VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
Mon dernier billet était illustré d'une photo du rio terà secondo, où se trouve la demeure du célèbre éditeur vénitien, Alde Manuce,
sans mention de date ni d'auteur. La qualité du cliché méritait d'y
revenir et le respect des droits d'auteur s'imposant, il était normal
que je signale le travail de cet excellent photographe britannique, Andrew May
qui m'autorise à publier un de ses clichés.
Petit chronique littéraire improvisée pour un dimanche ensoleillé...
Moi qui peine depuis plus d'un an sur la parution d'un modeste opus réclamé à corps et à cris par les lecteurs de Tramezzinimag, je suis ébahi par l'arrivée d'un nouvel éditeur. Bordelais monté à Paris, l'homme n'est pas le premier venu. Après le Castor Astral, il devient le directeur littéraire des Éditions Zulma, dont il est un des fondateurs. Il vient de publier un texte superbe, "Le voyage du poète à Paris", en lice pour le Prix Renaudot 2011.
Mais il trouve aussi le moyen de lancer une nouvelle maison d'édition à
son nom, et devinez quel est le sujet du premier titre de la maison ?
Venise évidemment avec un recueil de nouvelles de Dominique Paravel qui
se lit d'un trait, comme un envoûtement. L'auteur a plongé sa plume dans
l'eau saumâtre des canaux et nous conte au fil des pages une Venise
pleine de violence et d'angoisse. Mais jamais rien de mortifère si ce
n'est l'indubitable vérité, celle qui nous ramène à notre état fragile et
éphémère. Les femmes et les hommes de ce livre se frottent à une réalité
qui les écrase et les fait vivre à la fois. Venise est l'héroïne de ces
pages, le fil conducteur qui permet de lire chacun des textes comme on
lit un roman chapitre après chapitre. Et on se régale de cette langue
âpre, directe et sans masque. Bienvenue aux Editions Serge Safran.
Curieux
hasard, mais le hasard existe-t-il vraiment, qui fait jaillir, pratiquement en même temps que le roman de Safran et les nouvelles de la Dame Paravel,
le flamboyant « Ce qu'aimer veut dire» de Mathieu Lindon - certainement le plus beau texte de l'année, terriblement fort et émouvant -, et la sortie du purgatoire des textes d'Hervé Guibert que la jeune génération va découvrir enfin.
Vous
pouvez imaginer le délice que va être ce dimanche... Le soleil qui
brille, un vent léger et parfumé qui porte dans la maison, l'odeur des
tilleuls, les oiseaux dans les arbres. Une tasse de thé après un verre de l'excellent Moscato d'Asti des amis Batasiolo, et des livres, plein de livres : Paravel, SafranLindon, Guibert, mais aussi Paul Auster, le texte surCassavetes de Maurice Darmon et deux livres retrouvés dans mes cartons : «Avec Mon meilleur souvenir», et sa suite «Et Toute ma sympathie», peut-être le meilleur de Françoise Sagan depuis «Bonjour Tristesse». Bon dimanche à vous aussi.
Souvent,
le matin lorsque je me réveille, une sensation de plénitude m'envahit
qui contraste avec l'angoisse du soir, celle qui prend parfois avant que
de sombrer dans le sommeil. Le jour est à peine levé et les bruits du
matin sont encore étouffés par la torpeur de l'aube. L'esprit demeure
dans le vague, comme flottant encore. Puis soudain il suffit d'un chant
d'oiseau, du moteur d'une barque qui passe sur le canal voisin pour que
tout s'ébranle. Les cloches se mettent à sonner, la lumière se fait plus
vive et la rumeur de la ville remplace en un instant le silence. Venise
au petit matin est un bonheur qu'il faut avoir expérimenté au moins une
fois dans sa vie. L'absence de circulation automobile modifie tout.
Aucune sonorité n'a la même ampleur qu'ailleurs. Tout y est plus précis,
ciselé comme les dentelles de pierre de la Ca'd'Oro.
Mes gestes sont alors toujours les mêmes. Je me lève et me dirige vers
la fenêtre de la chambre. Les volets poussés claquent contre le mur
couvert de lierre. Une lumière joyeuse se répand aussitôt dans la pièce,
éclairant d'une lumière de théâtre les draps défaits, le tapis sur le terrazzo
ancien. Mais la sensation reste identique les jours d'hiver, quand le
ciel est gris et le soleil d'un blanc glacé. Je pense chaque fois à ces
pages de Brodsky où ce qu'il décrit ne laisse aucun doute sur son amour presque physique pour Venise :
"L'hiver
dans cette ville, le dimanche surtout, vous vous réveillez au carillon
des cloches nombrables comme si, derrière les rideaux de gaze, un
gigantesque service en porcelaine vibrait sur un plateau d'argent dans
le ciel gris perle. Vous ouvrez grand la fenêtre et la chambre s'emplit
en un instant de cette brume extérieure chargée de sons de cloches,
faite d'oxygène moite, de café et de prières. Peu importe aussi le degré
de pilules qu'il va vous falloir avaler ce matin et combien : vous
sentez que tout n'est pas fini pour vous. Peu importe aussi le degré de
votre autonomie, à quel point vous avez été trahi; la profondeur de
votre lucidité à l'égard de vous-même et le découragement qu'elle
entraîne : vous admettez qu'il y a encore de l'espoir... Cet optimisme
naît de la brume, de la prière dont elle est faite, surtout à l'heure du
petit-déjeuner. Les jours comme ceux-là, la ville prend vraiment des
allures de porcelaine, avec toutes ses coupoles recouvertes de zinc,
comme des théières ou des tasses retournées et le profil penché des
campaniles qui luisent comme des cuillères abandonnées."
IL
est temps de se préparer pour ce nouveau jour. Plaisir de l'eau qui
coule sur la peau. La buée sur les miroirs. Le drap de bain écarlate et
doux. La radio qu'on écoute à peine et en bas dans la cuisine, les
bruits familiers, l'odeur du café, la bouilloire qui frémit. Le chat
étendu sur la marche de bois qui mène au jardin, ronronne en somnolant.
Il a déjà eu sa tasse de lait. Le chien frétille, il veut sortir.
Manteau ou imperméable ? La porte ouverte, le chien qui se précipite. La
voisine un peu folle qui balaie en chantonnant, le libraire qui refait
une de ses vitrines. Le chien court vers le campo. Il a ses habitudes.
Moi aussi : le journal acheté au kiosque voisin, la ruelle qui permet de
déboucher à San Barnaba sans suivre la foule, le ponte dei Pugni,
un regard et quelques paroles échangées avec les marchands de fruits
sur leur barque, l'arrêt à Sta Margherita, puis le retour par le collège
arménien, la calle del Vento,
les Zattere. Avec, tenace et venu d'on ne sait où, cet état de bonheur
indicible qui me porte et met sur mon visage un sourire benêt. J'ai
longtemps pensé qu'un jour, devenu très vieux - dieu voulant - j'irai
m'asseoir au soleil sur un banc devant le palais Clari, et regardant les
navires passer sur le large canal de la Giudecca, je m'interrogerai sur
les raisons de ce bonheur-là, rendant grâce pour tant de beauté, de
joies et de cadeaux.
La grogne continue au RialtoAprès la polémique autour du transfert du marché de poissons, un autre problème vient de surgir sur la lagune. Le peoplemover
inauguré en grande pompe il y a quelques mois ne faisant pas recette,
l'administration envisage de démolir le marché de gros des fruits et
légumes du Tronchetto, pourtant
rénové il y a peu. Bien sur cela n'est pas du goût des grossistes ni
des revendeurs qui voient d'un très mauvais œil leur transfert sur la Terraferma.
Tout ça pour permettre le stationnement de davantage d'autocars de
tourisme. Les grossistes craignent à terme la disparition pure et simple
de leur activité et les écologistes se plaignent de la difficulté à
trouver les produits locaux au profit de marchandises importées
d'Afrique ou d'Amérique du sud. Avec cela, les prix augmentent et le
panier de la ménagère en pâtit chaque jour. Lettre à Ca'Farsetti
(la mairie), pétitions, manifestation au marché du Rialto, tous les
moyens sont bons pour ameuter l'opinion et faire reculer
l'administration qui a décidément choisi de favoriser le tourisme
pendulaire au détriment de la vie quotidienne des vénitiens. Affaire à
suivre dans les prochaines semaines. Grigory Sokolov à la Fenice lundi soir C'est
cette année encore le monumental et talentueux pianiste de Saint
Petersbourg, Grigory Sokolov qui clôturera lundi 2 mai prochain, la
saison de musique de chambre de la Società Veneziana di Concerti.
La virtuosité, la technique et la profondeur du russe seront une fois
encore laissées à l'appréciation du public vénitien qui l'avait
ovationné lors d'un précédent concert. A 61 ans (il a fêté son
anniversaire le 18 avril dernier), le pianiste présentera en première
partie du concert, deux oeuvres de Johann-Sebastian Bach,
le Concerto italien BWV 971 en trois mouvements et l’Ouverture
française BWV 831 en sept mouvements. La seconde partie sera consacrée à
Robert Schumann. Le récital à la Fenice se terminera cette fois encore à n'en pas douter, par une standing ovation
que le public vénitien réputé difficile ne réserve qu'aux grands
interprètes. Une série de bis est à prévoir avec le public debout,
incapable de rester assis pour écouter ad libitum l'inspiration d'une grand maître.
Happyspritz@Guggenheim édition 2011Troisième édition de cette manifestation très glamour qui se déroule dans le cadre prestigieux de l'ancienne demeure de Peggy Guggenheim
qui revit l'espace de plusieurs soirées comme au temps de la fantasque
milliardaire américaine. Art contemporain, musique et convivialité sont
les maîtres-mots de cette manifestation très courue à laquelle il faut
absolument participer pour prendre la mesure de la vie intellectuelle et
sociale à Venise. Avec plus de 5000 personnes les années précédentes
dans les jardins de la Fondation, au milieu ds œuvres de Picasso, Magritte, Kandinsky, de Chirico et Pollock,
dans une ambiance sonore élaborée par les meilleurs dj-sets du monde,
avec la magie des crépuscules de mai, ces ciel souvent splendides qu'on
retrouve aussi à New York et qui plaisaient tant à la magicienne des
lieux qui aurait terriblement apprécié cet évènement. L'idée est simple :
le musée ouvre ses portes en fin de journée à l'heure de l'apéritif,
des Dj (en l'occurrence cette année Ricky Russo/In Orbita).
animent les lieux, le public se répand dans les jardins, les terrasses
et les salles et on boit du spritz en bonne compagnie. certains
viennent même en famille terminer là leur passeggiatta. Cela les 2, 9, 16 et 23 mai, de 19 heures à 21 heures 30. L'exposition actuelle est consacrée aux artistes rebelles de l'Avant-garde vorticiste , mouvement anglais des années 1915 soutenu par Ezra Pound.
Les collections permanentes sont aussi ouvertes au public venu
participer à l'apéritif géant. L'entrée coûte 7 euros. Entrée gratuite
pour les détenteurs du Young Pass, la carte de membership que le musée Guggenheim réserve aux moins de 26 ans). Le billet donne droit à un spritz préparé par Aperol,
partenaire de l'opération depuis sa création. Cet apéritif est
l'occasion de rencontres originales et de confrontations artistiques qui
donnent à la visite au musée une dimension très conviviale dont on a
peu l'habitude.
Happyspritz@Guggenheim
2, 9, 16, 23 mai 2011, Collezione Peggy Guggenheim
PRIMAVERA A PALAZZO FORTUNY Camerino, Penso, Ventura
Suivant
une formule qui a fait ses preuves, le Palais Fortuny s'ouvre cette
année encore le temps d'une saison à trois magnifiques expositions Deux
artistes contemporains, Paolo Ventura avec L’Automa et Michelangelo Penso avec Circuito Genetico, se confrontent au monde de Mariano Fortuny, nouveau parcours, expériences originales et véritables laboratoires d'esthétique. A voir aussi la Rivoluzione del colore, l'hommage aux extravagantes et géniales inventions de la styliste vénitienne aujourd'hui disparue, la célèbre Roberta di Camerino.
jusqu'au 8 mai 2011 Palazzo Fortuny Campo San Beneto, San Marcowww.museiciviciveneziani.it
Savoir voyager c'est appliquer à la lettre la formule de Jean-Paul II qui sera béatifié à Rome, le 1er mai prochain, "N'ayez pas peur"
(c'est d'ailleurs, pour ceux qui s'en souviennent, sur ces paroles que
la journaliste de la radio suisse romande qui m'interviewait un jour
avait commencé son reportage). Le touriste façon Montaigne ou Stendhal
n'a rien à voir avec le gogo qu'on trimballe en masse compacte
d'autocar à air conditionné en bateaux-mouches pressurisés avec
commentaires pré-digérés, ânonnés machinalement par une hôtesse à la
voix sirupeuse et au cerveau de poule (et ce dans toutes les langues du
monde). Non le vrai voyageur c'est avant tout un être raffiné et
heureux, ouvert à toutes les aventures esthétiques, dénué de tout a
priori, réservé mais pas méfiant, parfois sarcastique mais jamais
catégorique.
Bref, le touriste (appelons-le "voyageur")
n'est pas une espèce en voie de disparition, mais il se fait rare,
perdu dans la masse des hordes de gogos trimballés d'un monument à un
autre sans avoir le temps de prendre la mesure de ce qu'il leur est
donné à voir, sans respirer l'atmosphère des lieux qu'ils découvrent au
pas de charge. Je viens d'en rencontrer d'eux que Tramezzinimag a le plaisir d'inscrire d'office sur sa liste des Fous de Venise, bons vénitiens d'instinct qui savent voir, aiment regarder et prennent leur temps pour comprendre et ressentir. Il s'agit de Kate et de René, animateurs d'un blog efficace et poétique, moderne ce qu'il faut, au titre significatif : "J'y suis, j'y reste " qu'ils décrivent simplement par ces mots : "de tout est de rien".
Ceux qui me connaissent comprendront pourquoi cela me plait... Les
auteurs de ce blog ont laissé un sympathique commentaire sur un de
mes derniers billets. Par curiosité, je suis allé à la découverte du
leur : Un enchantement.
En cliquant ICI, vous pourrez
vous en rendre compte par vous-même.
Le Moyen Âge. Partout en Europe, la féodalité régit les rapports sociaux : les seigneurs imposent
leur loi et décident des taxes et impôts, pillages et rançons.
Difficile dans ces conditions d'organiser le commerce international et
d'assurer la protection des marchands vénitiens. La République chercha
naturellement la protection du pape, de l'empereur ou des rois,
reconnaissant ainsi la suprématie de leur pouvoir sur les chefs féodaux. Comme le souligne Jean-Claude Hocquet "Là encore Venise montrait la voie" (dans son ouvrage Le sel et la fortune de Venise).
"Les
hommes de ce duché auront licence de voyager par terre ou par les
fleuves dans tout notre royaume, les nôtres auront semblable licence et
par mer jusqu'à vous mais pas plus loin." Cette phrase du traité
régissant les privilèges de la République de Venise, qui fut rajoutée
en 1095 par le roi d'Italie et empereur du Saint empire germanique, Henri IV, après un long travail de lobbying digne des officines contemporaines, est d'une importance
capitale pour la destinée de la Sérénissime. Non seulement, elle limite
de fait la concurrence éventuelle des autres états,
mais sans interdire une éventuelle réciprocité qui ne fut jamais
effective, elle réservait aux seuls marchands vénitiens le droit de
pratiquer le commerce maritime. Tous les sujets de
l'empereur, marchands allemands et italiens une fois arrivés à la mer
devaient céder leurs marchandises aux vénitiens qui avaient seuls le
droit de les transporter sur leurs navires. Le port de Venise avait le
monopole du commerce maritime.. Aucun des marchands de l'Empire ne
pouvait atteindre la mer par un autre port. Ni Trieste, Ancône ou
Ravenne n'avaient ce privilège. Ce traité fondait juridiquement la
puissance monopolistique du commerce
vénitien, exorbitant précédent en Droit international où l'usage veut
que tout accord soit basé sur la réciprocité et l'équilibre des
avantages. L'Adriatique devait ainsi devenir pour plusieurs siècles, le Golfe de Venise.
Même exclusivité pour l'importation des marchandises venues des pays
d'outremer. Le monopole ainsi accordé par l'empereur instituait un
double privilège d'étape et d'entrepôt. Les marchands vénitiens
vendaient à des marchands étrangers une marchandise qu'on ne pouvait
légalement se procurer nulle part ailleurs.Pour mieux surveiller la bonne marche des transactions et s'assurer du prélèvement
régulier des taxes, l'administration vénitienne décida en 1225 de
l'édification au pied du Rialto, dans ce qui devenait le quartier des
affaires, sorte de Manhattan
médiéval, une auberge-entrepôt, où les marchands allemands devaient
absolument loger et entreposer leurs marchandises. C'est le fameux Fondaco dei Tedeschi. Le bâtiment était conçu sur le modèle des caravansérails ou fondouks
des turcs où étaient accueillis les vénitiens en Orient. Comme en
Orient, le bâtiment est construit autour d'une grande cour
rectangulaire, avec une galerie qui borde la cour sur ses côtés. Des
salles sur cinq niveaux servaient d'entrepôts, d'hôtellerie pour les
marchands itinérants, d'ateliers en tous genres et de bureaux (banque,
administration, secrétariat, poste, service des taxes., police, etc...)
Les animaux porteurs pouvaient être accueillis dans la cour. Tous las
patrons de barques avaient obligation d'amener directement les marchands
allemands leurs équipages et leurs marchandises directement au Fondaco où
ils étaient accueillis par des fonctionnaires qui enregistraient tous
les mouvements de marchandises dans de grands registres et prélevaient
les taxes. Les plus grands artistes (notamment Titien et Giorgione) furent appelés pour le décorer.
A cette date, comme le rappelle Jean-Claude Hocquet, Venise
avait conquis Byzance et démembré l'Empire d'Orient avec les croisés en
1204, avait su transformer sa part des territoires conquis en un vaste
empire colonial qui était dirigé depuis la lagune. Venise devenait ainsi
une Thalassocratie, puissante
Cité-État régnant sur la mer et un chapelet d'îles et de caps et de
territoires allant jusqu'à la Crète et aux îles de l'Égée. La richesse
née de cet empire permit le développement d'une industrie, toujours liée
au commerce international : chantiers navals, surtout (squeri) qu'on trouvait par centaines dans tous les quartiers de la ville, transformation et fabrication de produits
destinés à l'exportation. Venise, cité industrielle donc mais selon
l'économie urbaine du Moyen Age : de petites maisons ouvrières situées à
l'écart du centre urbain apparurent, comprenant les ateliers et les
habitations du maître, des compagnons et des jeunes apprentis en
formation. Tailleurs de pierre, maçons et sculpteurs, forgerons,
menuisiers et charpentiers, fabricants de couleurs se mêlaient aux
bouchers, meuniers, boulangers. Puis, conscients de la nécessité de
proposer des biens à haute valeur ajoutée pour assurer l'équilibre de la
balance des paiements avec l'Orient, le gouvernement favorisa le
développement l'artisanat de luxe : tisserands et brodeurs, maroquiniers
et tailleurs, joailliers et orfèvres, verriers... Venise devint ainsi
fameuse pour ses cuirs et ses fourrures, ses brocarts et ses draps, ses
velours et ses soies brochées d'or et d'argent, ses verres et ses
cristaux, ses bijoux, ses armes. Le coton qui arrivait par cargaisons
entières de Syrie et de Chypre, était transformé en futaines sur la
lagune, ou réexporté au-delà des Alpes, avec la soie et les épices,
l'huile , le sel et le sucre.
Toutes
ces activités de transformation permettaient d'occuper une nombreuse
main d'œuvre. Venise connut pendant de nombreuses années le plein-emploi
et on venait de toutes les régions limitrophes y travailler. Les
chantiers occupaient des scieurs de long, des charpentiers et des
calfats. Si on est encore loin des prouesses techniques du XIVe siècle
où, à l'Arsenal d'État, se construisait une galère par jour qui sortait
des chantiers toute armée et avec son équipage à bord, les squeri vénitiens
possèdent une grande maîtrise. De leurs chantiers sortaient des petites
gabarres destinées au trafic fluvial mais aussi de lourdes nefs de 500
tonneaux vouées à la haute mer, des gondoles et des barques à rame ou à
voile de toutes sortes. Bien que chevaux, charrois et voitures aient
circulé longtemps dans la ville, le
bateau est très vite devenu le mode de déplacement des gens et des
marchandises. A ces navires de toutes sortes, la concurrence et les
dangers nécessita la construction de vaisseaux capables de conduire des
opérations navales de protection ou d'attaque. Les galères à rames étaient indispensables sur la Méditerranée. Jusqu'au
XIIIe siècle, la plupart de ces galères appartenaient à des
particuliers. Conçues à deux rangées de rames (birèmes), elles seront
remplacées par des trirèmes. L'État en profitera pour en interdire
l'usage et la possession aux particuliers, redoutant l'utilisation de
ces galères capables de prendre à leur bord de nombreux arbalétriers et
canonniers, contre lui. Elles devinrent bien public et l'exclusivité de
leur construction fut confiée à l'Arsenal qui ne cessa plus de se
transformer années après années pour répondre aux nécessités des
guerres. A son apogée, l'Arsenal était le premier employeur de la
République et le plus vaste chantier du monde. Venise avait ainsi créé
la première entreprise d'État regroupant des activités très diversifiées et faisant vivre des milliers de gens avec une organisation sociale incroyablement moderne.On
ne parlait pas d'artisanat ou de métier à Venise, mais d'art. Les
faiseurs de la prospérité de la Commune étaient reconnus comme maîtres
et artistes. Mais la noblesse qui dominait prit soin de morceler
l'organisation du travail afin d'éviter la constitution de syndicats
trop puissants. Cette fragmentation permettait à l'État d'arbitrer les
conflits et empêchait le regroupement des travailleurs qui auraient pu
vouloir influencer sur les décisions du pouvoir voire s'approprier
celui-ci. Jean-Claude Hocquet
prend l'exemple des métiers de la chaussure : tailleurs de semelle,
savetiers, bottiers et chausseurs appartenaient tous à des corporations
différentes. De nombreuses mesures furent prise pour éviter tout
regroupements inter-professionnel. En 1173, le doge Sebastiano Ziani institua l'Ufficio della Giustiziaqui
avait mission de surveiller les vendeurs de grain, d'huile et de vin,
les marchands de poissons, de fruits et de volailles, les boulangers,
les bouchers. Une ordonnance très complète précisait les normes de
qualité, les critères de vente et fixait les prix du marché produits par
produits. Le statut des artisans fut codifié et un système de sanctions
fut mis en place.
Entre 1219 et 1278, 52 métiers furent reconnus. Ils pouvaient se réunir en confrérie, organiser mutualité et entraide, mais ne pouvaient être associés ni armés ni se porter assistance mutuelle, bien que ce fut le fondement juridique de la Commune. L'État voulait s'assurer l'obéissance des travailleurs car les gouvernants redoutaient le popolo, comme Rome craignait la plèbe. En 1226, les meuniers, pour protester contre l'augmentation d'une taxe destinée à financer le pavage de la Piazza, prirent d'assaut le palais ducal, tentèrent de lapider le doge et son assistance et pillèrent plusieurs maisons patriciennes. Le gouvernement,fort de cette expérience n'eut de cesse jusqu'à la chute de la République, de favoriser les grands marchands contre les artisans dont elle organisa l'exclusion de la vie politique. Cela explique la logique qui aboutit à la fermeture (la serrata) du Grand Conseil en 1297. Les familles qui y siégeaient se mirent d'accord pour éviter
que ne se mette en place une classe moyenne composée de marchands et de gens de métiers. On accorda le statut de noble aux plus riches marchands, donnant naissance à une noblesse urbaine. Ce patriciat garantit pendant plus de 500 ans l'équilibre politique et social de la république., créant de fait une oligarchie qui n'eut pas besoin de se
protéger ni de s'organiser. Il faudra attendre l'insurrection de Manin contre les autrichiens pour assister à un rapprochement des ouvriers, des boutiquiers et des anciens notables.
Savez-vous qu'au XIXe siècle, le slogan "RISI BISI E FRAGOLE" (allusion aux trois couleurs du drapeau), fut à Venise l'équivalent du "VIVA V.E.R.D.I." (qui tout en fêtant le compositeur, signifiait Vittorio Emmanuele Re d'Italia), cri d'hostilité souvent poussé contre les occupants autrichiens qui ont mis bien du temps à comprendre. Mais laissons-là l'histoire et passons à la recette familiale de ce plat divin.
Ingrédients : Il va vous falloir 400 gr.de riz vialone pour 500 gr. de petits pois frais, 100 gr. de pancetta
taillée en dés, un oignon et du persil hachés, du beurre frais, de l'huile d'olive, 2 litres de bouillon de légumes, du parmesan fraîchement râpé, bicarbonate de soude, sel et poivre.
Faire un bouillon de légumes avec les cosses des petits pois, un poireau, un navet, une carotte, un brin de cerfeuil, des herbes et si vous en avez un os de jambon. Réservez.
Faire revenir la pancetta et l'oignon dans du beurre et de l'huile, ajouter les petits pois quand l'oignon commence à devenir transparent, saupoudrer les pois d'un peu de bicarbonate (environ une cuillère à café), puis recouvrir de bouillon. Laisser cuire à petit feu environ 20 minutes.
Ajouter le bouillon restant. Remuer jusqu'à reprise de l'ébullition et verser le riz. Ne pas arrêter de remuer avec une cuillère en bois. Saler et poivrer selon votre goût. Quand le riz est cuit, ajouter le parmesan râpé, une grosse noix de beurre et le persil. Servir aussitôt.
Délicieux avec un vin blanc sec. Chez nous, il est accompagné de tranches de jambon de Parme finement coupées, de salami et d'autres délices de la charcuterie locale.
Il y a des variantes sans pancetta, avec moins de bouillon ou davantage. Notre recette ressemble un peu à un risotto très onctueux mais jamais pâteux. Chez mes tantes, il s'agissait davantage d'une sorte de potage semi-liquide. Servir et déguster aussitôt !
Cette
journée du 25 avril a pour les vénitiens une signification
particulière. Outre la commémoration de la Libération de l'Italie,
journée de la mémoire où les hommes de tous âges offrent à leurs
épouses, leurs mères, leurs amies, un bouton de rose, c'est le jour où
la ville fête Saint Marc, son saint patron. Au menu, outre les hommages
aux morts, les gerbes de fleurs et les défilés militaires, la
dégustation du traditionnel "Risi Bisi", la Régate des Traghetti et de
nombreux "brindisi" .
La journée commencera à 9 heures 30, Piazza San Marco
où les couleurs seront hissées sur les trois grands mâts de bois
sculpté qui portaient autrefois, du temps de la République, les
oriflammes des colonies soumises à Venise. Les honneurs seront rendus
par des soldats des trois armes en présence des autorités civiles et
religieuses. Ce sera ensuite la minute de silence et le dépôt de la
traditionnelle couronne de lauriers au monument aux morts du Campo S. Margherita, à 10 heures 30. Commencera alors le Percorso della Memoria (parcours de la mémoire) en compagnie du Choeur "25 Aprile"au départ du campo S. Canciano où sera honorée la mémoire du partisanBruno Crovato, puis sur le Ponte dei Sartori, celle de Luigi Borgato, Calle Priuli (Strada Nova), les vénitiens se souviendront de Giuseppe Tramontin, Fondamenta S. Felice, de Ubaldo Belli, et de Piero Favretti dans la Calle Colombina, Campiello del Magazin, Augusto Picutti, et Corte Correra, Manfredi Azzarita. Le parcours se concluera à midi sur le campo du Ghetto, devant le monument à l'Holocauste création d'Arbit Blatas dont on peut voir la réplique à Paris dans le Marais, à Genève et à New York, devant les locaux de l'ONU.
Les honneurs seront rendus par les détachements militaires. Le laboratoire de création acoustique Suono Improvviso présentera une création musicale "Il nero e il bianco". Les cérémonies reprendront en fin d'après-midi, avec un dépôt de couronne de laurier sur la Riva Sette Martiri, au magnifique monument d'Augusto Mürer dédié aux partisanes martyres. Encore du laurier à la Giudecca, au monument aux morts tombés pour la Liberté.
Les commémorations de la Fête nationale se termineront à 19 heures sur la Piazza, par les honneurs rendus par les Forces Armées quand seront amenés les étendards. . Pax tibi Marce, Evangelista meus. Saint
Marc sera honoré par une procession réunissant religieux et autorités
civiles à la population. Une messe solennelle à la basilique sera
ensuite présidée par le Patriarche de Venise, le Cardinal Angelo Scola,
qui souligne sur son site que cette année, la solennité de Saint Marc
tombait le lundi de Pâques, en plein temps pascal, rendant l'évènement
encore plus fort pour les vénitiens qui se préparent à accueillir dans
quelques jours le Saint Père en visite pastorale.Dans une nef pleine
à craquer où se sont retrouvés avec les autorités civiles, religieuses,
militaires et diplomatiques, la plupart des descendants des grandes
familles patriciennes à l'origine de Venise et de sa splendeur et de
très nombreux vénitiens, la cérémonie était solennelle et très
recueillie. L'occasion de retrouver la basilique dans toute sa splendeur
que le brouhaha permanent et la foule qu'on y rencontre aux heures des
visites touristiques empêche de ressentir. Fumées d'encens et musique
céleste, de quoi porter les plus endurcis vers la prière et le
recueillement. . Régate et régals. Fêter l'Évangéliste patron de la Sérénissime, c'est aussi suivre la traditionnelle Regata des Traghetti qui
commence à 9 heures 30. Neuf équipages de gondoliers sur des gondoles à
quatre rames partiront de l'Arsenal et suivrons un parcours qui les
mènera par le Grand Canal jusqu'à la Riva di Biasio, puis retour jusqu'à l'arrivée qui aura lieu au Rialto. Les vainqueurs recevront leurs prix sous les portique de la Pescheria
où sera offert aux participants et à la population des
rafraîchissements et des spécialités traditionnelles vénitiennes. Cette
régate est très suivie par les vénitiens et c'est un des évènements
publics les moins touristiques mais pour combien de temps ? Autre tradition pour la San Marco, le délicieux risi bisi
qui était servi ce jour-là à la table du doge et que toute famille
vénitienne respectueuse des traditions déguste en perpétuant un débat
qui n'en finit pas : est-ce un risotto ou unaminestra (une soupe)
? En réalité, le plat est réussi quand il est ni trop liquide ni trop
sec. Un coup de main que les cuisinières vénitiennes possèdent toutes !
Mais point de polémique. Une fois le plat servi - il s'agit d'une
recette simplissime mais différente selon les familles - tout le monde se réconcilie et le pinot grigio (ou un bon Soave) coule à flot.
Je
confirme que c'est un plat délicieux surtout si on en suit bien les
principes, notamment la réalisation du bouillon avec les cosses des
petits pois frais. La variété de pois compte aussi beaucoup. Les
puristes emploieront une variété de pois extra-fins et très verts qui
sont produits dans les jardins de la lagune. Sur la Terre Ferme,
on préfèrera une variété plus rustique et certainement plus ancienne,
très farineuse mais vraiment goûteuse aussi qui rappelle les délicieux
pois anglais (ceux qui poussent en terre dans les campagnes, pas ceux
qu'on vous sert juste sortis et égouttés d'une boite de conserve). Comme
ces pois anglais, ils restent très verts et sont un plaisir pour les
yeux. Evviva San Marco !
C'était dimanche dernier la fête des Rameaux. Belle messe au couvent des Dominicains. Longue procession sous un soleil ardent. Beaucoup d'enfants et de jeunes. Une impression de profonde sérénité. Joie d'entendre ce beau choral de Johan Sebastian Bach. La fin du Carême et le début de la La Semaine Sainte. Le rideau s'entrouvre sur la joie de Pâques. Le triduum pascal. Mais avant de fêter la résurrection du Christ, il y a le temps de la Passion.
La tradition à Venise veut que l'on accomplisse, l'après-midi du vendredi saint une visite aux sept sépulcres. La foule des fidèles vient se recueillir devant les sépulcres éclairés par une forêt de cierges et ornés de gigantesques gerbes de fleurs dressées en forme de croix posées sur le marbre des sept églises, dans un nuage d'encens : les Frari, Sta Maria Mater Domini, S. Giovanni Crisostomo, Sto Stefano et San Barnaba. Le célèbre roman de Pasinetti, Rouge vénitien, s'ouvre sur une description de cette habitude partiellement tombée en désuétude aujourd'hui à Venise, mais encore suivie dans certaines régions d'Italie. Ce souvenir me fait penser à une église que peu de gens connaissent - bien que tout le monde passe devant sa façade aux Mercerie, à deux pas de la Piazza et qui est pourtant un des lieux de culte les plus intéressants de Venise et ce pour plusieurs raisons : l'église San Salvador (l'église du Saint Sauveur).
Venez-donc la visiter avec TraMeZziniMag.
L'église remonte au début du VII° siècle. Entièrement reconstruite au Moyen-Age, restructurée à la Renaissance, elle constitue l'exemple le plus abouti de cette période à Venise. La façade, reconstruite au XVII° siècle, est due à Bernardo Falcone. Elle remplace la façade romane à portique qui était couverte de mosaïques dont on dit qu'elle abrita le pape Alexandre III qui s'y reposa.
L'église renferme des trésors peu vus des touristes. Les cendres de Saint Théodore, premier patron protecteur de la ville, se trouvent dans l'abside droite. Sur le maître-autel se dresse un superbe retable d'argent, ciselé par des orfèvres vénitiens en 1290, et que l'on dévoile aux fidèles à l'occasion de certaines fêtes, notamment pour le 15 août. Les quatre évangélistes entourent le donateur dont on ne sait rien, la scène de la Transfiguration est entourée de dix saints dans des petites niches, puis, dans la partie la plus abîmée, la vierge trône entre deux anges. C'est un très beau travail. Au-dessus de l'autel, la Transfiguration du Titien. Très belle œuvre réalisée en même temps que l'Annonciation, haute de quatre mètres, transcription d'une vision où l'Archange Gabriel fait sa révélation à la Vierge dans une grande nuée d'angelots.
On trouve aussi dans l'église de très beaux monuments funéraires dont une très belle réalisation de Sansovino, (sépulture du Doge Francesco Venier). Des marbres de plusieurs couleurs en accentuent la préciosité. La tribune de la cantoria édifiée en 1530, est aussi de lui. Les statues dans les niches sont dues à des disciples du grand maître : le saint Laurent est de Jacopo Colonna et le saint Jérôme de Danese Cattaneo. Les frères Lorenzo et Girolamo Priuli (tous deux doges à l'époque de la guerre avec les turcs), les ont fait édifier en l'honneur de leur saint-patron respectif. On trouve aussi dans cette église la sépulture de Caterina Cornaro, Reine de Chypre.
Les amateurs de musique ancienne pourront admirer à loisir le grand orgue, dû au maestro allemand Ahrend Jürgen, l'un des plus grands facteurs d'orgue contemporains qui possède à son actif la restauration comme la création de certains des plus beaux instruments de par le monde (pour la petite histoire, c'est lui qui a construit l'orgue de Taizé en 1974, à la demande de Frère Robert et de Frère Roger. Retraité depuis 2005, c'est son fils Hendrik qui a repris l'entreprise paternelle et qui a mené à bien la construction conçue par son père, en étroite collaboration avec l'actuel titulaire, Francesco Zanin.
L'instrument a pris place en haut de la cantoria, tribune réservée aux musiciens et chanteurs qui a été entièrement restaurée et a ainsi dévoilé des trésors que des siècles de crasse et d'usure avaient camouflés. Il a été conçu en partant des relevés qui ont été faits sur l'ancienne caisse. Les éléments d'origine qui ont pu être conservés constituent l'encadrement du nouvel instrument. Les matériaux utilisés ont été choisis pour correspondre le mieux possible à l'esprit de l'orgue d'origine : bois de noyer, de cèdre et de sapin, tuyaux en plomb et en étain. Cela donne un ensemble de très grande qualité esthétique. "Du neuf dans de l'ancien", selon les vœux de la direction des affaires culturelles, formule qui s'applique aussi à l'impeccable insertion acoustique du nouvel instrument dans l'église.
Venise possède désormais un instrument de grande tenue qui permet d'exécuter dans des conditions qu'on peut imaginer proches du rendu originel, la vaste littérature de l'école vénitienne de la Renaissance. Pour ceux que cela intéresse, on peut voir dans la sacristie les éléments conservés de l'ancien instrument trop incomplet pour être restauré en l'état. Parmi les célèbres organistes qui furent titulaires de cet orgue, il faut citer le compositeur Francesco Usper, contemporain de Monteverdi avec qui il travailla à San Marco.
La paroisse animée depuis quelques années par son curé, Don Natalino Bonazza, est très dynamique. Le site du secteur paroissial, très complet, en est la preuve. La vidéo ci-dessous en est extraite :
L'église a été fondée au VIIe siècle sur une légende : Le Christ serait apparu en songe à l'évêque Saint Magne pour lui indiquer le lieu - au centre de la future ville de Venise - où ériger une église qui Lui serait consacrée, Jésus Sauveur du monde.
Au XIIe siècle, un couvent est ajouté à l'église romane qui à partir de ce moment va connaître de nombreuses modifications et ajouts. En 1506, le prieur de la communauté des Augustins, Antonio Contarini décide d'une reconstruction complète de l'édifice. Église, couvent et bâtiments adjacents sont démolis. La première tranche des travaux fut dirigée par Giorgio Spavento qui mourra en 1508 et sera remplacé par les frères Tullio et Pietro Lombardo auxquels succèdera Jacopo Sansovino.
On possède des archives qui donnent avec précision l'avancée des travaux : en 1520 l'abside était achevée, en 1530 c'est au tour de la cantoria dont les récents restaurations ont permis la mise à jour de sculptures et d'inscriptions jusque là ignorées.
En 1532, la porte latérale qui ouvre sur les Mercerie a été inaugurée et en 1534 c'est au tour du maître-autel sur lequel est posé en grande pompe la statue du Sauveur. Il fallut attendre presque 130 ans pour que la façade soit achevée ! Inaugurée en 1663, elle est l'œuvre de Giuseppe Sardi. Le campanile date du XIVe siècle mais ne fut achevé qu'à la fin du XIXe pendant l'occupation autrichienne, avec les deniers de l'archiduc Salvator d'Autriche, grand ami de Venise.
A côté de l'église se dresse la Scuola di san Todoro. Un riche marchand, Jacopo Galli offrit 30.000 ducats d'or pour la réalisation de sa façade, baroquerie flamboyante qui n'est pas du meilleur effet et passa longtemps pour un exemple de la décadence architecturale de cette fin du XVIIe siècle - la querelle des anciens et des modernes faisait rage déjà - surtout quand on considère le peu de recul qu'on a pour prendre la mesure de cette pesante façade érigée d'après les dessins de Giuseppe Sardi (à qui l'on doit notamment l'église San Lazzaro dei Mendicanti, près de San Giovanni e Paolo) surmontée de statues réalisées par Bernardo Falcon.
Non loin de là, en prenant la calle Lovo, on arrive au petit ponte Lovo d'où on a un point de vue superbe sur la campanile de San Marco (avis aux amateurs de photos). Ce nom est une déformation du mot lupo (loup) qui était celui d'une riche famille installée dans le quartier. On trouve d'ailleurs leur blason sur une stèle dans la nef de l'église qui marque certainement d'après l'historien vénitien Tassini, la tombe des frères Matteo, Marco et Michele Lovo.
TraMeZziniMag vous recommande l'opuscule écrit en 2007 à l'occasion du 500e anniversaire de l'église qui est en vente à l'accueil et à la librairie Filippi :
Le train a franchi la lagune, glissant sur le pont, interminables dernières minutes de voyage. Les vestiges des usines de Marghera qui brillent au soleil comme de l'acier, le parfum de l'eau, plus tout à fait celui d'un fleuve et pas encore celui de la mer. Indéfinissable senteur. Pourtant quelque chose se répand dans l'air qui appelle au large. Le train va bientôt entrer en gare et les voyageurs ont la sensation de commencer leur voyage. Un mirifique voyage dont on attend
mille découvertes. Le train siffle et ralentit. C'est l'entrée en gare. Venezia-Santa-Lucia. Terminus. A la lumière pimpante des abords de la ville succèdent les sombres allées couvertes qui mènent vers le hall. Au fond de cette immense salle pavée de marbre, la lumière de nouveau. Et l'aventure, la découverte à chaque fois renouvelée de Venise et de sa magie. Snow Patrol interprète Chasing cars qui rythma les derniers mètres d'un de mes récents voyages.
"She's leaving home" chantent lesBeatles sur BBC Radio 2,
une de mes chansons préférées. Je suis loin de Venise mais la lumière
qui envahit mon bureau, ce soleil ardent d'avril, cette musique, la
tasse de thé fumante avec les biscuits sablés sans lesquels mon builder's tea ne ressemble à rien, et la carte postale de mon filleul Félix
où, avec son écriture un peu malhabile de petit garçon, il me raconte
sa découverte de Venise (qu'il écrit joliment avec un "z"), postée de
Bologne, tout pourrait être transposé là-bas. Comme à Venise, le rayon
de soleil qui éclaire la table de bois ciré fait danser des milliers de
petits grains de poussière, la chope bleue remplie de ce délicieux
liquide couleur caramel (le builder's tea
est un mélange de Ceylan, Kenya et Assam je crois, qui se boit très fort avec du
lait et du sucre) est la même que celle que j'utilise quand je suis
vénitien et les livres qui m'entourent ici parlent tous de la
Sérénissime... Le bonheur de se pencher sur un nouveau sujet, de
rechercher les informations un peu partout dans mes livres, mes
dossiers, choisir les documents qui vont illustrer l'article... Le chat
ronronne à côté de moi. Il est resté un long moment étendu au soleil,
son pelage est brûlant. Il s'est installé sur le scanneur, histoire de
me rappeler qu'il est là et que je lui dois un peu d'attention et
quelques caresses. Les enfants sont en vacances. ils se sont éparpillés
un peu partout, avec leurs amis, je ne les verrai pas beaucoup. Nous ne
partons pas cette année. La vieille maison sur la plage restera
silencieuse. Trop de choses à faire, pas assez de temps. Hélas. Nous
irons peut-être pour le week-end de Pâques. Quant à Venise, ce sera en
Juin ou en juillet. Un projet de documentaire sonore à travailler et la
tournée des agences pour tenter de trouver enfin un nouveau lieu de vie
quelque part où nous pourrons poser nos valises et nous sentir de
nouveau chez nous. Dieu voulant, comme on dit chez moi. Mais il y a
tellement d'autres priorités et les temps ne semblent pas vraiment
propices. Billy Bragg chante "A new England" à la radio. Je sors faire un tour sur le bord de l'eau.
De
Venise, les nouvelles n'apportent rien de nouveau. Le temps est
couvert, la vieille dame qui servit longtemps chez mes tantes est partie
en maison de retraite près de sa fille à Gorizia ; une balustre de
marbre s'est détachée du pont du Rialto sur la fondamenta
près du palais des Camerlingues. Ce n'est pas la première fois. Ce qui
est tristement cocasse, c'est que le groupement des artisans
restaurateurs vénitiens a déjà proposé de restaurer le pont gratuitement
mais tout est bloqué car l'administration n'a jamais répondu aux
interrogations du syndicat et de la municipalité concernant la TVA :
aberration de notre époque, bien que les entreprises qui proposent les
travaux n'encaisseront pas un centime, elles devront payer de la TVA...
Personne n'est capable de modifier cela... Deux nouveaux commerces
viennent de fermer. L'un va être transformé en appartement et l'autre
sera une boutique de masques. Une de plus. La Ca'Foscari a organisé une
soirée au bénéfice du Japon qui a fait venir beaucoup de monde. Les
touristes arrivent par vague massive en ces derniers jours du Carême. Il
y aura du monde pour Pâques. Le chat vient de changer de place. Il
s'est installé entre le clavier et moi. Signe qu'il faut que je m'occupe
de remplir sa gamelle. Le ciel est très bleu, il fait très doux. Encore
une belle et bonne journée...
Andreas Scholl
Deutsche Barocklieder Label Harmonia Mundi
HMG501505
Paru en 1995, ce disque est une pure merveille. Il reparait sous une nouvelle couverture, avec un livret très bien documenté et un long préambule d'Elisabeth Scholl sur le lied. La voix est celle que nous avons tous adoré dans le Stabat mater ou le Nisi Dominus de Vivaldi (même si à mon avis, l'allemand n'égale pas dans cette dernière pièce l'élégantissime James Bowman). On le sent parfaitement à l'aise dans cette musique allemande et c'est un vrai régal. Attention danger : difficile de redescendre sur terre après l'avoir écouté, même une seule fois. L'une des plus grandes découvertes musicales de ces vingt dernières années. Et le personnage est sympathique en plus. Ruez-vous chez votre disquaire si vous ne l'avez pas encore dans votre discothèque !
Christian Bobin
L'homme qui marche
Récit
Ed. Le Temps qu'il fait. 2010
ISBN 978.2.86853.233.6
"Quelque chose avant sa venue le pressent. Quelque chose après sa venue se souvient de lui. La beauté sur la terre est ce quelque chose. La beauté du visible est faite de l'invisible tremblement des atomes déplacés par son corps." Paru en 1995, le livre était épuisé. Je l'avais découvert cette année-là juste avant de partir à Venise. Le petit livre à la jolie couverture avait rejoint la provision de livres que j'amène toujours avec moi dans mes séjours vénitiens. Et c'est ainsi qu'installé à la terrasse de ce petit café que j'aime bien, sous une treille, à deux pas de la Salute, avec un délicieux Soave bien frappé, je suis rentré dans la magie du verbe de Bobin. Cet auteur que certains trouvent de bon ton de décrier, m'a toujours apporté beaucoup de plaisir et de joie, et ce avec chacun de ses livres. Nouvellement réédité, je viens de le relire : le charme est intact, certes lié au souvenir de ces moments de paix intérieure à la terrasse d'un petit café tranquille de Dorsoduro, mais bien plus encore par la magie des mots qui confirment le grand talent de l'auteur.
Fiorella Giovanni Un chat à Venise Ed Art-Access. 2010 ISBN 978.2.36185.012.8
Fiorella Giovanni est à la fois écrivain et photographe. Elle enseigne l'italien et aime les chats qu'elle fait parler avec maestria dans ce petit livre sympathique. C'est l'histoire de Charles, un chat parisien. assez exceptionnel qui va découvrir Venise et en tomber amoureux. Au fil des pages, le matou distingué promène son regard sur la ville. Il dialogue avec des vénitiens et bien sûr va rencontrer d’autres chats. Il va même participer au Carnaval à San Marco. Le lecteur va ainsi par les calli, suivant ce chat peu ordinaire dans ses nombreuses pérégrinations. A la fois conte fantastique et guide culturel, ce petit livre est à la fois pour les amoureux de Venise et pour les amoureux des chats ! on le trouve facilement sur le site de la Fnac. ...
Recette : Vincigrassi ou Lasagne alla Marchesina
C'est une antique recette que mes amis aiment bien. Le nom bizarre proviendrait d'une déformation du nom du général Windischgratz qui commandait les troupes autrichiennes de la région avant l'indépendance. C'est un plat délicieux, facile à réaliser. Si vous faites le choix des pâtes maison, la préparation sera bien évidemment plus longue. Personnellement, par paresse, j'ai renoncé à fabriquer mes lasagnes moi-même, et j'en achète des toutes prêtes. A Venise, je connais un fabricant chez qui elles sont excellentes. Mais on trouve des feuilles de lasagnes chez les fabricants industriels. Celles de Barilla par exemple, ou celles de De Cecco, de Voiello. Toutes excellentes. Mais les meilleures à mon goût, sont les lasagnes Bio Idea d'Angelo Barbagallo, fabriquées depuis 1911 à Fiumefreddo, un petit village au pied de l'Etna. On les trouve dans toute bonne épicerie bio. Pour 6 convives il vous faut : 350 g de bœuf haché, 350 g de ris de veau, 100 g de jambon cru, 4 belles tomates bien mûres, 150 g de parmesan, 75 g de mozzarella (de la vraie), 450 g de farine, 150 g de semoule de blé, 4 œufs frais, 50 g de saindoux, 1 gros oignon, 1 gousse d'ail, de l'huile d'olive, 150 g beurre, muscade, sel et poivre.
Faire chauffer l'huile dans une sauteuse aux parois assez hautes, ajouter le beurre et faire dorer l'oignon. Quand il a fondu (sans caraméliser), ajouter la viande hachée et le jambon coupé en dés. Faire revenir dix bonnes minutes en écrasant la viande à la fourchette. Mouiller avec un verre de vin blanc, ajouter les tomates pelées et coupées, de la noix muscade, du sel et du poivre. Couvrir et laisser mijoter environ 1 heure.
Pendant ce temps, plonger les ris de veau dans une casserole d'eau froide, porter doucement à ébullition et laisser alors frémir environ 10 minutes. Sortir les ris du feu, les rafraîchir, les égoutter, enlever les déchets éventuels et les découper en cubes. réserver au chaud.
Pour la pâte : battre les œufs dans un grand bol. Tamiser 400 g de farine dans une jatte, ajouter la semoule et le sel. Faire un puits et y mettre le saindoux découpé en petits morceaux de la taille d'une noisette. Ajouter les œufs battus et 4 cuillères à soupe de vin blanc. Travailler avec les doigts jusqu'à obtenir une pâte lisse. La rouler en boule et laisser reposer au moins 30 minutes puis mettre à chauffer de l'eau salée dans une grande casserole. Fariner un marbre ou votre plan de travail avec ce qui reste de farine, puis abaisser la pâte au rouleau à pâtisserie le plus finement possible. La découper en rectangles de 1o cm de long sur 5 cm de large environ. Plonger les lasagnes délicatement dans l'eau bouillante et laisser cuire 5 à 6 minutes, jusqu'à ce qu'elles soient al dente. Les égoutter soigneusement et les poser sur un linge humide.
Ajouter les ris de veau au ragoût et laisser mijoter environ 5 mn.
Allumer le four à 200° (th. 6). faire fondre 50 g de beurre dans une petite casserole à feu doux, et préserver au chaud découper la mozzarella en tranches fines. Enduire un plat à gratin à bords hauts avec le reste du beurre et tapisser le fond du plat avec une première couche de lasagne. Napper celle-ci de ragoût, puis saupoudrez de parmesan râpé et recouvrir de tranches de mozzarella. Répéter l'opération jusqu'à tout mettre dans le plat. Recouvrir le tout de mozzarella et de parmesan râpé.
Arroser les vincigrassi avec le beurre fondu et enfourner pendant au moins 20 mn. Les lasagne doivent dorer dessus dans prendre un couleur trop sombre. En dépit de tous les codes, on sert les lasagnes dans le plat de cuisson. Vous m'en direz des nouvelles !
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4 commentaires:
Riche idée que vous avez là d'évoquer C.Bobin, infatigable magicien des mots. Rassurez-vous, il reste beaucoup lu. Félicitations pour votre travail que je suis avec assiduité.
07 avril, 2011
Anonyme a dit…
Ah la gastronomie italienne... Je ne m'en lasse pas... Connaissez-vous ces guides gratuits sur le site PartirDemain ? Il y a justement un chapitre consacré à la cuisine dans celui sur Venise : http://www.partirdemain.com/cuisine-venise.htm#food24 Bonne visite Lorenza
1 commentaire(s):
Serge