Condorcet me rapelle sur le Livre d'or que le Forum de venice-views
est de nouveau disponible après avoir été piraté. Pour ceux qui veulent
en savoir encore plus sur Venise, profiter des expériences et des idées
des uns et des autres, TraMeZziniMag vous recommande ardemment un petit
passage quotidien par chez eux !
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
25 septembre 2007
24 septembre 2007
Unde origo, inde salus !
En
novembre 1966, 279 ans et 6 jours après son élévation au fronton de la
basilique de la Salute, au moment de ces folles journées où le monde
craignit pour l'avenir de Venise submergée par plusieurs mètres d'eau,
la chute d'Eve, tombée du fronton où elle était juchée depuis plus de
trois siècles, passa inaperçue. Elle s'abattit en mille morceaux sur le
parvis inondé de la Salute.
...
L'année d'après, un panneau à l'entrée du campo au bord du Grand canal faisait sourire "Pericolo, caduta angeli" (Danger, chute d'anges).
Il exprimait pourtant tout le désarroi des vénitiens d'alors. La ville
tombait en ruine. Il fallait réagir. En fait l'histoire est bien jolie
mais elle est fausse. Elle fut inventée par des journalistes. elle porta
cependant ses fruits puisque quelques mois plus tard, la France
s'organisa pour sauver la Salute et finança les travaux de restauration
de cette somptueuse basilique élevée par Longhena dès 1631 et consacrée
le 9 novembre 1687.
Vous connaissez l'histoire. La peste sévissait à nouveau. C'est l'ambassadeur de Mantoue qui l'y a introduite, sans le savoir, en venant implorer les secours de la Sérénissime devant le siège de sa ville par l'Empereur Ferdinand. En dépit de la quarantaine qu'on lui impose avec sa suite dans l'île de San Clemente, l'émissaire contamine un menuisier venu aménager l'appartement qui lui avait été dévolu. Quelques jours plus tard, l'ambassadeur rend son dernier soupir, suivi de peu par le pauvre menuisier. entre juillet et octobre, on dénombre près de 50.000 morts à Venise. Les hôpitaux débordent. Les cadavres sont jetés par les fenêtres dans les canaux et dans les rues. On assiste à des scènes de pillage et la police décimée a du mal à maintenir l'ordre. Une puanteur horrible se répand sur la ville.
Le patriarche fait exposer le Saint-Sacrement toute une semaine dans la cathédrale de San Pietro in Castello. En vain. C'est alors qu'on se souvient au Sénat que la grande peste de 1576 fut brusquement stoppée après que la République ait fait édifier le temple votif du Rédempteur à la Giudecca. Le Sénat décide par 106 voix contre un bulletin nul et une abstention, de transporter en procession quinze samedis consécutifs l'image de la Vierge autour de la basilique San Marco.
Lors de la première procession, le doge fait le vœu solennel de consacrer un sanctuaire à la Madone sous le vocable de
Santa Maria della Salute. Le vocable italien "salute"
signifiant à la fois la santé et le salut. Le 26 octobre, le serment est
solennellement répété par le patriarche et le doge. Hélas cette
cérémonie qui attira tout ce que Venise possédait encore de bien
portants n'apaisa pas le fléau. Le mois de novembre vit 11966 victimes
succomber à la terrible maladie dont 595 pour le seul jour de la San
Todoro, le plus ancien patron de la ville. Pourtant le projet tient. Une
commission est chargée d'étudier le meilleur emplacement pour la future
église. Il la faut visible de partout et de loin. C'est le couvent de
la Santa Trinita qui va être retenu. Exceptionnellement
situé, à l'entrée du Grand canal, tout à côté de la dogana del mare.
Le Sénat expédie les moines à Murano et les démolitions commencent. Un pont de bateaux permet de rejoindre depuis San Moïse, (à l'emplacement actuel de l'hôtel Bauer-Grunenwald), le sanctuaire provisoire en bois, installé au milieu du chantier. Le 1er avril, une procession vient pour la cérémonie de la première pierre, doge et sénat en tête, dans le vacarme des canons et des cloches. Dans une niche, la pierre gravée d'une dédicace votive est déposée avec une médaille d'or, dix médailles d'argent et douze de bronze, toutes frappées du même sceau : la piazzetta surmontée d'une vierge en triomphe sur une face et sur l'autre, le doge présentant la future église. Pour sceller cette pierre, outre le doge et le patriarche, il y avait l'ambassadeur du roi Louis XIII, l'un des seuls diplomates à n'avoir pas fui, qui fut invité à participer au geste symbolique.
Le Sénat expédie les moines à Murano et les démolitions commencent. Un pont de bateaux permet de rejoindre depuis San Moïse, (à l'emplacement actuel de l'hôtel Bauer-Grunenwald), le sanctuaire provisoire en bois, installé au milieu du chantier. Le 1er avril, une procession vient pour la cérémonie de la première pierre, doge et sénat en tête, dans le vacarme des canons et des cloches. Dans une niche, la pierre gravée d'une dédicace votive est déposée avec une médaille d'or, dix médailles d'argent et douze de bronze, toutes frappées du même sceau : la piazzetta surmontée d'une vierge en triomphe sur une face et sur l'autre, le doge présentant la future église. Pour sceller cette pierre, outre le doge et le patriarche, il y avait l'ambassadeur du roi Louis XIII, l'un des seuls diplomates à n'avoir pas fui, qui fut invité à participer au geste symbolique.
Hélas, le lendemain, le doge Nicolo Contarini
est frappé à son tour et meurt dans son palais. Quelques semaines
après, c'est au tour du patriarche de rendre l'âme, frappé par la
terrible maladie. Le Sénat cependant poursuit sa tâche et désigne de
nouveaux membres pour la commission chargée maintenant de décider de
l'architecte. Onze projets seront examinés. Certains ne pourront pas
être défendus, leurs auteurs mourant avant de pouvoir venir présenter à
la commission leurs plans. Deux sont retenus. L'un, de Rubertini et Fracao, est une sorte de projet palladien, un Redentore géant. Le second projet, celui de Baldassare Longhena, fils d'un tailleur de pierre tessinois (ils le sont tous à Venise), est présenté par son auteur comme une "machine ronde, vierge, digne, belle, telle qu'il n'en existe nulle part en ce monde."
Comme toujours en Italie, une longue polémique attisée d'injures, de rumeurs, et de bagarres va suivre. Bataille d'experts, conflits entre les tenants de la modernité et les conservateurs. Finalement, Longhena est sélectionné. Dès ce moment-là, la peste va ralentir sa terrible progression et dès le début de l'été 1631, le nombre de victimes diminue. Le 28 novembre, le doge Francesco Erizzo proclame officiellement la ville libérée du fléau. Le bilan est lourd : 128.000 morts en onze mois. Une gigantesque procession d'action de grâce part alors de San Marco et par le traditionnel pont de bateau se rend sur le chantier de la Salute. On en est à la plantation des pilotis qui soutiendront le bâtiment. 1.106.657 pieux en chêne seront ainsi enfoncés en cercles sur les 2666 mètres carrés de superficie. Cela prendra 26 mois exactement et des centaines d'ouvriers. Longhena qui n'avait que trente deux ans lors du début des travaux, ne verra pas son chef-d’œuvre terminé.
Comme toujours en Italie, une longue polémique attisée d'injures, de rumeurs, et de bagarres va suivre. Bataille d'experts, conflits entre les tenants de la modernité et les conservateurs. Finalement, Longhena est sélectionné. Dès ce moment-là, la peste va ralentir sa terrible progression et dès le début de l'été 1631, le nombre de victimes diminue. Le 28 novembre, le doge Francesco Erizzo proclame officiellement la ville libérée du fléau. Le bilan est lourd : 128.000 morts en onze mois. Une gigantesque procession d'action de grâce part alors de San Marco et par le traditionnel pont de bateau se rend sur le chantier de la Salute. On en est à la plantation des pilotis qui soutiendront le bâtiment. 1.106.657 pieux en chêne seront ainsi enfoncés en cercles sur les 2666 mètres carrés de superficie. Cela prendra 26 mois exactement et des centaines d'ouvriers. Longhena qui n'avait que trente deux ans lors du début des travaux, ne verra pas son chef-d’œuvre terminé.
© photographie de Gigi - 2007. |
Quelques
siècles plus tard, les vénitiens restés fidèles à leur vœu continuent
de se rendre, très nombreux, chaque année en procession à la basilique. Et
les mots gravés au cœur du pavement de marbre polychrome, autour de la
rose de pierre qui en forme le centre, en sont un rappel : "Unde origo, inde salus" ("D'où je tire mon origine, de là me vient mon salut").
Allusion à l'antique tradition qui fait coïncider l'anniversaire de la
naissance de Venise avec celui de l'Annonciation. Rappel aussi de ce vœu lointain de leurs ancêtres. Depuis près de quatre siècles Venise
place ici sa sauvegarde. En 1970, Venise avait juré de sauver la Salute
en danger, et c'est la France qui l'y a aidée, prolongeant ainsi le geste
de son ambassadeur, qui par un matin de printemps en 1631, en posa la
première pierre...
Publié par
Lorenzo
à 23:00
22 septembre 2007
Du côté de San Nicolo dei Mendicoli
________
2 commentaires:
- Tietie007 a dit…
-
Quelle chance tu as de vivre dans la Cité des Doges ...J'y suis allé il y
a 3 ans, et j'en garde encore un souvenir ému ...nous avions eu la
chance de voir Venise sous la neige, nous nous étions réfugiés au
Paradis Perdu, une taverne non loin de l'Eglise de la Madonna dell Orto,
à l'intérieur rustique. Nous étions restés jusqu'au soir, près du
poêle, un chat vénitien sur les jambes, à regarder les employés cuisiner
des plats du coin ...
Je vais certainement retourner cette année, pour amener des élèves !
Salutations provençales !
- 29 septembre, 2007
- Lorenzo a dit…
-
oui oui il faut y amener les enfants qui s'y retrouvent naturellement
comme les chats. N'hésitez pas amis enseignants : demandez-moi des idées
pour une visite différente et qui sortira vos gamins des sentiers
battus qu'internet et les dizaines de films sur Venise peuvent leur
montrer à tout moment : la Venise des jardins, secrets, des vestiges du
passé figés comme dans une aventure de Corto Maltese... Merci pour la
visite ! A tout de suite.
- 02 octobre, 2007
21 septembre 2007
Dove si mangia bene ?
Un
ami qui doit se rendre à Venise dans les prochains jours, m'a demandé
de lui indiquer un petit restaurant traditionnel, peu connu mais facile
d'accès et où il puisse s'exprimer en français ou en anglais, lui qui
n'arrive pas à aligner trois mots d'italien, malgré mes efforts pour l'aider à s'exprimer dans la plus belle langue du monde.
C'est l'Antica Osteria San Pantalon qui m'est venue in mente
spontanément. Peut-être parce que je sais qu'il est fumeur et que
l'atmosphère vite enfumée de la salle ne le dérangera pas. Je plaisante.
Cette osteria existe depuis fort longtemps. Située à
Dorsoduro, non loin de la Scuola San Rocco, nous y allons en voisins.
Elle appartient au propriétaire de la Vecia Cavana, à Cannareggio. Un endroit "tendance"
mais qui reste (encore) authentique. Ce n'est pas de la haute
gastronomie, mais les produits sont de qualité (le jambon notamment y
est excellent) et la carte des vins bien choisie. On y rencontre
beaucoup de touristes mais cela reste un lieu fréquenté par les
vénitiens. Surtout l'hiver. Les serveuses sont souriantes bien que
toujours un peu lentes. C'est qu'en cuisine tout est fait sur l'instant
et on ne badine pas avec les temps de cuisson. Bref, si vous n'êtes pas
pressé, si vous aimez bien manger en prenant votre temps, l'Antica Osteria San Pantalon est pour vous.
Le cadre est on ne peut plus simple, genre auberge traditionnelle : des tables de bois, des chaises qui forcent à se tenir droit. Sur chaque table est disposée une panière de pains dont certains sont délicieux. Vous savez la difficulté qu'il y a à Venise comme partout en Italie à trouver dans les restaurants du bon pain frais et goûteux. Mais c'est peut-être moi qui suis difficile, le pain est la base de ma nourriture et je ne sais pas m'en passer. Si je vous disais qu'à Venise, aux mille variétés de pains de Rizzi près de chez nous, je préfère le pane pugliese qu'on trouve au super marché Billa sur les Zattere !
Que conseiller ? La pasta fagioli est délicieuse. Sur une base de vrai bouillon de boeuf, il est indiqué dans les primi piatti di carne. Ils servent aussi de délicieuses luganeghe, ces saucisses typiques fabriquées par un petit artisan du Rialto, qui rendraient optimistes un innocent condamné à mort. Les spaghetti alle vongole sont délicieux et très copieux. L'ail y est omnipotent, ce qui me plaît mais peut agacer certains palais délicats ! Les coquillages sont nombreux contrairement à certains bouges où au milieu de spaghetti trop gras on voit surnager deux ou trois crustacés à peine décongelés (n'insistez-pas, je ne donnerai pas de nom, bien que cela me démange !!!
Parmi les poissons, le rombo braisé (turbot) comblera les plus difficiles. Le chef a une manière de le cuire qui met en valeur toute la délicatesse de sa chair. J'en ai l'eau à la bouche rien que d'écrire ces lignes... Mais il faut le commander d'avance car sa préparation prend du temps et il n'est pas question de le faire d'avance. Un simple plat de pommes de terre frites comme accompagnement. Elles sont parfaites, ni trop sèches, ni trop grasses. Un régal.
Pour finir, je vous conseille de laisser de côté les tiramesù traditionnels ou les crèmes brûlées universelles (ou leurs glaces industrielles) pour savourer, à la vénitienne, un vin doux – ils ont un très bon moscato - et des Esse (appelés aussi buranelli), ces biscuits secs en forme de S, ou des bussola (en forme d'anneau), fabriqués traditionnellement à Burano. Chez ma grand-mère, on les appelait des "biscocicco" que nous dégustions à peine sortis du four. Trempés dans du vin, c'est un délice qui prépare le palais à la merveilleuse saveur d'un bon café avec ou sans grappa. Celle de l'Antica osteria san Pantalon est délicieuse. Elle arrive de la montagne dans des bombonnes de plastique, sa provenance exacte reste mystérieuse et en tout état de cause, rien dans le procédé ne doit convenir aux fades nouvelles normes européennes d'hygiène, mais Dieu que c'est bon !!!
Le cadre est on ne peut plus simple, genre auberge traditionnelle : des tables de bois, des chaises qui forcent à se tenir droit. Sur chaque table est disposée une panière de pains dont certains sont délicieux. Vous savez la difficulté qu'il y a à Venise comme partout en Italie à trouver dans les restaurants du bon pain frais et goûteux. Mais c'est peut-être moi qui suis difficile, le pain est la base de ma nourriture et je ne sais pas m'en passer. Si je vous disais qu'à Venise, aux mille variétés de pains de Rizzi près de chez nous, je préfère le pane pugliese qu'on trouve au super marché Billa sur les Zattere !
Que conseiller ? La pasta fagioli est délicieuse. Sur une base de vrai bouillon de boeuf, il est indiqué dans les primi piatti di carne. Ils servent aussi de délicieuses luganeghe, ces saucisses typiques fabriquées par un petit artisan du Rialto, qui rendraient optimistes un innocent condamné à mort. Les spaghetti alle vongole sont délicieux et très copieux. L'ail y est omnipotent, ce qui me plaît mais peut agacer certains palais délicats ! Les coquillages sont nombreux contrairement à certains bouges où au milieu de spaghetti trop gras on voit surnager deux ou trois crustacés à peine décongelés (n'insistez-pas, je ne donnerai pas de nom, bien que cela me démange !!!
Parmi les poissons, le rombo braisé (turbot) comblera les plus difficiles. Le chef a une manière de le cuire qui met en valeur toute la délicatesse de sa chair. J'en ai l'eau à la bouche rien que d'écrire ces lignes... Mais il faut le commander d'avance car sa préparation prend du temps et il n'est pas question de le faire d'avance. Un simple plat de pommes de terre frites comme accompagnement. Elles sont parfaites, ni trop sèches, ni trop grasses. Un régal.
Pour finir, je vous conseille de laisser de côté les tiramesù traditionnels ou les crèmes brûlées universelles (ou leurs glaces industrielles) pour savourer, à la vénitienne, un vin doux – ils ont un très bon moscato - et des Esse (appelés aussi buranelli), ces biscuits secs en forme de S, ou des bussola (en forme d'anneau), fabriqués traditionnellement à Burano. Chez ma grand-mère, on les appelait des "biscocicco" que nous dégustions à peine sortis du four. Trempés dans du vin, c'est un délice qui prépare le palais à la merveilleuse saveur d'un bon café avec ou sans grappa. Celle de l'Antica osteria san Pantalon est délicieuse. Elle arrive de la montagne dans des bombonnes de plastique, sa provenance exacte reste mystérieuse et en tout état de cause, rien dans le procédé ne doit convenir aux fades nouvelles normes européennes d'hygiène, mais Dieu que c'est bon !!!
calle del Scaleter, Dorsoduro 3958
à proximité des Frari
à proximité des Frari
19 septembre 2007
L'Académie des Empêchés
Au début
du XVIIe siècle, à l'époque où la France mal remise des guerres de
religion allait perdre son bon roi Henri IV, il existait à Venise une
société culturelle très particulière. Comédiens, chanteurs, musiciens,
poètes et compositeurs avaient un jour décidé de se réunir pour former
"l'Accademia degli Impediti".
.
Sous
cette dénomination qu'on pourrait croire sarcastique, il y avait tout
le désenchantement d'artistes très souvent de grand talent qui
n'auraient jamais la possibilité de se faire connaître et d'atteindre la
renommée des plus grands. Tout simplement parce qu'ils étaient juifs et
devaient vivre et se produire exclusivement dans le Ghetto.
Oh,
ne croyez pas qu'ils étaient malheureux. Le ghetto de Venise (le
premier et celui qui donna son nom à tous les autres dans le monde),
était en fait comme une colonie accueillant des communautés juives
venues de partout : les italiens, les portugais et les espagnols, les
levantins, quelques familles venues de Pologne ou de Russie, des
allemands. La place manquait un peu sur ces îlots entourés de canaux et
fermés par de grandes grilles la nuit. Aussi avait-on construit en
hauteur. On peut voir encore ces immeubles devenus vétustes qui
s'élancent dans le ciel vénitien sur sept ou huit étages. On y vivait
comme partout ailleurs, autour du campo, lieu de rassemblement. Les
boutiques étaient nombreuses et pendant la journée l'animation était à
son comble. On trouvait dans le ghetto de nombreuses banques - activité
autorisée aux juifs et encouragée par le Gouvernement de la République
puisque les chrétiens n'avaient pas le droit de s'y adonner - mais aussi
des comptoirs de marchands qui assuraient la liaison avec le Levant,
l'Asie et le autres pays d'Europe.
Cette
population aimait à se distraire mais le soir il était interdit de
quitter le ghetto. Alors on y organisait souvent des soirées musicales,
des lectures de poésie ou de romans, des représentations théâtrales.
En
ce début du XVIIe siècle, on eut l'idée d'aménager la petite colonnade
située devant la synagogue italienne en théâtre. Une estrade fut montée,
des rideaux posés (on voit encore l'emplacement des gros crochets de
bronze qui soutenaient les tringles). Ces quatre colonnes en pierre
d’Istrie qui semblent soutenir à elle seule la scola italienne (une des
cinq Synagogues du Ghetto) abritèrent ainsi la tribune en bois où
pendant des années se produisirent régulièrement des acteurs, des
chanteurs et des musiciens. Les soirs de spectacle, la place était noire
de monde.
Les
lourdes portes du ghetto et la loi de la République ne permettaient pas
à ces artistes de prétendre à la renommée, confinés qu'ils étaient dans
leur lieu de vie et leur appartenance religieuse. Et pourtant leurs
comédies étaient drôles, leurs poèmes souvent très spirituels et les
musiciens d'une telle qualité que les patriciens venaient souvent en
groupe avec leurs invités assister à certains concerts, ceux qui avaient
lieu avant la tombée de la nuit.
Nous
pouvons tous imaginer combien il était difficile à un juif de cette
époque de prétendre vivre en paix et de s'installer définitivement
quelque part. La France, après l'Espagne, venait de les chasser. Si le
pape accepta de les accueillir, beaucoup de villes ou de petits états
italiens refusèrent. A Livourne, l'ouverture d'un port-franc
attira des juifs d'Orient. Mantoue relativement libérale, abrita une
communauté importante, comme Modène et Venise. La peur et la haine du
juif était tenace parmi les chrétiens qui assimilaient ce peuple aux
responsables de la condamnation et de la mort du Christ. Les deniers de Judas semblaient tinter dans les poches de chaque marchand hébreu, pareil au Shilok de Shakespeare.
Très
tôt ils durent porter un signe distinctif. Les juifs italiens étaient
cependant relativement chanceux. S'ils devaient vivre eux aussi dans un
lieu reclus et qu'il leur était formellement interdit toute relation et
union avec les chrétiens, s'ils devaient porter ces signes distinctifs
qui nous semblent ignobles aujourd'hui, ils furent quasiment partout
assimilés et bien traités. Notamment à Venise. Mêlés aux peuples parmi
qui ils vivaient, ils étaient toujours en bon terme avec eux. A la fois
semblables et différents, parlant hébreu entre eux, ils parlaient
toujours le dialecte de leur lieu d'accueil.
Ainsi
à Venise, les juifs vivaient comme tout le monde pendant la journée,
s'exprimaient en vénitien, agissaient en vénitien. Mais le soir venu,
ils se retrouvaient enfermés rendus à leurs usages et à leurs
traditions. Coupés du monde. Et c'est naturellement qu'ils voulaient
continuer à vivre la vie commune. Malgré leur Loi, malgré le poids de
leurs traditions et les théocrates intégristes qui déjà veillaient. L'académie des Empêchés
c'était la traduction de cette soif d'assimilation, cette volonté de
gommer les différences purement matérielles, sans jamais vouloir
atteindre ni dénaturer pour autant le dogme fondamental qui faisait
d'eux le peuple élu.
Le célèbre rabbin Léon de Modène
encouragea et défendit cette idée et encouragea la réforme des rites et
des cérémonies. Une communauté installa un orgue dans sa synagogue, une
autre monta un choeur qui accompagnait les offices. Enfin, on se mit à
chanter les psaumes selon le mode moderne (cette musique baroque qui
nous est familière aujourd'hui). Hélas la prétendue tradition orientale
l'emporta et peu à peu choeurs et instruments furent bannis des temples.
Et de nouveau les artistes redevinrent des "empêchés". Ils ne pourraient décidément jamais envisager se produire un jour à la cour du Doge, à Florence, à Milan ou à Rome.
Pourtant
il y en eut un qui se hissa par son talent au rang des plus grands
artistes chrétiens de son époque. Par sa musique, il révolutionna la vie
religieuse des juifs de Venise et le courant qui naquit de son oeuvre
se répandit dans toute l'Europe, rapprochant juifs et chrétiens dans un
même amour de la beauté mise au service de l'adoration et de la prière.
Ce musicien extraordinaire était originaire de Mantoue. Il se nommait Salomone Rossi, et descendait d'une très ancienne famille arrivée en Italie sous le règne de l’Empereur Titus après la destruction du Temple de Jérusalem. Élève de Monteverdi, c'était un compositeur apprécié et il jouait du violon avec une étonnante habileté. Musicien officiel de la cour de Mantoue, il était exempté de l'obligation de porter la barrette jaune qu'on imposait aux juifs. Il avait une sœur dont la postérité n'a pas retenu le prénom, mais dont le surnom est parvenu jusqu'à nous. Tous l'appelaient "Madame Europa", car elle avait remporté un immense succès en interprétant ce rôle dans "le rapt d'Europe". Sa voix était divine. Elle était la cantatrice favorite du Duc Francesco IV Gonzague, qui protégea la communauté juive de la ville pendant tout son règne.
A l’occasion du mariage du Duc avec Marguerite de Savoie, au printemps 1608, tous les meilleurs artistes de l’époque furent invités à se produire à la cour. Claudio Monteverdi composa et mit en scène pour l'occasion son Opéra "Arianna" et l'extraordinaire "Ballo delle Ingrate" . On interpréta "L’Idropica" de Guarini . Le prince commanda à tous les compositeurs de la cour des intermèdes musicaux, et Rossi composa une très belle pièce très remarquée et qu'on possède encore aujourd'hui.
Lorsque son maître Monteverdi se rendit à Venise, Rossi
et sa soeur le suivirent. Ils se produisirent devant le doge et sa
cour. Mais le soir venu, il leur fallu rejoindre le ghetto où on avait
mis à leur disposition de belles salles richement meublées. Il y avait
ce jour-là un spectacle de l'académie des Empêchés. Le public, sachant Madame Europa et son frère parmi eux réclama leur venue (imaginez la Callas et Rostropovitch venant loger au milieu d'amateurs de musique !).
Ils
s'exécutèrent de bonne grâce et interprétèrent de nombreuses pièces que
le doge avait pu entendre quelques heures plus tôt. Ce fut un tel
succès que la garde chargée de surveiller les abords du ghetto vint voir
ce qui se passait, tant la clameur fut retentissante. On porta en
triomphe le frère et la sœur jusqu'à l'entrée de leurs appartements.
Nos deux artistes suivirent Monteverdi et se produisirent un peu partout en Europe. Salomone Rossi
eut le privilège de voir l'ensemble de ses compositions éditées de son
vivant. Il devint célèbre. On raconte que sa soeur était l'interprète
préférée de Monteverdi après la mort de son égérie, Caterina Martinelli et qu'elle fut la première à chanter le merveilleux lamento d'Ariane.
Devant ce succès international, les Empêchés
aperçurent soudain l'espoir de sortir de leur enfermement : pouvoir
eux-aussi faire éclater leur talent aux quatre coins du monde. On se
demande pourquoi parmi les musiciens les plus talentueux se trouvent
souvent des juifs. Quel don supplémentaire, quel mystère préside à leur
réussite ? Hé bien ces dons, ce talent, cette énergie, ils les doivent à
Madame Europa et à son frère Salomone Rossi.
Cent
ans après la peste noire qui déclencha le massacre et la fuite de
milliers de juifs d'Espagne, la terrible épidémie de peste qui se
répandit sur le nord de l'Italie eut raison de leur talent. Si la voix
de Madame Europa
n'est plus qu'une légende, la musique de son frère est encore là pour
témoigner de cette époque de lumière où la musique sut atteindre des
sommets de beauté et de spiritualité.
_________
3 commentaires:
- Gérard a dit…
-
Article remarquable !
On y devine ce qui caractérise l'esprit du judéo-christianisme .
De toujours .
On le devine .
Même pas besoin de le souhaiter d'ailleurs .
Et cette valeur essentielle s'appelle l'espérance !
Cet article , beau comme l'est l'humanité en souffrance et en joie , devrait être lu dans toutes les écoles .
Je serai toujours étonné , stupéfait , par l'esprit de confinement et d'enfermement qui précède tout antisémitisme .
Et ça continue !
Quelle connerie !
Très bel article !
- 20 septembre, 2007
- Claudio Ronco a dit…
-
Merci, Laurent, d'avoir si bien lu mon histoire "Ester e Salomone, una
novella veneziana", et "madama Europa" comme je l'avais lu à la Radio
Suisse Romande, et publié dans mon site:
http://users.libero.it/claudioronco/madameuropa.html
C'est un belle histoire, en effet.
Claudio Ronco.
- 22 janvier, 2010
- Lorenzo a dit…
-
Merci de ta fidélité Claudio et merci aussi d'avoir accepté cette belle
prestation à Échappées Belles de France5 auprès de qui je t'avais
recommandé en pensant il est vrai à tout ce que tu pouvais avoir à dire
sur le Ghetto. la séquence à la Querini fut hélas trop brève.
J'ose espérer que ton commentaire ne sous-entend pas implicitement un reproche. Je ne crois pas avoir plagié l'excellent article ni l'émission que j'avais beaucoup apprécié. Cette belle histoire, pour l'avoir entendu souvent dite de différentes manières, depuis mon enfance, méritait sa place dans Tramezzinimag. Ton commentaire ajoute ce qui manquait : les sources. Merci encore et à bientôt, spero !
- 22 janvier, 2010
17 septembre 2007
Madeleine Peyroux chante "the summer wind". Devant la maison, deux jeunes garçons s'amusent avec leur skate. Ils ressemblent à mon fils. Lui, le skate ce n'est pas vraiment son truc. Il est en haut, les yeux rivés à son écran d'ordinateur, jouant à Dofus où il est tout à tour marchand, artisan ou chevalier. La rumeur de la foule qui passe est atténuée par le mur qui nous sépare de l'école voisine. Toutes les fenêtres sont ouvertes. Le jardin embaume, le jasmin et les vieilles roses, l'herbe fraîchement coupée, les massifs de fleurs du voisin. Le ciel est d'un bleu limpide, sans un nuage. Il fait bon. Ce sera bientôt le retour, la rentrée.
Mes filles bouquinent sur la terrasse. Le thé bien chaud est servi, avec les biscuits et ces délicieux macarons de Rosa Salva, sur la vieille table un peu rouillée du jardin. Il ne manque que notre bon vieux chat resté en France. Nous sommes en ville, avec cette sensation d'être vraiment au centre de quelque chose d'unique et de fondamental. Pourtant nous pourrions être dans n'importe quel jardin de campagne, tant le nôtre ici est sauvage et commun. Mais, contrairement à la ville normale, ici il n'y a pas ce bruit permanent, celui des moteurs de voitures, des klaxons, qui dérange et obsède. Ni cette odeur infecte que laissent derrière elles les automobiles.
Oui vraiment, même sans sortir de chez nous, vivre à Venise a quelque chose d'unique et de différent. Deux voisines bavardent derrière le mur. L'une est la concierge de l'école avec qui je parle souvent. Joie d'entendre ce dialecte vénitien dont je ne comprends pas tout. Cette intonation sans pareille.
Nous sommes à Venise, il est presque dix huit heures et la vie passe, tranquille. A deux pas les touristes vont et viennent. Devant la maison les deux garçons s'amusent avec leur skate et rient aux éclats. Jean est venu nous rejoindre dans le jardin. Alix sert le thé, Margot a posé son livre et son visage radieux qui me sourit efface la souffrance de ces dernières semaines. Notre jardin à Venise, une parenthèse dans ce temps de rupture, terrible maelström dans lequel nous sommes tous précipités... Madeleine Peyroux chante doucement "the summer wind".
Écrit à la Toletta, juillet 2007
3 commentaires:
- Anonyme a dit…
- Je reconnais "mon" chat et la Salizada de le Gatte...Je suis surprise de le retrouver là ...mais également heureuse que ce moment pris sur le vif ait plu au fin connaisseur de Venise que vous êtes! Fanfan
- 21 septembre, 2007
-
- Après recherches et conseils...cette photo a été prise Campo del Tiziano. Fanfan
- 23 septembre, 2007
- Lorenzo a dit…
- je rajoute donc le copyright. Je voulais en fait un lieu qui ressemble à l'entrée de ma maison mais ne dévoile pas l'endroit. Vous savez bien les groupies, les paparazzi... Je plaisante.
- 25 septembre, 2007
16 septembre 2007
Il ponte chiodo alla Misericordia
Non loin du Ghetto, près de la Misericordia, connaissez vous ce pont ? L'un des derniers sans rambarde, comme ils le furent tous très longtemps, à l'époque des chevaux. Le pont du diavolo à Torcello date de la même période. C'est l'occasion de remercier une fois encore Pierre et Suzy, les animateurs de Venice Daily Photo que je pille très souvent et qui font un travail remarquable. Allez voir leur site si vous ne le connaissez pas encore.
Publié par Lorenzo à 23:44
14 septembre 2007
Venise dans Second Life : ça marche !
La mode est au virtuel. C'est tellement plus simple... Je vous avais
annoncé l'inauguration en mai dernier de la Venezia virtuale dans
l'univers de Second Life, ce monde où on peut vivre par procuration
(vous créez un ou plusieurs "avatars" et vous menez là-bas une seconde
vie, toute virtuelle).
Et
bien aujourd'hui ça marche et depuis le printemps des millions de
visiteurs s'y sont précipités. Les fêtes succèdentr aux fêtes et la mode
est au voyage en amoureux dans la Venezia virtuelle. De quoi convaincre
les derniers publicitaires réticents.
Dorénavant, des sociétés bien
réelles y achètent à tour de bras des espaces publicitaires, des Etats tout ce qu'il y a de plus vrais y ouvrent des ambassades. Depuis plusieurs mois, à l'initiative des créateurs du Gruppo Italian Project ,
une Venise assez fidèle (autant que faire se peut) a vu le jour et les
touristes (virtuels) de tout Second Life s'y précipitent. Tout y est ou
presque : le pont du Rialto, San Marco, les calli, les canaux, les
gondoles et même... l'acque alta !
Pour l'inauguration la foule des
invités en chair et en os purent se promener virtuellement et sur grand
écran en gondole ou faire une passeggiata romantique dans les rues de la
ville... Des
manifestations officielles et commerciales sont organisées depuis sur
Venezia second Life. Vous pouvez louer ou acheter un étage de palais. Au
cours du Lindon dollar (la monnaie virtuelle de Second Life),
c'est un peu moins cher qu'en vrai ! Un autre monde vraiment. Certes
féru des riches possibilités d'Internet, je reste dubitatif et continue
de préférer la vraie - même à distance - à la virtuelle.
13 septembre 2007
12 septembre 2007
COUPS DE CŒUR n°17
Depuis 2005, je sacrifie à l'amour
des listes qui fait florès sur la blogosphère. Pourquoi s'en priver.
C'est un moyen de partager les livres et les disques qu'on aime, les
découvertes, les lieux sympathiques. Cette 18e édition de Coups de Coeur
marque les deux ans de la rubrique. Je lisais l'autre jour un auteur
américain qui prétend que le pire est sur internet. C'est sûrement vrai.
Pour ma part, je n'ai aucune autre prétention sur TraMezziniMag que de
partager mon amour passionné - démesuré ? - pour Venise et la vie que
j'y mène, car comme pour tous les exilés, mon Ithaque n'est que
merveille et bonheur. J'espère ne pas lasser mes lecteurs ni dire trop
de bêtises !
.
Kirsty Gunn,
Le garçon et la mer.
Christian Bourgois, 2007
Au début de l’été, un jeune adolescent de 15 ans, Ward, le héros du
livre, n'a d'autre occupation que d'aller à la plage. Un copain l’incite à
venir à une fête chez Beth, riche en alcools, en filles et où il lui
promet qu'ils s'amuseront bien. Mais Ward est timide et renfermé, il
lutte pour se défaire de l’emprise de son père. Il préfère attendre la
bonne vague sur la plage car il n’est vraiment heureux que lorsqu’il
prend sa planche et va surfer, pour échapper provisoirement à ses
angoisses. Comme le soleil s’approche du zénith, les courants changent
et le garçon va se trouver confronté à un événement spectaculaire qui
bouleversera sa vie à tout jamais. Un court roman d’apprentissage
sensuel et enivrant qui décrit à la perfection les gênes et les défis de
nos quinze ans, un conte où se mêlent danger et sexualité, un conte sur
les mères et leurs fils, sur les pères qui les dominent et sur la mer.
Par une jeune femme d'origine néo-zélandaise qui vit à Londres. A dévorer en cette fin d'été.
.
Bernard Delvaille
Plaisirs solitaires.
Ed. Le Temps qu'il fait.
"Je ne sais pas si ce que nous avons écrit nous définit ou si c’est
notre vie qui détermine ce que nous écrivons. L’un et l’autre sans
doute. Le plaisir solitaire, c’est celui de la lecture. Jeune, c’est
aussi celui du voyage, qui, plus tard, réclame d’être partagé. Les
textes ici rassemblés - dont d’importants inédits par rapport à la
première édition - sont de courts essais littéraires (Le cavalier Marin,
Sur Émile Verhaeren) et des souvenirs de voyages : Londres, Venise
avant tout, mais aussi les côtes de Norvège, Copenhague et Elseneur,
Dublin. Autant d’amers qui balisent une vie." Ces notes, comme un
journal de bord, écrites par cet auteur bordelais récemment disparu et
qui mériterait d'être mieux connu, contiennent de très belles choses sur
Venise sans en parler vraiment. "J'aimerais vivre dans les ports
verts et silencieux de Carpaccio, où le ciel et la mer ne font qu'un, et
où les pavillons flottent à peine au vent humide et chaud de
l'Adriatique. Mais ce n'est pas Venise, c'est un paysage de l'âme." Venise
est effectivement un paysage de l'âme que ne comprennent bien que ceux
qui l'ont belle, simple, pure et enfantine encore. Delvaille était de
ceux-là. Bordelais, il est mort à Venise en avril dernier. On lui doit la collection Poètes d'Aujourd'hui qu'éditait Seghers, et de nombreux ouvrages de qualité. Ses manuscrits, sa correspondance et de nombreux autres documents ont hélas disparus après son décès et il serait urgent de faire quelque chose pour sauver ces archives entreposées par un des exécuteurs testamentaires on ne sait où ni dans quelles conditions.S
Andreas Scholl
Arias for Senesino,
Musiques de Haendel, Porpora, Lotti, Albinoni, Scarlatti.
Ed. Decca.
L'air "Al lampo dell'armi" de Haendel extrait de Giulio Cesare,
vous saute littéralement à la figure. Andreas Scholl à la voix immaculée
pleine de finesse explose littéralement dans ce disque hommage au
fameux castrat du XVIIIe siècle, Francesco Bernardi dit Senesino, qui
fascina l'Europe entière et inspira les plus grands musiciens réunis
dans ce disque comme Albinoni ou Scarlatti entre autres mais surtout
Haendel qu'il fascina. Merveilleuse prestation soutenue par des
musiciens d'une remarquable efficacité et manifestement investis de la
même mission. Un CD remarquable qu'il est impossible de laisser. Je
l'écoute quasiment en boucle.
.
Trattoria da Marisa
Fondamenta San Giobbe
Cannaregio 652b,
041 720211
Fermé dimanche & lundi.
Voilà une adresse incroyable que j'ai peu souvent communiquée. Elle fera fuir certains mais elle régalera (au propre comme au figuré) les amateurs de bonne vraie cuisine casalinga vénitienne. Ceux qui veulent de l'authentique et non du Mc Disney. La truculente Marisa (sur la photo en train de préparer ses légumes) est
bien connue des gondoliers et des fines bouches de Venise. On peut
passer devant sans remarquer ce petit restaurant. Pas de publicité ni
d'enseigne. Seules quelques tables au bord du canal signalent
l'établissement. Bons petits plats et une hospitalité de plus en plus
rare. C'est pratiquement toujours plein et les touristes peu nombreux (cela tient du miracle !).
On y propose un menu, mais chaque jour la carte est différente et il
faut se laisser entraîner par les suggestions de la serveuse. Les
tagliatelles au canard sont réputées, mais aussi mes gnocchis et le ragù,
cette sauce à la viande qui nappe si bien les spaghettis et prouve
qu'on peut les cuisiner autrement qu'à la bolognaise. Les charcuteries
sont de première qualité, comme les légumes. Même la viande est bonne,
ce qui est rare en Italie et particulièrement à Venise. Son boeuf
mironton à la vénitienne est à se rouler par terre. Quant au vin, il
coule à flots et je puis vous assurer que l'ambiance ne manque pas. Et
puis, pour parfaire le tout, l'addition n'est jamais salée. Il faut
compter en moyenne un peu moins de 20 euros par personne, pour un repas
complet.
.
Castello 3301, Fondamenta dei Furlani
Tél. : 041-5210184
Un magasin comme on aimerait en trouver
partout. Un choix incroyable de vins et un accueil empressé, jovial et
vraiment amical. Un lieu que je recommande vraiment malgré son succès
auprès des américains et des japonais. Ils ont d'excellentes grappa et de grands millésimes du veneto mais aussi des autres régions viticoles d'Italie. Tous les prix.
09 septembre 2007
Traghetto
En
attendant que la barque soit complète... Le traghetto vu du côté de la
Strada Nova, devant le Palazzo Sagredo, qui permet de se rendre au
marché du Rialto pour quelques centimes. J'allais dire pour quelques
lires. Décidément, je ne m'y ferai jamais à cette monnaie unique...
______
2 commentaires:
-
- Je passe par là tous les matins ou presque pour aller à mon travail à l'Université. Nous vivons derrière la Strada Nova, près du Ghetto. Enzo qui vient de Ancona est un ami de Julia que tu connais. Bravo pour ton magazine et au prochain tramezzini al tonno-uova que je savoure promis je pense à toi !
-
10 septembre, 2007
- Lorenzo a dit…
- Merci Mara, un bon tramezzini avec un verre de prosecco pris au soleil sur une petite place tranquille, rien de tel pour reprendre des forces avant d'aller travailler; !
- 11 septembre, 2007
Mostra del Cinema : les résultats
La Mostra a fermé ses portes, les lions rentrent au bercail et la foule s'éparpille. Sur le ponton de l'Excelsior, le tapis rouge a été rangé. Les dernières vedettes s'attardent du côté du Harry's bar ou au Danieli (Woody Allen venu présenter hors compétition son nouveau thriller, reste quelques jours supplémentaires). Le jury vient de rendre son verdict. En voilà la liste.
Lion d'Or pour le meilleur film :SE, JIE (LUST, CAUTION) de Ang Lee (Usa/Chine/Taïwan)
Lion d'Argent pour la meilleure mise en scène :
Brian De Palma pour le film REDACTED (Usa)
Prix Spécial du Jury (ex aequo) :LA GRAINE ET LE MULET de Abdellatif Kechiche (France)
I’M NOT THERE de Todd Haynes (Usa)
Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine :
Brad Pitt dans le film THE ASSASSINATION OF JESSE JAMES BY THE COWARD ROBERT FORD de Andrew Dominik (Usa)
Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine :
Cate Blanchett dans le film I’M NOT THERE de Todd Haynes (Usa)
Prix Marcello Mastroianni à un jeune acteur débutant :Hafsia Herzi dans le film LA GRAINE ET LE MULET de Abdellatif Kechiche (France)
OSELLA pour la meilleure photographie :
Rodrigo Prieto, directeur de la photographie du film SE, JIE (LUST, CAUTION) di Ang Lee(Usa/Chine/Taïwan)
OSELLA pour la meilleure mise en scène :
Paul Laverty du film IT’S A FREE WORLD… de Ken Loach (Grande Bretagne)
Lion d'Or spécial
décerné pour l'ensemble de son oeuvre à Nikita Mikhalkov
Les extraordinaires capacités et le talent du cinéaste russe ont été récompensé par un jury unanime. Son nouveau film confirme une fois de plus les qualiéts humaines de l'artiste. Roberto Ellero, le directeur de Venezia Circuito Cinema doit être très heureux, Mikhalkov est depuis longtemps un de ses amis. Je me souviens en 1985 à Bordeaux, lorsque j'organisais la présentation en France de son exposition "Venise, Cité du cinéma" ( je dois vous en reparler), Roberto Ellero apprit que Mikhalkov venait au cinema Jean-Vigo invité par son directeur l'éminent Alain Marty, les deux amis parlèrent ensemble devant un public médusé. Et notre vénitien déclara ce soir là au public bordelais :"vous avez en face de vous un des plus grands cinéastes du monde".
Section HORIZONS
SÜGISBALL (AUTUMN BALL) de Veiko Õunpuu (Estonie)
Le Prix Horizons est soutenu par la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma avec une dotation de 20.000 €
Prix Horizons Doc :WUYONG (USELESS) di Jia Zhangke (Chine)
Mention spéciale du jury :
KAGADANAN SA BANWAAN NING MGA ENGKANTO (DEATH IN THE LAND OF ENCANTOS) de Lav Diaz (Philippines)
KAGADANAN SA BANWAAN NING MGA ENGKANTO (DEATH IN THE LAND OF ENCANTOS) de Lav Diaz (Philippines)
Section LEONE DEL FUTURO
Prix Venezia de la première oeuvre Luigi de Laurentiis :LA ZONA de Rodrigo Plà (Mexique)
Aurelio De Laurentiis et la société Filmaro dotent ce prix de 100.000 dollars. Le réalisateur reçoit 40.000 € de pellicule Kodak
Section CORTO CORTISSIMOLion d'Argent pour le meilleur court-métrage :
DOG ALTOGETHER de Paddy Considine (Grande Bretagne)
Mention spéciale :
LIUDI IZ KAMNYA (STONE PEOPLE) de Leonid Rybakov (Russie)
PRIX UIP :
ALUMBRAMIENTO de Eduardo Chapero-Jackson (Espagne)
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