). D'où l'étape instaurée par les tour-operators dans ce café... Bruyants, rigolards, désordonnés, ils passaient et repassaient, faisant la queue devant le bar pour acheter des bouteilles d’eau et des glaces chimiques Motta (alors qu’à trente mètres un pâtissier propose des sorbets et des gelati casalinghe sublimes)… Seriez-vous restés de marbre face à cette pollution ? Moi non.

Alors, ne comptez pas sur moi pour vous signaler ces endroits merveilleux où les barbares ne pénètrent pas, ces passages secrets dignes de Corto Maltese, ces jardins perdus où poussent des merveilles de la botanique, cette roseraie remplie de fleurs et de papillons, ce jardin suspendu aux senteurs de jasmin, une vigne et un verger paradisiaque (ah les pêches jaunes que les enfants disputent aux oiseaux!), et tant d’autres lieux qu’il faut protéger de la horde. Mais rien ne nous empêche d’en montrer les images. En tout cas celles publiées par Jas et Stef du Campiello sont très belles. 

Photos de Stef

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13 commentaires:

condorcet a dit…
Je me sens visé par l'accroche "un lecteur m'en fait d'ailleurs le reproche". A la réflexion, je regrette un peu la violence de l'apostrophe et si j'avais pu l'enlever ou l'amender, je l'eusse fait.
En un sens, votre désespoir ne me laisse pas indifférent. Voir et entendre mes voisins ivres et drogués beugler et s’affaler devant ma porte à une heure avancée de la nuit (un spectacle un peu trop récurrent cet été) ne m’amuse guère non plus.
Dans un autre domaine, croyez-vous que le foisonnement des thèses en histoire me plaise ? Certes, on connaît les étudiants qui travaillent sérieusement et ceux qui le sont moins. Mais, en un sens, un directeur de thèse qui suit 20 étudiants à la fois peut-il le faire sérieusement ?
Évidemment, non et le danger du nombre que vous pointez est plus que réel : il est même l’enjeu majeur de la contemporanéité.
C’est par une patiente imprégnation que l’on apprend, pour Venise comme pour les émissions littéraires. Nous sommes dans un paradigme : vous voulez montrer sans révéler. Quasiment un droit d’auteur. Comme moi, dans ma thèse, si je révèle trop, non seulement je cours le risque de voir mon travail dénigré, mal compris, copié et d’entraver mes débouchés professionnels.
Moralité : nous sommes moins précis sur certains points, sur certaines idées, sur certains lieux moteurs. Triste perspective.
condorcet a dit…
Venise au Carnaval, à la Mostra ou à Ferragosto dans le triangle Rialto - San Marco - Accademia : un cauchemar.
Restent les lieux secrets, ceux que les guides les plus divers ne mentionnent pas, et le hors-saison.
Mais on ne peut reculer éternellement : un jour ou l'autre, il faudra réfléchir à la place de la culture dans une société marchande de manière beaucoup plus sereine, complète et étendue qu'on ne l'a ébauché jusqu'ici. Réfléchir, concevoir, décider.
Lorenzo a dit…
Visé certes, mais en toute amitié. Vous semblez bien connaître et aimer Venise. Vos commentaires sont précieux. Je vous en remercie. Vous parlez d'un travail universitaire... Sans vouloir être indiscret, sur quoi porte votre thèse ?
condorcet a dit…
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condorce a dit…
Nouvel essai de transmission du message dans une version acceptable :
La thèse porte sur les missions littéraires à la télévision française (avec "Apostrophes" entre autres). En clair, il s'agit de savoir comment le livre est présenté dans un type particulier d'émission littéraire.
J'aime beaucoup Venise et ma thèse mais comme Douille, je suis très pessimiste. La hausse exponentielle des prix et un accueil de plus en plus tourné vers le nombre aux dépens de la qualité finiront par avoir raison des amoureux de Venise (non-résidents) qui se lasseront d'être dépouillé et pris pour ce qu'ils ne sont pas : des vautours à plumer.
Je dois hélas aussi tenir quelques propos trop acides à mon goût mais réflétant une réalité préoccupante : préparer un doctorat en sciences humaines devient une gageure. On se heurte de plus en plus aux obstacles financiers (peu d'aides financières, d'insertion avec le milieu des chercheurs, trop de népotisme, de gérontocratie).
J'aime passionnément l'histoire et Venise. Et pourtant, l'une comme l'autre se croient éternelles. Rien n'est plus faux. La demande sociale dont se targue l'histoire peut se tarir et l'attrait pour Venise peut se transformer en "happening" géant ou ghetto local. A être hautaines, l'histoire et Venise partagent un même aveuglement devant l'Histoire : comme le soulignait Paul Valéry, les civilisations sont mortelles.
condorcet a dit…
Le « beneficium sine cura » est un bénéfice ecclésiastique accordé accordé à un clerc pour lui permettre de poursuivre un travail de recherche sans avoir à assurer de services religieux dixit Wikipedia.
Wikipedia : les rumeurs les plus malveillantes courent sur cette encyclopédie « libre » qui a un mérite : celui de donner corps et vie à l’utopie du village planétaire, celle d’Internet à ses origines. Comme toute source, tout ouvrage, elle mérite un recoupement, une confirmation, une critique sage et raisonnée. Pourquoi refuser le nouveau parce qu’il est nouveau, c’est-à-dire incertain, non reconnu par les autorités ?
Le « beneficium » est au Moyen Age un bienfait, soit un bien concédé par un seigneur à un vassal, soit un revenu lié à une charge ou à une dignité ecclésiastique.
Ce « beneficium sine cura », cette sinécure, n’est pas pour autant de tout repos. Assumer un travail de recherche au Moyen Age, en quoi cela pouvait-il consister ? Lire « Les intellectuels au Moyen Age » de Jacques Le Goff offrirait qq ouvertures. A défaut, on peut penser aux ateliers de reproduction des manuscrits dans les monastères (les scriptoria), de l’indexation et de la traduction des auteurs de l’Antiquité paienne (Platon pluôt qu’Aristote) et chrétienne (les Pères de l’Eglise : Tertullien, Augustin, Jérôme…).
Le savoir médiéval a hérité de la division élaborée à la fin de l’Antiquité classique. Les arts libéraux qui séparent le cycle littéraire : le « trivium » (grammaire, rhétorique, dialectique) et le cycle scientifique : le « quadrivium » ( arithmétique, astronomie, géométrie, musique).
Chercher au Moyen Age, c’est retrouver les splendeurs perdues du savoir antique, retrouver la vérité originelle. Le savoir est confiné dans quelques catégories bien précises de la société : les clercs en concentrent la plus grande partie, à la fois parce qu’ils connaissent et vivent dans les lieux du savoir, qu’ils incarnent et confirment la légitimité dynastique, enfin parce qu’ils sont au sommet de la pyramide sociale.
La sinecure ne le devient vraiment qu’à l’époque moderne.
Sinécure, privilèges (priva lex : « statut particulier ». Ex : la « bonne ville » de Tours était exemple de la taille, impôt qui pèse sur les revenus, est prélevé non par répartition mais par quotité : on demande une somme plutôt qu’une portion des revenus.).

Sinécure : ce n'est pas une sinécure que d'en retracer l'évolution sémantique !
condorcet a dit…
Comme de coutume, c'est l'essentiel qu'on oublie.
Les servies religieux pouvaient être contraignants au Moyen Age. Il s'agissait de ne manquer les offices religieux, la messe et les prières célébrées aux différentes heures de la journée :
A la 1ère heure de la journée (6h)
- les moines vivaient au rythme du soleil -, laudes;
A tierce (9h), nouvelle prière (on récite les diverses parties du bréviaire);
A Sexte (12 h), none (vers 15 h), vêpres (17 h), complies (fin de journée).
Les frères convers suivent un rythme plus souple de même que les bénéficiaires d'une sinécure.
Cette sinécure n'est pas une facilité, c'est simplement une possibilité de travailler, contrairement à ce que l'imaginaire collectif en a retenu.
Gérard a dit…
Les civilisations ne meurent jamais !
Eruptives ?
Puisqu'elles épousent .
Seuls disparaissent ce qui les enfante : la vanité historique et son imprégnant , l'orgueil local .
Nous léguant ainsi leur dot magnifique : la poussière de ces scories .
Et à Venise , voyons , quelles cendres !
Parfois volcaniques , même .
Eruptives ?
Je le crois .
Oui , et encore .
Pire .
Je veux y croire !
condorcet a dit…
Mon cher Gérard,
Elles ne meurent pas, elles s'effacent. Que savons-nous des Avars qui assiégèrent Constantinople en 626 ?
Venise est plus qu'un réceptacle de cendres, c'est l'étalon même du temps.
Gérard a dit…
Faut que j'revienne donc à l'assaut de ce magnifique jardin où broussailles et ancolies , fleurs sages ou de la mélancolie , m'assaillent !
Comme j'aime ce jardin de Verrières !
N'est-ce pas ?
C'est l'étalon du temps : très juste !
Bien vu !
Moi , je m'impose le pire .
L'avenir .
C'est le " pied de Vicenze " , le pied de l'avenir , le pied de notre avenir .
Palladio aima jadis les coudées franches , comme les Égyptiens .
Comme il avait raison !
Devrons-nous au nom des immortelles et des chrysanthèmes y laisser périr les " Mémoires " de nos Grands Anciens ?
Pas question !
Pire : plus jamais question !
J'aime y voir flâner tous les pieds-bots du monde entier .
Ils sont nombreux .
Ayons pitiè !
D'eux .
De nous , surtout !
A l'instar des maisonnées penchées , la voilà qui s'exclame à leur passage , et la voilà qui nous inspire :
" Quand je m'examine , je me méprise ; mais quand je me compare , alors là ! "
Facétieuse immortalité : après le feu , les cendres , et dessus revoilà le roncier et enfin l'ancolie !
condorcet a dit…
Vous avez dit : "Seuls disparaissent ce qui les enfante : la vanité historique et son imprégnant , l'orgueil local".
A fréquenter Venise par intermittences, c'est le contraire qui m'est apparu. Qui oserait se proclamer reine parmi les reines alors que son pouvoir temporel est réduit à néant ? Même le pape Pie IX qui se déclarait "prisonnier dans ses États" prêtait à sourire. Comme le relèvent Joseph Brodsky ou Liliana Magrini, il y a bel et bien un "orgueil local". A preuve les multiples qualificatifs d'exclusivité utilisés comme arguments touristiques aujourd'hui ou le classement au Patrimoine de l'Unesco.
Vous avez dit : "Moi je m'impose le pire, l'avenir". Concevoir l'avenir se résume bien souvent à vouloir empiéter sinon avoir la mainmise sur celui des autres. Par exemple, les architectes (comme Palladio qui nourrissait de sombres projets pour la Piazza) revêtent souvent le costume de visionnaires dans la mesure où ils organisent l'espace, s'efforcent autrui de la beauté de leurs rêves. Est-ce vraiment parce que l'on est convaincu, habité par son rêve que l'on doit l'imposer à ses contemporains voire à ses successeurs ?
On retrouve aisément ce pendant dans les déterminismes historiques. Les prétendues "lois ou jugement de l'histoire" étayent des volontés de puissance quasi nietzschéennes.
Quelquefois l'oubli ne manque pas de grandeur. Et si Venise méritait d'être oubliée quelque temps pour être mieux redécouverte ensuite ?

Votre propos ne manque de beauté cependant.
Gérard a dit…
Comme le pape et à son inverse , je souris .
Tendrement .
Et si tous ceux qui ne savent pas qu'elle existe - ils sont nombreux - avaient tort ?
Et si ceux qui n'en finissent pas de s'en occuper - sont nombreux aussi - faisaient fausse route ?
Et si les personnalités notoires - plus rares car " élite " - s'activaient en pure perte ?
C'est vraiment drôle de penser à tout ça .
Les habitants du golfe , finalement , s'en fichent de ce tout ça .
Pour avoir les pieds parfaitement plantés là-bas , ils savent qu'il faut y vivre , et c'est bien ça qui compte pour eux .
Et où est la vie , comme dit l'autre , reste l'espoir !
J'aime les observer .
Et n'ai point peur de m'y tromper .
Comme cette erreur est exaltante en fait !
Marâtre nature , tu me l'as bien rendue !
.........
Ce jardin .
Cet espoir .
condorcet a dit…
Oui, une erreur bien exaltante.

19 août 2007

Cosi fan tutti, i turisti !



Ce que l'on voit hélas de plus en plus, ce spectacle déprimant que les vénitiens contemplent attristés dans les rues de leur ville et qu'ils ne supportent pas... 

Ces milliers de visiteurs désœuvrés, fatigués, qui se vautrent le long des canaux, s’assoient à même le sol, s'allongent sur les dalles de la piazza, se déchaussent, se dévêtissent presque comme sur une plage, attirés par la fraîcheur présumée de l'eau. Si la maréchaussée ne veillait pas, il y en a qui piqueraient une tête dans le moindre canal. Bonjour les maladies de peau et les allergies car hélas l'eau n'est plus aussi propre que du temps de Byron qui avait l'habitude de nager de chez lui jusqu'à chez ses maîtresses. Quand j'étais étudiant, les petits vénitiens de Cannaregio ou de la Giudecca s'amusaient en été à plonger du haut des ponts et pataugeaient dans l'eau à demi nus sous l’œil amusé des passants. Mais c'était il y a vingt-ans. Les eaux n'étaient pas encore ce qu'elles sont aujourd'hui. Et puis les touristes déjà fort nombreux à l'époque, s'ils envahissaient les moindres terrasses et occupaient toutes les tables des bars et des cafés, ne se vautraient pas comme aujourd'hui pareils à des misérables éreintés par leur errance à travers la ville, écrasés par tant de beauté de de magnificence comme les barbares des temps passés quand ils découvrirent la splendeur de Rome qu'ils allaient détruire...

9 commentaires:


condorcet a dit…
"[...] chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage" (Montaigne ,"Essais", Livre I, Chapitre XXX, Des Cannibales)
condorcet a dit…
Bien que votre commentaire mozartien ne soit pas à mon goût, je suis heureux de vous lire à nouveau sur ce blog. Cependant, peut-on raisonnablement soutenir comme vous avez une fâcheuse propension à le faire que les touristes sont responsables de tous les maux des Vénitiens, par nature angéliques et innocents ? Ces doux Vénitiens dont la vertu sous l'eau irisée du bassin de Saint-Marc qu'ils fuient d'ailleurs. Non, décidément, je ne m'habituerais jamais à cette dichotomie un peu sommaire qui voit des autochtones bienveillants et des arrivants malveillants. Mais qui a colporté le rêve vénitien jusqu'à ces "envahisseurs" ? Des promoteurs sans âme ou des municipalités de plus en plus soumises à l'appât du gain rapide ? Le souci de rapine est-il l'apanage du Japonais en goguette ou de l'autochtone sans vergogne qui relève chaque année ses prix suivant une courbe exponentielle sans rapport avec le coût réel de la vie ni des biens vendus ? Vous m'objecterez immédiatement : attention à l'amalgame... et je souscrirai à cette remarque. Vous connaissez comme moi la Bible : "Bienheureux les pauvres en esprit car ils seront les premiers au Paradis". QQfois, survient l'idée mélancolique qu'on ne saurait occuper une position intellectuelle sans se croire investi de droits au jugement alors qu'elle confère au contraire le devoir de compréhension envers et contre tout. Oui, on peut regretter un passé idéel où les galères étaient mues par la force des Dalmates à peine débarqués sur la Riva. Oui, on peut regretter le tourisme d'antan, celui de l'Orient-Express et de Marcel Proust, où les aristocrates foulaient seuls le marbre de Zanipolo. En tant que démocrate, vous me permettrez certes de lire Proust mais de me souvenir aussi de quel mépris on écrasa les premiers congés payés. Il est facile de désigner une catégorie particulière comme la réincarnation de Bouvard et de Pécuchet. Il l'est beaucoup moins de penser avec indulgence à ces êtres qui tentent malgré tout, d'éprouver du bonheur, dans des sociétés despérement marchandes, au sein desquelles ce mot est étranger, y compris à Venise. Cette coupure entre Vénitiens et touristes n'est plus seulement un scandale, elle constitue une redoutable menace pour la survie même de l'identité vénitienne, qui avait su jusque lors, tirer le meilleur de l'"envahisseur".
discus a dit…
si l'on demande à quel poisson ressemble aujourd'hui Venise... effectivement, à une grosse morue ... ou un thon, à la rigueur, n'est-ce pas ?
Lorenzo a dit…
Qui a dit "les vénitiens, autrefois peuple de marchands, aujourd'hui peuple de boutiquiers"? Bien sur, nombre d'entre eux sont responsables de cette situation. Et cela continue en dépit des tentatives héroïques de Massimo Cacciari. oui des considérations semblables ont remplacé les esclavons des galères par les touristes gogos.L'usage n'est pas le même mais l'esprit demeure...Il faut me pardonner ces humeurs élitistes. On se prend vite à croire Venise dédiée à son seul usage et le mépris facile n'est pas loin lorsqu'on a la chance de pouvoir s'y rendre souvent, y rester, y être bien logé et n'avoir pas à dépendre de guides et d'intermédiaires seulement mûs par l'appât du gain. Je ne regrette ni le temps du Simplon-Orient-Express ni des voyages à la manière de Régnier, Proust, Adelsward-Fersen ou Lorrain, je ne vomis pas les congés payés et le droit au bonheur, même maladroitement revendiqué, est une aspiration fondamentale de la société humaine qu'il faut soutenir et faciliter. Cependant, et peu m'importe la cause, je ne puis me résigner au nom de cette volonté d'être heureux, et quelque soient les responsables de cet état de fait, à la vulgarité et à l'incurie des masses en déplacement à Venise comme partout ailleurs dans les hauts-lieux du patrimoine mondial. Nulle misanthropie dans mes propos. Juste une grande lassitude. J'ai connu Olympie sans un seul visiteur et nous allions courir dans le stade à l'aube, j'ai gravi les marches du Parthénon seul sous les étoiles, j'ai visité Versailles fermé au public, passant de couloirs en cagibis comme dans un palais endormi et Capri lorsque le dernier bateau est parti m'a montré ses plus belles parures. Privilège certes de nos jours, mais qui fut chose courante pour le voyageur d'antan. Faut-il le regretter ? On ne peut à l'inverse se réjouir de la massification du tourisme sans hypocrisie. Comment ne pas souffrir quand certains jours je mets cinq minutes pour rejoindre le portail de ma maison vénitienne, quand la foule qui passe dans la rue de la Toletta est aussi dense que dans le métro à l'heure de pointe, quand le vénitien ne peut prendre le vaporetto envahi par les touristes et qu'il sera en retard à son bureau... Mais laissons-là ces considérations : Venise est encore là, elle est belle, elle se donne et parmi la horde peu resteront indifférents même en n'ayant vu d'elle que très peu ou très mal !Gageons qu'ils prendront conscience du gâchis et verrons la ville autrement...
condorcet a dit…
Cher Lorenzo, c'est la réponse que j'espérais. Soyez tranquille : la massification ne me réjouit non plus. Le droit à l'intimité et à la vie privée est même essentiel. C'est sûr qu'il est triste de voir des lieux surfréquentés s'étioler. Mais les Satires de Juvénal et son relent de "Cloaca Maxima" nous menacent aussi "Cela fait longtemps que le fleuve de Syrie, l'Oronte, s'est déversé dans le Tibre, charriant avec lui la langue et les mœurs de cette contrée : les joueuses de flûte, les harpes obliques, les tambourins exotiques, et les filles dont la consigne est de se tenir près du cirque. Allez, vous qui aimez ces louves barbares à la mitre colorée ! " (Satires, III, 62-66). Entre le péril de la turba entraînée par Clodius et les imprécations postérieures de Juvénal, il est difficile de trouver un équilibre. Reste en guise de consolation cette axiome de Paul Valéry qui m'a quelquefois permis d'apaiser des élèves désireux de pointer deux points antagonistes dans mon discours : "L'homme n'est pas fait pour résoudre ses contradictions mais pour les vivre". [Si qq'un peut retrouver les références exactes de la citation, je l'en remercie] Cordialement. Condorcet (Frédéric).
condorcet a dit…
P.S : je déteste vraiment la littérature de Juvénal, jonchée de médisances, de propos et de gestes rapportés.
Douille a dit…
J'agrée totalement avec Condorcet!!! Pas la peine de pleurnicher devant les vilains touristes, on les saignent assez comme ça... Chaque année je vois mon voyage à Venise me coûter de 15 à 20% plus cher, bientôt je ne saurais plus y aller... Je ne me baigne pas les pieds dans les canaux (ça risquerait de faire plus de dégâts que Marghera :D ), j'ai même appris l'Italien pour avoir l'air moins con... Mais dommage à cause de leur prix de fous je serai remplacé par un ricain en short qui lui sait se payer Venise...
condorcet a dit…
Hélas, hélas.
Anonyme a dit…
De plus c'est encore une vidéo de Venessia...

COUPS DE CŒUR n°16


Alessandro Marcello, La Cetra.
par le Collegium Musicum 90
dirigé par Simon Standage.

Ed. 2007.
 
Ce concerto magique composé par le frère aîné du célèbre Benedetto Marcello annonce par l'usage débridé du contrepoint, les grandes oeuvres de Vivaldi. La vivacité du violon et le chant du hautbois en font une pièce musicale raffinée et très moderne. L'ensemble que dirige le violoniste anglaise Simon Standage interprète ce concerto avec brio en dépit d'une rigueur britannique qui aurait mériter de moins se contenir.

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Dreams : Oud and Voice
par Samir Tahar.
Next Music, 2006. 
CDS8973
Ce grand musicien arabe (il est algérien d'origine bédouine) présente dans ce magnifique disque des pièces chantées ou instrumentales sur des thèmes traditionnels bédouins et andalous. La parfaite illustration musicale de l'exposition sur "Venise et l'Islam" du Palazzo Ducale dont je vous parlais ce matin. On peut être parfois dérangé par cette voix aux inflexions tellement différentes du chant occidental mais les taqasim (pièces instrumentales solo) à l'oud nous offrent un vrai voyage. Ce disque est quelque part très vénitien. Je l'écoute souvent avant ou après le Gloria et le magnificat de Vivaldi quand je me promène à pied ou en bateau dans la cité des doges.


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Venise,
par Jean-Michel Brèque

PUF collection Culture-guides. 2007
"Née sur un site hostile et devenue ville du Titien et de Tiepolo, de Monteverdi et de Vivaldi, Venise est pour moi une cité miracle. Parcourir le Grand Canal, la plus belle rue qui soit au monde, ou flâner dans ses calli merveilleusement piétonnes, au milieu des façades ciselées que relèvent les ors de l'Orient, est toujours un pur bonheur, surtout dans le monde d'aujourd'hui. Je n'aime pas Venise seulement parce qu'elle est unique ou qu'elle a su garder sa splendeur au long des siècles, je l'aime aussi parce qu'elle est fragile et menacée : sa disparition serait une catastrophe pour l'humanité autant qu'une blessure intime pour tous ceux qui l'ont une fois visitée. " dit l'auteur dans la présentation de son ouvrage, l'un des premiers de la collection que viennent de sortir les Presses Universitaires de France avec Clio, cet organisme spécialisé dans le voyage culture. Il s'agit d'un guide culturel et politique plus que touristique où, chapitre après chapitre, on apprend mille choses sur l'évolution de la Sérénissime au fil des siècles et des évènements internationaux, de la fondation de la cité des doges à nos jours. Des encadrés très bien faits développent certains détails sur un monument,un lieu un personnage et font de cet ouvrage une source d'information passionnante.
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Venise n'est pas trop loin
Christian Bruel et Anne Bozellec.

Ed. Être, A propos d'enfances, 2007
Une BD envoûtante. L'histoire d'une jeune fille à peine adolescente en vacances à Venise avec sa mère. Sur un campo de Venise, elle découvre un jeu d'adresse fascinant mais réservé aux adultes, mais ne mesure pas l'enjeu avant de se retrouver au pied du mur : donner une heure de sa vie en gage. Comment se sortir de ce mauvais pas ? Le texte de Christian Bruel, très limpide est enluminé par les montages photographiques d'Anne Bozellec qui font de ce livre pour jeune adulte une réussite. Les auteurs ont parfaitement su appréhender la fascination de Venise, son atmosphère et cette capacité aux grandes choses qui y est donnée aux âmes romanesques et sensibles.

Oignons aigre-doux, la saveur de l'été vénitien sur votre table

Andrée, fidèle lectrice de TraMeZziniMag, me demande de publier la recette des Sarde in saor (sardines à l'aigre). Il existe plusieurs manières de préparer ce plat typique de la cuisine vénitienne. Je vous invite à vous reporter au billet du 16 octobre 2005 où je publiais celle que j'utilise. Pour ceux qui ont la chance d'être encore au bord de l'eau et qui peuvent se procurer des poissons frais, c'est le moment de vous lancer dans l'élaboration de ce plat qui se conserve bien. Servies avec un verre de vin blanc sec ou un rouge frappé (je conseille un Brouilly ou mieux un Bardolino, bien frappés). Plat typique pour la fête du Redentore, chaque cuisinière à Venise se doit d'en présenter à ses invités, lors du dîner pris en barque ou sur les altane en attendant les feux d'artifices traditionnels. 

Une autre recette typique bien agréable pour une tablée entre amis, le soir sur une terrasse au bord de l'eau ou dans le jardin : les oignons aigre-doux qui accompagnent délicieusement des viandes blanches, des grillades ou se dégustent comme accompagnement d'un bon vin. 
En voici ma recette :  

Il faut 1 ou 2 bottes d'oignons nouveaux. 1/2 verre d'huile d'olive pure, 2 verres de bon vinaigre de vin, 1 cuillère à soupe de sel, 2 cuillères de sucre roux, clous de girofle, poivre, éventuellement une poignée de raisins secs. 
Peler les oignons, s'ils sont gros, les couper en deux. Les placer dans une terrine allant au four avec l'huile d'olive. 
Verser le vinaigre dans lequel vous aurez dilué le sel et le sucre. Ajouter les clous de girofle et le poivre moulus. Mettre à four moyen et laisser mijoter. Les oignons sont cuits quand il n'y a pratiquement plus de liquide mais attention, ils ne doivent pas être trop caramélisés. Avant de sortir le plat, on peut ajouter une poignée de raisins secs que vous aurez fait revenir dans un fonds de vinaigre. 
Délicieux chaud comme froid pour accompagner des plats de viande ou en cicchetti à l'apéritif.