VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
«Tourism Is Old. Let's Travel» c'était le slogan de Cool Cousin. Une belle idée qui enthousiasma des milliers de cousins à travers le monde. A Venise, nous étions sept. Une belle histoire et l'occasion de nombreux échanges et de belles rencontres.
Qui parmi les lecteurs de ce blog se souviendra encore de l'aventure d'une start-up qui anima pendant sept ans (2015-2021), une application géniale... et gratuite ! Baptisée Cool Cousin, inventée par de jeunes et brillants esprits israéliens et britanniques, elle proposa pendant quelques années une manière originale de voyager, en s'adressant aux gens vivant dans les lieux qu'ils souhaitaient visiter afin de connaître leurs lieux favoris, avoir leurs recommandations et leurs conseils.
Je viens de retrouver par hasard en mettant de l'ordre de mon Google Drive, le lien vers la carte de Ma Venisechez Cool Cousin. Le lecteur trouvera aussi dans les archives du blog un billet de 2021 publié à l'occasion de la fermeture.
Quand j'ai été sollicité, Cool Cousin était déjà présent dans de nombreuses villes tout autour de la planète, les plus demandées évidemment. A Venise, nous étions cinq, vénitiens de naissance ou d'adoption tous vivant dans la Sérénissime et amoureux de leur ville. Le deal proposé par la jeune compagnie était simple : remplir un questionnaire-type qui devait permettre au futur voyageur de choisir la cousin le plus cool en fonction de la musique qu'il écoutait, des choses qu'il aimait sur Instagram, etc.
Le choix était aussi facilité par un petit reportage photo qui nous présentait dans Venise. Une fois ce questionnaire validé, nous devions tous participer à un shooting photographique dans nos lieux préférés.
La compagnie n'avait pas lésinait pas sur les moyens. Le photographe, Giulio Paletta, sympathique professionnel italo-brésilien nous suivait pendant quelques heures et les photographies illustraient notre page. Il nous fallait aussi dresser une liste des «spots» (pardon pour l'anglicisme).
Le site était très attractif, esthétique et très ergonomique. Un clic sur une carte de la ville et on découvrait un bar, un restaurant, une galerie, une boutique recommandée par l'un d'entre nous. Chaque cousin avait sa carte donc. Pour vous donner une idée en cliquantICI, vous verrez à quoi cela ressemblait.Une fiche détaillée permettait d'en savoir plus sur le lieu, avec notre avis, nos suggestions.
En passant l'autre jour devant l'église San Salvador, perdu dans mes rêveries comme souvent, j'ai soudain vu, comme sur un film qui aurait été projeté dans l'air, une scène de l'ancienne Venise... A la place des hordes de touristes qui se bousculaient, les uns pour rejoindre San Marco qui est à deux pas, les autres pour regagner la Stazione avec leurs épouvantables valises à roulettes, se déroulait devant mes yeux une procession d'un tout autre ordre.
Il y avait des pages en vêtements chamarrés, des trompettes et des fifres, des provéditeurs et autres hauts fonctionnaires de rouge vêtus, qui précédaient le doge qu'un gonfalon doré protégeait du soleil déjà chaud de ce matin de mai... La foule applaudissait, tous ces personnages gonflés de leur importance passaient devant moi et l'image se mélangeait à celle du campo plein de touristes. J'ai entendu tellement de fois le récit de ces grandes cérémonies que la République prenait grand soin à organiser, que tout se mêlait dans ma tête pendant que je marchais pour rejoindre des amis qui m'attendaient non loin de là. Des hommes vêtus de couleur sombre portaient sur une civière dorée la statue de Saint Antoine, d'autres tenaient des coussins de velours sur lesquels on avait posé de splendides objets d'or et d'argent, calices, reliquaires, coupes et autres pièces incroyablement belles.
Tout ce petit monde se rendait dans l'église. Mais quel était donc l'objet de cette cérémonie ? Sant' Antonio Abate était le patron des orfèvres, mais leur scuola était au Rialto, là-même où la plupart avaient leur boutique et leurs ateliers. J'avais souvent montré quand je guidais les hôtes illustres du Palais Clari - la légation de France - l'immeuble qui abritait l'auberge de la confrérie avec le portone où on peut toujours voir les initiales S O en fer forgé pour Schola dei Oresi. Ils avaient leur chapelle dédiée dans l'antique église S. Giacomo di Rialto, à gauche de l'autel central, avec un magnifique statue du saint entre deux anges portant sa mitre, réalisée par Girolamo Campagna.
Je cherchais à comprendre d'où surgissait ce qui n'était qu'une vision et que j'avais pourtant si clairement devant moi. En fait, je venais de passer devant la vitrine magnifiquement surchargée de Bastianello, sur la Merceria Due Aprile. Les somptueux bijoux qui y sont exposés, les pièces d'orfèvrerie et les icônes couvertes de plaques d'argent doré ont amené mon cerveau à rouvrir des cases fermées depuis pas mal de temps, et notamment celle qui concerne le trésor de San Salvador, visité une fois il y a longtemps, et celui de la pala d'argent doré que cache la plupart du temps la magnifique Transfiguration du Titien qui lui sert de protection.
Ce trésor est composé d'une centaine d'objets de culte et de décoration d'autel réalisés du XIVe au XIXe siècles par ces talentueux orfèvres vénitiens, les orafi comme on dit en dialecte. Des objets magnifiquement ciselés, somptueuses pièces dont la pala est l'exemple le plus abouti, après celle de San Marco (à ma connaissance, il n'y en a que deux à Venise). Créés par des artistes-artisans - c'était souvent la même chose autrefois, avant que le pratique et le profit ne dominent la création - ils sont l'expression non seulement d'un savoir-faire incroyable, mais aussi d'une profonde piété, où le respect des rites se mêlait à un grand sens du beau et de l'esthétique. Une manière de rendre grâce au Créateur en lui offrant de beaux objets destinés à son culte, maigre et humble image de la beauté de sa Création. Les temps ont bien changé, vous ne trouvez pas ?
Mais revenons à mon rêve éveillé et aux orafi. Sur la gravure de Visentini ci-dessus, détail d'une vue du campo San Salvador aux milieu du XVIIIe siècle, on voit une échoppe d'orfèvre. Était-ce celle de la riche famille Candoni qui officia sur plusieurs générations (jusqu'en 1790 !), à l'enseigne Al San Bortolomio ou bien plutôt la bottega Alla Generosità de Francesco Dolfin ou encore celle de Lunardo Cherubini dont le magasin se nommait Alla Religione et dont l'activité survécut à la chute de la République ? Nous sommes après tout dans le prolongement du Rialto. Sur le pont et bien sûr de l'autre côté, dans la ruga qui leu était dédiée, il y avait de nombreuses boutiques d'orfèvrerie.
La mariegola conservée - comme toutes les autres règles des confréries vénitiennes - recense les métiers liés aux métaux précieux que les artisans vénitiens travaillaient. Tous étaient réunis dans le même quartier comme cela était courant autrefois. Ainsi, autour des orafi et des argentieri, il y avait les tailleurs de pierres précieuses et semi-précieuses, les ciseleurs, ceux qui tournaient l'ivoire, l'ambre et l'écaille, les horlogers, etc. On venait de loin pour faire exécuter bijoux et objets. Louis XIV qui aimait les métaux précieux (sa collection de mobilier en argent massif était unique au monde) avait lancé cette mode qui se répandit dans toute l'Europe. Une célèbre boutique de la Spadaria, celle du maître Antonio Conba, portait d'ailleurs le nom Al Re di Francia.
L'air et l'atmosphère de Venise favorisent ces rêves éveillés, visions d'un monde que nous connaissons par les récits, les peintures et les gravures que nous ont laissées les anciens. J'ai toujours été convaincu - croyance qui remonte à ma petite enfance et se base sur de nombreuses expériences vécues - que dans notre sang coule aussi la mémoire de ceux qui ont vécu avant nous. Comment expliquer autrement ces moments uniques où, arrivant quelque part pour la première fois, on se sent chez soi depuis toujours et on reconnait tout, l'air et la lumière nous sont familiers... Cette procession qui défilait l'autre matin devant mes yeux, mêlant des personnages de l'antique République et les hordes de touristes, ce n'était pas seulement le produit de mon imagination, mais un souvenir venu de très loin avant vous et moi.
Librement inspiré de l'ouvrage de Piero Pazzi, Dizionario aureo, orefici, argentieri, gioiellieri, diamantai, peltrai, orologiai, tornitori d’avorio nei territori della Repubblica Veneta, Edizione Piero Pazzi, 1998.
Octobre 1985, l'association dont j'étais le jeune fondateur, organisait la Première Semaine de Venise à Bordeaux, sous l'égide de la Ville de Bordeaux et de la Ville de Venise, de l'association France-Italie, de la Dante Alighieri et sous la présidence d'honneur du marquis de Lur-Saluces, alors propriétaire du Château Yquem. Parmi les artistes invités, plusieurs femmes dont Silvana Scarpa, dont j'avais fait la connaissance lors d'une exposition à la Galerie du campo San Fantin, en face de la Fenice, où j'avais été embauché comme assistant du maître des lieux, le fringant Giuliano Graziussi, qui m'a appris les usages (et les ficelles) de la profession.
Silvana Scarpa présenta un échantillon de son travail à la galerie Présidence, magnifique local aujourd'hui disparu, animé par un homme sympathique et accueillant, Serge Sarkissian.
Vernissage de l'exposition. De gauche à droite : Augusto salvadori, Silvana Scarpa, Christian Calvy, Micheline Chaban-Delmas, un comédien, Nicole Noé et moi-même
Comme tous les évènements de cette Première semaine de Venise à Bordeaux (il n'y en eut pas de seconde...), les participants étaient entourés par une troupe locale de jeunes acteurs de la Commedia dell'Arte, I Tre Gobbi dirigée avec maestria le regretté Patrice Saunier, disparu prématurément en 2013 (Cf. Journal Sud-Ouest) Mais qui se souvient désormais de toute cette belle compagnie de femmes et d'hommes sensibles à l'art et à la poésie, à la beauté et à l'amitié ? C'était il y a presque quarante ans...
Un montage vidéoexiste encore sur YouTube, dans lequel sont quelques images du vernissage de l'exposition, inaugurée par Micheline Chaban-Delmas,
en présence de l'ambassadeur d'Italie à Paris, du consul général à
Bordeaux, du maire adjoint de Venise, l'avocat Augusto Salvadori, le
consul général de France à Venise, et une pléthore d'officiels.
Mille fois pardon aux lecteurs qui m'écrivent, étonnés de mon silence, inquiets ou mécontents de ne plus retrouver régulièrement leur Tramezzinimag. Certes, entre 2005 qui vit naître le premier blog et 2023, les goûts et les habitudes ont changé. De revue en ligne on m'a conseillé de passer aux « brèves », faciles à lire, ce format ultra-court que les nouvelles générations préfèrent... Un jeune lycéen m'avouait candidement l'autre jour « J'aime beaucoup lire mais les gros livres, les longs textes, ça me fait peur » et la jeune fille qui était avec lui ajoutait « Moi, je cherche tout de suite le résumé ou un abrégé ». Ils ne lisent jamais les journaux, encore moins les revues, mais sont au courant de tout instantanément et en permanence, saturés d'images qui frappent...
Trop sollicités par les réseaux sociaux, sur le fond, nous avons pris l'habitude du drame et attendons chaque jour une nouvelle dose de tragédie universelle. Les images flash et choc ont pris le dessus. L'information immédiate plutôt que la réflexion et le commentaire... Il faut faire avec. L'humain est toujours pressé désormais. On peut dire, avec ce que nous avons fait de la planète, que cette fuite en avant, semble donner raison à ces pessimistes qui voient dans tout cela une sorte de suicide collectif ; la fin autoprogrammée de notre espèce, qui peu à peu laisserait se déliter tout ce qui fait l'humain en poursuivant d'épouvantables chimères baptisées Progrès, Croissance, dans un monde sous l'influence négative de l'information en continu, qui distille jour après jour, la peur et l'angoisse et réduit l'espoir et le bonheur à des chimères...
À Tramezzinimag, point de pessimisme ou de pensées mortifères. A l'image de Venise, - qui comme toujours, montre l'exemple - notre chère Sérénissime, qu'on dit depuis longtemps agonisante, remugle d'une civilisation moribonde, voire déjà en décomposition, regardez-la, en dépit de tout et contre attente, elle paraît plus que jamais ardente, vibrante, rayonnante, attirant toujours autant - hélas - des millions de visiteurs ébahis, mais que sa population native ou d'adoption refuse de laisser considérer comme un musée ou un parc d'attractions. Ne contredit-elle pas, un fois encore, toutes ces idées bien noires évoquées plus haut
Pour conclure, Tramezzinimag reste ce qu'il a toujours souhaité être, une revue qui met en avant Venise et sa civilisation, la beauté de son quotidien, les merveilles de son histoire, souvent source de leçons pour le monde moderne.
Chaque 21 novembre depuis le XVIIe siècle, les vénitiens rendent un hommage solennel à la Vierge Marie, adorée spécialement en ce jour pour avoir mis fin à la terrible peste qui décima la population de la Sérénissime en 1630. Émouvante et joyeuse fête qui rassemble les vénitiens qui viennent en famille ou entre amis de l'aube à tard dans la nuit.
Jeunes et vieux, croyants ou non, tous se rendent à la basilique de la Salute en empruntant le pont de bois qui enjambe le grand canal pour quelques jours. Tous vont vers la Madonna della Salute, la Mesopanditissa. Enchâssée dans le grand autel en marbre avec sa somptueuse sculpture de marbre réalisée par le sculpteur flamand Giusto le Court où la vierge apparaît tenant dans ses bras l'Enfant-roi, accompagnée d'un groupe d'anges qui chassent la peste sous le regard d'une femme en prière, allégorie de la ville de Venise invoquant l'intercession de Marie, l'icône, très aimée par les vénitiens, fait l'objet d'une grande vénération, depuis que le doge Morosini décida de l'exposer dans le sanctuaire en 1670 dont elle est depuis le symbole.
Le pont de bateau, inauguré la veille par le cardinal Francesco Moraglia, patriarche de Venise et le maire Luigi Brugnaro, voit ainsi passer des dizaines de milliers de pèlerins qui portent avec eux un cierge que la plupart ramèneront chez eux pour protéger la santé de eux qu'ils aiment ou veiller à la guérison de leurs malades. L'usage est de les allumer autour du maître-autel où une messe est célébrée toutes les heures. La foule reste dense toute la journée. Les policiers, très nombreux depuis quelques années, en uniforme autour de la basilique ou en civil parmi les fidèles, veillent à maintenir la circulation. À certains moments, il y a tellement de monde, qu'ils doivent organiser un sens, brandissant des panneaux indiquant le sens autorisé ou interdit. Tout cela se fait dans la plus grande sérénité, paisiblement et joyeusement. Il s'agit vraiment d'un moment de fête, un de ces temps aimés quand on se retrouve volontairement entre parents ou amis.Les touristes qui pour la plupart ne savent pas ce qui motive ce grand mouvement de foule semblent un peu hagards. Certains s'éloignent effrayés ou, comme le disait une dame en prenant le bras de son mari : "N'y allons pas. Laissons-les !". "Mais pourquoi donc ?" Répliqua l'homme. "Par pudeur." fut sa (jolie) réponse.
Cette solennité n'a rien d'artificiel et, tout comme le Redentore, autre grande fête traditionnelle, rien ni personne ne l'a dénaturée. Traditionnel moment de retrouvailles d'un peuple aujourd'hui réduit en nombre mais qui resté attaché à ces traditions ancestrales. Toutes les générations s'y retrouvent dans un même entrain et une piété commune, témoignage que l'âme authentique de Venise coule encore dans les veines de son peuple. Joyeux témoignage d'authenticité et de vie dans un monde qui se délite, où des forces implacables sont en mouvement qui poussent à l'uniformisation des usages et des goûts et grignotent inlassablement nos différences et nos libertés au nom du profit et de l'ambition de quelques uns.
Voir les petits vénitiens tenant fièrement ces ballons gigantesques ballons qui flottent partout dans la foule et qui se régalent avec leurs parents de pommes d'amour rutilantes, de marrons grillés, de massepain et de nougat, entendre les rires, et plus revigorant encore, entendre tout ce peuple s'exprimer en dialecte, tous milieux sociaux et âges confondus, mais quel bonheur. Quelle joie. Quelle fierté aussi. En rentrant chez moi, hier soir après la prière de clôture dite par le patriarche dans une basilique noire de monde, après être passé par la sacristie où autour du patriarche, prêtres, séminaristes et enfants de chœur quittaient leurs vêtements sacerdotaux au milieu des bénévoles qui vendaient images pieuses et chapelets, après m'être recueilli comme des centaines d'autres derrière le maître-autel, après avoir admiré les somptueuses noces de Cana du Tintoret et le groupe de saints autour de Saint Marc du Titien et ce Saint Sébastien de Basaiti qui vole haut sur l'une des parois de pierre blanche de la sacristie, deux des tableaux qui ont illuminé mes années d'étudiant à Venise, après avoir traversé le cloître du séminaire, c'est une immense paix que je ressentais. Les marchands de gourmandises et d'objets religieux rangeaient leurs marchandises, des groupes de passants se répandaient partout, tout résonnait de joie et de paix.
Rare moment de grâce qu'on retrouve aussi à la Saint Martin quand les enfants se répandent dans les rues, le soir du Redentore quand flotte sur le Bacino di San Marco tout l'esprit festif des vénitiens... Mais aussi chaque jour après l'école à San Giacomo, à Santa Maria Formosa, ailleurs encore, et le soir pour la passeggiata à San Luca ou a pied de la statue de Goldoni et plus tard du côté de la Misericordia, la Movida estudiantine... En dépit des hordes de touristes, vivre à Venise est et demeure un bonheur.
Depuis plusieurs années et jusqu'à l'interruption forcée de toute vie normale lors de la « crise sanitaire », j'avais pris l'habitude de passer une partie du mois de novembre à Venise. Il m'est même arrivé de pouvoir m'y installer jusqu'aux derniers jours de l'Avent.
Après l'été et le retour en France, ces séjours ont toujours été de délicieux moments de retrouvailles, avec les amis, mais aussi en retrouvant mes habitudes vénitiennes, une manière de me retrouver. Cette année, c'est la visite d'amis britanniques pour qui j'avais organisé un séjour il y a quelques jours, qui m'a permis de reprendre pied dans la ville et de retrouver instantanément mes réflexes et les habitudes de vénitien. Pourtant, à chacun de mes retours, je constate avec effroi combien la ville change, combien, toujours davantage infestée de touristes pressés et avides, elle est vide de la vie d'autrefois.
Il y a des silences qui font mal. Certes, c'est un grand bonheur que de pouvoir, par des raccourcis inconnus des forestieri (trad. : les étrangers), retrouver en un instant et à quelques minutes de la Piazza ou du Rialto, un campiello ou une riva tranquilles, vides de cette foule insupportable. Mais, constater que des zones entières de la ville ne sont plus qu'agglomérat d'AirBnB, de pensions ou d'hôtels au luxe criard pour asiatiques fascinés (les mêmes qui demandent parfois aux passants à quelle heure ferme Venise), cela donne envie de pleurer.
Venise est aimée et désirée par le monde entier et c'est bien. Mais ce tourisme pendulaire qui arrive le matin et repart en fin de journée ne rapporte rien à la ville et lui coûte beaucoup d'argent, d'énergie et de vies. Combien de volets tirés définitivement, de maisons qui se transforment en locations touristiques quand elles ne tombent pas en ruine...
Je revenais l'autre jeudi d'une réunion à Montauban. Ne conduisant pas, mes déplacements depuis toujours se font le plus souvent en train. Pour m'y rendre, j'ai dû changer à Marmande, petite ville pittoresque. Par chance - il était à peine 9 heures du matin - le magasin de journaux de la gare était ouvert. C'est le supplément du Figaro qui retint mon attention, un numéro entier consacré à la "Venise éternelle"...
J'avais un peu moins d'une heure avant ma correspondance. Trouver un café ouvert si tôt le matin fut assez compliqué, la gare en travaux avait peut-être ou aura une brasserie comme toutes les gares se doivent d'en avoir, mais en l'occurrence rien en dehors d'un automate distributeur de boissons ou de sucreries. Et c'est en face que j'ai trouvé un débit de tabacs avec quelques tables à l'extérieur.
Curieux comme en France, les gens commencent tard leur journée. En Italie, et notamment à Venise, on peut trouver dès avant 7 heures un endroit pour se restaurer, boire un café et manger une brioche. A Marmande avant 10 heures, il n'y a que ce Bar-Tabacs un peu glauque. Au moins le café était chaud, la tenancière aimable et les consommateurs matutinaux, déjà au Ricard pour certains et tous venus gratter un de ces tickets qui peuvent en un coup d'ongle changer la vie des joueurs. Deux vieux italiens étaient attablés juste à côté de moi. Immigrés venus soixante ans plus tôt du Trentin. La conversation s'engagea vite quand ils virent la couverture de la revue. Ils ont quitté la Vénétie avec leurs parents alors qu'ils portaient encore des culottes courtes. L'un d'entre eux se souvenait de ses vacances chez un oncle à Jesolo. On a parlé de la lagune, de ses bateaux. C'était sympathique.
En évoquant cette rencontre inopinée, je m'apprêtais à rédiger un billet sur les embarcations vénitiennes. Le hasard d'une conversation tout à l'heure avec une amie, fidèle lectrice du blog et soutien des premiers jours qui en revenait, m'a rappelé que ce dimanche était le jour de la grande régate des gréements traditionnels, notamment de la régate al terzo (au tiers), - c'est-à dire des voiles auriques - très attendue et très belle surtout quand, comme ce dimanche, le temps est magnifique et l'air très doux. Cette course existe depuis une quinzaine d'année.
L'édition 2022 de la «Veleziana » ( la XVe), s'est donc tenue aujourd'hui à Venise, dans le Bassin de San Marco, du côté de l'Arsenal, face à la Biennale d'art contemporain qui entame son dernier mois d'ouverture. Cette régate et le grand évènement automnal pour la plaisance à Venise, grand moment pour les amateurs de voile hauturière est organisée par la Compagnia della Vela, dans le cadre du programme de « Le Città in Festa », réunissait plus de 250 participants qui se sont affrontés dans les eaux de la lagune.
La Veleziana clôt une semaine importante pour la navigation dans le nord de l'Adriatique. Elle suit la Barcolana de Trieste, formant une combinaison d'événements attractifs qui attirent beaucoup de monde, tant du côté des participants que des spectateurs. Outre les professionnels de la voile, de nombreux passionnés se pressaient sur la ligne de départ ce dimanche matin à 11h, au Lido, pour une arrivée au bout du bassin de San Marco.
Les bateaux arrivés vendredi et samedi étaient amarrés pour la première fois à l'intérieur de l'Arsenal, où se tenait hier soir la soirée des équipages qui a été une belle réussite.
Trois autres événements de voile étaient également prévus ce week-end. Vendredi les bateaux participants à la course Trieste-Venise, baptisée «Deux villes, une mer », (régate au large organisée en partenariat avec le Yacht Club Adriaco) sont arrivés à Venise. Puis samedi, plus de 60 Dinghy 12 ont participé à la IVème édition de la Veleziana Dinghy 12' Cup, co-organisée avec l'Associazione Velica Lido. Pour cet événement, jusqu'à 5 tests ont eu lieu dans le plan d'eau devant le siège de l'association Lidense et, à la fin, en plus des trois prix du classement, était décerné également le Prix Master (65 ans et plus), le Prix Super Master (à partir de 75 ans), le Prix Legend (à partir de 80 ans) et la Prix Féminin. Puis ce fut le tour de la course toujours très attendue, la course dédiée aux gréements auriques traditionnels, les splendides voiles au tiers (Vela al terzo) pour un défi qui leur est dédié, la fameuse Veleziana al Terzo.
Chronique du 2 juillet 2022, entre San Marco et Milano centrale...
Fin de ces quelques jours de juin à Venise. Bientôt les retrouvailles avec le quotidien bordelais et sa grisaille, les tensions et les incompréhensions au quotidien dans un univers dont je me sens désormais si peu solidaire... Après de belles rencontres et de jolis moments de partage, il faut rentrer et reprendre tout où je l'avais laissé. Hélas. Mais quelque chose a changé. Deux ans de crise sanitaire et la preuve irréfutable au quotidien de l'incohérence, de la bêtise généralisée et médiatisée, de l'incompétence aussi de la plupart de ceux qui dirigent le monde - ou s'imaginent le faire - ce monde qu'ils contribuent, par leur médiocrité et leur inculture, à enfoncer dans le chaos ; et puis la certitude renforcée, évidente qu'en dépit des changements qu'on sent aussi en Italie libérale et matérialiste, le peuple de la péninsule demeure un peuple heureux, joyeux, accueillant et bienveillant. C'est une évidence : on vit et continuera de vivre mieux en Italie.
Mes lectures, autant que mes rencontres avec des êtres charmants, brillants, aux idées claires et aux opinions salutaires, ont fait de ces quelques jours volés à la routine et aux préoccupations de mon quotidien en France, un moment précieux, revigorant, roboratif... le dernier article de Thierry Guinhut , sur son blog consacré aux « peintures et paysages sublimes» cite l'excellent texte sorti en 2009 de Alain Mérot (« Du paysage en peinture dans l'Occident moderne ») déjà cité dans Tramezzinimag mais avalé lors de la suppression du premier blog par Google. et l'intellectuel de pointe...
Évoquer Nico Naldini avant que j'oublie. Un lecteur discret et fidèle de Tramezzinimag, jeune universitaire rencontré par hasard (?) l'autre jour à la Querini évoquait dans notre conversation la personnalité du parent de P.P.Pasolini, disparu il y a deux ans à l'âge de 91 ans. Notre échange qui devenait trop animé pour ne pas perturber les autres lecteurs de la salle où nous étions installés, nous le poursuivîmes dans le jardin, ou plutôt sur la partie de la jardin dévolue à la brasserie du musée. Le café y est bon marché, les pâtisseries agréables. Nous avons abordé le sujet difficile de l'engagement des artistes dans la société et plus particulièrement des poètes. En référence à Pasolini bien entendu et Naldini en suivant dont on connait moins le travail. Notamment au service de la langue frioulane.
Que
le sage ou le poète intervienne dans les affaires politiques est une vieille histoire qui débute bien avant l’invention du mot « intellectuel ». Terme qui n'est pas très vieux finalement puisqu'il apparait seulement à la fin du XIXe siècle, dans le triste contexte de l’Affaire Dreyfus... Cette fin de siècle a décidément embourbé la pensée avec des mots nouveaux, des pensers (joli mot au masculin apparu la première fois chez des écrivains esthètes de la toute fin du siècle) tout sauf progressistes et innovants pour l'Humain... Tout ce qui complique la réflexion et finit par nécessiter une préparation, une formation spécifique, éloigne de la spontanéité d'où jaillissent parfois des idées neuves, vraiment inédites et vraies...
L'intellectuel donc, en Italie comme en France, ne cessera pas d’être l’enjeu de luttes de classement : organique ou universel, chien de garde ou garant de l'idéal démocratique, animal médiatique ou expert. L’élaboration par Michel Foucault de la notion d’intellectuel spécifique entre bien sûr dans ce jeu. On peut s'en servir de référent, de base pour la réflexion. Mais, à condition de ne pas la prendre trop au sérieux. Ne convient-il pas de la reprendre à une époque de forte démonétisation/désacralisation de la posture ? En la liant à une politique de la subjectivité, Foucault nous invitait à ne pas renoncer à l’exercice d’une véritable fonction critique pour toujours exprimer un rapport au vrai, medium nécessaire à la vie démocratique...
En ces temps d'élection où l'avenir d'un pays dépend de l'humeur et de l'énergie de son peuple, l'intellectuel de pointe comme disent les italiens est plus que jamais une figure nécessaire face aux politiciens à l'esprit alourdi par leur ego et les poches remplies par des influenceurs en tout genres, faussement préoccupés de leurs administrés qui les dérangent, démagogues patentés bien éloignés du quotidien des « gens ». Phénomène universel et de toujours ? Il suffit de relire Les Annales de Tacite pour se rendre compte que déjà dans sa décadence, le monde romain avait ses profiteurs habiles démagogues, menteurs patentés, profiteurs et complètement détachés du Bien Public... à Athènes avant eux... Ils n'avaient pas les écoles de commerce où se précipitent aujourd'hui toute la jeunesse aveuglée par la rutilance magnifiée du veau d'or...
Combien la jeunesse est belle. J'observais de la fenêtre de la cuisine deux garçons qui jouaient au ballon dans le cortile de la maison d'en face. Un panier de basket et les deux à tour de rôle tentaient de marquer. Mais assez vite, le plus jeune des deux se mit à dribbler avec un ballon de foot avec acharnement. Sa musculature déjà puissante - il devait avoir quinze ou seize ans - le vieillissait. Je pensais à la beauté de la jeunesse, à son côté éphémère dont on n'est conscient que bien longtemps après l'avoir perdue. Ce jeune vénitien, brun, bronzé, à l'aise dans son corps, je ne l'avais jamais vu. Dans le quartier, même en n'y vivant plus à l'année je connais la plupart des gens. J'ai vu souvent une dame d'un certain âge franchir le portail, une jeune maman aussi avec un bébé et une fillette d'une dizaine d'années. Mais jamais je n'avais croisé ces deux adolescents. J'ai su pourquoi ils m'étaient inconnus quand je les croisais quelques heures plus tard dans la ruelle...
Je revenais de la plage. Le joueur de foot sortait de la cour avec sa mère. Je les saluais en italien. ils me répondirent courtoisement, en anglais... Le garçon n'est donc pas vénitien, c'est un américain et ses parents ont loué un appartement dans l'immeuble. Celui avec la terrasse et l'énorme climatiseur qui surplombe d'une des fenêtres. Les
vénitiens sont souvent musclés et à l'aise dans leurs mouvements parce
que la marche et le canotage, mais aussi la proximité de la mer les aident à dessiner leur corps très tôt. Cette vigueur, ce bronzage, cette aisance dans les mouvements, tout cela pouvait laisser croire que je voyais s'égayer sous mes yeux un vrai fanciullo d'ici, V.O.C. (Vénitien d'Origine Contrôlée) pas un de ces jeunes américains protéinés au beurre de cacahuètes et entraînés. Quant au bronzage, le nombre de jours d'ensoleillement sous le soleil vénitien, fabrique à tous un hâle parfait dès la fin du mois de mai.Pas besoin de vivre en Floride ou à San Francisco.
A Venise, mais ailleurs aussi, presque tout est sali par l'appât du gain. « Ce n'est pas nouveau » me rappelle une amie, fille et petite-fille de marchands. « Venise était au Moyen-Âge déjà était ce que New York est depuis le début du XXe siècle, la capitale du business où on venait du monde entier pour tenter de s'enrichir». Là encore, la Sérénissime a été un modèle, un exemple. Je suis tenté de souligner que cela ne devrait pas être un modèle et un exemple à suivre.Et si sa chute, l'effondrement de sa civilisation offrait l'avant-goût de ce qui attend le système économique mondial actuel, basé sur le profit, la croissance et l'exploitation ?
Schei, schei, e schei ancora... Hors le pognon point de salut ! Shakespeare a vu juste et universel quand il dépeint le juif Shylock qui ose dénoncer l'hypocrite morale chrétienne de l'époque. L'argent faisait son bonheur mais l'humain demeurait. C'est là qu'il nous faut prendre peur pour l'avenir de notre civilisation : toutes ces guerres qu'on ne pensait imaginer revenir à quelques encâblures de nos terrasses de café, depuis ce XXe siècle meurtrier, la montée des terrorismes, d’État ou religieux, la fuite en avant du toujours plus et l'ensevelissement des repères éternels, spirituels, philosophiques... L'arrivée au pouvoir de milliardaires avides, l'enrichissement de plus en plus colossale de certains et l'appauvrissement de tous les autres. L'Inquisition pourchassait le diable sans jamais l'avoir. Aujourd'hui, le diable est toujours et encore à l’œuvre.
Dans le train qui me ramène en France, un jeune moine copte égyptien, sourit en regardant deux petites filles qui jouent, adorablement spontanées mais en même temps attentives aux autres et ne dérangeant personne. Certains travaillent, d'autres dorment ou lisent. Et dans mes oreilles le Beata viscera de Perotin dit Perotinus Magnus, « discantor optimus » dans un enregistrement découvert récemment à Venise par l'ensemble Tonus Peregrinus... Un heureux mélange de genres pour effacer la tristesse d'avoir dû quitter une fois encore Venise mais aussi le regret, une fois encore, de laisser derrière moi cette atmosphère joyeuse et apaisée qu'on ressent partout en Italie - même au milieu de la foule de l'immense gare de Milano Centrale. Est-ce seulement une histoire de climat comme le suggérait Montesquieu ?
Ici aussi pourtant, la montée - qui semble irrémédiable - des partis fascistes comme un peu partout en Europe, la peur des gens, la haine de l'autre, la méfiance vis à vis de l'étranger qui reprend de la vigueur et se généralise... Mais il y a autre chose, un truc dans l'ADN de l'Italie qui dans toutes les aventures de ce peuple transforme à la fin les tragédies en comédie, les larmes en rire !
Bien plus que tout cela, bien au-delà d'une histoire de journées ensoleillées, de rires et de danse, il y a un peuple qui a du coeur, de la sagesse et beaucoup d'esprit. Ce sont les paroles de cette merveilleuse chanson de Gianmaria Testa écoutée en boucle ces derniers jours, délicieux remède sans effets secondaires et qui guérit de toutes les nostalgies et apaise toutes les tensions...
Dentro la tasca di un qualunque mattino Dentro la tasca ti porterei Nel fazzoletto di cotone e profumo Nel fazzoletto ti nasconderei
Dentro la tasca di un qualunque mattino Dentro la tasca ti nasconderei E con la mano, che non vede nessuno E con la mano ti accarezzerei
Salirà il sole del mezzogiorno Passerà alto sopra di noi Fino alla tasca del pomeriggio Ti porto ancora Se ancora mi vuoi
Salirà il sole del mezzogiorno E passerà alto, molto sopra di noi Fino alla tasca del pomeriggio Dall'altra tasca ti porto Se vuoi
Dentro la tasca di un qualunque mattino Dentro la tasca ti porterei Nel fazzoletto di cotone e profumo Nel fazzoletto ti nasconderei
Dentro la tasca di un qualunque mattino Dentro la tasca ti nasconderei E con la mano, che non vede nessuno E con la mano ti accarezzerei
E con la mano, che non vede nessuno Con questa mano ti saluterei
Ayant assez de temps cette fois pour ressortir de mes cartons certaines de mes affaires oubliées depuis février 2020, j'ai retrouvé une clé USB dans laquelle j'avais l'intention de collationner toutes les images concernant l'apparition magique des Dolomites depuis le Centro Storico. Malheureusement cette année-là, je n'avais pas eu le temps de tous transposer sur la clé et je m'étais promis de la ramener en France pour y ajouter les centaines de clichés sur le même thème que j'avais sur le disque dur de mon vieux PC. J'avais évidemment oublié la clé à Venise et le premier confinement nous est tombé dessus... Le retour prévu pour lancer la maison d'édition et décider d'un local, était fixé au...15 mars... Il aura fallu plus deux dans avant que de rouvrir cette clé et, entre autres retrouvailles, retrouver ces images de l'ami Claudio Baoretto et celles de Marco Contessa notamment !
La célèbre vue de Venise et de sa lagune publiée en 1493 par Hartmann Schedel dans son magnifique ouvrage Le Cronache di Norimberga montre la cité lacustre comme elle apparaissait aux visiteurs à la fin du XVe siècle, dans ce Moyen-Âge finissant qui s'apprêtait à laisser la place à la somptueuse Renaissance.
Hartmann Schedel. Vue de VeniseDie Schedelsche Weltchronik, 1493
On y voit en arrière plan des collines et des monts. Ce sont les Dolomites. Un regard distrait pensera aussitôt aux limites de la connaissance à l'époque de l'allemand. Défaut de perspectives,naïveté des artistes de cette période somme toute considérée comme assez primitive encore. Le touriste lambda qui arrive par le Pont della Libertà édifié au XIXe siècle par l'occupant autrichien et dont on dit ici qu'il a rattaché le monde continental à la république permettant au reste de l'univers d'être enfin - les bienheureux - reliés à Venise, et non le contraire, ce touriste ébahi par la lumière, les campaniles et les immeubles surgis de l'eau, tout à son extase, n'imagine pas qu'on puisse pénétrer certains jours dans la vue de Venise publiée en couleurs un an après la découverte des Nouvelles Indes, qui deviendront bientôt l'Amérique, source de tant de rêves et de cauchemars depuis...
Pourtant ce 'est pas une fantaisie que ces montagnes qui surgissent comme le décor de fond d'un palcoscenico dessiné par le Créateur. Voici quelques photos qui en apportent la preuve. On ne peut que souhaiter aux visiteurs d'être face à ce spectacle incroyable et merveilleux qu'il faudrait applaudir à la façon des japonais (et de ma grand-mère qui ne l'était pas) quand ils assistent à l'éclosion de la première fleur de magnolia ou à un sublime coucher de soleil !
Imaginez la scène un instant : les touristes comme les vénitiens, alignés sur les Fondamente Nove, aux balcons de certains palais bien orientés, en haut des campaniles et des altane ou sur les quais du Lido qui soudain se mettent à applaudir ensemble devant le spectacle, cette apparition magique des montagnes, parfois enneigées - de moins en moins hélas - qui semblent à portée de nos mains, nettes à les toucher...
Ce serait un grand moment à chaque fois, je puis vous le garantir !