02 septembre 2009

La Galerie de Tramezzinimag : Le Musée Imaginaire

Lorenzo Veneziano. Le premier des peintres vénitiens dont j'ai appris à aimer l’œuvre. Adolescent, j'avais découvert l'art byzantin lors d'un voyage avec mes parents en Turquie et en Grèce. Tout cet or me perturbait, mais ce qui me fascinait ce sont ces traits précis, ces couleurs chaudes et l'expression très moderne des personnages. 
 
Je retrouvais quelques années plus tard à l'Accademia et au Musée Correr, ce qu'on qualifie d'art vénitien primitif et qui montre le lien puissant qui liait encore au XIVe siècle la République de Venise à Byzance. Ce portrait sévère de Saint Pierre est conservé au musée de l'Accademia. Peint sur un panneau de bois de plus d'un mètre de haut, il date de 1371 et provient d'un tryptique réalisé pour l'Ufficio della Seta au Rialto aujourd'hui éparpillé dans plusieurs musées. La représentation de l'apôtre est pleine de vie. On en oublie les critères obligés de la peinture byzantine, le personnage n'est pas figé dans une pose hiératique. On dirait qu'il va parler. Le bleu de sa tunique est merveilleux et on aimerait pouvoir dérouler le parchemin qu'il tient à la main. On sent dans ce tableau tout ce qu'il y avait en gestation dans l'art vénitien, au moment où le pinceau de Lorenzo Veneziano se posa sur cette planche de bois. 
 
La peinture du Trecento est très émouvante en ce qu'elle exprime une sorte d'attente avant l'éclosion d'autre chose, comme le calme avant la tempête. Tout dans le travail de ces petits maîtres tend à se libérer de l'emprise de la tradition. Mais sans violence, sans agressivité. Cela se fait peu à peu sous l'influence du courant toscan, déjà bien implanté à Padoue et qui annonce l'explosion du Quattrocento. Cette libération viendra aussi de l'audace des grands comme Gentile da Fabriano et Antonio Pisanello, qui vont guider l'école vénitienne jusqu'au style gothique.

5 commentaires:

Gérard a dit…

Ce qui m'a étonné le plus dans la découverte de cette époque , c'est le manque absolu de maladresse dans le portrait , dans sa recherche intense . Pas étonnant donc que des gens comme Vinci , Raphaël , et les Titien , Giorgione , ont embrayé derrière avec cette vista extraordinaire qui va nous amener chez nous , disons , Watteau , Quentin , Boucher , Fragonard , Girodet , Renoir , Dali . Reste à savoir quels liens on peut faire entre ce dernier mystique et les Primitifs .

Lorenzo a dit…

Absolument, les tableaux primitifs ont déjà en eux tout ce qui va faire la peinture jusqu'à nos jours.

La Pépette a dit…

Il y avait peu une expo sur les peintres primitifs italiens à Paris. Plus encore que la beauté des visages, c'est la luminosité et l'intensité des couleurs qui m'ont interpellée. Comme Van Gogh.

Anonyme a dit…

Bonjour, ont a toujours l'idée que, soit les primitifs, soit l'art byzantin, est un art lointain et que seulement ont peut les admirer que dans les vieilles églises ou les musées.
Voici mon travail d'iconographe:
http://icones-fresques.blogspot.com

Anonyme a dit…

Et aux musées des Beaux-Arts de Tours : http://www.tours.fr/culture/musees/bxarts/bxArtsGalerie.php?ideven=12&affichage=solo&Panel=1

Condorcet.

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