"Les canaux de Venise sont noirs comme l'encre; c'est l'encre de Jean-Jacques, de Chateaubriand, de Barrès, de Proust; y tremper sa plume est plus qu'un devoir de français, un devoir tout court."Paul Morand
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
23 février 2013
Les canaux de Venise...
09 février 2013
Promenade dans la Venise de Canaletto au Musée Maillol
A défaut de pouvoir être à Venise, j'étais mercredi dernier à Paris, au Musée Maillol où est présentée jusqu'au 10 février une exposition de peintures du peintre vénitien. Impossible de ne pas en avoir entendu parler tellement la publicité pour l'évènement est omniprésente à Paris, sur les parois des bus, dans le métro, dans les journaux. On voit des affiches partout. C'est qu'il s'agit bien d'un évènement d'envergure, en dépit de quelques détracteurs qui n'en ont pas eu pour leur faim. Pourtant. Non seulement le musée a réuni, avec l'aide le la Sovrintendenza des Musées vénitiens, des toiles éparpillées dans le monde entier, mais offre aussi aux amateurs la possibilité de voir, et presque de toucher, le fameux carnet dans lequel Canaletto dessinait à l'aide de sa camera oscura que l'on peut admirer dans une vitrine et dont une réplique a été construite que le visiteur peut utiliser, pour mieux comprendre la méthode du peintre vénitien.
Maillol est un musée charmant. Si le sbire qui contrôle l'accès aurait davantage sa place à la sécurité d'un supermarché de banlieue, les gardiens sont avenants et le reste du personnel toujours tout sourire. C'est sûrement difficile parfois, comme le matin où je suis allé voir l'exposition. Vingt minutes avant mon arrivée, un groupe d'une cinquantaine de vieillards cacochymes avait investi les lieux. Certainement tous sourds, vu qu'ils avaient branché les audiophones mis à leur disposition au maximum, et on se serait cru dans une monstrueuse ruche, les salles résonnaient d'un bourdonnement permanent insupportable. Les augustes visiteurs parlaient forts pour la plupart - toujours les aléas de la surdité, attendaient attroupés devant les toiles que le commentaire enregistré se termine et ainsi agglutinés, il était quasiment impossible de rien voir. Pris soudain d'une heureuse impulsion, j'ai arpenté les salles (deux au rez-de-chaussée et le reste à l'étage) à l'inverse du parcours prévu par l’audio-guidage. Le reste du troupeau qui n'avait pas d'engin collé à l'oreille suivait sagement une charmante jeune guide. Il n'y avait quasiment personne à l'étage. Autant l'agacement provoqué par le club du Troisième âge, très chic cela étant, m'avait tout d'abord incité à quitter les lieux pour me réfugier avec le catalogue dans le premier café venu, autant le calme et le silence des salles du haut me rasséréna. J'étais quasiment seul, entouré par des merveilles. Un vrai bonheur car cette exposition, je vous l'assure contient des merveilles dont on peut s'approcher jusqu'à se sentir au milieu des scènes dépeintes par l'artiste. Parmi les grands formats on peut admirer (de près) le superbe tableau qui montre la Scala dei Giganti du palazzo ducale. Délicieusement plein de vie, avec tout un tas de personnages qui tous semblent prêt à nous apostropher et à sortir de la toile. Peint dans les années 1755, ce tableau fait partie de la collection du duc de Northumberland comme d'autres tout aussi beaux. Je ne l'avais jamais vu en vrai.
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A plusieurs reprises, à Venise, dans les musées, mais aussi dans certains palais et une mémorable fois en Angleterre, il m'a été donné de voir de près les peintures de Canaletto. Mais là, dans ces petites salles intimes, c'était une révélation et une grande joie. La salle ou trône cette vue de la cour du palais des doges, des hauts-parleurs diffusaient en sourdine de la musique de Vivaldi. Des airs connus comme certains mouvements des quatre saisons, mais aussi quelques pièces moins faciles, notamment des airs religieux chantés par une délicieuse voix blanche. Une autre salle présente le travail de graveur du maître. On y voit les dessins préparatoires joliment encadrés, puis les épreuves. Quelques eaux-fortes au format de grande carte postale font comprendre le rôle joué par le travail de Canaletto à une époque où sauf à savoir dessiner, on ne pouvait pas ramener de son séjour à Venise de photographies ni de cartes postales. Ces eaux-fortes sont incroyables de prévision, les détails sont charmants et tout parait tellement vivant. Enfin, pour parfaire la présentation du travail, plusieurs cadres présentent le même sujet, du dessin à la peinture en passant par différentes gravures du même paysage.
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Guardi est présent ainsi que le père de Canaletto, Bernardo Canal dont on peut admirer au rez-de-chaussée une superbe toile géante représentant le Grand Canal du côté du Rialto. Comme plus tard chez le fils, la toile est remplie de personnages qui ont leur vie propre et s'animent sous nos yeux comme autant de témoins de cette époque où, décadente déjà, Venise n'en restait pas moins la capitale d'un pays prospère à la démographie galopante.
Peu à peu les nobles et sourds vieillards sont arrivés... Les plus valides arrivèrent à la suite de la guide, les autres surgirent de l'ascenseur. Soufflants et pouffants, ils se sont affalés sur les banquettes installées le long des parois. Le son des audiophones annonça leur venue dès l'escalier. Certains, plus attentifs, ont remarqué la décoration - des poteaux de bois et des planches grossièrement blanchies à l'eau pour rappeler les pali de la lagune et les débarcadères mouillés par les eaux. Les salles se sont remplies en un instant d'un vacarme de cour de récréation. J'en ai profité pour redescendre. Le rez-de-chaussée avait retrouvé le silence qui sied aux musées. Les deux choses qui m'intéressaient le plus semblaient libérées de cette horde très ressemblante à celles qui envahit chaque jour par flots interrompus (sauf à l'heure des repas !), musées et églises de la Sérénissime : la fameuse camera oscura reconstituée trônant au milieu d'une salle et mise à disposition du public, non loin de la (présumée) véritable dans sa vitrine et LE fameux carnet.
Un écran horizontal installé sur le même meuble que le précieux recueil de la Marciana, permet d'en feuilleter virtuellement, page après page, les 76 feuillets. C'est émouvant, charmant, sublime, passionnant, fascinant... Pardonnez cette emphase, mais autant de chefs-d’œuvres devant les yeux et soudain la contemplation des croquis qui en sont l'origine, avec les annotations de l'artiste quant aux couleurs et aux détails à ne pas oublier, revient à être projeté dans la Venise du XVIIIe siècle, parmi ses habitants. C'est comme humer le même air qu'ils respirèrent, entendre avec eux les cloches des églises qui se répondent, participer au brouhaha qui anime les places et les rues que Canaletto nous montre. En regardant l'outil que l'artiste utilisa, cette belle boîte de bois vernis, avec le couvercle en buis tourné et patiné par le temps que le maître a vissé et revissé à chacun de ses déplacements, on ne peut qu'être joyeusement ému. C'est toute la Venise authentique qui est là sur les cimaises du Musée Maillol et qu'on peut approcher de tellement près. Le rapport aux œuvres se fait intime, comme rarement dans un musée.
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Le catalogue publié par Gallimard m'a paru en revanche assez décevant. Il coûte 39 euros, de format italien et regorge d'illustrations et de détails, mais la couleur des tirages est épouvantable. Les clichés ne sont pas toujours très clairs et aucun des détails qui apparaissent avec une incroyable netteté à l’œil nu quand on se tient devant les peintures n'a été reproduit.
Le petit ouvrage toujours chez Gallimard, publié par Annalisa Scarpa, commissaire de l'exposition, dans la collection Octavius , "Venise au temps de Canaletto", outre l'élégance de sa mise en page, est d'une meilleure qualité. Ce petit album sans prétention est largement moins cher. Il présente sous forme d'itinéraire, la plupart des points de vue, campi, palais, églises, monuments, d'une ville quasiment inchangée qui aujourd'hui encore conserve tout le charme du XVIIIe siècle qui charme le visiteur sensible. Je renvoie aussi les amateurs à l'excellent ouvrage de J.G. Links paru en 1994 chez Phaidon. Bien qu'un peu vieilli, il reste à ce jour l'un des ouvrages les mieux documentés sur le peintre.
Le petit ouvrage toujours chez Gallimard, publié par Annalisa Scarpa, commissaire de l'exposition, dans la collection Octavius , "Venise au temps de Canaletto", outre l'élégance de sa mise en page, est d'une meilleure qualité. Ce petit album sans prétention est largement moins cher. Il présente sous forme d'itinéraire, la plupart des points de vue, campi, palais, églises, monuments, d'une ville quasiment inchangée qui aujourd'hui encore conserve tout le charme du XVIIIe siècle qui charme le visiteur sensible. Je renvoie aussi les amateurs à l'excellent ouvrage de J.G. Links paru en 1994 chez Phaidon. Bien qu'un peu vieilli, il reste à ce jour l'un des ouvrages les mieux documentés sur le peintre.
Si vous le pouvez, courrez-y ! Vous ne serez pas déçus et privilégiez une visite matutinale ou réservez en donnant le nom d'un maharadjah ou d'un émir pour que l'on interdise les salles en votre présence! Toutes les informations sur l'excellentissime site, Venise1.com : ICI
03 février 2013
Habiter à Venise : l'odyssée des logements sociaux
La Fondamenta Coletti à San Girolamo, dans un coin retiré de Cannaregio est
un endroit pittoresque fréquenté quasiment uniquement de vénitiens. Au
bout du quai, une île a été aménagée il y a une quarantaine d'années, la
Sacca San Girolamo, vaste ensemble résidentiel qui abrite de
nombreux logements sociaux face à la lagune. La Fondamenta Carlo Coletti
doit son nom à une institution religieuse qui y était installée jusque
dans les années 2000. D'imposants bâtiments accueillirent de nombreux
élèves. Puis peu à peu, les religieux ne pouvant faire face aux
nécessaires travaux d'entretien, les immeubles se dégradèrent, jusqu'à
l'abandon et la fermeture de l'institution.
Étudiant, j'ai habité quelques mois dans ce quartier, sur cette fondamenta justement, au numéro 2993. Mes fenêtres donnaient sur l'un des terrains de sport de l'institution fréquenté par tous les enfants du voisinage qui venaient y jouer au football. Déjà à l'époque on parlait de construire à cet endroit des logements sociaux qui faisaient cruellement défaut. C'était cette triste période où l’État avait décidé de libéraliser les loyers, jetant à la rue des centaines de vénitiens, appelés les sfrattati (i sfratai en vénitien) Dans le cadre du programme électoral de son équipe, le maire Orsoni a promis la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, histoire de revitaliser l'habitat dans le centre historique, ou pour être plus précis afin d'en juguler la désertification. Même à Disneyland, il faut bien loger le personnel... Hélas, si des chantiers ont bien été ouverts, aucun n'est encore parvenu à son terme. Une première tranche de constructions avait déjà été prévue par la municipalité Costa. Plusieurs milliards avaient même été débloqués pour ce faire. Sans suite à ce jour. Toujours le mystère des marchés publics italiens.
Étudiant, j'ai habité quelques mois dans ce quartier, sur cette fondamenta justement, au numéro 2993. Mes fenêtres donnaient sur l'un des terrains de sport de l'institution fréquenté par tous les enfants du voisinage qui venaient y jouer au football. Déjà à l'époque on parlait de construire à cet endroit des logements sociaux qui faisaient cruellement défaut. C'était cette triste période où l’État avait décidé de libéraliser les loyers, jetant à la rue des centaines de vénitiens, appelés les sfrattati (i sfratai en vénitien) Dans le cadre du programme électoral de son équipe, le maire Orsoni a promis la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, histoire de revitaliser l'habitat dans le centre historique, ou pour être plus précis afin d'en juguler la désertification. Même à Disneyland, il faut bien loger le personnel... Hélas, si des chantiers ont bien été ouverts, aucun n'est encore parvenu à son terme. Une première tranche de constructions avait déjà été prévue par la municipalité Costa. Plusieurs milliards avaient même été débloqués pour ce faire. Sans suite à ce jour. Toujours le mystère des marchés publics italiens.
Le
projet Coletti est intéressant. Il s'agit de réaliser des logements
sociaux qui seront destinés en priorité aux jeunes ménages et à ceux qui
travaillent dans le centre historique. Prendre en compte, enfin, les
gens qui vivent et travaillent à Venise. Ambitieux, ce projet l'est
quand il veut contribuer au "repeuplement" d'une zone laissée en
friche depuis la disparition des établissements de formation qui
occupèrent les lieux pendant de nombreuses années (Algarotti, Zuccante,
Fermi). Ambitieux aussi l'objectif décidé par les intervenants :
réaliser, d'ici 2015, soixante-dix appartements dits de "social housing" financés par un apport de 13 millions d'euros (dont 6 millions environ avancés par la municipalité et le reste par les Œuvres Pia Coletti, structure communale). Le protocole permettant de lancer l'opération a été signé Ca’Farsetti il y a quelques semaines, permettant de démarrer l'appel d'offres.
"Ce projet, explique Bruno Filippini, l'assesseur en charge de l'habitat, veut
répondre aux exigences des vénitiens, et avant tout aux demandes des
jeunes couples et des travailleurs du centre historique. Outre
l'opération d'habitat social, le projet prévoit la réalisation d'une
zone verte sur l'emplacement d'un vaste terrain vague au milieu de
l'ex-Coletti." Comme l'a expliqué Paolo Stocco, le président des Ouvres Pia Coletti, qui milite depuis des années pour la restructuration de ces locaux abandonnés , "les appartements auront une superficie allant de 45 à 100 m²".
Le lancement du chantier Colettti a également le mérite de rappeler les autres projets de logement sociaux. A cet égard, l'assesseur Filipini a fait le point sur le chantier Conterie Murano (36 logements), sur l'ancien hôpital Umberto Ier de Cannaregio (40 maisons individuelles), la poursuite du projet Piruea au Lido (38 logements) et celui de la via Mattuglie à Asseggiano (72 logements). "Dans le cadre de la décentralisation domaniale (piano sul federalismo demaniale) a ajouté Filippini, l'ancienne caserne Sanguinetti, à San Pietro di Castello et les locaux de l'ancienne École de Mécanique à Celestia seront bientôt mis à la disposition de la commune." Le site de Scalera à la Giudecca, quant à lui devrait être achevé dans les délais prévus en dépit des difficultés du constructeur traduit aujourd'hui devant les tribunaux.
La municipalité insiste sur sa détermination a défendre les intérêts de
ses administrés devant les retards, les exactions et les abus suscités
par le projet. Pourtant sur les
6.400 logements sociaux promis par la ville depuis dix ans, pas un seul
n'est disponible à ce jour. La première tranche qui prévoyait 1.400
appartements avait été votée par la municipalité Costa en 2003,
pour un investissement prévisionnel de 116 millions sur six ans qui
devait être complété en 2009. Si une partie du programme est en cours de
construction, la plus grande partie initialement prévue est bloquée
suite à la défaillance des partenaires privés. Les 5.000 autres
logements ont été annoncés en 2010 dans le programme électoral du maire
actuel, Giorgio Orsoni. Ils sont toujours lettre morte à ce jour...
01 février 2013
Bonne nouvelle, le réverbère revient enfin !
Il aura fallu pas mal de négociations et de pressions pour décider
le milliardaire français de rendre aux vénitiens la pointe de la Pointe
de la Douane et ranger son éphèbe à la grenouille dans un recoin de ses
collections. Le réverbère va revenir. C'est officiel et Tramezzinimag
s'en réjouit.
Ce n'est pas qu'elle était laide cette sculpture mais sa présence - et
celle d'un vigile grognon - à un endroit stratégique de la ville où
tout le monde aimait à se promener le soir, avait bousculé les usages.
Pour la première fois, un lieu public, le chemin qui longe les anciens magazzini de
la douane, était de fait quasiment privatisé ou du moins offert à
l'usage d'un milliardaire arrogant. Les vénitiens n'aiment pas qu'on
joue avec leurs traditions et ils n'ont jamais vu d'un très bon œil
qu'on piétine les usages. Or ces lieux étaient depuis toujours voués à
la passeggiata, enfants, couples d'amoureux, artistes, musiciens
ou simples riverains, tous aimaient à se promener le soir face au plus
beau panorama de toute la lagune. Combien d'amoureux se sont embrassés
là, sous la lumière du réverbère ou à l'ombre des colonnes du bâtiment ?
Des pêcheurs s'y installaient dans le journée, des vieilles dames
venaient y promener leurs chiens et papoter. La nuit, quand la ville
endormie se faisait silencieuse, il y avait toujours un noctambule pour
venir là avant de regagner son lit.
Vous
le savez sans doute, le fameux réverbère avait été enlevé lors des
travaux et jamais remis, à la demande du locataire des lieux et de son
architecte. A la place, cette sculpture de Charles Ray, haute de
2,47 m qu'on protège des intempéries par une cage de verre blindé. Les
vénitiens ravis au début de ce nouvel ornement des lieux l'acceptèrent
tant qu'il s'agissait d'une situation provisoire. le temps d'une
exposition comme on est habitué désormais d'en voir surgir un peu
partout dans la ville au moment de la Biennale... hélas, l'enfant et son
crapaud ont pris racine. Et il devenait évident que le provisoire
s'installait dans la durée. Et le réverbère ? La ville a d'abord essayé
de noyer le poisson en expliquant que la nouvelle esthétique des lieux
ramenait les aménagements à l'aspect d'origine... La pilule était trop
difficile à avaler. Les vénitiens se rebiffèrent. Pétitions, émissions
de radio, manifestations. On parla même dans certaines arrières-boutiques de faire subir à l’œuvre le même
sort que celui que Buonaparte réserva au Bucentaure... Finalement, le bon sens a prévalu. La sculpture s'en va et le réverbère revient. Nous nous en réjouissons.
Exit les vigiles aussi, du moins espérons-le. Quelle barbe pour deux
amoureux qui veulent être un peu tranquilles, la nuit quand la ville se
fait silencieuse et que les touristes dorment enfin, si un sbire méfiant
et voyeur tournait autour d'eux, sous la lumière du lampadaire...
8 commentaires (non archivés)
24 janvier 2013
COUPS DE CŒUR N°48
Ouvrage collectif
Venise, Vivaldi, Versailles
Contributions de Philippe Beaussant, Vincent Borel, Frédérice Delamea, François Cruz...
Ed. Naïve Littérature & Château de Versailles, 2011.
Les lecteurs de Tramezzinimag se
souviennent certainement de cette grosse manifestation très
médiatisée qui fêta Venise et Vivaldi à Versailles il y a presque
trois ans. A l'occasion de ces royales et somptueuses festivités, les éditions Naïve
sortirent un disque réunissant les monstres sacrés du baroque, disque
au succès mitigé, tant il s'apparente bien davantage à une
compilation commerciale et désordonnée, comme on en trouve souvent au
moment des fêtes dans les grandes surfaces, qu'à une anthologie
savante et réfléchie. Mais l'amateur de musique y aura trouvé son
bonheur : quelques-unes des meilleures œuvres du prêtre roux le plus
souvent magistralement interprétées même si on peut là-aussi trouver à
redire (l'interprétation du Gloria par les musiciens de Rinaldo Alessandrini est vraiment trop rapide, il lui manque la magistrale ampleur du somptueux enregistrement de Riccardo Muti, et le Cum Dederit de Philippe Jarousski, s'il est très beau, n'atteint pas la perfection de James Bowman encore jamais égalé. Mais
cette grande manifestation du Château de Versailles fut aussi
l'occasion de sortir un ouvrage dédié au même sujet qui réunit les
contributions des meilleurs spécialistes de Vivaldi,
de la musique vénitienne et de Versailles. Je n'avais jamais lu ce
livre dont la couverture est assez laide mais qui est tout de même un
bel objet, le genre "Coffee Table Books" dont raffolent nos amis
anglo-saxons. Sauf que ce livre ne se contente pas d'être esthétique, il
contient des textes passionnants et une iconographie assez fouillée et
pleine de trouvailles avec les photographies de Gueorgui Pinkhassov qui servent de fil rouge en ce voyage d’évocation baroque. Le tout est agréable à lire et fait un parfait cadeau.
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Lorenza Foschini
Le manteau de Proust
Ed. Quai Voltaire, La Table Ronde - 2012.
Un petit bijou découvert dans mes souliers sous le sapin. Ce bref récit de 136 pages, récit gigogne tout empreint de fétichisme proustien est né du hasard d'une rencontre de l'auteur avec Piero Tosi, qui fut le décorateur attitré des films de Luchino Visconti. Lorenza Foschini part à la découverte du manteau de Marcel Proust remisé en haut d'une armoire, dans un appentis du Musée Carnavalet. Au fil des pages, le lecteur suit la piste de son découvreur, l'esthète et collectionneur Jacques Guérin, qui récupéra chez un brocanteur un grand nombre d'objets ayant appartenu à l'écrivain et qu'on retrouve aujourd'hui au musée, dans la salle où a été reconstituée la chambre de la rue Hamelin. Bien écrit - et parfaitement traduite de l'italien par Danièle Valin, ce récit ravira les nombreux amateurs de curiosa proustiens mais pas seulement. Il dresse un portrait attachant du personnage complexe que fut le parfumeur Guérin et nous replonge dans une atmosphère bien plus avenante que celle dans laquelle nous vivons au quotidien. Beaucoup de petits faits connus pour la plupart sont ainsi habilement mis en perspective. Les pages de la narration des péripéties du fameux manteau jusqu'à son arrivée chez le brocanteur-colporteur Werne sont d'anthologie, dignes de Pouchkine ou de Umberto Ecco comme l'a écrit Edmund White.
.
Nuccio Ordine
L'utilité de l'inutile
Les Belles Lettres -2012.
Il n'est pas vrai, pas même en temps de crise que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés inutiles qui se révèlent en réalité d une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l'utilité de l'inutile et sur l'inutilité de l'utile. À travers les réflexions des philosophes et des grands écrivains de tous les temps, il démontre comment l'obsession de posséder et le culte de l'utilité finissent par dessécher l'esprit, en mettant en péril écoles et universités, condamnant à terme l'art et la créativité, et détruisant peu à peu nos valeurs fondamentales, sapant les fondements de la dignitas hominis, et les notions d'amour et de vérité. L'auteur termine son petit ouvrage par la publication inédite en français d'une très beau texte d'Abraham Flexner qui souligne que les sciences enseignent aussi l'utilité de l'inutile, citant Faraday, Ehrlich, Einstein et plein d'autres. Il est ainsi démontré que sans la gratuité et l'inutile, sans ce qui parait superflu à notre époque mercantiliste fascinée par le profit, l'homme aura bien du mal à rendre l'humanité plus humaine et à parvenir au bonheur. Un texte vraiment important et très agréable à lire. A faire connaître sans modération autour de vous.
.. ...
Danièle Boone
Le piéton de Venise
Ed. Rando - 2008.
..
Indispensable Vivaldi
Rinaldo Alessandrini, Jordi Savall, Fabio Biondi, Diego Fasolis et J-Ch. Spinosi.
CD Label Naïve - 2011.
S'il n'est pas indispensable contrairement à ce que prétendait le service marketing du Château de Versailles, cet album peut satisfaire les amateurs de Vivaldi
puisqu'il réunit les meilleurs interprètes actuels de musique baroque
et les passages choisis sont de haut niveau. mais cela reste une
compilation avec tout ce qu'il y a de connoté dans l'épithète. Pas
indispensable donc mais pas inutile non plus là encore comme cadeau. Un
échantillon assez bien tourné que j'utilise et conseille comme
accompagnement sonore d'images sur la Sérénissime. Rinaldo Alessandrini, Jordi Savall, Fabio Biondi, Diego Fasolis et J-Ch. Spinosi.
CD Label Naïve - 2011.
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Le manteau de Proust
Ed. Quai Voltaire, La Table Ronde - 2012.
Un petit bijou découvert dans mes souliers sous le sapin. Ce bref récit de 136 pages, récit gigogne tout empreint de fétichisme proustien est né du hasard d'une rencontre de l'auteur avec Piero Tosi, qui fut le décorateur attitré des films de Luchino Visconti. Lorenza Foschini part à la découverte du manteau de Marcel Proust remisé en haut d'une armoire, dans un appentis du Musée Carnavalet. Au fil des pages, le lecteur suit la piste de son découvreur, l'esthète et collectionneur Jacques Guérin, qui récupéra chez un brocanteur un grand nombre d'objets ayant appartenu à l'écrivain et qu'on retrouve aujourd'hui au musée, dans la salle où a été reconstituée la chambre de la rue Hamelin. Bien écrit - et parfaitement traduite de l'italien par Danièle Valin, ce récit ravira les nombreux amateurs de curiosa proustiens mais pas seulement. Il dresse un portrait attachant du personnage complexe que fut le parfumeur Guérin et nous replonge dans une atmosphère bien plus avenante que celle dans laquelle nous vivons au quotidien. Beaucoup de petits faits connus pour la plupart sont ainsi habilement mis en perspective. Les pages de la narration des péripéties du fameux manteau jusqu'à son arrivée chez le brocanteur-colporteur Werne sont d'anthologie, dignes de Pouchkine ou de Umberto Ecco comme l'a écrit Edmund White.
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Nuccio Ordine
L'utilité de l'inutile
Les Belles Lettres -2012.
Il n'est pas vrai, pas même en temps de crise que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés inutiles qui se révèlent en réalité d une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l'utilité de l'inutile et sur l'inutilité de l'utile. À travers les réflexions des philosophes et des grands écrivains de tous les temps, il démontre comment l'obsession de posséder et le culte de l'utilité finissent par dessécher l'esprit, en mettant en péril écoles et universités, condamnant à terme l'art et la créativité, et détruisant peu à peu nos valeurs fondamentales, sapant les fondements de la dignitas hominis, et les notions d'amour et de vérité. L'auteur termine son petit ouvrage par la publication inédite en français d'une très beau texte d'Abraham Flexner qui souligne que les sciences enseignent aussi l'utilité de l'inutile, citant Faraday, Ehrlich, Einstein et plein d'autres. Il est ainsi démontré que sans la gratuité et l'inutile, sans ce qui parait superflu à notre époque mercantiliste fascinée par le profit, l'homme aura bien du mal à rendre l'humanité plus humaine et à parvenir au bonheur. Un texte vraiment important et très agréable à lire. A faire connaître sans modération autour de vous.
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Danièle Boone
Le piéton de Venise
Ed. Rando - 2008.
"La
cité Doges méconnaît la ligne et l'angle droits. Venise s'enroule
autour d'elle-même, comme un escargot. L'itinéraire le plus court n'y
est pas ce Grand Canal en forme de S, mais les chemins de traverse qui
ignorent ses boucles. La marche y est un privilège naturel et les
Vénitiens sont des piétons à temps-plein. En quittant le flux des
touristes aux semelles lourdes et en se faufilant comme l'eau dans ses
moindres recoins secrets,le promeneur va à la rencontre de son
véritable esprit. Que de découvertes alors : margelles de puits, patères
byzantines, ateliers et tant de vénérables demeures, humbles ou
majestueuses. La ville a placé tout son mystère dans l'agencement
tortueux et complexe de son espace. Venise est un archipel de quartiers
gagnés un à un sur la mer et reliés par des centaines de ponts et de
pontets. C'est la seule ville au monde où les voies de transports, les
canaux, sont radicalement différentes des voies de promenades, les
rues. Alors y déambuler est un bonheur incomparable. Laissez chanter
les noms, laissez glisser - mieux, danser - vos pas : canal de la
Giudecca, Santa Maria della Salute, Madonna dell'Orto, ponte dei Pugni,
campo Santa Margherita. Les dix parcours décrits dans ce guide vous
font aller du Ghetto à l'Arsenale, de la pointe du Dorsoduro au campo
San Stefano ou à la piazza San Marco. Sans oublier San Zanipolo, Murano
et San Michele, Burano et Torcello". Voilà comment le livre est
présenté. Bon marché, bien documenté, c'est un des guides possibles pour
ceux qui ne veulent pas se contenter d'aller le nez au vent au hasard
de leurs pas. Écrit il y a quelques années déjà par une dame talentueuse
qui est aussi photographe et possède à son actif un certain nombre
d'excellents ouvrages parus chez Hazan notamment. Ouvrage à ne pas confondre avec celui-ci, paru en 2005 aux éditions Bartillat :
...Marc Alyn
Le Piéton de Venise
Ed.Bartillat, 2005.
Celui
est d'un autre ordre. Nullement écrit pour un usage pratique mais tout
rempli de l'âme de Venise lui aussi. De l'intérieur cette fois. Marc Alyn, qui est avant tout un poète - critique et essayiste aussi, il est l'auteur de plusieurs biographies parues chez Seghers notamment celle de François Mauriac - a
su exprimer dans ce petit ouvrage tout son amour pour la Sérénissime.
De ses nombreux séjours depuis sa jeunesse - il est né en 1937 -
l'auteur a pu en percevoir les mille palpitations. Il offre à ses
lecteurs une Venise vivante, sensuelle, habitée regorgeant de saveurs et
de rencontres. "Dans
les églises, sous les porches, au coin des canaux, dans les palais,
Marc Alyn nous donne accès à une Venise secrète, celle des arcanes du
tarot et de la vie cachée des Vénitiens." Il a choisi sept voyageurs pour accompagner ce périple : D'Annunzio, Joseph Brodsky, Richard Wagner, Lord Byron, le baron Corvo, Corto Maltese et Ezra Pound. Un des ouvrages à avoir dans sa bibliothèque vénitienne.
..
Iegor Gran
L'écologie en bas de chez moi
Ed. Folio Gallimard - 2012.
L'auteur
joue dans ce petit livre très drôle et vraiment décapant, du décalage
et de la distanciation. Mais quand il se moque, ce n'est jamais méchant
ni par souci de controverse. Juste un esprit libre qui ne supporte pas
les diktats quel qu’en soit la forme. C’est la marque de fabrique
de cet écrivain qui aime toujours aller à contre-courant et pousser
l’absurde dans ses retranchements pour mieux caricaturer nos modes et
idéologies dominantes, qu'il conçoit comme de véritables machines à
décerveler. Iegor Gran appuie où ça fait ma
et c'est ce qui rend ces lignes attachantes. Il se plait à attaquer
l’inattaquable pour en révéler, avec dérision, ironie et second degré,
les clichés insupportables et les présupposés idéologiques : faire du
vert le parangon du bien a une influence sur notre quotidien,mais
aussi, et c'est ce qu'il veut dénoncer, sur l’économie de marché, la
politique et la culture. Cet essai décrypte nos engagements toujours
absurdes quand ils ne sont ni réfléchis, ni mesurés, ou nuancés et les
notes en bas de page, souvent très longues volontairement, proprement
jouissives, mettent le doigt sur toutes ces contradictions. Il y a
danger quand le vert n'est plus un engagement mais une mode, et pire,
un business et que l'argumentaire nous rend "myopes". L'auteur
ne souhaite pas vous interdire de trier vos déchets ou vous convaincre
de ne plus manger bio, simplement de ne plus le faire comme un mouton,
parce qu’il le faut, que c’est bien, qu’il est quasi obligatoire
désormais de "faire un geste pour l’environnement", nouvelle
table de la loi de notre civilisation en manque de repères. En
parallèle à cette idée générale, le livre est aussi une analyse des
relations d'amitié qui perdurent ou se délitent sans qu'on y prenne
garde. Un livre rigolo et sérieux à la fois.
09 janvier 2013
L'hiver européen : déjà, il neige sur Athènes...
Athènes - 08/01/2013 - © Panagiotis Grigoriou |
Une
fois n'est pas coutume mais ne devrait-ce pas devenir l'usage ?
Tramezzinimag est un lieu où l'esthétique et la beauté, la joie de vivre
et le bonheur animent une passion commune. Venise est pour la majeure
partie d'entre nous un lieu où nous nous rendons, plus ou moins souvent,
selon le temps dont nous disposons, selon nos moyens. Un lieu de
"villégiature et d'épanouissement culturel" comme l'écrit un de mes
lecteurs luxembourgeois. Tramezzinimag tente d'accompagner et de
traduire cet état d'âme commun à tous les Fous de Venise que nous
sommes. Pourtant, à quelques centaines de kilomètres de la lagune il y a
des grincements de dent et des larmes de deuil. On n'aime pas trop
évoquer le malheur des autres. Surtout quand on devine qu'il pourrait
être contagieux. C'est pourquoi Tramezzinimag soutient et parraine
désormais le blog de l'anthropologue et historien Panagiotis Grigoriou et vous invite à le soutenir par vos encouragements sur son blog mais aussi par vos dons. C'est de survie dont il s'agit.
L'hiver
règne sur l'Europe. Affaire de saison me direz-vous. J'ai envie
d'écrire que cet hiver là est un peu plus rude, un peu plus sale que
celui que nous impose chaque année la nature. Il neige à Athènes. Une
fine poudreuse qui crée des embarras aux abords de la capitale hellène.
La pollution du ciel pénètre les maisons et les poumons, même en
Thessalie. Ceux qui dorment dans la rue ont encore plus froid qu'avant.
Les grands feux qu'allument chaque jour le peuple en colère ne réchauffe
que les cuirasses des forces spéciales en permanence sur le qui-vive.
Atmosphère de guerre civile et surréaliste train train habituel dans les
rues des grandes villes. Embouteillages, foules sur les trottoirs et
dans les cafés... Et pourtant.
Nous
vivons bien en France en dépit de cette crise qui ronge depuis des mois
une partie des pays frères, ceux pour qui l'Europe s'avère désormais
impitoyable et qui perdent leur âme dans un grondement de plus en plus
audible. Bien qu'éloignée encore, la tempête qui les emporte et sème la
ruine et la désolation, est pourtant à nos portes et nous continuons de
ne rien voir. Mais en Grèce ? J'y ai des amis autrefois parangons de
sérénité et de bonne humeur, dont l'hospitalité était toujours joyeuse
et pleine de surprises. Ils n'ont plus rien aujourd'hui. Plus de
retraite, plus de sécurité sociale, plus d'économie ou presque. Leur
grande maison ancienne dans le beau et pittoresque quartier de la Plaka
d'Athènes n'est plus chauffée en hiver, les volets ne sont pas repeints
et il leur faudra peut-être bientôt la vendre. Ils envisagent de se
réfugier à Lindos, dans une petite bâtisse toute blanche où ils allaient
l'été, recevant des amis d'amis. Mais la maison dans l'île de Rhodes
sera peut-être vendue. La banque réclame des intérêts de prêt, ils
croulent sous les impayés. Ce n'étaient pourtant pas les premiers venus.
Ils ont travaillé toute leur vie. Jeunes retraités, ils peuvent avec
satisfaction voir le parcours de leurs enfants, tous universitaires
brillants mais sans salaire depuis des mois ou presque. Alors, ils vont
dans la rue. Chaque jour. Aider et consoler ceux qui sont encore plus
mal lotis qu'eux. Ils partagent la fureur de tous les grecs face à cette
situation qui rappelle aux plus vieux de bien tristes souvenirs.
La
police est partout, et partout les violences se multiplient comme aussi
les actes de désespoir. Et nous, à Venise, en France, en suisse, en
Belgique, au Canada, ailleurs aussi, on ne sait pas ou on ne veut pas
savoir. On écoute sagement ce que disent nos dirigeants, et prenons
pour parole d'évangile ce que relaie la presse. "C'est leur faute,
ils n'ont que ce qu'ils méritent", "la Grèce vivait au-dessus de ses
moyens", "ils paient maintenant pour avoir été malhonnêtes avec les
institutions européennes"... Mais de la souffrance quotidienne de la
population, des faits divers suscités par cette désespérance qui se
multiplient, personne ne parle chez nous. Et ce qui pouvait rester de
dignité à notre presse s'efface sous les effets d'une pensée unique.
Totalitaire déjà. Qui a parlé au
printemps dernier du suicide de ce vieil homme, pharmacien à la retraite
qui se sachant destiné à finir dans la rue, en dépit de trente cinq ans
de cotisation pour une retraite confortable n'avait plus rien et qui ne
voulait pas faire violence aux autres. Il s'est suicidé sur la place
publique. Par désespoir. parce qu'il lui semblait revivre les pires
années collaborationnistes du temps de l'occupation allemande. La
première, celle des nazis (cf. Greek Crisis)
Les plus anciens lecteurs de Tramezzinimag
se souviennent de mon obsessionnelle opposition au Traité
constitutionnel européen, ce combat pour le non qui m'a valu menaces,
injures, fâcheries, vexations de tous ordres. Combien d'amis ai-je perdu
qui me jugeaient rétrograde et buté, voire stupide quand je faisais
campagne contre ce traité en brandissant des arguments dont j'espérais
pourtant que jamais nous aurions à en vérifier la véracité. Parce que
j'étais, je suis, je demeure, un fervent partisan de l'Europe. La
souffrance et le malheur des grecs, sera bientôt celle de tous les
peuples qui composent l'Union. Il est encore temps de réagir. il est
encore temps d'ouvrir les yeux et de se battre pour une Europe
solidaire, une Europe des Nations, des peuples. pas une Europe des
banques et des technocrates. Patrie de la démocratie, la Grèce s'enfonce
dans un totalitarisme déguisé où la haine peu à peu s'empare de tous
les cœurs, où la liberté s'étiole et le désespoir grandit heure par
heure. Nous avions donc hélas raison, nous les partisans du non sur qui
tous ont craché, les médias, les politiques de droite comme de gauche,
les Églises mêmes parfois...
Si vous avez lu ces lignes jusque là, n'est-ce pas par empathie pour ces peuples si proches, hier encore riches comme nous le sommes, insouciants de ce qui se tramait comme nous le sommes ? Vous n'êtes pas dupes des discours qui nous sont assénés depuis des mois sans pour autant hurler avec les tristes loups des extrêmes qui se servent de cette situation presque apocalyptique pour vendre leurs mauvais remèdes. A la peste ultralibérale ne répondons pas une fois encore par cette autre peste, d'une triste couleur brune dont les générations avant nous ont tristement fait les frais. Et si on s'éloignait de cette Europe-là ?
Les liens vers les principaux articles et éditoriaux de Tramezzinimag
traitant de l'Europe que nous aimons et que nous souhaitons :
04 janvier 2013
COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 34) : Un petit moment de paradis comme on les aime
Cela n'a pas été tourné à Venise, cela n'est pas interprété par un contre-ténor vénitien et le compositeur non plus n'est pas vénitien, mais c'est tellement beau et décalé que ce petit film a trouvé naturellement sa place sur TraMeZziniMag en ce temps de Noël et de fêtes qu'il faut faire durer le plus longtemps possible, histoire de prendre suffisamment de force pour aborder l'an neuf. Bon weekend à tous : Andreas Scholl interprète l'Ave Maria de Franz Schubert, accompagné au piano par Tamar Halperin. Installez-vous confortablement, le chat sur vos genoux et le chien à vos pieds. Fermez les yeux et écoutez avec chaque fibre de votre corps :
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Un petit moment de paradis comme on les aime
Cela n'a pas été tourné à Venise, cela n'est pas interprété par un contre-ténor vénitien et le compositeur non plus n'est pas vénitien, mais c'est tellement beau et décalé que ce petit film a trouvé naturellement sa place sur TramezziniMag en ce temps de Noël et des fêtes qu'il faut faire durer le plus longtemps possible, histoire de prendre suffisamment de force pour aborder l'an neuf. Bon premier weekend de l'année à tous : Andreas Scholl interprète l'Ave Maria de Franz Schubert, accompagné au piano par Tamar Halperin :
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03 janvier 2013
Les vénitiens souhaitent une bonne année au monde
La vidéo réalisée chaque année par Luca et Daniela à l'occasion du nouvel an mérite qu'on en parle. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ces deux vénitiens étaient il y a encore cinq ans des français comme vous et moi, et comme vous et moi, ce sont des Fous de Venise. Comme certains d'entre nous, ils ont un jour pris la décision de tout quitter ou presque et sont venus s'installer sur les bords de la lagune, où ils sont devenus très vite des figures locales. La technique moderne leur permettant de continuer à travailler pour leur clientèle française à distance - ah le bonheur du télé-travail ! - ils vivent comme les vénitiens, au même rythme et sont aujourd'hui aussi intégrés que j'ai pu l'être dans les années 80, quand ma vie, mon âme et mes jours étaient totalement dévolus à la Sérénissime.
C'est pourquoi, parmi tous les excellents sites et les blogs qui ont fleuris depuis sept ou huit ans, e-venise.com est un de mes sites préférés. Comme la version quotidienne du magazine que je voudrais que soit TraMeZziniMag.
C'est pourquoi, parmi tous les excellents sites et les blogs qui ont fleuris depuis sept ou huit ans, e-venise.com est un de mes sites préférés. Comme la version quotidienne du magazine que je voudrais que soit TraMeZziniMag.
Alors Bonne année à e-venise.com et à ses sympathiques inventeurs ! Comme il n'est pas possible de mettre la vidéo directement en ligne sur blogger, en voici le lien direct : http://vimeo.com/56097626.
Bien sur, ce petit film sympathique qui fait le tour de Venise comme chaque année est visible sur le site de nos amis. Buon Anno a tutti di nuovo !
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01 janvier 2013
Bonne Année à tous !
31 décembre 2012
L'hiver est à Venise
"Que j’aime le premier frisson d’hiver !"
Alfred de Musset
Nous y sommes en cette fin d'année. Les jours très courts, le vent glacé, la lumière plus blanche... On a commencé par de belles acque alte, si l'adjectif peut-être associé à ce phénomène parfois pénible quand on doit sortir de chez soi et se rendre à un rendez-vous. Puis ces derniers jours, le brouillard est tombé, froid, humide mais tellement poétique.
Les gens se hâtent dans les rues mouillées par la brume salée qui nous vient de si loin. Le silence dans la ville s'est fait mystère. Par endroits des lampions s'essayent à la joie. Quelques enseignes leur répondent, nimbant l'épais brouillard de tâches de couleurs qu'on se surprend à trouver incongru tant la ville semble désormais vidée de toute sa polychromie. C'est si beau Venise en hiver. Bruits et senteurs, tout devient étranger comme en rêve.
Puis après d'autres journées de pluie, de bourrasques et de brume, la neige arrivera. Elle est déjà tombée sur la Terre ferme, du côté de Padoue et de Vérone. Déjà les montagnes sont couvertes de ce merveilleux manteau immaculé qui tout embellit. Si par bonheur la neige se met à tomber, pour le bonheur des cœurs simples et des voyageurs ébahis, Venise sera plus féérique que jamais. Un poème, un tour de magie, et le rire des enfants. cela durait plusieurs semaines autrefois. La lagune gelait bloquait les bateaux sur les rives aux pavés glissants. La ville désertée sentait bon la tourbe et l'air semblait aussi pur qu'en pleine montagne. Le plus beau décor pour nourrir avec délice notre mélancolie. Évoquer l'hiver à Venise me fait penser à chaque fois à cette musique que certains trouveront sirupeuse mais qui illustre tellement bien ce temps si particulier : The Very Thought Of You par Jerry Vale, ou Vera Lynn, The Day AfterTomorrow, mais aussi Moonlight in Vermont dans la très belle version de Tutti Camarata, presque impossible à trouver aujourd'hui.
Merci à tous les contributeurs bénévoles de Tramezzinimag pour leurs clichés.
28 décembre 2012
Les Brèves
Bonne nouvelle pour nos amis belges :
Vol quotidien low-cost Bruxelles-Venise
La compagnie aérienne Air One a annoncé la prochaine ouverture (prévue le 4 mai prochain) d'une base à Venise, sa troisième en Italie après Milan et Pise. A la clé le lancement de onze nouvelles liaisons. La filiale low cost d’Alitalia va ainsi baser deux Airbus A320 sur l’aéroport de Venise-Marco Polo, et y lancera ses quatre premières routes. Bruxelles sera desservie quotidiennement avec un départ de Venise à 7h50 et un retour de Belgique à 10h25. ligne créée pour concurrencer la compagnie Brussels Airlines. Air One desservira aussi Barcelone chaque jour. Venise sera également reliée à Prague et à Tirana. Enfin, dès le 15 juin 2012, la low cost lancera d'autres lignes : Athènes, Bucarest, Istanbul, Sofia et Varsovie. Venise sera ensuite reliée à Mahon dans l’île de Minorque et Palma de Majorque, faisant de l'aéroport de Venise une véritable plate-forme européenne. Cela voudra dire encore plus de visiteurs sur la lagune, mais permettra aussi à l'aéroport Marco Polo de devenir une place de transit ce qui présente de nombreux avantages. A noter que la France n'est pas desservie par cette compagnie.
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La Saint Sylvestre 2012
sous haute surveillance à Venise
La mode est au sécuritaire même à Venise. Cette année, prévoyant que le traditionnel Love kiss de minuit au pîed du campanile de San Marco animé par la charmante Betty Senatore, attirera du monde, le Commandant Marini, chef de la police municipale a pris des mesures draconiennes. Les habitants sont prévenus que la circulation pédestre pourra être déviée si besoin et que certains axes seront à sens unique. En cas d'une affluence trop massive de véhicules, le stationnement sera interdit Piazzale Roma et les automobilistes déviés vers le Tronchetto. Cela ne devrait pas décourager les 100.000 personnes attendues sur la piazza où sont prévues cette année encore de nombreuses attractions : concerts, théâtre, bal avec le célèbre DJ vénitien Maci, et brindisi avec le Bellini dans sa fameuse bouteille rose et argent de la société Canella, en attendant le compte à rebours et le feu d'artifice sur le Bacino di san Marco. Bonne soirée à tous ceux qui se rendront sur la piazza le 31 décembre !
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2 COMMENTAIRES : Non archivés par Google
Dialecte vénitien et leçon de sciences naturelles
C'est vrai qu'on ne dit plus Sciences Nat, mais SVT
pour Sciences et Vie de la Terre (toujours cette bêtise de vouloir être
moderne, à tout crin) ... Mais on dit toujours brouillard et brume, ce
qui se traduit en vénitien par le mot très imagé de Caìgo et quand il
est assez dense pour sembler se matérialiser devant nous on rajoute le
mot "fisso".
Caìgo fisso donc à Venise ces jours-ci. Rien à voir avec le
Smog londonien qui du temps de ma jeunesse anglaise collait à la peau et
suintait la tourbe et le charbon. Sur la lagune, il est comme un épais
rideau de toile, comme mille couches superposées de mousseline blanche,
presque argentées. Il sublime tout, le moindre poteau, une simple barque
et amplifie les bruits, les odeurs... Quand il se taja col corteo
(se taille au couteau), il recouvre toute la ville et rend Venise
encore plus mystérieuse, féérique. Se promener dans le brouillard, être
surpris à l'angle d'une rue par un passant qui surgit de nulle part,
percevoir le son des cloches au loin par bribes, ne plus voir que les
dalles du sol qui brillent et à certains moments ne plus entendre que le
bruit de ses pas et les battements de son cœur. expérience unique quand
on la vit pour la première fois. Un régal toujours.
27 décembre 2012
A Venise aussi, la misère pour certains...
Le
temps de Noël est pour la grande majorité d'entre nous un temps de joie
et d'allégresse. On met les petits plats dans les grands, les yeux des
enfants s'écarquillent devant les décorations et les lumières. le sapin,
les cadeaux joliment enveloppés, les chants, les bonnes odeurs et
partout la profusion. Partout ? Hélas non, chez certains ce temps est le
plus triste de l'année. C'est cette jeune femme sans un sou qui a été
surprise en train de voler dans un supermarché. Sous son manteau, elle cachait un
paquet de pâtes et un pot de sauce tomate, pour nourrir ses deux
enfants le jour de Noël. C'est aussi ce drame poignant que nous ne
devrions plus trouver que dans les romans du XIXe siècle. La mort en
plein centre historique d'un jeune clochard qui s'était réfugié pour la nuit
dans un bancomat de la Banco di San Marco.
Il
a fait tellement froid le jour de Noël à Venise. L'homme, apparemment à
peine âgé de trente ans, a été retrouvé à l'intérieur d'un de ces
guichets automatiques où il s'était réfugié pour la nuit. C'est un
vigile qui l'a découvert hier au petit matin Près du corps une
couverture et les restes d'un repas. L'information a beaucoup choqué la
population. S'il est vrai que depuis des années de nombreux mendiants
ont fait leur apparition redonnant à la ville cet aspect triste du temps
où la misère était partout et que la richesse de la Sérénissime
attirait des pauvres de partout. Il y a toujours eu des clochards à
Venise mais jamais personne n'avait été laissé ainsi à l'abandon jusqu'à
mourir de froid, seul et abandonné, et puis ce vieux monsieur de 80 ans
retrouvé mort aux Giardini reale, à deux pas des cafés et des
restaurants remplis de monde de San Marco. Il s'était construit un abri de fortune pour
se protéger du froid... Comme ce jeune homme, le soir de Noël...
Un passant a déposé un lumignon à l'entrée du Bancomat.
D'autres ont porté des fleurs. Jolis gestes qui ne peuvent effacer le
sentiment d'injustice et de responsabilité devant un tel évènement.
Comment sommes-nous aussi aveuglés par notre bien-être quand tout près
de nous des tas de gens souffrent dans leur corps comme dans leur cœur ?
Bien sur, aucun d'entre nous n'est directement responsable de la mort
de ces hommes et nous ne pouvons porter toute la misère du monde. Mais la
compassion suffit-elle ?
Sandro Simonato, maire-adjoint, a trouvé les mots justes quand il rappelle que ce décès "démontre combien la crise aggrave la situation des gens dans la rue, qui sont de plus en plus nombreux". Les employés municipaux affectés à l'action sociale d'urgence interviennent en moyenne 60 fois chaque nuit pour le seul centre historique ! S'il faut noter que la plupart des interventions sont liées à l'abus d'alcool, on ne peut oublier que si ces pauvres hères boivent c'est pour se prémunir du froid et de la faim. L'euphorie qu'ils recherchent les coupent au moins pendant un temps de la conscience qu'ils ont de leur misère et les éloignent du désespoir... Cette misère est inacceptable, bouleversante et nous pourrions tous un jour y être confrontés... Cette population démunie qui grossit de mois en mois vient de l'est de l'Europe. Souvent ces femmes et ces hommes ont un métier, un savoir-faire et seulement le désir de vivre décemment là où ils pensent pouvoir trouver un toit et un travail. Dans les centres urbains il est en général relativement facile de secourir toutes ces personnes. Le Samu social s'est généralisé dans tout l'occident. A Venise la topographie de la ville rend les choses plus délicates. Si personne ne l'aperçoit, un SDF peut rester des jours dans une ruelle retirée, dans un cortile abandonné et le risque est grand quand, comme en ce moment, le froid fait rage au milieu de la nuit. Il est impossible aux équipes de circuler partout tant il y a de ruelles et de campielli éloignés. On a même trouvé des gens installés dans des barques, sous les bâches de plastique. C'est pourquoi la solidarité de tous est nécessaire. Un bol de soupe chaude, un sandwich, du lait, une pomme, une couverture, de la compagnie, et un sourire en attendant qu'interviennent les services municipaux. A Venise, le numéro d'intervention d'urgence - 24 h sur 24 - est le 041 927 471.
Sandro Simonato, maire-adjoint, a trouvé les mots justes quand il rappelle que ce décès "démontre combien la crise aggrave la situation des gens dans la rue, qui sont de plus en plus nombreux". Les employés municipaux affectés à l'action sociale d'urgence interviennent en moyenne 60 fois chaque nuit pour le seul centre historique ! S'il faut noter que la plupart des interventions sont liées à l'abus d'alcool, on ne peut oublier que si ces pauvres hères boivent c'est pour se prémunir du froid et de la faim. L'euphorie qu'ils recherchent les coupent au moins pendant un temps de la conscience qu'ils ont de leur misère et les éloignent du désespoir... Cette misère est inacceptable, bouleversante et nous pourrions tous un jour y être confrontés... Cette population démunie qui grossit de mois en mois vient de l'est de l'Europe. Souvent ces femmes et ces hommes ont un métier, un savoir-faire et seulement le désir de vivre décemment là où ils pensent pouvoir trouver un toit et un travail. Dans les centres urbains il est en général relativement facile de secourir toutes ces personnes. Le Samu social s'est généralisé dans tout l'occident. A Venise la topographie de la ville rend les choses plus délicates. Si personne ne l'aperçoit, un SDF peut rester des jours dans une ruelle retirée, dans un cortile abandonné et le risque est grand quand, comme en ce moment, le froid fait rage au milieu de la nuit. Il est impossible aux équipes de circuler partout tant il y a de ruelles et de campielli éloignés. On a même trouvé des gens installés dans des barques, sous les bâches de plastique. C'est pourquoi la solidarité de tous est nécessaire. Un bol de soupe chaude, un sandwich, du lait, une pomme, une couverture, de la compagnie, et un sourire en attendant qu'interviennent les services municipaux. A Venise, le numéro d'intervention d'urgence - 24 h sur 24 - est le 041 927 471.
Quand on sait que dans le sud-ouest de la France - mais les journaux parisiens n'en parlent pas - des
espagnols affluent, tout comme dans les années 30, entassant dans leur
voiture tout ce qu'ils avaient de valeur et s'arrêtent lorsqu'ils n'ont
plus d'argent pour acheter de l'essence. Des familles entières vivent
ainsi dans leur voiture, aidés par les services sociaux qui tentent de
leur trouver des logements temporaires et les nourrissent. Une
assistante sociale des environs de Bordeaux nous racontait l'autre jour
en pleurant, son impuissance à les aider. "Des espagnols affamés, dans toute ma longue carrière, je n'avais jamais vu ça ! " Citoyens
européens, venant d'un pays a priori riche et évolué, ils n'ont plus
rien.
Je connais un jeune infirmier passionné par son métier qui a
traversé les Pyrénées pour trouver du travail en France. Il ne trouve
rien en dépit d'un excellent CV et d'une belle expérience professionnelle. Chaque jour, il voit son petit pécule
diminuer. Peut-être pourra-t-il se faire embaucher pour faire la
plonge... Comment en sommes-nous arrivés là ? Et le temps de Noël se
déploie, les enfants ravis s'amusent avec leurs jouets, partout les
églises ont fait le plein pour la traditionnelle messe de minuit. La
journée de Noël pour la majeure partie d'entre nous a été un moment de
bonheur et de joie. Pendant que nous étions en train de digérer, un
homme seul mourait de froid à deux pas de la plus belle place du monde.
C'est hélas ce dont je me souviendrai en premier de ce Noël 2012. Si la
mauvaise conscience - diabolique - ne sert de rien, rappeler ces tristes
évènements et les raisons qui président à cette situation de plus en
plus poignante pour trop de gens m'a paru important en ce temps où il
nous est donné à nous, les nantis, joie et bonheur à profusion.
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