Ce morceau de bois flotté trouvé sur la plage de Malamocco il y a des années et qui porte au dos, gravé par mes soins la très belle phrase de Jean Cocteau : "Il y a deux Venise, celle des pierres et celle des reflets". C'était un matin de juin, en 1985. J'allais bientôt quitter Venise pour revenir en France. Je ne parvenais pas à m'y résoudre. Les jours étaient déjà chauds, l'air très doux se chargeait de toutes les senteurs du large. La plage était déserte ou presque. J'ai toujours préféré ces lieux un peu excentrés où la foule ne vient jamais. Aucun touriste non plus. Comme sur les Murazzi, après les plages des grands hôtels du Lido, ces endroits n'étaient fréquentés que par les gens du coin, des amoureux, des bandes de jeunes qui déboulaient comme une volée de moineaux, se baignaient, s'ébrouaient puis repartaient. J'aimais y aller le matin avant l'été. Se baigner dans cette eau calme et chaude, nager dans la solitude d'une mer vide et profonde. Un régal. Je continue de fréquenter ces petites anses de sable éloignées des rumeurs de la ville. L'eau y est toujours aussi claire et le silence propice à mille rêveries. On y croise seulement les riverains, quelques campeurs parfois, et beaucoup moins de jeunes gens qu'autrefois, bien qu'il en vienne encore, bandes joyeuses qui s'ébroue et joue comme nous le faisions aussi.
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
02 mars 2014
29 janvier 2014
Jamie Dornan visite Venise pour Hogan
..Après l'acteur britannique Matthew Goode qui était au centre de la campagne automne-hiver 2013 de la marque italienne de maroquinerie Hogan, c'est Jamie Dornan qui a été choisi pour la campagne printemps-été 2014. La marque a recruté l'Irlandais, âgé de 31 ans, c'est - à ce qu'on dit - une étoile montante du cinéma. On entendra souvent son nom cette année. Il sera notamment à l'affiche de "Fifty Shades of Grey" (Cinquante nuances de Grey) d'après la nouvelle érotique auto-éditée de E.L. James qui a eu un succès fou via sa diffusion sur Internet (!). Un phénomène de mode, un buzz qui s’appesantit quasiment exclusivement sur les relations sexuelles mouvementées d'une jeune femme avec un homme. Sadisme, masochisme... Où la pornographie répandue dans les salles de cinéma grand public.
Après le dernier Scorcese, on peut s'attendre à tout de la part du cinéma anglo-saxon. mais là n'est pas notre propos. C'est Venise qui intéresse Tramezzinimag et ses lecteurs et c'est de Venise dont il est question dans le petit film de la maison Hogan qui a choisi d'immortaliser l'acteur à Venise aux côtés de la Française Constance Jablonski. Le duo se balade dans la cité des doges au rythme de "Hindsight" du groupe The Stevens. ..L'acteur est un vétéran du mannequinat : il a déjà prêté son visage à Calvin Klein, à Dior et à Armani. Côté cinéma, on l'a notamment vu en 2006 dans le lamentable et hystérique film de Sofia Coppola "Marie Antoinette", aux côtés de la belle Kirsten Dunst. Venise aussi est très belle dans cette vidéo, même réduite à quelques vues en décor de fond !
28 décembre 2013
"Migrants Matter" : à Venise, une lutte étudiante pour la dignité
Journée internationale des migrants, 18 décembre 2013 | Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
Aujourd’hui
comme demain, les États européens seront confrontés aux défis des
migrations. Guri Storaas, étudiante en master de Droits de l’Homme et
Démocratisation à Venise, mais également fondatrice du mouvement
"Migrants Matter" a accepté de partager son combat, sa lueur d’espoir
sur des problématiques souvent mal comprises et amalgamées.
«Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent à donner cours à une action citoyenne forte.»
Après plusieurs actions au sein même de leur master, quelques
étudiants en Droit de l’Homme et Démocratisation de l'Université Ca'Foscari de Venise
ont décidé de se lever pour briser ce cercle de l’indifférence en cette
période de Noël.
Guri Storaas, fondatrice du mouvement Migrants Matter,
a accepté de nous révéler sa lueur d’espoir. En cette fin d’année
2013, elle a choisi la solidarité aux immigrés. Au cours de plusieurs
réunions depuis début octobre 2013, une chanson a été reprise avec
passion par plusieurs représentants européens lors des Europeans Development Days à
Bruxelles. Le coup final de cette campagne de sensibilisation a été la
marche silencieuse en cette fin décembre. Avec un seul espoir que les
migrants aussi puissent vivre dans la dignité. Les Églises chrétiennes, les communautés musulmanes, juives, bouddhistes ont manifesté leur entière solidarité.
Journal International : Quel est le but d’une campagne de sensibilisation et pourquoi l’avoir dirigée en faveur des migrants ?
Guri Storaas
: Cette mission de sensibilisation permet avant tout de regrouper des
personnes engagées, afin de changer les politiques à travers différents
moyens et afin de faire évoluer les conditions auxquelles peuvent être
confrontées certaines personnes exclues de la société. Elle se
concentre sur le secteur européen notamment, car les migrants sont
certainement les cibles les plus faciles pour les États. Ils subissent
les politiques imposées et injustes déniant les difficultés auxquelles
ces hommes, ces femmes et ces enfants font face chaque jour. Ceux qui
n’agissent pas en ayant pleinement conscience des discriminations
subies soutiennent au fond indirectement les violations récurrentes
transgressant la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948.
JI
: Justement, votre campagne se dirige en faveur d’un certain groupe de
migrants puisqu’elle vise à la ratification de la Convention
internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs
migrants et des membres de leur famille de 1990, pourquoi avoir ciblé
cette forme particulière d’immigration ?
Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
G.S.
: Tout d’abord, il faut savoir que cette convention est la seule qui
internationalement a été créée pour les migrants ainsi ce n’est pas un
thème réducteur que nous avons choisi, mais un texte d’appui officiel
qui nous permet d’agir activement sur différentes formes d’immigration.
Il est également vrai que le travail est une chose qui affecte
particulièrement les étrangers, les rendant plus vulnérables que les
autres, car bien souvent les familles se retrouvent séparées. De plus,
les migrants sont loin d’être privilégiés. Ainsi, ils subissent
un traitement excessivement injuste généralement les renfermant sur
eux-mêmes. Aucun texte ne définit véritablement leur statut ni ne
reconnait leur existence même. Souvent rejetés, seuls, les expulsions
de plus en plus nombreuses planifiées dans les pays européens sont la
preuve qu’aucune garantie de protection n’a été encore appliquée, voire
établie. Ce que nous souhaitons, c’est porter un message au nom de
tous les immigrés et en appuyant le projet de cette convention qui est
loin de faire l’unanimité jusqu’à présent. Nous pourrions enfin nous
assurer que les États aient à rendre des comptes sur les politiques
mises en place, qu’ils aient enfin une responsabilité officielle
lorsque ces personnes immigrant sur leurs terres se voient maltraitées.
JI : Pourquoi, selon vous, de nombreux états sont-ils septiques à l’idée de ratifier cette Convention et en quoi pensez-vous que votre mouvement puisse les aider à changer d’avis ?
G.S. : Lorsque les Nations Unies ont proposé ce traité, il n’a pas été très bien accueilli. Il a été adopté en 1990 et 13 ans après, en 2003, il a pu enfin entrer en vigueur, mais seulement grâce à 20 états signataires, ce qui est bien trop peu ! Cette Convention a le potentiel de promouvoir, au moins indirectement, le droit des immigrés, pour que leur protection soit garantie par la loi même. Malheureusement, même si elle a été acceptée légalement, elle n’est que trop peu mise en pratique.
JI : Pourquoi, selon vous, de nombreux états sont-ils septiques à l’idée de ratifier cette Convention et en quoi pensez-vous que votre mouvement puisse les aider à changer d’avis ?
G.S. : Lorsque les Nations Unies ont proposé ce traité, il n’a pas été très bien accueilli. Il a été adopté en 1990 et 13 ans après, en 2003, il a pu enfin entrer en vigueur, mais seulement grâce à 20 états signataires, ce qui est bien trop peu ! Cette Convention a le potentiel de promouvoir, au moins indirectement, le droit des immigrés, pour que leur protection soit garantie par la loi même. Malheureusement, même si elle a été acceptée légalement, elle n’est que trop peu mise en pratique.
Selon moi, les États refusent de coopérer, car la définition donnée à
l’immigration ici est bien trop large et malheureusement, de nos jours,
c’est une notion qui fait peur et qui doit être plus précise pour qu’on
puisse l’accepter. Je suis persuadée que c’est notamment la peur qui
paralyse les États jouant sur l’aspect de sécurité en l’opposant
directement à l’immigration. Les stéréotypes que l’on entend chaque
jour, particulièrement depuis la crise de 2008, sous-entendant que "plus les immigrés arrivent, plus les taxes pour la population seront importantes", que l’économie soit disant "s’écroulerait si nous accueillions trop d’étrangers" sont néfastes à l’égard de l’image de ces personnes.
Je pense également que le fait qu’aucun groupe spécifique ne se soit
battu au nom des migrants a également joué en la défaveur de ce projet.
Malheureusement, nous ne sommes que de petits groupes défendant des
intérêts totalement différents si l’on regarde au premier abord, car il
est vrai que l’hétérogénéité migrante peut créer quelques tensions.
Pourtant, au fond, nous recherchons tous le même but : que les immigrés
bénéficient d’une protection adéquate, qu’eux aussi puissent profiter
des droits "définis pour tous" (Ndlr, DUDH 1948). C’est
pourquoi, à notre échelon, nous devons parler, nous devons nous
mobiliser afin de changer quelques mentalités, afin de cibler l’aspect
positif de l’immigration, de le partager et de sensibiliser l’opinion
sur le bénéfice de cette nouvelle forme de multiculturalisme.
JI : Quelles sont les actions qui ont pu ou peuvent aider votre campagne à se développer et à se faire connaitre davantage ?
JI : Quelles sont les actions qui ont pu ou peuvent aider votre campagne à se développer et à se faire connaitre davantage ?
Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
G.S.
: Nous avons la chance d’avoir 50 étudiants de notre promotion motivés
et passionnés pour démarrer notre projet. Par la suite, chacun de nous
a eu un rôle spécifique dans la mise en place de la campagne. Par
ailleurs, une action toute simple telle que celle initiée aux European
Development Days regroupant quelques personnes criant, et frappant des
mains dans les couloirs de Bruxelles entre deux conférences, leur
volonté de convaincre les états membres de l’Union européenne de
ratifier la convention a eu un impact très positif. Nous avons pu
rencontrer quelques politiciens qui suivent notre projet de très près
et le supportent et c’est un appui non négligeable à l’échelle
européenne. Les réseaux sont très importants pour porter notre message.
Nous discutons également beaucoup avec les personnes autour de nous pour leur faire prendre conscience de l’importance de ce projet, débattons également avec eux parfois, nous sommes ouverts aux débats. Nous sommes une sorte de mouvement non-lucratif qui souhaite intégrer tout un chacun dans son combat. Nous sommes des membres de la société civile ayant décidé de se battre pour une cause que l’on trouve noble. Si nous nous mobilisons en faveur de processus légaux c’est parce que ce sont eux qui régissent par la suite nos vies, nous sommes les citoyens du monde, nous votons donc nous avons le droit de manifester au nom de ce qui nous parait juste. Trop souvent, les politiciens oublient que nous leur avons accordé notre confiance en les élisant, il est nécessaire via ce genre d’actions de leur remettre un coup de pression. Notre groupe Facebook invite à la discussion instantanée et aux soutiens surtout par n’importe qui souhaitant partager son opinion sur notre mouvement. Notre blog est notre liberté d’expression, notre façon de développer sur ce qui nous indigne, sur nos actions, mais surtout sur ce à quoi l’on croit : partager nos valeurs en parlant de l’immigration.
Nous avons développé quelques partenariats avec notre université tout d’abord, mais aussi avec la PICUM (Platform for International Cooperation on Undocumented Migrants) et des ONG se battant pour les droits des sans-papiers. Par la suite lors du festival des droits de l’Homme de Venise se focalisant cette année sur l’identité, nous avons eu l’honneur de rencontrer autour d’une table ronde Jacopo Molina, conseiller du parti démocrate de Venise, nous donnant la position italienne concernant les questions migratoires. Tout en réfléchissant, autour de quelques films tels que "Mare Chiuso", à la politique italienne et aux diverses condamnations que l’Italie a reçu par la Cour européenne des Droits de l’Homme suite à des violations très graves. Nous avons eu aussi notre mot à dire en traversant Venise le 18 décembre 2013, Journée internationale des migrants où, je pense, nous avons pour ainsi dire touché les âmes de certains.
Journée internationale des migrants, 18 décembre 2013 | Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
JI
: Comment est-ce qu’un mouvement étudiant pourrait influencer la
politique et faire changer les choses ? Pensez-vous que cette journée
récente puisse avoir de l’influence par la suite ?
G.S.
: Vous savez, je sais que les campagnes de sensibilisation peuvent
prendre du temps, j’ai eu des expériences totalement différentes en
Afrique et en Norvège quand nous défilions à cause de l’impact du
changement climatique. Nous avons également mobilisé du monde, organisé
des activités diverses, récolté des signatures et même fait un tour en
caravane avec au moins 180 personnes pour convaincre des milliers de
gens de nous rejoindre. Et cela a marché, ce n’était pas toujours
évident, mais nous sommes allés à la rencontre de la population, car
après tout dans la politique c’est d’eux dont il s’agit non ? Avoir la
foi est essentielle. Je ne dis pas que notre mouvement universitaire
aura autant d’impact que celui qui m’a valu un long voyage, mais
tellement humain avec 200 000 signatures récoltées et des concerts au
nom de notre cause du Kenya à l’Afrique du Sud, mais je crois que c’est
maintenant ou jamais. Un mouvement tel que celui-ci se fait au jour le
jour, se vit et se construit dès à présent même si le chemin est long.
Ce jour-là, nous avons défilé avec une quarantaine de personnes en
marchant silencieusement en rang, certains portaient des masques
représentant les états se voilaient la face en ne ratifiant pas,
d’autres têtes baissées montraient leur désarroi face au manque de
coopération puis des lettres avec une lueur d’espoir dans les yeux de
chacun se démasquant et retrouvant le sourire apparaissait s’adressant
directement aux États membres de l’Union Européenne. On pouvait alors
apercevoir ce message impératif en anglais « EU, Ratify Migrants Convention ! » avant
que les élèves ne se mettent à chanter et distribuer des dépliants
pour que l’Union Européenne aille enfin de l’avant surtout après la
polémique de Lampedusa Nous avons eu un impact relativement positif et
beaucoup d’intrigués nous ont écouté, appréciant notre engagement, donc
je suppose que notre campagne au nom des migrants a eu son cadeau de
Noël : elle n’a laissé personne indifférent.
Journée internationale des migrants, 18 décembre 2013 | Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
* Florence carrot est étudiante en sciences politiques à l'Université Lyon II et passant un an en Inde, elle est correspondante
dans ce pays (Chennai et Madurai) pour Le Journal International,
mais aussi stagiaire chez People's Watch (ONG promouvant les Droits de l'Homme) et
volontaire ponctuelle à l'école de Vellore Garden of Peace. elle cherche à privilégier un regard quelque peu critique dans ses articles toujours inspirés par les Droits de l'Homme, et
auxquels s'ajoute souvent une dimension plus sociologique.
Le blog de Migrant matter : http://migrants-matter.blogspot.it
La page Facebook : https://www.facebook.com/migrantsmatter?fref=ts
Le blog de Migrant matter : http://migrants-matter.blogspot.it
La page Facebook : https://www.facebook.com/migrantsmatter?fref=ts
«Migrants Matter» : à Venise, une lutte étudiante pour la dignité
Par Florence Carrot *
(Article paru dans Journal International le 27/11/2013.)
Journée internationale des migrants, 18 décembre 2013 | Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
Aujourd’hui
comme demain, les États européens seront confrontés aux défis des
migrations. Guri Storaas, étudiante en master de Droits de l’Homme et
Démocratisation à Venise, mais également fondatrice du mouvement
"Migrants Matter" a accepté de partager son combat, sa lueur d’espoir
sur des problématiques souvent mal comprises et amalgamées.
Journal International : Quel est le but d’une campagne de sensibilisation et pourquoi l’avoir dirigée en faveur des migrants ?
Guri Storaas
: Cette mission de sensibilisation permet avant tout de regrouper des
personnes engagées, afin de changer les politiques à travers différents
moyens et afin de faire évoluer les conditions auxquelles peuvent être
confrontées certaines personnes exclues de la société. Elle se
concentre sur le secteur européen notamment, car les migrants sont
certainement les cibles les plus faciles pour les États. Ils subissent
les politiques imposées et injustes déniant les difficultés auxquelles
ces hommes, ces femmes et ces enfants font face chaque jour. Ceux qui
n’agissent pas en ayant pleinement conscience des discriminations
subies soutiennent au fond indirectement les violations récurrentes
transgressant la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948.
JI
: Justement, votre campagne se dirige en faveur d’un certain groupe de
migrants puisqu’elle vise à la ratification de la Convention
internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs
migrants et des membres de leur famille de 1990, pourquoi avoir ciblé
cette forme particulière d’immigration ?
G.S.
: Tout d’abord, il faut savoir que cette convention est la seule qui
internationalement a été créée pour les migrants ainsi ce n’est pas un
thème réducteur que nous avons choisi, mais un texte d’appui officiel
qui nous permet d’agir activement sur différentes formes d’immigration.
Il est également vrai que le travail est une chose qui affecte
particulièrement les étrangers, les rendant plus vulnérables que les
autres, car bien souvent les familles se retrouvent séparées. De plus,
les migrants sont loin d’être privilégiés. Ainsi, ils subissent
un traitement excessivement injuste généralement les renfermant sur
eux-mêmes. Aucun texte ne définit véritablement leur statut ni ne
reconnait leur existence même. Souvent rejetés, seuls, les expulsions
de plus en plus nombreuses planifiées dans les pays européens sont la
preuve qu’aucune garantie de protection n’a été encore appliquée, voire
établie. Ce que nous souhaitons, c’est porter un message au nom de
tous les immigrés et en appuyant le projet de cette convention qui est
loin de faire l’unanimité jusqu’à présent. Nous pourrions enfin nous
assurer que les États aient à rendre des comptes sur les politiques
mises en place, qu’ils aient enfin une responsabilité officielle
lorsque ces personnes immigrant sur leurs terres se voient maltraitées.
JI : Pourquoi, selon vous, de nombreux états sont-ils septiques à l’idée de ratifier cette Convention et en quoi pensez-vous que votre mouvement puisse les aider à changer d’avis ?
G.S. : Lorsque les Nations Unies ont proposé ce traité, il n’a pas été très bien accueilli. Il a été adopté en 1990 et 13 ans après, en 2003, il a pu enfin entrer en vigueur, mais seulement grâce à 20 états signataires, ce qui est bien trop peu ! Cette Convention a le potentiel de promouvoir, au moins indirectement, le droit des immigrés, pour que leur protection soit garantie par la loi même. Malheureusement, même si elle a été acceptée légalement, elle n’est que trop peu mise en pratique.
JI : Pourquoi, selon vous, de nombreux états sont-ils septiques à l’idée de ratifier cette Convention et en quoi pensez-vous que votre mouvement puisse les aider à changer d’avis ?
G.S. : Lorsque les Nations Unies ont proposé ce traité, il n’a pas été très bien accueilli. Il a été adopté en 1990 et 13 ans après, en 2003, il a pu enfin entrer en vigueur, mais seulement grâce à 20 états signataires, ce qui est bien trop peu ! Cette Convention a le potentiel de promouvoir, au moins indirectement, le droit des immigrés, pour que leur protection soit garantie par la loi même. Malheureusement, même si elle a été acceptée légalement, elle n’est que trop peu mise en pratique.
Selon moi, les États refusent de coopérer, car la définition donnée à l’immigration ici est bien trop large et malheureusement, de nos jours, c’est une notion qui fait peur et qui doit être plus précise pour qu’on puisse l’accepter. Je suis persuadée que c’est notamment la peur qui paralyse les États jouant sur l’aspect de sécurité en l’opposant directement à l’immigration. Les stéréotypes que l’on entend chaque jour, particulièrement depuis la crise de 2008, sous-entendant que "plus les immigrés arrivent, plus les taxes pour la population seront importantes", que l’économie soit disant "s’écroulerait si nous accueillions trop d’étrangers" sont néfastes à l’égard de l’image de ces personnes.
Je pense également que le fait qu’aucun groupe spécifique ne se soit
battu au nom des migrants a également joué en la défaveur de ce projet.
Malheureusement, nous ne sommes que de petits groupes défendant des
intérêts totalement différents si l’on regarde au premier abord, car il
est vrai que l’hétérogénéité migrante peut créer quelques tensions.
Pourtant, au fond, nous recherchons tous le même but : que les immigrés
bénéficient d’une protection adéquate, qu’eux aussi puissent profiter
des droits «définis pour tous» (Ndlr, DUDH 1948). C’est
pourquoi, à notre échelon, nous devons parler, nous devons nous
mobiliser afin de changer quelques mentalités, afin de cibler l’aspect
positif de l’immigration, de le partager et de sensibiliser l’opinion
sur le bénéfice de cette nouvelle forme de multiculturalisme.
JI : Quelles sont les actions qui ont pu ou peuvent aider votre campagne à se développer et à se faire connaitre davantage ?
JI : Quelles sont les actions qui ont pu ou peuvent aider votre campagne à se développer et à se faire connaitre davantage ?
G.S.
: Nous avons la chance d’avoir 50 étudiants de notre promotion motivés
et passionnés pour démarrer notre projet. Par la suite, chacun de nous
a eu un rôle spécifique dans la mise en place de la campagne. Par
ailleurs, une action toute simple telle que celle initiée aux European
Development Days regroupant quelques personnes criant, et frappant des
mains dans les couloirs de Bruxelles entre deux conférences, leur
volonté de convaincre les états membres de l’Union européenne de
ratifier la convention a eu un impact très positif. Nous avons pu
rencontrer quelques politiciens qui suivent notre projet de très près
et le supportent et c’est un appui non négligeable à l’échelle
européenne. Les réseaux sont très importants pour porter notre message.
Nous discutons également beaucoup avec les personnes autour de nous pour leur faire prendre conscience de l’importance de ce projet, débattons également avec eux parfois, nous sommes ouverts aux débats. Nous sommes une sorte de mouvement non-lucratif qui souhaite intégrer tout un chacun dans son combat. Nous sommes des membres de la société civile ayant décidé de se battre pour une cause que l’on trouve noble. Si nous nous mobilisons en faveur de processus légaux c’est parce que ce sont eux qui régissent par la suite nos vies, nous sommes les citoyens du monde, nous votons donc nous avons le droit de manifester au nom de ce qui nous parait juste. Trop souvent, les politiciens oublient que nous leur avons accordé notre confiance en les élisant, il est nécessaire via ce genre d’actions de leur remettre un coup de pression. Notre groupe Facebook invite à la discussion instantanée et aux soutiens surtout par n’importe qui souhaitant partager son opinion sur notre mouvement. Notre blog est notre liberté d’expression, notre façon de développer sur ce qui nous indigne, sur nos actions, mais surtout sur ce à quoi l’on croit : partager nos valeurs en parlant de l’immigration.
Nous avons développé quelques partenariats avec notre université tout d’abord, mais aussi avec la PICUM (Platform for International Cooperation on Undocumented Migrants) et des ONG se battant pour les droits des sans-papiers. Par la suite lors du festival des droits de l’Homme de Venise se focalisant cette année sur l’identité, nous avons eu l’honneur de rencontrer autour d’une table ronde Jacopo Molina, conseiller du parti démocrate de Venise, nous donnant la position italienne concernant les questions migratoires. Tout en réfléchissant, autour de quelques films tels que "Mare Chiuso", à la politique italienne et aux diverses condamnations que l’Italie a reçu par la Cour européenne des Droits de l’Homme suite à des violations très graves. Nous avons eu aussi notre mot à dire en traversant Venise le 18 décembre 2013, Journée internationale des migrants où, je pense, nous avons pour ainsi dire touché les âmes de certains.
Journée internationale des migrants, 18 décembre 2013 | Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
JI
: Comment est-ce qu’un mouvement étudiant pourrait influencer la
politique et faire changer les choses ? Pensez-vous que cette journée
récente puisse avoir de l’influence par la suite ?
G.S.
: Vous savez, je sais que les campagnes de sensibilisation peuvent
prendre du temps, j’ai eu des expériences totalement différentes en
Afrique et en Norvège quand nous défilions à cause de l’impact du
changement climatique. Nous avons également mobilisé du monde, organisé
des activités diverses, récolté des signatures et même fait un tour en
caravane avec au moins 180 personnes pour convaincre des milliers de
gens de nous rejoindre. Et cela a marché, ce n’était pas toujours
évident, mais nous sommes allés à la rencontre de la population, car
après tout dans la politique c’est d’eux dont il s’agit non ? Avoir la
foi est essentielle. Je ne dis pas que notre mouvement universitaire
aura autant d’impact que celui qui m’a valu un long voyage, mais
tellement humain avec 200 000 signatures récoltées et des concerts au
nom de notre cause du Kenya à l’Afrique du Sud, mais je crois que c’est
maintenant ou jamais. Un mouvement tel que celui-ci se fait au jour le
jour, se vit et se construit dès à présent même si le chemin est long.
Ce jour-là, nous avons défilé avec une quarantaine de personnes en
marchant silencieusement en rang, certains portaient des masques
représentant les états se voilaient la face en ne ratifiant pas,
d’autres têtes baissées montraient leur désarroi face au manque de
coopération puis des lettres avec une lueur d’espoir dans les yeux de
chacun se démasquant et retrouvant le sourire apparaissait s’adressant
directement aux États membres de l’Union Européenne. On pouvait alors
apercevoir ce message impératif en anglais "EU, Ratify Migrants Convention !" avant
que les élèves ne se mettent à chanter et distribuer des dépliants
pour que l’Union Européenne aille enfin de l’avant surtout après la
polémique de Lampedusa Nous avons eu un impact relativement positif et
beaucoup d’intrigués nous ont écouté, appréciant notre engagement, donc
je suppose que notre campagne au nom des migrants a eu son cadeau de
Noël : elle n’a laissé personne indifférent.
Crédit Photo © EMA Students | migrants-matter.blogspot.it |
Notes :
* : Florence carrot est étudiante en sciences politiques à l'Université Lyon II et passant un an en Inde, elle est correspondante
dans ce pays (Chennai et Madurai) pour Le Journal International,
mais aussi stagiaire chez People's Watch (ONG promouvant les Droits de l'Homme) et
volontaire ponctuelle à l'école de Vellore Garden of Peace. elle cherche à privilégier un regard quelque peu critique dans ses articles toujours inspirés par les Droits de l'Homme, et
auxquels s'ajoute souvent une dimension plus sociologique.
**: Le blog de Migrant matter : http://migrants-matter.blogspot.it
et leur page Facebook : https://www.facebook.com/migrantsmatter?fref=ts
**: Le blog de Migrant matter : http://migrants-matter.blogspot.it
et leur page Facebook : https://www.facebook.com/migrantsmatter?fref=ts
20 décembre 2013
COUPS DE Cœur N° 47 - Spécial Noël
Dernière
ligne droite sur le chemin de Noël, la fièvre des préparatifs bat son
plein. Tramezzinimag vous présente quelques uns de ses récentes
découvertes, des coups de cœur pour fêter Noël et le nouvel an. Bonne
fin d'année à tous et un très Joyeux Noël !
Alessandra Zamperini
Véronèse
Imprimerie nationale
350 p., 144 euros.
Un somptueux cadeau de Noël, et pas seulement un de ces coûteux coffee-table books qu'on ne feuillette jamais et qui n'ont pour seul usage que de montrer aux hôtes la culture et le bon goût des maîtres de maison : une mine, un trésor pour une bibliothèque ! C'est Delacroix qui affirmait tout devoir à Paolo Véronèse. Il l'aurait répété à chaque page de cet ouvrage. Des balbutiements du jeune peintre dans sa ville natale de Vérone, avec les commandes des princes, les Soranzo puis les Gonzague, et l'arrivée à Venise, les premières peintures du palais ducal, celles de la bibliothèque Marciana, les somptueux travaux pour les Hiéronymites et des patriciens vénitiens, les Pisani, les Trevisan, les Barbaro... Un magnifique livre d'art qui donne aussi à voir dans toute leur splendeur les trompe-l'oeil de la villa Barbaro, construite par Palladio à Maser, bien mieux que ne l'ont fait d'auters beaux ouvrages plus anciens. Très documenté, jusque dans les moindres détails, sur les incertitudes et les controverse, le livre d'Alessandra Zamparini, qui est professeur d'histoire de l'art à l'université de Vérone, qu'on se prend à penser, avec Thierry Gandillot que la dame est "si bien renseignée qu'on la soupçonne presque d'avoir vécu au XVIe siècle dans l'entourage du peintre..."
Venise, Secrets de vénitiens
Ill. de Lise Herzog
Prat éditions, 2013.
266 pp. - 15,10€
Prat éditions, 2013.
266 pp. - 15,10€
Les
services de presse ne nous amènent pas forcément de bonnes surprises.
Nombreux sont les ouvrages qui finissent sur un coin d'étagère et dont
on ne vous parle pas. Le guide des éditions Prat
consacré à Venise n'est pas de ceux-là. Bien qu'assez lourd et de
format peu propice à se glisser dans une poche, le livre est une joyeuse
découverte. En plus de deux cents pages, Marie-Caroline Saussier
a su exprimer l'essence même de la cité des doges, traduisant au fil
des pages la joie et l'émotion, le bonheur et le plaisir qui
caractérisent le plus souvent la découverte de la ville. Bien conçu,
complet, didactique à souhait, le lecteur trouvera tout ce qui est
nécessaire à la préparation de son voyage, des détails intéressants, des
anecdotes, tout ce qui permet de se sentir autrement que voyeur égoïste
surfant à la surface des sensations et des usages de cette ville unique
au monde. Rien à redire donc sur cet ouvrage très didactique, pratique
aux illustrations et photos bien choisies. Cinq vénitiens confient leurs
coups de cœur, les endroits qu'ils fréquentent, les lieux qu'ils
préfèrent. Venise, secrets de vénitiens se lit comme un roman, une fois
entamé on a envie d'aller jusqu'à la dernière page. On y parle des ponts
et des puits, mais aussi de la gloire maritime de la Dominante, des
îles, avec un paragraphe consacré aux potagers de la lagune. Les
mystères de la cité des doges sont évoqués, comme les fêtes et les
traditions locales... Palais méconnus, meilleurs bars à cicchetti,
promenades guidées dans Cannareggio ou santa Croce... Autant de
thématiques soulignées par l'attachement des cinq vénitiens interrogés à
leur chère Venise. On est toujours loin des clichés touristiques. C'est
savoureux, gourmand, et addictif. L'envoi comprenait aussi le volume
consacré à Rome qui, de la même manière, se lit comme un roman, rempli
de bonnes adresses, d'anecdotes et de conseils qui font de ces nouveaux
guides des ouvrages originaux et passionnants.
Bruno Maurice
Mitango
Label Inspirmusic
2013 -18 €
http://www.inspirmusic.com/cdmitango.html Comment exprimer la surprise, le ravissement et l'attrait de ce disque, le dernier en date de Bruno Maurice, brillant jeune spécialiste de l'accordéon dit bayan Appassionata.
Ce professeur du conservatoire de Bordeaux a des goûts très éclectiques
et un jeun plein de grâce et d'ampleur. A l'image de son personnage.
Humble, réservé, presque timide, Bruno Maurice
éructe sa sensibilité, son empathie pour la nature et les êtres. sa
musique, qu'il interprète un morceau du répertoire ou bien qu'il
improvise. Mitango est une
succession de bonheurs, tous différents, qui ne peuvent laisser
indifférents.Le disque s'ouvre sur un morceau d'essence très classique,
méditatif, qui prend peu à peu de l'ampleur jusqu'à ressembler à la
sonorité d'un grand orgue, puis les pièces se succèdent, tantôt
méditatives, mélancoliques ou joyeuses... Une musique classique mais
aussi très moderne, avec des touches de tango et de jazz. La version du
merveilleux "Sur les quais du vieux Paris" de Ralph Erwin immortalisé par la voix de la grande Lucienne Delyle en 1939, ne peut laisser personne indifférent.
15 décembre 2013
Venise, la colonne de San Salvador
..En dépit de ses presque neuf mètres de hauteur, la colonne du campo San Salvador est un des éléments "invisibles" de la cité des doges. Située sur le campiello qui fait le lien entre le Rialto et San Marco, presque toujours envahi par les On passe à côté, on lui tourne autour, mais on ne sait rien d'elle, ou pas grand chose sauf qu'on l'a toujours vue là. Et pourtant, elle a un sens pour les vénitiens qui connaissent l'histoire de leur nation.
..Ce monument commémore la flambée d'émeutes qui secoua Venise en 1848, le 22 mars précisément, quand la population tenta de reconquérir sa liberté et fut proche d'y parvenir, tenant la ville à l'écart des autrichiens pendant dix huit mois, jusqu'à la fin de l'été suivant, après avoir poussé les autrichiens et leur gouverneur militaire, le comte Palify, à capituler et à se retirer sur la terraferma. L'Europe secouée de spasmes révolutionnaires vit l'empire austro-hongrois prêt d'imploser, comme faillit imploser le royaume de France quasiment au même moment. La colonne, trouvée dans des fouilles à Rome, fut offerte à la Commune de Venise par le sculpteur Antonio Dal Zotto, à qui l'on doit la statue de Goldoni qui trône sur le campo San Bartolomeo. Son chapiteau et les ornements de sa base sont en bronze comme l'habillage représentant une feuille de palme qui décore le fût de marbre antique, sur laquelle est inscrite la date, XXII MARZO MDCCCXLVIII.
.
.Le monument fut inauguré le 22 mars 1898 par le maire Grimani descendant d'une des plus grandes familles patriciennes de l'ancienne république, en présence du dernier héros survivant de cette épopée, le général Carlo Mezzacapo, qui commanda le Fort de Marghera puis ensuite celui de l'île de San Secondo pendant la résistance déterminée des vénitiens. Originaire de Capoue, le vieux militaire, était à l'époque officier des armées de l'armée des Bourbons (du Royaume de Naples), alliée des piémontais contre l'Autriche. Lorsque l'ordre de retrait arriva, il décida de désobéir et rejoignit Venise en compagnie de son homologue le général Pepe, lui aussi napolitain, qui mourut sur la lagune. Il s'unit aux insurgé vénitiens. Il refusa ensuite de réintégrer l'armée napolitaine et choisit de s'exiler.
Il existe un bas-relief, calle Larga de l'Ascension, édifié à la mémoire de ces officiers napolitains qui défendirent Venise en 1848. Il représente les généraux Pepe, Rossarol, Cosenz, Mezzacapo. La dédicace :
le général Mezzacapo |
"Ufficiali napoletani offersero vita e sangue a Venezia per convincere il mondo esservi tutta una Italia insofferente al giogo straniero, 1848 - 1849."
(Des officiers napolitains donnèrent vie et sang à Venise pour convaincre le monde que l’Italie ne souffrira plus le joug étranger, 1848-1849)
Le Risorgimento est présent aussi non loin de là, avec deux boulets de canon incrustés dans le mur de façade, côté extérieur de la Piazza, pour rappeler la pluie de bombardements qu'avait subie la Sérénissime entre le 29 juillet et le 22 août de cette terrible année. Plus de 23.000 projectiles furent ainsi tirés sur la ville par l'artillerie autrichienne. Après l'assaut des troupes ennemies, ce fut le choléra qui s'insinua dans la ville infortunée. Le poète et patriote Arnaldo Fusinato, qui s'illustra sur les barricades, a écrit sur ces moments terribles dont Venise ne s'est jamais vraiment remise. Pour la première fois de son histoire, l'ennemi l'atteignait en son cœur... :
“Il morbo infuria / il pan ci manca / sul ponte sventola / bandiera bianca”
(La maladie fait rage, nous manquons de pain, sur le pont nous agitons le drapeau blanc...)
____________
4 commentaires : (Non archivés par Google).
03 décembre 2013
La magie de Venise en novembre : les Dolomites en décor de fond sur la lagune
Lorsque
la communauté arménienne offrit à la petite association de jeunes
bordelais que j'avais alors l'honneur de diriger depuis mon doux exil
vénitien, d'imprimer sur ses presses l'ensemble des documents de
communication de l'ambitieuse manifestation que nous avions décidé
d'organiser à Bordeaux en hommage à Venise, ce fut naturellement cette
agrandissement de la fameuse carte de Erhardum Reüwich de Trayecto et Bernhard von Breydenbach
qui publièrent au XVe siècle un ouvrage illustré sur le périple qui les
mena de la sérénissime d'où ils embarquèrent, jusqu'en terre Sainte. Le
père Mékhitariste, alors supérieur du collège arménien de Venise, qui m'accompagna à l'imprimerie, située dans une aile du couvent, au milieu de la lagune. avec notre consul de l'époque, Christian Calvy (à qui je dois ce cadeau fantastique que les arméniens firent à notre petite manifestation), nous en fit une description très poétique dont j'ai noté l'essentiel dans mon journal de l'époque :
« Admirez la finesse du trait, même grossi. Les artistes ont voulu montrer cette vision extraordinaire qu'on ne voit pas souvent, des montagnes enneigées comme un décor de fond à Venise qui se détache devant elles comme par magie.»
Cet
époustouflante perspective, inchangée ou presque des siècles plus tard,
est toujours un grand bonheur quand on peut la contempler. C'est notre
actuel représentant, Gérard-Julien Salvy,
qui a bien voulu attirer mon attention sur ce magnifique spectacle. Le
voici tel que les vénitiens ont pu le contempler ces jours derniers.
Pour ceux qui ont la chance de l'avoir déjà vu en vrai, mais aussi pour
les autres, Tramezzinimag est heureux de vous présenter ce magnifique palcoscenico dressé par Mère Nature.
6 commentaires:
- Virginie Lou-Nony a dit…
-
Magnifique, féerique, que j'aurais aimé voir ce paysage "en vrai"! Mais les photos sont très convaincantes. Merci encore Lorenzo!
- 03 décembre, 2013
- Dominique a dit…
-
Quel bonheur ! Merci
- 03 décembre, 2013
- Dominique a dit…
-
Magnifique ! Quel bonheur ! Merci.
- 03 décembre, 2013
- stephanie dupont a dit…
-
magnifiques ses photos...!!!
- 04 décembre, 2013
- manouche a dit…
-
Dire que je n'avais pas vu la montagne ! merci.
- 07 décembre, 2013
-
-
La sublime beauté immémoriale de Venise est là .
Les sombres canaux de Barrès s'effacent d'un coup .
L'humain devient silice . - 08 décembre, 2013
02 décembre 2013
Le crayon de Lord Byron (1)
Il
y avait dans notre grande maison mille trésors qui ont nourri chacun à
leur manière mon imagination d'enfant, souvenirs d'un passé flamboyant
qui paraissait à l'enfant solitaire que j'étais bien plus merveilleux
que l'époque moderne dans laquelle il allait me falloir vivre.
Les
nombreuses salles de la vieille demeure avaient toutes leur secret. il y
avait le grand salon avec le piano de Wagner,
la rotonde avec le placard secret qui me faisait un peu peur, recoin
camouflé derrière les boiseries qui avait dû abriter un escalier vers
les communs. La bibliothèque, elle aussi en rotonde avait un vieux
coffre-fort caché par plusieurs rangées de faux livres, en fait les dos
des cent dix volumes de l"Histoire Universelle parue au milieu du XVIIIe
dont on n'avait conservé que les cartes qui me servirent quand je
jouais aux pirates ou à la conquête des Indes... Un couloir plein de
placards datant d'avant la révolution contenait mille paperasses.
Ailleurs, c'était une armoire creusée dans un mur qu'on découvrit en refaisant les plâtres et qui contenait jouets et livres d'enfants, rangés là après la mort de leur jeune propriétaire... Une chambre me parlait de l'infortunée reine Marie-Antoinette parce qu'on y conservait dans une vitrine une panière de vannerie qui aurait été utilisée par les infortunées princesses dans leur prison du temple et un bonnet de dentelle et de linon entouré d'un ruban de velours noir qui avait appartenu à la reine et qu'elle portait après la mort du roi... De vieux soldats de plomb et des boîtes de jeux anglais, allemands ou italiens, un gramophone avec ses aiguilles comme neuves et de vieux disques 78 tours dont le premier enregistrement de Yehudi Menuhin enfant avec sa dédicace maladroite au crayon blanc sur l'étiquette circulaire imprimée en lettres dorées...
Ailleurs, c'était une armoire creusée dans un mur qu'on découvrit en refaisant les plâtres et qui contenait jouets et livres d'enfants, rangés là après la mort de leur jeune propriétaire... Une chambre me parlait de l'infortunée reine Marie-Antoinette parce qu'on y conservait dans une vitrine une panière de vannerie qui aurait été utilisée par les infortunées princesses dans leur prison du temple et un bonnet de dentelle et de linon entouré d'un ruban de velours noir qui avait appartenu à la reine et qu'elle portait après la mort du roi... De vieux soldats de plomb et des boîtes de jeux anglais, allemands ou italiens, un gramophone avec ses aiguilles comme neuves et de vieux disques 78 tours dont le premier enregistrement de Yehudi Menuhin enfant avec sa dédicace maladroite au crayon blanc sur l'étiquette circulaire imprimée en lettres dorées...
Tellement de livres aussi, des dizaines d'albums de photos et de cartes postales, de scrapbooks
et d'herbiers, dont celui rempli par une de mes aïeules qui contenait
des plantes séchées prélevées dans des tas de lieux historiques dans les
années 1830, au pied de tombes de personnages célèbres, mais aussi dans
les jardins de Trianon, de Compiègne, de Vienne ou de Fröhsdorf. Une
des chambres du second était décorée de dessins anciens. L'un d'entre
eux montrait une salle du palais Loredan qu'habitait alors Don Carlos, neveu du Comte de Chambord, notre dernier roi de jure,
qui déjà me faisait rêver de la ville que je ne connaissais pas
encore...
Même la vieille cuisine avec son énorme fourneau de tôle
peinte en noir et ses cuivres rutilants, le monte-charge dans lequel je
me cachais enfant, espérant qu'un domestique me hisse jusqu'à l'office
du premier étage par inadvertance ; la fleurerie, petite pièce
construite au-dessus de l'office, où on dressait les bouquets destinés à
orner les pièces de la maison. De là, recoin secret et tranquille, on pouvait observer la grande salle-à-manger voisine par un œil
pratiqué dans les boiseries d'acajou. De là la grande tapisserie des
Flandres qui ornait un mur semblait s'animer. Je m'imaginais dans les buissons, me cachant des loups qui faisaient fuir un chasseur que protégeaient ses chiens, avec au loin
le château qu'on apercevait abritait mille trésors somptueux et une
belle princesse attendait que je vienne la délivrer... Cette grande et
belle verdure à l'odeur de poussière fut décrochée pour être vendue à la
mort de mon père, laissant sur la paroi un grand rectangle noir que
j'imaginais aussitôt être un écran de cinéma ou une ardoise géante pour une école
de géants..
La
lingerie avec sa grande panière d'osier que je possède encore où la
lisseuse déposait le linge à repasser... Tour à tour traîneau, tombeau
égyptien, sous-marin insubmersible, elle me terrorisa le jour où un
cousin plus âgé m'expliqua qu'elle avait servi pour transporter les
malheureux guillotinés qu'on y déposait, la tête fraîchement tranchée
enter les jambes avant de les jeter dans une fosse commune qu'on
recouvrait de chaux vive. J'y ai cru longtemps et quand ils voulaient m'y faire rentrer, je décampais en hurlant...
Dans une autre pièce, appelée le studio,
sûrement parce que du temps de mon arrière-grand-mère on y lisait et on y
dessinait, un vieil écritoire trônait sur une table. Il était garni de
stylos et de crayons. il y en avait un en laque bleue dont le capuchon
servait aussi de flacon de sel ou de parfum. Le bouchon était en bronze
doré. un autre en métal argenté orné de feuillages gravés avait un
mécanisme ingénieux que j'aimais activer. il s'agissait en fait d'un
porte-mine anglais. Un bouton permettait de faire glisser la mine à
volonté et une gomme se cachait sous le capuchon, mais celui que je
préférais trônait dans un bel écrin en écaille dont le couvercle était
en verre. Aveclui dans la boîte, un coupe-papier en ivoire dont le
manche était orné de roses très finement sculptées. Ce crayon en or me
fascinait car on disait qu'il avait appartenu à Lord Byron.
La légende qui entourait ce crayon était pour moi un grand objet de fascination. Lié, comme beaucoup d'objets de la maison jamais déménagée, au passé de notre famille mais aussi à l'histoire, la grande comme la petite, celui-là chantait une musique un peu différente. Je ne peux m'empêcher de penser aujourd’hui que toutes ces choses inanimées, placées là par ceux qui vécurent avant moi, m'ont fait ce que je suis bien plus que les choses apprises pendant mes années d'étude ou pendant mes voyages. Ils étaient l'âme de la vieille maison que j'ai tant aimé mais aussi des témoins discrets d'un passé dont je suis rempli et qui m'a façonné.
L'histoire du crayon remonte aux années 1820. Lord Byron a quitté Venise depuis quelques mois. il s'est installé près de Livourne, à Montenero, Via dei Terrazzini (aujourd'hui
Via Lord Byron), à la Villa Dupouy. Un de nos aïeux avait un comptoir à
Livourne. Il était en affaire avec le poète et portait des lettres de
Venise pour lui. Les deux hommes se voyaient souvent, se connaissant
depuis l'époque où l'anglais séjournait chez le marquis de Brême à Turin, ou à Milan, je n'ai jamais bien su. Stendhal, quelque
part raconte les soirées à l'opéra dans la loge du marquis où tous les
jeunes gens de la société locale venaient pour rencontrer le poète
anglais.
Le négociant avait avec lui un neveu qui rêvait d'aventures. Théodore
était le fils de son frère qui vivait alors à Florence. Sa mère était
la cadette d'une famille vénéto-livournaise. Comme cela se pratiquait
couramment à cette époque, les jeunes garçons appelés à reprendre les
activités familiales, étaient envoyés comme simple garçon de bureau dans
les comptoirs de parents ou d'associés pour se former au négoce. Le
jeune Théodore Canot ne voulait
pas être négociant, pas plus que banquier ou avocat comme le devenaient
tous les hommes de la famille. Lui voulait naviguer, explorer des mondes
inconnus. Il sera servi puisqu'il devint un aventurier célèbre, surtout grâce
au récit de ses aventures qu'on commente encore de nos jours. Il est
plus connu sous le surnom de « Capitaine Poudre-à-canon » dont les
mémoires se lisent comme un roman d'aventures sauf que tout est
véridique dans ses années de pérégrinations en tant que négrier. Mais pour le moment, le
jeune Théodore n'a pas encore seize ans et il n'est encore qu'un jeune
apprenti dans le bureau des entrepôts de son oncle...
à suivre...
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