[Les neuf commentaires à ce billet ont été engloutis avec le premier Tramezzinimag suite à une incompréhensible décision de Google jamais encore éludée. Si leurs auteurs repassent par cette page et qu'ils se souviennent de ce qu'ils ont écrit, ils sont évidemment les bienvenus.]
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
15 juin 2013
La petite dernière est devenue grande... Constance a 17 ans aujourd'hui !
Je
revois cette toute petite chose arrivée en grande pompe un samedi tout
pareil à aujourd'hui, dix-sept ans plus tôt. Il faisait très beau. La
chanteuse Ella fitzgerald quittait ce monde à presque 80 ans, et Hugo Pratt, disparu l'été précédent aurait eu 69 ans. Elle venait au monde le même jour que Brigitte Fossey, Johnny Hallyday (rien n'est parfait) ou James Belushi...
L'accouchement ayant très fatigué sa mère, le bébé resta seul dans son
berceau. J'attendais dans la chambre vide, un peu anxieux. Puis une
infirmière amena l'enfant. Une fois encore, la même émotion, la même
joie mêlée de tant d'inquiétude. Et puis toujours le même questionnement : serons-nous à la hauteur ? Saurons-nous
l'aimer indéfectiblement et la guider sur le chemin de la vie, sur le
chemin du bonheur ? elle était là, toute petite, les poings serrés, les sourcils froncés... J'ai pris ce petit
corps si fragile contre moi. Nous sommes restés ainsi un long moment dans la magie de ses premiers instants de vie.
Peu à peu elle a desserrée ses petits poings et a ouvert les yeux.
J'avais beau savoir qu'un bébé qui vient de naître ne voit pas encore
vraiment, j'ai eu la sensation que ma petite fille me dévisageait, comme
pour se faire une idée du père qu'elle allait devoir supporter tout au
long de son enfance puis de son adolescence...
Et soudain elle a souri - un rictus
de bébé - puis elle s'est endormie. Je sentais son petit corps contre ma
poitrine et une immense gratitude s'est emparée de moi. C'est avec les
larmes aux yeux que j'ai accueilli sa mère que les infirmières
ramenaient de la salle de réveil. J'ai posé le bébé sur sa mère qui
découvrait sa troisième fille, notre quatrième enfant. Nous avons passé
de longues minutes en silence tous les trois, dans la paix de cette
chambre de clinique. Puis Maya, notre nounou est arrivée avec les trois «grands». Margot (8 ans) et Alix (6 ans) se comportèrent en petites mamans, attendries et attentionnées pour le bébé comme pour leur mère. Jean
qui n'avait pas encore trois ans, plus déluré, visiblement ému par cette toute petite chose, était lui aussi plein de
précautions avec sa petite sœur à peine arrivée. Nous avions plusieurs
prénoms en tête, mais aucun ne s'était encore imposé. Pour tout le
personnel de la Maternité, les infirmières inscrivirent donc "Bébé"
suivi de notre nom de famille, par défaut, sur son bracelet... Ce n'est
que deux ou trois jours plus tard que nous fûmes (tous) d'accord, et
certains du choix : Constance, Philomène, Marie prenait place dans la fratrie.
Elle poussa sa première colère dans le taxi qui nous ramenait à la
maison. Elle aurait à l'évidence un caractère bien trempé ! Il y a dix-sept ans déjà !
J'ai l'impression que c'était hier ! Joyeux anniversaire ma Constance !
13 juin 2013
In Principio : Le Vatican dresse son pavillon à la 55e Biennale
Une première : le Vatican a son pavillon à
la Biennale de Venise depuis le début du mois. Le Saint-Siège a commandé des œuvres
sur le thème de la tension entre création et chaos, en trois volets.
La
partie «Création» a été confiée à un groupe d’artistes italiens, le
studio Azzurro de Milan, qui présente une installation multimédia
plaçant le visiteur au centre d’un "mouvement physico- sensoriel et mental". La «Dé-Création» (allusion au Déluge, à Caïn et Abel) est illustrée
par des photos géantes du Tchèque Josef Koudelka : des chars russes à
Prague en 1968. Enfin la «Re-Création» récupération pour «"donner le sens d’un nouveau départ vers un monde guidé par Dieu». Coût de l’opération : au moins 750.000 euros apportés par des
sponsors, comme le groupe énergétique ENI et la banque Intesa SanPaolo.
Tout cela pour remédier à «un divorce qui s’est consommé, mais qui n’a jamais été total et absolu» entre l’art et la foi, dixit le Vatican.
Car
le dialogue entre l'art contemporain et l’Église romaine a été
longtemps interrompu. Méprise ? Blocage dogmatique ? Besoin
d'émancipation des artistes par rapport à la morale chrétienne ? Un peu
de tout ça certainement. Mais voilà qu'à l'occasion de cette 55e
biennale, le dialogue reprend et pas sur un mode mineur. Création,
dé-création et re-création... Voilà une thématique qui peut se décliner
sur plusieurs modes. Spirituellement et artistiquement. Dialogue
difficile qui se réamorce peu à peu donc, mais qui n'a jamais été
vraiment interrompu, tant la création artistique ne peut s'envisager
sans une part de spirituel. Le message de l'artiste, même lorsqu'il se
fait sombre et pessimiste, reste une démarche intellectuelle d'où le
sacré n'est jamais vraiment exclus. Il y au Vatican des amateurs
d'art et des théologiens qui n'ont jamais cessé de suivre la création
contemporaine et ses chapelles.
Le cardinal Gianfranco Ravasi en
présentant la démarche du Saint-Siège et le choix des artistes invités,
rappelait la collection d'art contemporain voulue officiellement par Paul VI et qui compte des œuvres de très grande qualité produites par des artistes de haut vol. Comme l'a précisé le cardinal :
«Il s'agit de restaurer le dialogue interrompu entre l'Art et la Foi... Inciter au dialogue dans un contexte plus ample et diversifié que celui dans lequel l'art sacré évoluait jusqu'alors.»
De fait, en installant ses cimaises pour
la première fois, parmi les pavillons de cette grande kermesse de l'art
où le public a été confronté à maintes reprises à des œuvres
délibérément blasphématoires, le Vatican a choisi de
s'inscrire dans une démarche dynamique, souvent décriée par les plus
orthodoxes défenseurs du Dogme catholique. Pas d'ornements d'église ni
d'art sacré donc, mais de la matière à réflexion proposée par les artistes sélectionnés, le Studio Azzurro,
Josef Koudelka et Lawrence Carrell, lié au mouvement Arte Povera. Tous trois artistes laïcs,
sélectionnés à l'intérieur d'un groupe restreint de plasticiens de
renommée internationale” par une très sérieuse commission scientifique
sous la direction du directeur des Musées du vatican, Antonio Paolucci. Parmi les membres de cette haute autorité, il faut citer Micol Forti, directrice de la Section Contemporaine des Musées du Vatican, Sandro Barbagallo, Francesco Buranelli
et Pasquale Iacobone.
Le
cahier des charges auquel les artistes avaient à répondre se résumait à
une interprétation libre et personnelle des onze premiers chapitres de
la Genèse s'articulant en trois idées. C'est ainsi qu'est née la Création du Studio Azzurro, installation intitulée «In Principio e poi» (En Principe, et puis),
la De-création, qui s'expriment à travers 18 photographies géantes de Koudelka, et la Nuova Umanità, ou Re-création matérialisée par Lawrence Carroll
dans des objets et matériaux de récupération à qui l'artiste a redonné
une nouvelle vie. Avec ces travaux, la salle d'armes de l'Arsenal qui
accueille le pavillon de l’État pontifical, présente aussi un triptyque
du romain Tano Festa, disparu en 1988, et qu'il destinait à la Chapelle Sixtine. propriété du collectionneur Ovidio Jacorossi qui en a fait don aux Musées du Vatican.
.
.La foi (ou l'absence de foi) des artistes n'a pas été prise en considération dans le choix de la commission pontificale. «Nous
voulons amorcer un authentique dialogue entre la composante religieuse
et l'art contemporain qui possède une nouvelle grammaire expressive.
C'est pour cela, que nous attachons beaucoup d'importance à cette
expérience, en espérant qu'elle s'avère particulièrement significative
en ce qu'elle s'inscrit dans la grande tradition de l'art et de la foi,
avançant ensemble sur le chemin de la culture.»"
..Le catalogue de l'exposition est édité par FMR Art’è.
12 juin 2013
08 juin 2013
Un saint noble et patriarche de venise
Aristocrate vénitien, il participa très jeune (il n'avait pas vingt ans) au congrès de Münster qui devait liquider la guerre de Trente ans, grâce au fameux traité de Westphalie. Il y était en tant que secrétaire de l'ambassadeur de Venise. C’est là que le cardinal Chigi, le futur pape Alexandre VII, alors nonce apostolique à Münster, le remarqua. Le futur pape le suivit dans ses études et poussa le jeune Grégoire à quitter la carrière diplomatique pour être ordonné prêtre. Nommé pape, il appela le jeune abbé Barbarigo à Rome en1655. L'année d'après, alors que la peste bubonique sévissait à Rome, le pape nomma le jeune vénitien pour diriger les secours.
Nommé évêque de Bergame en 1657 puis cardinal l'année suivante, il devient ensuite évêque de Padoue en 1664. Il prit saint Charles Borromée pour modèle dans son diocèse et fut particulièrement attentif à l'application des Canons du récent Concile de Trente. Il mit spécialement l' accent sur l' instruction des fidèles et l' enseignement des clercs. Lorsqu'il fut nommé évêque de Padoue en 1664, il prit grand soin de la formation théologique des prêtres. il enrichit la bibliothèque de l'évêché et insista sur l'apprentissage des langues anciennes et modernes. C'était un évêque moderne, en phase avec le renouveau intellectuel de cette époque. On dit qu'il n'hésitait pas à enseigner lui-même le catéchisme aux enfants.
Sculpture de Giovanni Maria Morlaiter
|
C'est à la suite de toutes ces actions, qu'il fut pressenti à deux reprises pour coiffer la tiare de Saint Pierre, mais il refusa avec obstination de devenir Pape. Il lui suffisait de vivre à Padoue, dans l' étude et la charité proclama-t-il aux cardinaux venus le solliciter.
Ses restes reposent au Duomo de Padoue.
04 juin 2013
Sadaharu Horio en hommage à Tapiès au Palais Fortuny
La 55e Biennale de Venise vient d'ouvrir ses portes.
Si cette manifestation parait terriblement bizarre pour certains
visiteurs non avertis, elle n'en reste pas moins un des rendez-vous
majeurs de l'art contemporain.
Un rendez-vous pour les yeux seulement,
puisqu'il ne s'agit aucunement d'une foire et que rien n'y est à vendre.
De nombreuses performances permettent d'assister, quasiment en direct,
aux mutations de l'art et aux méandres de la création. Cette année, sous la férule du plus jeune directeur qu'elle ait jamais connue, le fringant Massimiliano Gioni, la Biennale a pour titre
«Il Palazzo Enciclopedico» (le Palais encyclopédique). L'excellent billet
de Valérie Duponchelle pour le Figaro donne une idée assez précise de
cette nouvelle édition.
En attendant de vous en dire davantage, Tramezzinimag a aimé la démarche du japonais Sadaharu Horio en hommage à Tapiès. En magnifiant l'idée de fragmentation, la mise en exergue de l'importance des "fragments de réalité" que notre cyber-monde, où tout est devenu disponible, excelle à dénicher. Le Palazzo Fortuny présentant une rétrospective des œuvres d'Antonio Tapiès, le japonais créateur, issu de la mouvance Gutaï, proposait sur le campo, devant le palais, une performance lors du vernissage. Au rez-de-chaussée du palais, il expose des objets qu'il peint chaque jour, quand il est sur place. Il a ainsi baptisé son travail «Peinture Placement» . Nous l'avons suivi pendant quelques jours, devenant peu à peu quasiment familiers de son travail, comme de bons amis. Fascinant de voir se bâtir peu à peu une œuvre même éphémère. Seul problème : l'artiste ne parle que le japonais...
..
Antonio Tapiès exposé au Palazzo Fortuny |
En attendant de vous en dire davantage, Tramezzinimag a aimé la démarche du japonais Sadaharu Horio en hommage à Tapiès. En magnifiant l'idée de fragmentation, la mise en exergue de l'importance des "fragments de réalité" que notre cyber-monde, où tout est devenu disponible, excelle à dénicher. Le Palazzo Fortuny présentant une rétrospective des œuvres d'Antonio Tapiès, le japonais créateur, issu de la mouvance Gutaï, proposait sur le campo, devant le palais, une performance lors du vernissage. Au rez-de-chaussée du palais, il expose des objets qu'il peint chaque jour, quand il est sur place. Il a ainsi baptisé son travail «Peinture Placement» . Nous l'avons suivi pendant quelques jours, devenant peu à peu quasiment familiers de son travail, comme de bons amis. Fascinant de voir se bâtir peu à peu une œuvre même éphémère. Seul problème : l'artiste ne parle que le japonais...
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Mais qu'est ce que le Gutaï ? Ce célèbre mouvement artistique de l'après-guerre au Japon,
révolutionnaire dans sa conception de la création artistique, a pris sa
source dans le Kansaï, région très traditionaliste, avec le maître Jirō Yoshihara. Ce fut l'un des plus importants mouvements fondateurs de l'art contemporain. Le terme 具体 vient de gu, (instrument) et tai, (corps). Ainsi le mot gutaiteki signifie concret ou exprime la notion d'incarnation, s'opposant donc à l'abstrait. L'art gutaï serait donc le contraire de l'art abstrait. Il s'agit en fait de perturber
la présentation
d'une œuvre en insistant soit sur l’acte, soit sur la matière, soit sur
la relation entre les deux. Les performances qui s'en suivent ne sont
pas perturbation et remise en cause de l’œuvre présentée, mais mise en
valeur des vrais signifiants, volonté de rendre hommage, de magnifier ou
de ré-interpréter.
..
Sadaharu Horio, né en 1939, a été membre du Gutaï jusqu'à sa dissolution en 1972. Basé sur la profusion et la rapidité des gestes, son travail convie directement le spectateur à participer et à entrer dans son univers. Après la dissolution du mouvement, Horio a poursuivi seul son travail artistique en assurant une centaine d’interventions par an, sous forme d’expositions, d’installations et de performances. Habitué de Venise et du Palazzo Fortuny, il accomplit une fois encore une belle performance que n'aurait pas renié Tapiès.
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Sadaharu Horio, né en 1939, a été membre du Gutaï jusqu'à sa dissolution en 1972. Basé sur la profusion et la rapidité des gestes, son travail convie directement le spectateur à participer et à entrer dans son univers. Après la dissolution du mouvement, Horio a poursuivi seul son travail artistique en assurant une centaine d’interventions par an, sous forme d’expositions, d’installations et de performances. Habitué de Venise et du Palazzo Fortuny, il accomplit une fois encore une belle performance que n'aurait pas renié Tapiès.
Venise ? Comment ça marche
Voilà
un excellent petit film d'animation qui explique la formation de la
Sérénissime, son expansion au cours des siècles et son fonctionnement.
Cela parait compliqué tout ça, mais finalement la cité des doges a su
pallier les inconvénients et les désordres de la nature sauvage et en
faire des atouts sans lesquels elle n'existerait certainement plus ou du
moins plus sous l'aspect que nous pouvons admirer aujourd'hui et qui
continue de faire de cette ville unique un modèle de développement
urbain dont nous avons toujours à apprendre pour optimiser l'aménagement
des villes modernes et faciliter la vie de leurs habitants.
«Venise n'est pas
seulement une scénographie. C'est aussi une ville habitée, où il y a des
activités productives, des transports et des services. Mais comment
fonctionne le "système Venise" ? Comment se comportent les marées de la
lagune ? Comment sont fait les canaux ? Et les rives ? Qu'est ce qu'il y
a sous les palais ? Où passent les canalisations de gaz et
d'électricité ? Quels sont les problèmes causés par un environnement
aussi humide ? » présente le teaser de cette vidéo très réussie produite par Insula spa et réalisée par Nicolò Scibilia
Un quotidien ordinaire
Un
passant qui marche dans la rue, les mains dans les poches et qui croise
un autre passant. La vision d'un quotidien ordinaire...
Ce n'est plus
l'hiver, mais pas tout à fait le printemps encore. La lumière irisée est
remplie de promesses. Il fera bientôt très doux. C'est sûrement le
matin. Froid mais sec. On doit voir les montagnes enneigées au fond de
la lagune, paysage merveilleux qui renvoie aux images antiques. Les vedute médiévales où, derrière une foule de vénitiens qui s'affairent sur la Piazzetta,
derrière les galions des marchands du levant et les gondoles
patriciennes, derrière les campaniles et les palais triomphants, se
dessinent les majestueuses Dolomites.
Parfois, souvent à la fin de
l'hiver et au printemps, les montagnes apparaissent clairement. A les
voir se détacher de l'horizon et par la magie d'une illusion optique, on
pourrait les croire encore plus proches, comme surgies des eaux de la
lagune, plantées du côté de Torcello. La merveilleuse gravure médiévale
retranscrit avec le style de l'époque cette vision splendide. Le jeune
homme au pull vert qui va d'un pas décidé est peut-être en train de
penser aux magnifiques paysages du côté de Cadore ou de Sappada, entre Agordo et Asiago...
.
.
09 mai 2013
Venezia Eventi : Le Ve concours de photos 2013 a ses lauréats
Le Ve concours de photographies à la très belle thématique,"Scatta l'amore a Venezia" organisé par Venezia Eventi s'est terminé le 8 mai.
Voici les gagnants :
1er Prix :
Enrica Kikita
Titre de l’œuvre : Lovely Venice (Photo n° 107)
2e Prix :
Chiara Boscolo
Titre de l’œuvre : L'amore sorride (Photo n°133)
3e Prix :
Don Oscarez
Titre de l’œuvre : Vampires in Love 01 (Photo n°118)
4e prix
Alberto Alberti
Titre de l’œuvre : Costruire un nido a Venezia (Photo n°22)
5e Prix :
Diego Poggialini
Titre de l’œuvre : Amore a Rialto (Photo n°96)
_____________
Le billet publié sur le site originel avait suscité 1 commentaire que Google n'a pas archivé. Merci Google !!!
07 mai 2013
Castello, tout simplement...
Qui parlait ainsi de ce sestiere un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San Geremia au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr, même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ?
Prenons l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée, loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année, avec bien plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween bêtement (ou lâchement et mercantilement importée des Amériques...
San Martino di Castello est construit sur ce qui fut il y a très longtemps - bien longtemps avant que ne se construise le gigantesque Arsenal - les ilots Gemini aujourd'hui totalement emberlificotés dans la structure de la ville depuis l'aménagement de l'Arsenal et de la cathédrale. Dédiée à Saint Martin de Tours, ce saint fameux pour avoir coupé sa tunique en deux et l'avoir partagée avec un mendiant, elle contient des trésors peu connus. Comme son histoire d'ailleurs : une colonie lombarde s'était installée sur la lagune et Saint Martin était leur saint protecteur. Mais on ne sait pas trop en fait... L'église votive aurait pu aussi être édifiée par des réfugiés qui avaient fui Ravenne et auraient nommés la chapelle comme la basilique de leur cité. On trouve les premières mentions de sa construction en 932 et on sait qu'elle fut consacrée en juin cette année-là. C'est un lieu particulièrement agréable à visiter. Dans le silence de ses voûtes, la fraîcheur de ses marbres, il faut bon se poser un instant et faire silence même quand on n'est pas croyant.
Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau.
Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église.
Un billet de Tramezzinimag citait l'originalité de cette corporation qui, avec les charpentiers de navire existe encore et dispose - c'est l'unique rescapée de l'ancienne République - une société mutuelle, devenue au fil des siècles une caisse de retraite et de prévoyance. Toujours privée, toujours régie par les règles édictées du temps des doges et approuvée par le Sénat de la Sérénissime. Chaque année, le 5 mars, jour de la San Foca, martyr natif du Pont-Euxin, les voûtes de San Martino retentissent du chant des membres de cette confrérie à l'occasion d'une messe solennelle. Le prêtre y bénit des petits pains qui sont ensuite distribués à l'assistance dans des petits sachets avec une image de San Foca (ou Phocas) reprise d'une mosaïque ancienne de San Marco. Cette cérémonie est une des dernières à rester authentiquement vénitienne et n'a jamais été à ce jour, dieu merci, offerte en pâture aux touristes. Après la cérémonie, les membres de la corporation et leurs familles se retrouvent pour un repas traditionnel. Pour y avoir été invité à plusieurs reprises, je puis vous assurer que tout y est authentique, vrai, chaleureux et convivial !
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Le billet publié sur le site originel avait suscité 2 commentaires non archivés par Google et dont hélas la trace a été perdue. Merci Google !
Castello, tout simplement...
Qui parlait ainsi de ce sestiere
un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de
la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant
que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San
Geremia au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus
vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la
belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à
la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr,
même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses
ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le
gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments
qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ?
Prenons
l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée,
loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San
Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est
particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre
eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année en novembre, avec bien
plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween importée
des Amériques.
San
Martino di Castello est construit sur ce qui fut il y a très longtemps
- bien longtemps avant que ne se construise le gigantesque Arsenal -
les ilots Gemini aujourd'hui totalement emberlificotés
dans la structure de la ville depuis l'aménagement de l'Arsenal et de la
cathédrale. Dédiée à Saint Martin de Tours, ce saint fameux pour avoir
coupé sa tunique en deux et l'avoir partagée avec un mendiant, elle
contient des trésors peu connus. Comme son histoire d'ailleurs : une
colonie lombarde s'était installée sur la lagune et Saint Martin était
leur saint protecteur. Mais on ne sait pas trop en fait... L'église
votive aurait pu aussi être édifiée par des réfugiés qui avaient fui
Ravenne et auraient nommés la chapelle comme la basilique de leur cité.
On trouve les premières mentions de sa construction en 932 et on sait
qu'elle fut consacrée en juin cette année-là. C'est un lieu
particulièrement agréable à visiter. Dans le silence de ses voûtes, la
fraîcheur de ses marbres, il faut bon se poser un instant et faire
silence même quand on n'est pas croyant.
Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau.
Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église.
Un billet de TraMeZziniMag
citait l'originalité de cette corporation qui, avec les charpentiers de
navire existe encore et dispose - c'est l'unique rescapée de
l'ancienne République - une société mutuelle, devenue au fil des
siècles une caisse de retraite et de prévoyance. Toujours privée,
toujours régie par les règles édictées du temps des doges et approuvée
par le Sénat de la Sérénissime. Chaque année, le 5 mars, jour de la San Foca,
martyr natif du Pont-Euxin, les voûtes de San Martino retentissent du
chant des membres de cette confrérie à l'occasion d'une messe
solennelle. Le prêtre y bénit des petits pains qui sont ensuite
distribués à l'assistance dans des petits sachets avec une image de San Foca (ou Phocas)
reprise d'une mosaïque ancienne de San Marco. Cette cérémonie est une
des dernières à rester authentiquement vénitienne et n'a jamais été à
ce jour, dieu merci, offerte en pâture aux touristes. Après la
cérémonie, les membres de la corporation et leurs familles se
retrouvent pour un repas traditionnel. Pour y avoir été invité à
plusieurs reprises, je puis vous assurer que tout y est authentique,
vrai, chaleureux et convivial !
Libellés :
Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau.
Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église.
06 mai 2013
Quand le cirque Togni était à Venise
C'est une petite merveille que vient de nous envoyer un vieil ami vénitien. C'était le 26 juillet 1954, le cirque Togni, merveilleux et poétique petit cirque traditionnel qui servit à Federico Fellini pour l'un de ses films, arrivait à Venise avec sa ménagerie et que dirigeait à l'époque Wioris Togni. Ce cirque familial qui existe encore et demeure l'un des derniers vrais cirques traditionnels compte depuis toujours beaucoup d'animaux et notamment des éléphants. Ils défilèrent dans la ville jusqu'au campo San Polo, où fut dressé le chapiteau. On voit sur cette photographie, le passage des éléphants sur le pont de San Giacomo dell'Orio.
Le petit film ci-dessous a été tourné en 8mm par le Professeur Alviano Boaga et monté en 2007 par son fils, Vittorino Boaga. C'est un régal, particulièrement au point 2'45, sur le pont des Scalzi... :
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Le billet dans sa publication sur le blog originel avait reçu 3 commentaires non archivés pat Google.
05 mai 2013
Ce qui compte, c'est l'amitié !
A Venise, il y a deux camps. Dans l'un comme dans l'autre, on s'y retrouve le plus souvent sans l'avoir voulu. Par quelle magie, quel coup du sort devient-on un jour proche des vénitiens, admis dans le cercle rapproché des citoyens de la Sérénissime ? Pourquoi d'autres demeurent-ils à tout jamais exclus de cette communauté avenante et chaleureuse ? Question idiote et inutile peut-être, mais qui méritait d'être posée. Après les avoir tenus à distance pendant de nombreux siècles, le vénitien est envahi par les barbares. Depuis longtemps déjà. Il fallait bien qu'ils se vengent d'une manière ou d'une autre. Envahie donc, mais pas occupée, notre chère Venise.
Même les nazis durant les dernières années de la seconde guerre mondiale n'avaient pu venir à bout de l'art de vivre des vénitiens. Aucun Mc Donald's même avec un décor ultra-vénitien (un peu façon vulgarité Las Vegas ou Miami), n'a pu remplacer à ce jour les ostarie traditionnelles. Le Coca Cola est toléré, apprécié même, mais le spritz et les ombre de vino bianco sont loin devant en terme de statistiques (et d'art de vivre !). C'est par l'aptitude à faire sien cet art de vivre justement que l'on devient "bon vénitien" et qu'on se retrouve un jour dans le camp des initiés. Dangereuse appartenance qui peut mener loin tant on boit facilement à Venise... Mais on y mange aussi et ce cercle d'élus est fait d'épicuriens et de sybarites. Comme les vénitiens...
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04 mai 2013
Reflets à San Marco
Les reflets à Venise, quoi de plus banal. Voilà en effet un sujet souvent abordé et repris, peint, photographié, chanté. On ne s'en lasse pas ou on en est agacé. peu importe, ils caractérisent bien ce qu'est Venise après tout. On peut s'y épancher comme Narcisse pour y contempler sa propre image, on peut y lire l'histoire de nos vies, s'y plonger avec délice quand ils nous renvoient l'image de notre joie, nops bonheurs, nos amours... Et puis, d'un point de vue plastique, l'esthétique dont ils procèdent est un baume parfois. La lumière, les couleurs, la réalité qu'ils nous renvoient sont, comme la lecture, un très bon antalgique à nos peines, un sirop contre nos tourments. La magie de Venise là encore...
©Georgia Mizuleva - Tous Droits Réservés. |
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04 avril 2013
Merveilles printanières : Le risotto aux carletti de San'Erasmo
Connaissez-vous
les carletti ? Plante vivace, son nom savant est Silene vulgaris Les
québécois l'appellent "pétard", en France c'est du "Claquet", ou Silène
enflé. C'est une herbe modeste mais pimpante qui pousse sur la lagune
mais qu'on trouve aussi fréquemment dans d'autres lieux.
Les vénitiens cueillent les carletti au printemps, fraîchement jaillies du sol, avant que les graines ne sortent et que la plante ne fleurisse. C'est alors une herbe très verte, aux jolies feuilles allongées, très tendres. On en trouve fréquemment au marché dès le mois de mars. Elles conservent toute leur fraîcheur pendant deux ou trois jours, mais il vaut mieux les utiliser le plus tôt possible après la cueillette. Il existe de nombreuses recettes dont elles sont la vedette : potages, salades, omelettes, lasagnes, spaghettis, gnocchi, etc... Une des meilleures selon moi est le risotto. En voilà la recette :
Ingrédients : Jeunes pousses de carletti, quatre ou cinq oignons nouveaux, huile d'olive, bouillon de légumes, beurre, vin blanc sec, curcuma, sel et poivre.
Les vénitiens cueillent les carletti au printemps, fraîchement jaillies du sol, avant que les graines ne sortent et que la plante ne fleurisse. C'est alors une herbe très verte, aux jolies feuilles allongées, très tendres. On en trouve fréquemment au marché dès le mois de mars. Elles conservent toute leur fraîcheur pendant deux ou trois jours, mais il vaut mieux les utiliser le plus tôt possible après la cueillette. Il existe de nombreuses recettes dont elles sont la vedette : potages, salades, omelettes, lasagnes, spaghettis, gnocchi, etc... Une des meilleures selon moi est le risotto. En voilà la recette :
Ingrédients : Jeunes pousses de carletti, quatre ou cinq oignons nouveaux, huile d'olive, bouillon de légumes, beurre, vin blanc sec, curcuma, sel et poivre.
Bien laver et égoutter les pousses.
Les ciseler grossièrement.
Faire revenir dans de l'huile les oignons finement ciselés jusqu'à ce qu'ils deviennent transparents, en veillant à ce qu'ils ne caramélisent pas ce qui donnerait un tout autre goût et un aspect moins esthétique au plat.
Ajouter les pousses et saupoudrer d'une petite cuillerée de curcuma.
Mélanger et verser aussitôt le riz. Arroser de vin blanc à volonté et remuer.
Quand le vin s'est évaporé, mouiller avec le bouillon.
Lorsque le riz est cuit al dente, éteindre le feu. Ajouter du poivre et éventuellement du sel fin.
Ajouter une grosse noix de beurre et du parmesan finement râpé.
Laisser reposer deux minutes avant de servir.
Les ciseler grossièrement.
Faire revenir dans de l'huile les oignons finement ciselés jusqu'à ce qu'ils deviennent transparents, en veillant à ce qu'ils ne caramélisent pas ce qui donnerait un tout autre goût et un aspect moins esthétique au plat.
Ajouter les pousses et saupoudrer d'une petite cuillerée de curcuma.
Mélanger et verser aussitôt le riz. Arroser de vin blanc à volonté et remuer.
Quand le vin s'est évaporé, mouiller avec le bouillon.
Lorsque le riz est cuit al dente, éteindre le feu. Ajouter du poivre et éventuellement du sel fin.
Ajouter une grosse noix de beurre et du parmesan finement râpé.
Laisser reposer deux minutes avant de servir.
02 avril 2013
Oser l'engagement
"... Tout ce dont je vis aujourd’hui, j’en ai eu l’intuition enfant : le fait de savoir que chacune de nos existences est un rendez-vous ; qu’on peut le rater ou le célébrer. J’avais cette sensation que le monde m’était confié, et ce n’était pas de la mégalomanie, mais, bien au contraire, de l’humilité. Je pressentais que chacun d’entre nous a, à son échelle, la charge du monde. Par mon désordre, j’entraîne le désordre autour de moi. Si, au contraire, j’entre dans l’ordonnance intérieure de l’amour, je rayonne. Et d’un seul être peut partir un tel rayonnement, qu’il répare une famille, un village, une entreprise… Des expériences comme ça, j’en vois tous les jours. Je n’invente rien."
Combien je me sens totalement, absolument, profondément solidaires de ces paroles de Christiane Singer quand je me retourne sur le temps de mon enfance, sur ma jeunesse habitée par cette même intuition. Il est temps aujourd'hui de faire mienne l'expérience dont il est question ici. Sans se poser de question, sans hésiter. Dieu premier servi en servant mes frères.
30 mars 2013
Le temps (gourmand) de Pâques
.
.Voilà
le monde sorti du Carême, un nouveau pape installé sur le trône de
Pierre et loin de Rome, sur Venise et le Nord est de la Péninsule, Thor,
redoutable diablotin climatique qui perturbe ces premiers jours de
printemps quand nous pensons tous aux cerisiers en fleurs et aux doux
parfums de la nature qui s'éveille. La Semaine Sainte s'achève ce soir.
Les chrétiens du monde entier vont fêter la résurrection du Christ.
Hier, selon un rite millénaire, les fidèles se pressaient pour venir
s'incliner devant la Croix au son des Impropères, ces magnifiques chants
qui montent du tréfonds de nos âmes :
" Hagios ho Theos, hagios ischyros, hagios athanatos, eleinson amis..."
..Ce
soir, quand s’élèvera de nouveau la lumière, quand les églises
retrouveront leurs ornements, tous proclameront la résurrection du
Christ et un grand cri de joie retentira dans le monde. Demain au matin
un peu partout des enfants iront à la recherche des œufs en chocolat et
les cloches sonneront à toute volée. Tout ce rituel millénaire qui varie
selon les régions et les peuples prolonge les rites anciens qui
célébraient le retour du printemps, la renaissance de la nature et la
fécondité toujours renouvelée de la terre, notre mère nourricière. A
Venise, acqua alta et bourrasques de neige en début de semaine, pas
terrible pour annoncer le renouveau... Pluie et températures assez
basses pour donner envie de cuisiner des plats d'hiver.
Vidéo non archivée
Vidéo non archivée
C'est
ce que nous ferons cette année pour le traditionnel repas de Pâques
familial. Mon aînée manquera une fois de plus à l'appel. Montréal n'est
pas vraiment la porte à côté et ce sera par Skype que nous nous
souhaiterons de Joyeuses Pâques ! Les trois autres seront là autour d'un
repas semi-végétarien puisque Jean ne mange plus de viandes depuis près
d'un an. Nous ne sommes pas de gros mangeurs de viande, cela tombe
bien. Menu pascal un peu différent donc, Pas de gigot d'agneau avec ses
flageolets, pas de foie gras truffé maison. A la place, un plat
roboratif mêlant de la viande et du riz des oignons et du Noilly Prat.
Inspiré d'une recette de Bœuf à la catalane de tante Randi,
danoise de naissance mais italienne de cœur, a fait une de ses
spécialités, j'y ai mis de l'agneau, pour rester un peu dans la
tradition pascale, mais aussi du bœuf et du porc dans le charnu. Il y
aura aussi du potiron à la vénitienne, et une salade faite d'épinards
fraîchement cueillis trouvé ce matin au marché, de chou rouge (c'est la
fin), de radis noir, de carottes de sable.
..Les vins choisis seront classiquement vénitiens : pinot grigio pour l'apéritif et Merlot, tous deux millésimés 2004, de Monti Rossi de la famille Bixio. C'est très convenable, sans être dans les sommets !
..En dessert, un Nègre en chemise comme
chez ma grand-mère. Succès garanti. Même si ce n'est plus politiquement
correct de baptiser ce très vieux dessert ainsi (hypocritement, on dit Noir et Blanc
maintenant), ce nom est définitivement lié à mes souvenirs d'enfance,
aux dimanches d'antan quand les grandes personnes restaient des heures à
table et que nous déjeunions avec les bonnes à la cuisine. On attendait
avec impatience d'être appelés pour le dessert, ce Nègre en chemise ou Nègre blanc
qu'on avait vu préparer, nous léchant les babines d'avance. Enfin, pour
le thé, j'ai fait à la place des habituels scones et des galettes
irlandaises (devenues pancakes aux États-Unis, les délicieux hot cross buns,
brioche traditionnelle d'Angleterre que l'on fabrique le vendredi saint
et dont tout le monde raffole chez nous. Pour les gourmands intéressés,
les recettes suivent.
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28 février 2013
La Mésange et le petit garçon
Il nous arrive parfois d'être témoin d'évènements dont nous ne saurions admettre la véracité si nos yeux n'avaient pas vu et nos oreilles n'avaient pas entendu. Peut-être est-ce cela magie de Venise... J'ai souvent pensé que l'air y est traversé d'ondes mystérieuses, des sortes de courants invisibles qui permettent une préhension des êtres et des choses bien plus limpide et profonde que partout ailleurs, dans la vie normale. Laissez-moi vous conter une petite anecdote qui est devenue pour nous une sorte de mythe familial...
...
Un jour de printemps, il y a plus d'une dizaine d’années maintenant, j'étais à Venise avec les plus grands de mes enfants. Il faisait très doux et les glycines embaumaient dans toute la ville. La nôtre était particulièrement plantureuse. Mon fils qui n'avait pas dix ans, jouait sur l'herbe avec des petits soldats. Il n'était plus parmi nous, mais quelque part sur une île lointaine prise d'assaut par la barbaresque. La garnison vénitienne y défendait avec peine l'oriflamme de Saint Marc, attendant avec espoir les galions qui devaient venir à leur secours. Des échos de Lépante et de Morée emplissaient le jardin. Il faisait doux. J'étais assis sur la terrasse, contemplant mon petit bonhomme plein d'imagination. Les concertos brandebourgeois accompagnaient nos deux rêveries.
..
Soudain un petit oiseau a surgi au milieu des branches fleuries de la glycine. Son ventre brillait d'un joli jaune pâle et le reste de son corps était d'un gris-bleu très distingué. on eut dit qu'il portait une redingote de satin. Sa tête blanche s'ornait d'un bleu sombre qui tirait presque noir au-dessus des yeux. Il n'y avait aucun doute, il s'agissait d'une petite mésange bleue. Présence plutôt inattendue à Venise où elles viennent rarement. Elle semblait vouloir rester là, pour se chauffer au soleil et profiter du merveilleux parfum au milieu de cette débauche de couleurs. Mon fils la regarda. Elle s'immobilisa un instant, tournant la tête dans tous les sens comme un petit clown, puis soudain elle se mit à chanter. Son chant se fit de plus en plus fort, mais jamais criard. Comme l'enfant, cette petite présence jaune et bleue au milieu de toutes ces fleurs parme, m'enchantait. Et là, un de ces miracles dont Venise a le secret s'opéra devant nous : Le chant de l'oiseau et la musique de Bach devinrent une seule et même mélopée. Magique. L'oiseau dont le plumage se gonflait et se dégonflait, exprimait avec le même rythme, dans l'exacte tonalité, les notes qui jaillissaient des hauts-parleurs. Bouche bée je cherchais à déterminer si ce que j'entendais était bien réel ou le fruit de mon imagination quand l'enfant exulta : "papa, papa, l'oiseau chante comme dans le disque !"
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...
Un jour de printemps, il y a plus d'une dizaine d’années maintenant, j'étais à Venise avec les plus grands de mes enfants. Il faisait très doux et les glycines embaumaient dans toute la ville. La nôtre était particulièrement plantureuse. Mon fils qui n'avait pas dix ans, jouait sur l'herbe avec des petits soldats. Il n'était plus parmi nous, mais quelque part sur une île lointaine prise d'assaut par la barbaresque. La garnison vénitienne y défendait avec peine l'oriflamme de Saint Marc, attendant avec espoir les galions qui devaient venir à leur secours. Des échos de Lépante et de Morée emplissaient le jardin. Il faisait doux. J'étais assis sur la terrasse, contemplant mon petit bonhomme plein d'imagination. Les concertos brandebourgeois accompagnaient nos deux rêveries.
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Soudain un petit oiseau a surgi au milieu des branches fleuries de la glycine. Son ventre brillait d'un joli jaune pâle et le reste de son corps était d'un gris-bleu très distingué. on eut dit qu'il portait une redingote de satin. Sa tête blanche s'ornait d'un bleu sombre qui tirait presque noir au-dessus des yeux. Il n'y avait aucun doute, il s'agissait d'une petite mésange bleue. Présence plutôt inattendue à Venise où elles viennent rarement. Elle semblait vouloir rester là, pour se chauffer au soleil et profiter du merveilleux parfum au milieu de cette débauche de couleurs. Mon fils la regarda. Elle s'immobilisa un instant, tournant la tête dans tous les sens comme un petit clown, puis soudain elle se mit à chanter. Son chant se fit de plus en plus fort, mais jamais criard. Comme l'enfant, cette petite présence jaune et bleue au milieu de toutes ces fleurs parme, m'enchantait. Et là, un de ces miracles dont Venise a le secret s'opéra devant nous : Le chant de l'oiseau et la musique de Bach devinrent une seule et même mélopée. Magique. L'oiseau dont le plumage se gonflait et se dégonflait, exprimait avec le même rythme, dans l'exacte tonalité, les notes qui jaillissaient des hauts-parleurs. Bouche bée je cherchais à déterminer si ce que j'entendais était bien réel ou le fruit de mon imagination quand l'enfant exulta : "papa, papa, l'oiseau chante comme dans le disque !"
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Lorsque la musique s'arrêta, la petite mésange se tut à son tour, tournant de nouveau sa jolie tête dans tous les sens puis, visiblement satisfaite de l'effet produit, elle s'envola et disparut derrière les arbres. J'ai su bien plus tard qu'il n'était pas rare autrefois de trouver dans les maisons vénitiennes des passereaux que l'on dressait à chanter les airs à la mode. Ils accompagnaient ainsi les musiciens pour le plus grand bonheur des invités. Cela surprenait à chaque fois les étrangers. C'est ainsi que l'empereur de Chine et le Sultan ottoman n'étant jamais parvenus à faire accomplir ce prodige par leurs dresseurs, se firent construire par dépit de petits automates dont un ingénieux mécanisme parvenait à reproduire le chant des oiseaux. Notre petite mésange avait peut-être traversé le temps pour retrouver la glycine parfumée de notre petit jardin de Dorsoduro... .
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A Venise, je vous l'assure, on ne sait jamais où se termine la réalité et où commence le rêve...
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A Venise, je vous l'assure, on ne sait jamais où se termine la réalité et où commence le rêve...
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