Quand une mouette un rien narcisse
prend la pose sur le Grand Canal.
posted by lorenzo at 09:43
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE

J'habitais en ce temps-là à Venise, un petit appartement, modeste et tranquille, au deuxième étage d'une très vieille maison dressée depuis plusieurs siècles entre un canal et un campiello où poussait une herbe drue comme à la campagne. La maison était toute tordue et un jardinet que personne n'entretenait jamais la séparait du canal. Mes fenêtres donnaient sur le jardin. Je n'en avais que trois, la quatrième, bloquée par des siècles de poussière, ne s'ouvrait plus et avait été condamnée par des panneaux de bois. Il y avait en contrebas une terrasse étroite couverte de marbre qui avait dû servir au temps de la jeunesse de cette noble demeure, de salon d'été. Un lieu idéal pour far niente. Ces détails plus loin seront utiles au lecteur, c'est pourquoi je m'y attarde. On pouvait accéder à cette terrasse par un e calier de pierre qui partait du jardin. Une vieille porte pratiquée dans le mur donnait dans la ruelle, un passage étroit appelé calle delle Spezier qui débouchait sur un pont. Une jolie patricienne devait certainemnt autrefois s'asseoir sur ce balcon romantique."Chers enfants et chers amis de la Maison Pettenello, c'est un devoir pour moi comme pour ma maman Lilli de nous adresser à vous. Même si le magasin ne fermera pas tout de suite et que nous vous accompagnerons pour Noël, l'Epiphanie et le prochain carnaval, nous voulions vous dire un adieu amical et sincère. Nous vous remercions pour l'affection et la sympathie que vous ne cessez de nous démontrer ces jours-ci comme vous l'avez fait pendant toutes ces années. Nous voulons saluer particulièrement tous nos petits clients, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. J'aimerai leur raconter tellement d'histoires dont ils ont été les vrais protagonistes mais il n'y aurait pas assez de pages dans les journaux pour tout dire. Sachez simplement que vous, tous nos clients, et surtout vous les enfants, demeurerez nos plus chers souvenirs. C'est en 1899 que mon grand-père débuta cette merveilleuse histoire dont vous avez toujours été partie prenante : en achetant, en pleurant, en riant, en jouant chez nous et en grandissant. Certains d'entre vous n'hésitaient pas à venir travailler avec nous derrière le vieux comptoir, d'autres revenaient avec leurs enfants, leurs petits-enfants. Voilà que maintenant cette belle histoire va se terminer non pas parce que des méchants ont gagné ou parce que l'auteur est fatigué de l'écrire. Mais parce que, comme toutes les belles histoires il faut conclure avec la formule "ils vécurent heureux et satisfaits" et c'est là que commence une nouvelle histoire. La mienne."
© copyright Claire Normand - 2006
On accuse déjà la France, d’où serait venue en 1992 une pauvre huître porteuse, à l’apparence innocente, qui transportait sous sa coquille la terrible ogresse chinoise. Avec les frontières si poreuses de l’espace Schengen, aucun douanier n’a vérifié ce qu’elle transportait, la bougresse ! Depuis, elle est l’espèce dominante partout sur la Lagune, surtout à Venise et à Chioggia… Mais ne vous fiez pas à son origine. Il ne s’agit pas d’une contrefaçon, d’un ersatz. Fabrication soignée, bonne tenue, chinoise certes, un peu exotique mais bon, répondant tout à fait aux critères attendus : l’odeur – nauséabonde-, l’aspect non pas jaune mais vert amande à l’œil nu et gluant. Tout en elle dénote une authentique recherche de style qui confirme bien son origine orientale. Et puis que voulez-vous, c’est ainsi, les algues de chez nous n’avaient qu’à mieux se tenir et apprendre à résister à l’envahisseur. Il ne manque plus qu’à la parfumer au santal ou à l’ambre mais cela finirait de dénaturer complètement Venise, puisque l’odeur de ses canaux…
Aussi paradoxal que cela puisse paraître aux vénitiens, notre demoiselle algue est cependant reconnue comme espèce menacée car si elle s'implante facilement en mer ouverte autant que dans les lagunes, les lacs et les étangs, elle demeure fragilisée par la pollution des eaux. Bref, quand vous serez à Venise, même en tordant le nez devant son peu délicat parfum, ne lui en voulez pas, soyez indulgent. Et après tout, après le sel, les épices, les soieries, les algues seront peut-être la solution naturelle au renouveau de l'économie vénitienne...
Lu dans le Gazzettino de ce dimanche une information qui dénote l'état d'esprit actuel à Venise. Rien n'est vraiment contre les touristes, mais on a pris conscience de l'imminence d'une catastrophe si rien n'est fait en grand et avec suivi pour canaliser les flots de visiteurs et retenir le peu de vie active et de vie normale dans la Cité des Doges.
Johannes Brahms
1er juin 1982, 10 heures.
Le vent, toujours présent à cet endroit de la lagune, comme une caresse rend nos mouvements plus légers. Nous approchons du Lido. Le ciel est incroyablement bleu. Nous accostons près du cimetière juif, là où le ponton de bois est un peu en pente. Au retour, nous utiliserons le moteur.
Les rochers sont chauds et parfumés comme en été. Près de nous, deux très jeunes garçons nus, plongent et replongent en riant.
La petite photo agrandie et pas très nette que j'ai mis l'autre jour en illustration d'une phrase qu'aurait pu dire un personnage de la Recherche a suscité bien des réactions et des interrogations. Profitons-en pour rétablir une vérité et en finir avec les approximations de certains guides.
A quoi peut penser Marcel Proust ? A Albertine dit quelqu'un sur un site. Je crois qu'il laisse simplement son regard errer devant lui, l'animation du Grand Canal, le traghetto qui passe non loin, les peotte remplies de fruits et de légumes, les gondoles qui transportent de belels vénitiennes et de riches anglais romantiques. Il a tellement voulu ce voyage depuis tant d'année comme sa grand-mère qui elle, n'y viendra jamais. Il pense à Ruskin que sa mère a traduit pour lui dans le train, aux tableaux de Guardi, de Gentile Bellini, de Carpaccio dont il se servira dans la Recherche. Il songe peut-être à une de ces mélodies ampoulées de son ami Reynaldo Hähn qui séjourne à Venise lui aussi, ou aux magnifiques costumes de Mariano Fortuny qu'il vient de découvrir, non loin de là dans le palais du brillant espagnol...
Il y a aussi dans la Venise d'aujourd'hui des choses à dire à propos de peinture : l'exposition de la collection Pontus Hulten à Santo Stefano, l'ouverture du Palais Grassi revu par François Pinault, la grande fête que le milliardaire breton a donné à l'Arsenal pour ses 920 invités, somptueuse réception où Marcel Proust aurait été à l'aise, auprès de la Duchesse de Marlborough et de l'Impératrice d'Iran.
Il aurait travaillé dans l'atelier des Bellini. Ce fils de fourreur a passé sa vie à surprendre par ses innovations, sa fougue, son sens de la lumière. Au XXe siècle il se serait passionné pour le cinéma, les possibilités que l'éclairage donne à l'expression des idées et des sentiments. Tarkovsky aurait été son ami comme Renoir ou Visconti...
Tantôt il transpose en noble fête de l'âme la beauté des cortèges et le faste discret des légendes imprégnées de réalité quotidienne. Ne prenait-il pas ses modèles dans la rue, ces garçons et ces filles dont on retrouve aujourd'hui encore le même tracé dans le profil, la même démarche gracieuse et la même allure si fière quand on les regarde passer dans les calli et les campi de la Venise d'aujourd'hui. Les pantalons étroits des garçons, leurs bonnets colorés roulés sur leurs cheveux longs, les mèches ondulées des filles qui tombent sur leurs nuques racées, les jeunes vénitiens d'aujourd'hui sont les portraits vivants des modèles du peintre.



Lors d'un de ces dîners enquiquinants dans lesquels je me retrouve parfois à Bordeaux, ma voisine, qui venait de voir l'exposition sur les peintres vénitiens qui est maintenant à Caen, se rappelait une conférence que j'avais donnée sur les Allées de Tourny il y a bien longtemps. A la demande d'une association de retraités voyageurs en partance pour les côtes de l'Adriatique, j'avais parlé de l'art et de la vie à Venise. "...Il semble vraiment que depuis l'antiquité grecque, nulle civilisation n'ait lié avec autant de bonheur l'art et le quotidien. La plupart des grandes œuvres – le plus souvent à dominante religieuse – œuvres de commande de Carpaccio, du Titien, du Tintoret, du Véronese, sont à la gloire de Venise, elles manifestent la toute puissance financière, économique, politique et militaire de la sérénissime. Pourtant, et c'est vrai surtout pour le Titien et Veronese, les plus grands chefs-d’œuvre naissent en une merveilleuse apothéose de couleur et de lumière au moment même où la puissance vénitienne agonise..."Mais vous voulez mon sentiment, il y a pour moi trois noms qui expriment vraiment Venise, sa lumière, l'air qu'on y respire encore aujourd'hui, loin de la foule, des hordes de touristes : Bellini, Mantegna, Carpaccio. Le Bellini dont je parle, c'est bien sûr Giovanni, fils de Jacopo, dont les vierges encore imprégnées de l'or des icônes, se voilent dans une mélancolie délicat ; frère de Gentile, dont les paysages évoquent le vrai visage de la cité. Il apparaît comme l'incarnation même du cinquecento vénitien. Un précurseur, un inventeur. Un génie. Son art s'apparente à la musique. Il est tout entier rythme et vibrations. En regardant ses toiles, et vous trouverez certainement ce rapprochement hasardeux, paradoxal, voire outré, mais j'entends les nocturnes de Chopin. Vous savez par exemple la première sonate de l'opus 37 interprétée par Maurizio Pollini... Pas d'arabesques, de volutes décoratives, mais une composition simple, sans rien de dramatique ni d'ampoulé, basée sur un accord secret des nuances. Comme chez Chopin.

Les
pavés de la cour brillent sous la grande verrière, et j'observe les
gens qui passent, en attendant de pouvoir accéder au guichet. Une
très vieille femme presque pliée en deux sur sa canne demande un
renseignement à deux jeunes gens très élégants. L'un est assis sur la
margelle, l'autre, la main posée sur le bord du puits tient à la main un
parapluie multicolore. Est-ce la lumière presque métallique, mais
ces personnages ressortent comme s'ils étaient sous un projecteur.
Les couleurs qui les animent en font les protagonistes d'une scène de théâtre, muette. J'aime ce lieu, vers midi.
Mais ailleurs, dans les quartiers retirés de Dorsoduro même, en dehors du circuit habituel des touristes, il règne un calme extraordinairement plein. Un peu comme sur la place d'un village en plein été. Le chant des oiseaux, une radio quelque part... Parfois une barque à moteur passe lentement en crachotant. Les chats dorment sur les margelles des puits. Les portes et les fenêtres entr'ouvertes laissent échapper des senteurs alléchantes. Nul cri, nulle précipitation.
J'imagine ainsi que tous ceux qui vivent derrière ces façades embellies par le soleil, sont endormis ou assoupis. C'est l'un des miracles de Venise. On ressent toujours ainsi à marcher dans les rues de la Sérénissime, dès que la bonne saison revient, une immense sérénité. C'est l'un des meilleurs remèdes que je connaisse à l'inquiétude, à la nervosité, à l'angoisse : Si vous venez d'arriver à Venise, si vos ennuis, vos soucis, vos craintes vous ont accompagné et semblent ne pas vouloir vous quitter, alors, posez vite vos bagages, chaussez vos mocassins les plus confortables, prenez un livre que vous aimez et sortez dans les rues. Marchez, marchez... Allez vous perdre là où le soleil habille les maisons d'un vêtement de grâce. Saluez d'un geste discret de la tête les rares passants que vous croiserez. N'hésitez pas à vous perdre.
Asseyez-vous sur un banc, là, sur ce petit campo que vous ne connaissez pas. Plus tard vers quatre heures, vous trouverez au hasard de vos pérégrinations un joli petit café avec deux ou trois tables sur une place inconnue. Vous y boirez un café ou un verre de vin blanc en lisant tranquillement. Si la faim vous taraude, il y aura certainement quelques tramezzini ou des paste di mandorla. Plus tard, à partir de cinq heures, des gens commenceront à sortir et à apparaître sur ce palcoscenico improvisé. Vous verrez des enfants avec leurs tricycles, des petites filles poussant leurs poupées dans de rutilantes poussettes. Des dames se regrouperont pour bavarder et quelques petits garçons énergiques taperont dans l'inévitable ballon. Le campo peu à peu s'animera. Mais, désirant rester solitaire encore, vous aurez peut-être découvert un peu plus profondément encore dans la Venise authentique, une place où personne ne passe. Un de ces bancs peints en rouge vous accueillera, ou la margelle d'un puits, ces marches au bord du canal.
Rêvez. Si vous désirez lire ou noter vos impressions, mettez-vous à la recherche d'un coin vraiment tranquille. Je vous recommande le parvis de San Elena, à Castello ou le Café del Paradiso, à l'entrée des jardins de la Biennale. Là, sous la tonnelle, avec le parfum des arbres et l'une des plus belles vues de Venise en face de vous, vous trouverez l'inspiration nécessaire pour écrire votre plus belle lettre d'amour ou de rupture. Il y a aussi le jardi de San Alvise à Canareggio, les Zattere et quand les travaux seront terminés, la pointe de la douane. mais là, devant le plus extraodinaire paysage que l'homme ait jamais contribué à créér, vous ne serez jamais vraiment seul (sauf après deux heures du matin et encore un jour de pluie!). Bonne promenade avec vous-même.