Dès le lendemain, je passais au moins cinq heures chaque jour devant ma machine à écrire. A l'Osteria de Santa Maria Formosa, comme sur la terrasse du café des Zattere ou chez Zorzi, le salon de thé de la calle della Mandorla, je ne cessais de prendre des notes, de remplir des pages et des pages... En trois semaine, le manuscrit attendu à Paris était prêt, emballé. Il fallait maintenant l'expédier. Après avoir terminé le paquet, joliment couvert de ce papier brun qu'on ne trouve qu'ici, je me couchais et pour la première fois depuis longtemps, je me sentais satisfait.
Le temps était très mauvais le lendemain matin, quand je me réveillais. J'entendis même la sirène de l'acqua alta.
Mon premier acte de la journée serait de poster le manuscrit. La
veille, j'avais eu mon éditeur au téléphone qui avait promis de
m'expédier un mandat assez conséquent. De quoi payer les trois prochains
mois de loyer et un billet de train pour Naples où je comptais me
rendre pour le vernissage d'une exposition. Il pleuvait mais mon cœur
était en fête. A la fenêtre, le chat roux qui refusait toujours de
rentrer dans la maison, était là, l'air affable. On eut dit un marquis
de Goldoni ! Arrivé au Rialto, à la Posta Centrale, je le retrouvais,
lissant ses moustaches sur la margelle du puits du cortile, en compagnie de ses acolytes. « Bah ! », pensai-je, «à Venise tous les chats se ressemblent ...»
Extrait de «Venise, l'hiver et l'été de près et de loin»
à paraître aux Éditions Tramezzinimag
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3 commentaires:
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Merci pour ce petit extrait de "Venise, l'hiver et l'été de près et de loin", j'ai vraiment hâte d'en lire tout son contenu...
Je les aime ces chats de Venise mais quel dommage de ne plus en croiser et faire un bout de chemin en leur compagnie, comme autrefois !
A bientôt Lorenzo et excellente journée
Danielle -
Avec plusieurs amis, pazzi di gatti, nous avons décidé de repeupler - sous contrôle d'un planning familial félin - la ville de sa population. Le complot se trame peu à peu. A chaque voyage, nous envisageons d'amener une jolie jeune chatte, voire des portées. Vaccinés, tatoués, ils seront peu à peu lâchés dans la ville, avec des points de ralliement pour les soins, la nourriture et les abris, à proximité d'un relais humain, mamma (ou babbo) gatto. Nous nous emploierons à convaincre la municipalité...
S'il devait ne plus y avoir de vénitiens à deux pattes, qu'il y en ait toujours sur quatre, dignes cousins du lion ailé... -
C'est une excellente initiative que celle des "pazzi di gatti". Je leur adresse tous mes encouragements!
Anne