Pour
ceux qui sont à Venise en ce moment, touristes ou vénitiens, une
manifestation devenue une tradition, se déroule jusqu'au 21 juillet :
c'est la fête de San Giacomo dell’Orio. Pendant dix jours, le campo
accueille chaque soir des stands gastronomiques et des concerts. La fête
comme on sait la faire à Venise. Musique et bal comme autrefois, avec
une musique d'aujourd'hui. Sur la scène se succéderont des groupes
vénitiens dont certains commencent à se tailler une bonne réputation
comme par exemple le groupe Ska-J, les Pitura Stail pour les amateurs de reggae et la Salsa du groupe Batisto Coco, rythme des Balkans avec le Rimmonnim Klezmer Band, on pourra aussi entendre La Ghenga Fuoriposto de Marghera. Toutes les informations ICI.
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
19 juillet 2012
17 juillet 2012
Les chats de Venise : quelques rescapés
Délices à la vénitienne : la poêlée d'anguilles
"Magna e bevi che la vita xe un lampo"
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Quand vient l'été, le temps des vacances et du farniente, on a souvent envie de changer un peu ses habitudes. Le train-train quotidien, qui laisse peu de place à la fantaisie, est loin derrière nous pour de longues semaines. C'est souvent le désarroi au début. On ne sait plus très bien où on en est. Autre rythme, autres lieux, il faut tout réinventer mais bien vite le corps et l'esprit s'adaptent au nouveau décor. Finies les contraintes, les coups d’œil nerveux à la montre, le stress. C'est enfin le temps pour soi, pour ceux qu'on aime. L'occasion de concocter de bons petits plats et de les savourer. Bien que le temps jusqu'ici n'est pas été des plus cléments, un repas en famille sous la tonnelle, dans le jardin ou un pique-nique sur la plage, quoi de plus sympathique ? Pour nous ce soir, c'était un festin de doge. Jugez vous-même : un gargantuesque plat de polenta fumante couverte d'une épaisse couche de bon beurre fondu et de parmesan frais pour accompagner des Bisati in teglia(anguilles à la poêle) comme on les savourait déjà du temps de Casanova. La recette - qui diverge un peu de la mienne - est d'ailleurs citée dans l'excellent ouvrage "Casanova, un Vénitien gourmand".
Il vous faut : 1 kg d'anguilles préparées et coupées en tranches, des gousses d'ail, un bouquet de ciboulette et un de persil, du romarin frais, et de la sauge (fraîche aussi), huile d'olive, beurre frais, vin blanc, sel et poivre, polenta.
Bien nettoyer les tronçons de poisson, les faire dorer à feu vif dans l'huile d'olive mélangée au beurre. Ajouter ensuite l'ail et les herbes finement ciselées et après avoir bien mélangé le tout, ajouter les feuilles de sauge. Remuer puis ajouter peu à peu le vin blanc en prenant soin de déglacer complètement la poêle pour avoir une sauce très dense. Saler et poivrer. Servir aussitôt sur de la polenta fumante couverte de beurre et de parmesan. Une autre possibilité est de servir les anguilles avec des grandes tranches pain blanc, genre Ciabatta (à faire à la maison, c'est meilleur) que l'on imbibera de sauce. C'est un plat divin.
..Comme je disposais d'oignons et de poireaux frais coupés du jardin des voisins, j'avais garni les assiettes avec une fondue de poireaux et d'oignons cuite doucement avec du poivre dans de l'huile d'olive et du beurre avec un peu d'ail haché . Cette compotée allége parfaitement la polenta et les anguilles couvertes de leur onctueuse sauce. N'ayant plus de polenta sous la main, j'ai servi cette poêlée avec des pâtes simplement juste agrémentées de jeunes tomates bien mûres, d'ail et de romarin frais du jardin. Un délice.
11 juillet 2012
Venise, le sénateur et les paquebots géants
Il est réjouissant de voir que parfois certains de nos combats, ces coups de gueule qui agacent plus d'un lecteur, en rapport avec des faits qui nous désolent tous, sont repris par les grands médias internationaux et peuvent ainsi atteindre enfin le grand public. C'est le cas de l'actuelle polémique sur les Grandi Navi, dont Tramezzinimag dénonce les dangers depuis longtemps et qui fait l'objet d'un excellent article dans Le Monde daté du mardi 10 juillet. Avec pertinence, le papier d'Evelyne Evin expose les faits et donne l'essentiel des éléments qui manquent la plupart du temps aux commentaires sur l'actualité de la Sérénissime. Cela nous réjouit et nous félicitons l'envoyée spéciale du journal pour avoir su traduire avec exactitude et précision la situation actuelle à venise !
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Un sénateur italien veut mettre Venise et sa lagune à l'abri des paquebots géants par Florence Evin
Le trafic aux abords de la cité des Doges est de plus en plus intense en dépit d'interdictions prises par le gouvernement
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Lundi 9 juillet, Felice Casson, sénateur de Venise, devait présenter son projet de loi "Pour la sauvegarde de Venise et sa lagune" aux
habitants de la cité. Ce projet, actuellement en discussion devant la
Commission pour l'environnement du Sénat, prévoit de confier au maire
de Venise la pleine autorité sur la gestion de la ville et de sa
lagune. Et représente, s'il est adopté, l'espoir d'un vrai changement.
Car si, au lendemain du naufrage du Costa Concordia sur l'île de Giglio, l'injonction de l'Unesco
visant à interdire l'accès du bassin de Saint-Marc et du canal de la
Giudecca aux grands paquebots a été entendue par l’État italien, rien
n'a changé sur le terrain. L'arrêté ministériel pris le 2 mars
interdit bien aux navires de plus de 40 000 tonneaux de croiser au plus
près du palais des Doges... Mais il ne sera appliqué qu'après la mise en
place d'une solution alternative. "Toutes les autorités, aux compétences très variées, se renvoient la balle, précise le sénateur Casson, ancien procureur de la République à Venise, la
capitainerie du port, le ministère des travaux publics, l'autorité
portuaire, la province, la commune, le magistrat des eaux, organisme
créé au XVIe siècle et qui aujourd'hui dépend de l’État..."
Comme le résume avec humour Francesco Bandarin, directeur général de la culture à l'Unesco, vénitien lui-même, "la situation est "pilatesque".
Tous se lavent les mains. Et le problème du stationnement de ces
monstres des mers tarde à être résolu : ils sont de plus en plus
nombreux à mouiller dans le port de Venise, à l'extrémité du Grand
Canal. "Les deux ou trois grandes compagnies de croisières qui
contrôlent le trafic mondial ont une puissance de feu remarquable.
C'est le business le plus spectaculaire de la planète" constate M. Bandarin.
Ainsi, le Divina de la compagnie MSC Croisières, baptisé le 26 mai à Marseille avec Sofia Loren
pour marraine - 333 mètres de long, 67 de haut, 38 de large, 18 ponts,
4.365 passagers, jaugeant 140.000 tonneaux - programme toutes ses
croisières au départ de Venise. Ces paquebots de luxe, trois fois plus
hauts que les édifices multicentenaires, font des ronds dans l'eau
jusqu'à frôler l'île. Une vision qui pétrifie, tant leur masse
impressionne.
Le maire de Venise, Giorgio Orsoni s'inquiète "des
dégâts provoqués sur les fondations de la cité par le passage des
bateaux dans le canal de la Giudecca, profond de dix mètres seulement.
Leur déplacement sous l'eau a un effet de pompe sur les vases, jusqu'à
faire trembler la basilique Saint-Marc". Sans compter l'air vicié : "En une seule journée, chaque paquebot libère une pollution égale à 14.000 voitures", prévient le comité No Grandi Navi Venezia, qui ne rate pas une occasion de protester à bord de barques traditionnelles.
Désabusé, le maire enfonce le clou : "nous
sommes victimes de l’État. Le bassin de Saint-Marc, la grande place
d'eau de la ville, appartient à l’État. C'est comme si le maire de
Paris n'avait pas son mot à dire sur la place Vendôme. Les grands
paquebots traitent avec les autorités portuaires qui dépendent de
l’État. Ils versent 40.000 euros à chaque mouillage. Il y a 3 500
passages par an. Cela ne rapporte rien à Venise. Les deux millions de
passagers qui débarquent ne dépensent rien, tout juste une boisson".
La fragilité de la lagune inquiète. "Les
vagues profondes créées par le passage des bateaux creusent les fonds
et transforment peu à peu la lagune en bras de la mer Adriatique. Ce
phénomène d'érosion est particulièrement grave dans sa partie sud", précise le professeur Angelo Marzollo, auteur pour l'Unesco du rapport "Écosystème lagunaire vénitien". Quelle option retenir ? Le sénateur Casson se montre radical : "Il
faut positionner les bateaux de plus de 30.000 tonneaux hors de la
lagune. Soit au port de Malamocco, soit dans un port offshore créé
exprès près du MOSE, (système d'écluses, en
chantier, qui fermera la lagune pendant les hautes eaux). Et en
attendant, le port de Marghera, desservi dans la lagune par l'ancien
canal des pétroliers, pourrait faire l'affaire".
Au final, c'est la sauvegarde de Venise, patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1987 et lieu de vie, qui est en jeu. "Les Vénitiens n'habitent plus Venise, devenue trop chère, déplore le sénateur. Les
canaux sont bouchés, il faut les nettoyer et ne pas réserver les
financements disponibles à la seule construction du MOSE. Le tissu
urbain est très délicat. 60 000 habitants ne peuvent accepter vingt
millions de touristes par an" sur six kilomètres carrés. Il faut
favoriser "un tourisme intelligent."
"Le point de vue doit être patrimonial avant tout, résume Francesco Bandarin. La ville est une icône, elle doit l'assumer complètement. Il faut avoir une vision stratégique pour les dix ans à venir." La loi Casson, si elle est votée, devrait donner à Venise les clefs de son propre destin.
Florence Evin
© Journal Le Monde
Pour lire l'article sur le site du journal, cliquer ICI
10 juillet 2012
Un chat par un après-midi d'été à Venise...
Ne
serait le décor et les accessoires qui montrent bien combien notre
époque est dénuée de sens esthétique, favorisant depuis des lustres le
pratique plutôt que la beauté, cette image pourrait être de tout temps.
Un chat, au soleil, sur le rebord de sa fenêtre qui observe des moineaux
sur le toit voisin. L'ocre de la façade, l'intensité du soleil et la
douceur de l'air, tout cela respire la sérénité d'un jour de juillet
quand le vent ne souffle pas encore les étouffantes effluves qu'il
ramène des lointaines contrées africaines...
02 juillet 2012
Venise et les peintres (I)
Venise et les peintres... Une longue histoire d'amour. un peu de hargne aussi parfois. Comment résister à cette lumière, à ces couleurs, à la magie des reflets...
Ce miroitement qu'il est tellement difficile de traduire. Et les perspectives, la beauté altière des palais, la fascinante profondeur des ciels changeants... Beaucoup ont échoué à traduire ce miracle de beauté. Certains y parviennent à tel point que leur œuvre est définitivement associée à tout cela qui fait Venise et le regard qu'on pose sur elle, même à distance.
Bon nombre de voyageurs ont avec eux un carnet à dessin où ils tentent d'immortaliser toute la beauté des lieux qu'ils arpentent. Simples ébauches, dessins achevés, crayon, encre, aquarelle, ces croquis ont toujours une âme et sont la plupart du temps remplis de poésie. Ils traduisent, parfois maladroitement l'amour de leurs auteurs pour Venise.
01 juillet 2012
Premier dimanche de juillet, l'été enfin !
That sunday, that summer chante Nat King Cole. Cette belle chanson rythme ce premier et délicieux dimanche de juillet. Il fait vraiment beau, l'air est doux, parfumé encore des senteurs printanières qui ont tant tardé à se répandre, qu'une brise légère comme dans un film de Jacques Demy, répand dans la maison. Constance termine la préparation de son sublime fondant au chocolat. Tout à l'heure nous irons à la messe, comme chaque dimanche chez les dominicains, dont la magnifique liturgie retient et séduit les plus rétifs de mes enfants tellement tentés par l'attrait des fureurs du monde moderne et qui retrouvent dans ces moments tout ce pourquoi l'office dominical a été créé et qui en est peut-être le principal Mystère. Arrivant tous avec le poids de nos faiblesses, de nos doutes, notre mauvaise humeur et nos ressentiments, l'heure d'abandon au milieu des volutes d'aloès et de myrrhe, portés par le chant des moines sous la splendeur baroque de ce temple, fait fondre nos carapaces et tomber nos haillons. Je remarque à chaque fois l'atmosphère joyeuse et légère de la sortie, quand sur le parvis les fidèles se mêlent aux frères.
C'est à chaque fois comme le deuxième allegro du concerto en La mineur de Vivaldi (RV418) dont on retrouva une copie dans l'ancien monastère de Cosmo e Damiano, à la Giudecca, ce bel édifice encore debout aujourd'hui et qui fut tour à tour un entrepôt, une usine de textiles, un hospice pour déshérités. L'église y abritait des trésors dont certains sont aujourd'hui conservés à l'Accademia. Mes lecteurs vont finir par penser que cela tourne à l'obsession pathologique, mais je ne sais aborder un sujet sans évoquer rapidement le lien qui se fait en moi avec la Sérénissime. Mais si c'est de démence dont il s'agit, je veux bien m'y vautrer avec joie et détermination Et à tout jamais ! Bon dimanche à tous.
29 juin 2012
Pour une fois qu'une guerre ne tuera personne !
Beaucoup de mes lecteurs s'insurgent parfois du caractère négatif de certains des billets de TraMeZziniMag.
Le constat quotidien de la perte d'âme est douloureux pour ceux qui,
vivant à Venise ou la considérant comme leur patrie de cœur. cependant,
il ne fait pas de nous des réactionnaires aigris. Au contraire.
Seulement, lorsque la plupart des médias - cela dure depuis des siècles -
tendent à véhiculer une vision orientée des événements où tout n'est
pas bon à dire, j'estime que nous devons dire la vérité. C'est une chose
vitale pour la liberté. La phrase de monsieur de Beaumarchais,
"Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres" devrait être le
serment prononcé par tous ceux qui font profession d'informer.
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Dire que les tagueurs sont
des iconoclastes dangereux fait ricaner. Avoir dépassé le demi-siècle et
dire cela de jeunes gens vigoureux qui inventent le monde de demain est
pour beaucoup un crime de lèse-majesté. Surtout ne critiquons pas notre
belle jeunesse. Pourtant ces writers comme on les a baptisé,
commettent par la laideur de leurs graffitis un crime contre la beauté.
Leurs graffitis n'ont rien à voir avec l'Art Urbain, le street art,
qui s'il investit les mêmes supports dans les villes, est avant tout
une démarche esthétique, une posture artistique qui le plus souvent
s'intègre bien aux lieux où il est apposé, ne les défigure ni les
endommage et constitue une forme reconnue d'activité artistique. Ces
pochoirs et autres collages ont une durée de vie volontairement limitée.
Ils expriment, souvent avec beaucoup d'humour, un message, personnel ou
générique, où l'humour et la beauté sont toujours présents. Ce n'est
hélas jamais le cas de ces tags sauvages. Rien à voir avec le sympathique collage ci-dessous qui ne nuit en rien à l'harmonie des lieux.
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Photographie : © Eric Ségelle - Tous Droits Réservés. |
En attendant, le Gazzettino s'en faisait l'écho hier ou avant-hier : la guerre aux murs souillés est déclarée et Tout l'arsenal répressif est en route, mais s'il est satisfaisant de savoir que l'autorité publique a enfin pris la mesure du défi, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte c'est qu'on permette enfin aux visiteurs comme aux quelques vénitiens qui restent de ne pas être partout et à tout moment, confrontés à ces tags hideux, signatures hiéroglyphiques bizarroïdes qui servent à marquer le territoire de ces ersatz de révoltés comme en usent les canidés avec leur urine. Retrouver une ville certes décatie dans bien trop d'endroits, mais qui demeure le vivant manifeste de l'amour des hommes pour la beauté, leur participation à la transcendance.
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L'annonce
de cette guerre ouverte officiellement a été accueillie avec joie par
les vénitiens. (un vieux gondolier connu pour ses saillies, s'est écrié
dans son bar favori en lisant le journal "Tiens, ça y est enfin, la chasse est ouverte !").
Les contrevenants pris sur le fait seront traduits devant les tribunaux
pour dégradation récidivante et les peines seront lourdes. En
attendant, tous à nos éponges, nos brosses et nos pinceaux pour nettoyer
les façades et faire oublier cette laideur !
28 juin 2012
San Gregorio au temps des Habsbourg
Le cloître de San Gregorio par Antonietta Brandeis (1849-1920)
25 juin 2012
Mes lieux secrets : les bibliothèques de Venise
Ils n'ont rien de bien original, ces lieux où j'aime m'installer à Venise pour travailler, enrichir ma connaissance de la ville et de son histoire, écrire aussi. Les lecteurs de Tramezzinimag ont compris depuis longtemps que lire et écrire sont le moteur de mes jours. Si j'écris n'importe où, j'ai besoin pour lire et réfléchir à ce que je lis, de lieux spécifiques. La Querini le soir, la Fondation Cini, les Archives d’État aux Frari, la petite bibliothèque de l'institut d'études orientales de l'Université... Autant de lieux qui ne seront jamais envahis par les foules et demeurent des endroits merveilleux, tant par leur cadre, que leur emplacement, leur histoire et... leur odeur, faite de poussière et de ce mélange d'huile de lin et de térébenthine qu'on utilise ici pour faire briller les sols en terrazzo comme les boiseries des murs.
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Ceux qui me lisent savent combien les salles de la Querini Stampalia ont compté pour moi. Les longues soirées studieuses quand la nuit tombée sur la ville recouvrait tout d'une chape de mystère et de rêve, avec par les fenêtres grandes ouvertes le parfum de l'herbe coupée du jardin, le clapotis de l'eau de la fontaine, une cloche au loin... A l'étage des Archives, on respire une odeur particulière de poussière et d'herbes rares, certainement le parfum des poudres utilisées pour chasser les insectes et prévenir la moisissure des vélins anciens. C'est pour moi l'odeur du passé glorieux de Venise.
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Dans les belles salles de la Fondation Cini, la lumière pénètre par de grandes baies vitrées et joue avec chaque forme, égayant le silence recueilli qu'elle anime soudain d'une farandole muette où des milliers de grains de poussière dansent joyeusement... Il y a aussi les salles de l'Ateneo Veneto, et bien sur la Marciana...
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Autant de sanctuaires du livre, remplis de trésors passionnants à découvrir. Une vie entière ne suffirait pas pour tout lire, tout humer, tout feuilleter... Fort heureusement, d'autres après nous en découvriront les joies. Aucune tablette numérique, même la plus sophistiquée, ne remplacera jamais le bonheur qu'il y a à prendre un livre dans des rayonnages anciens, à le poser sur la table sous la lampe, à l'ouvrir respectueusement puis à en tourner les pages, humant tous les parfums qui s'en exhalent, vapeurs odoriférantes venues des temps anciens, particules de l'air qu'on respirait autrefois.
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24 juin 2012
COUPS DE CŒUR N°47
Antoine et Marie, deux parisiens rencontrés récemment par le biais de ce blog, nous ont demandé "d'autres" adresses de restaurants. Je vous livre ici deux endroits que j'aime et où on mange bien. Ils sortent de l'ordinaire vénitien et n'ont rien en commun avec ces gargotes adeptes du "menu turistico", tout de même toujours frais mais de moins en moins inventif et s'éloignant de plus en plus de la vraie cuisine vénitienne déjà sacrément ébranlée depuis la première guerre mondiale (cf. l'excellent ouvrage d'Alvise Zorzi "la cuisine des
doges" dont nous avons déjà parlé).
S.Croce, 1762
ponte del megio
tel.: 041-5241570.
Fermé le dimanche
Fermé le dimanche
Située
près du pittoresque campo San Giacomo dell'Orio, à l'angle d'un pont et
d'un canal, 'tout près du Palais Mocenigo et de San Stae), à deux pas de
l'arrêt du vaporetto, cette trattoria est née il y a vingt cinq ans.
Autrefois repère d'étudiants, on pouvait y dîner de risotto à la
citrouille ou aux champignons, de pizzas garnies de légumes frais, et
boire un agréable vin de pays. Les temps ont changé, les clients ont
vieilli et les propriétaires ont passé la main. Le décor demeure assez
rustique, la clientèle faite pour l'essentiel de voisins et de
gondoliers. Si on y mange toujours aussi bien, les prix sont un peu plus
élevés mais restent très raisonnables. L'ambiance y est restée très
chaleureuse. C'est aussi fermé le dimanche comme trop de bons endroits.
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Castello 6671, Barbaria delle Tole
Tel. : 041 522 06 19
Quand nous
logions chez la rayonnante Caroline Delahaie à sa Ca'Bragadin, le
maître de maison, Gérard, nous avait recommandé une trattoria voisine,
située sur la Barbaria delle Tole, cette rue très animée au nom
pittoresque dont l'origine vient des anciennes scieries qui y étaient
installées autrefois. Il y avait sur la Fondamenta Nuove, et tout le
long des bords de lagune des chantiers navals. L'endroit où est aujourd'hui,
parmi de nombreux magasins le restaurant dont nous parlons, était autrefois le
lieu d'arrivée des nombreuses régates organisées par la République. Les
vainqueurs recevaient - c'est encore comme cela aujourd'hui - des bannières de
tissus aux couleurs des quartiers ou des corporations. D'où le nom de la
trattoria. Mais dans le quartier, les vénitiens continuent de l'appeler "da
Tiraca" (en dialecte vénitien le mot "Tiraca" veut
dire "bretelle"), simplement parce que l'ancien propriétaire
était célèbre pour ses nombreuses et originales bretelles. Lieu accueillant, où
l'on continue de préparer des plats typiques essentiellement à base de
poissons. Des préparations simples mais toujours à base de produits très frais
et de qualité. C'est du "comme à la maison" et après y avoir
goûté, plus personne n'en doute, je vous l'assure. C'est pour ça que dans la
salle on entend surtout parler vénitien et que le dimanche c'est rempli de
familles qui viennent passer un agréable moment "casalinga".
C'est à deux pas de Zanipolo (SS. Giovanni e Paolo). Vous y serez bien
accueillis et vous ne regretterez pas votre soirée ! Au passage, je
signale la pâtisserie RosaSalva, aux pieds de la statue du Colleone.
Dès les premiers rayons de soleil du printemps, la terrasse est très agréable.
Le café y est bon et vous pourrez choisir pour l'accompagner les délicieuses
pâtisseries à base d'amande de la maison (essayez donc la "torta di
Mandorla" rectangle de pâte sablée garnie d'une pâte faite d'amandes
hachées, de noisettes et recouvert de sucre glace, un délice vraiment). Les tramezzini
y sont très bons, ainsi que le croque-monsieur ("toast" en
italien). Le bar voisin est aussi très agréable. Une bonne étape après la
visite de la basilique et avant d'entamer une longue promenade sur les quais du
Nord, face à San Michele.
Ces fameux
biscuits très secs que les marins emportaient avec eux ?Plusieurs pâtissiers en
fabriquent encore mais les plus célèbres sont ceux de Colussi. Le
pâtissier Marchini en propose aussi et les expédie dans le monde entier.
Un ami médecin, le docteur De Vanni, disait toujours que c'est le seul
biscuit manufacturé au monde sans un seul produit chimique artificiel,
naturellement sec avec 10 grammes de matière grasse pour 100 grammes de
biscuit, autant de protéines et le reste en carbo-hydrates. ce qui donne un
délice avec 440 calories pour 100 grammes. Voilà ce qui explique le goût des
marins pour ce biscuit coupe-faim et léger en même temps. En plus la boite est
jolie. les affiches publicitaires originales de Colussi datant des années 30 se
vendent une fortune. Parfois, on trouve de vieux modèles de boîtes chez les
brocanteurs de Venise. J'en ai trouvé une illustrée de marquises et de masques
datant des années 1940, un jour sur un mercatino d'antiquités à Rome,
pour trois sous. La prochaine fois que vous allez à Venise, goûtez-les. On en
trouve parait-il à Paris.
23 juin 2012
L'Amerigo Vespucci mouillait à Venise
Le fringant voilier de la marine italienne était à Venise il y a quelques semaines. C'était à l'occasion du 151e anniversaire de la Regia Marina (la Royale italienne). Ce magnifique navire-école à la coque noire rayée de blanc est très reconnaissable, avec sa luxueuse proue dorée. Sa masse élégantissime sied bien au décor unique du Bacino di San Marco ne trouvez-vous pas ? Né sous le fascisme, il est la réplique avec son sistership, le Cristoforo Colombo (cédé aux soviétiques en 1948 et devenu le Dunaj, détruit en 1971) d'une frégate du XIXe siècle. Si vous avez pris des photos du navire et de ses visiteurs, n'hésitez-pas à nous les envoyer, nous les publierons dans ces colonnes.
22 juin 2012
La Casa Zuliani
"Signor Lorenzo, signor Lorenzo, aiuto !" C'est avec ces paroles inquiétantes hurlées plutôt que prononcées par la vieille dame du second, au moment où j'allais ouvrir les volets de la galerie Ferruzzi, au 710 de la Fondamenta Venier, à San Vio, dont j'étais depuis quelques mois le responsable, que commença ma journée.
C'était un matin de printemps,
l'air était doux, la lumière diaphane. Le quartier étai encore
silencieux. Seul le petit bar de l'autre côté du rio delle Torreselle
était déjà ouvert, diffusant la délicieuse odeur du café fraîchement
moulu. Les cris venaient d'une des fenêtres au-dessus de la galerie. La
voisine échevelée penchait la tête et gesticulait, visiblement en prise à
une certaine panique. j'imaginais déjà un incendie ou je ne sais quel
horrible accident.
La porte du 709 était ouverte, je
grimpais l'escalier quatre à quatre. Arrivé sur le palier du deuxième
étage, la première porte était entrouverte. La Signora était
littéralement agenouillée, la tête inclinée devant une banquette. Elle
en soulevait d'une main les franges et de l'autre essayait d’attraper
quelque chose. On entendait des feulements. Échevelée, la vieille dame
d'habitude toujours très élégante, était méconnaissable. Vêtue d'un
peignoir parme et en pantoufles, elle semblait désorientée. Sous le
divan, sa chatte Melia, belle petite siamoise
d'un an, était en train d'accoucher pour la première fois. Et cela ne
se passait visiblement pas très bien. L'animal miaulait de terreur et la
vieille dame gémissait et hurlait.
Je me penchais à mon tour. Le spectacle était assez effrayant : la petite chatte, certainement terrorisée par les douleurs de l'enfantement, coincée entre les ressorts et les lattes du sommier, ne parvenait plus se dégager. Le travail avait commencé, et un chaton pendait lamentablement, une patte accrochée à un bout de ressort métallique. La chatte miaulait désespérément, et la vieille dame se lamentait de plus belle.
Ma salive ravalée, j'entrepris de
soulever le divan. C'était un de ces gros meubles en bois sombre comme
on en trouve beaucoup à Venise, vestige des décors très en vogue du
temps des autrichiens. Il était aussi lourd qu'un bahut breton. La
chatte, comprenant qu'on venait à son secours s'était mise à ronronner.
Le petit, suspendu au sommier, tout dégoulinant et poisseux, remuait ses
petites pattes comme s'il cherchait à se sortir de cette position, peu
naturelle pour un nouveau-né. Le divan soulevé et le dosseret posé sur
le sol, je réussis à écarter deux énormes ressorts, libérant la pauvre
bête et son petit. La vieille dame vida une boite à ouvrage matelassée
qui se trouvait à portée. elle la garnit d'un coussin et le recouvrit
d'une serviette. On y déposa enfin la jeune maman. Dans les minutes qui
suivirent, trois petits vinrent rejoindre leur aîné revenu de loin et
qui déjà tétait goulûment.
Soulagée, la Signora me proposa un
café. Elle disparut quelques minutes dans sa chambre et revint coiffée
et pomponnée. Son visage avait repris des couleurs, et un large sourire
éclairait son regard. Le divan remis en place et les traces de
l'accident effacées, le salon avait retrouvé son atmosphère paisible.
Situé exactement au-dessus de l'entrée de la galerie, il était rempli de
meubles en acajou. Le pavimento me sembla assez ancien, jaune et
blanc, il était recouvert d'un tapis de laine. Aux murs plusieurs vues
anciennes et des broderies comme on en réalisait beaucoup à la fin du
XIXe. "Savez-vous que cette pièce a été occupée par Henri de
Régnier, le poète français ? La maison était une pension tenue par mes tantes. Il a habité
ici à plusieurs reprises. Il voulait toujours une des chambres qui
donnent sur le jardin, mais mes tantes disaient qu'elles étaient trop
sombres".
J'avais eu l'occasion à plusieurs reprises de visiter la Ca'Dario que personne alors n'habitait vraiment. Au Palais Mocenigo, la comtesse Foscari m'avait montré un vieux livre d'or où l'écrivain avait laissé un mot et sa signature, l'antiquaire du campiello Barbaro avait essayé de me vendre un encrier en papier mâché jaune très abimé, prétendant qu'il lui avait appartenu... Mais je n'avais jamais senti sa présence avec autant d'acuité. Moi qui prétendait devenir écrivain, je me trouvais soudain, par le plus grand des hasards et l'imprudence d'une jeune chatte parturiente, dans une pièce où il avait certainement écrit ou réfléchi à ses livres à venir. Des fenêtres on dominait le rio et ses deux quais, celle de San Vio où se dresse la maison, et la Fondamenta Zorzi Bragadin où on voit le jardin cachés par de hauts murs au regard des passants et le portique de pierre qui ouvre sur le campiello Sabbion avec son joli puits. Henri de Régnier décrit la maison des Sorelle Zuliani dans le premier volume de L'Altana où la Vie vénitienne.
Quelques jours plus tard, la
vieille signora vint me voir à la galerie. Mon bureau était dans la
salle du fond. Voûtée, elle donne sur les jardins du palais Venier. Un
grand fauteuil club recouvert de tissu peint à larges rayures par
Ferruzzi accueillit la dame un peu plantureuse. "Mes tantes n'aimaient pas ce jardin, il faisait trop d'ombre dans la maison et amenait les moustiques".
Détail déjà noté par Régnier. Elle était venue me remercier, et posa un
petit paquet sur mon bureau. Dans le papier de soie mauve, je découvris
deux petits miroirs ovale au tain un peu passé encadrés par de jolis
volutes en stuc noir à l'imitation de l'ébène. "Ils ont toujours été dans la maison et j'ai pensé que cela vous plairait de les avoir". Je les vois chaque matin quand je me lève, et je pense alors à la vieille Signora, aux sœurs Zuliani, à Henri de Régnier dont ils ont certainement réfléchi l'image, du temps où il vivait au 709 de la Fondamenta Venier.
COUPS DE COEUR (HORS-SERIE 30) : Aller écrire à Venise avec Virgine Lou-Nony
Après avoir participé à la création de l'Aleph, elle a développé une formule d'ateliers d'écriture bien à elle, enracinée dans son propre travail d'écrivain. Avec Joseph Périgot, lui aussi écrivain et fin cuistot, comme elle amoureux de l'Italie, le stage d'écriture qu'elle propose se déroule en pension complète, un huis-clos confortable du côté de la Misericordia, quartier paisible et pittoresque, avec une cuisine all'italiana. De quoi entrer en écriture avec joie et détermination ! Le stage aura lieu du 14 au 21juillet 2012. Mais dépêchez-vous, le nombre de places est réduit.
Je vous renvoie à sa page : http://atelier-ecriture.net/ateliers-voyage/venise
Je vous renvoie à sa page : http://atelier-ecriture.net/ateliers-voyage/venise
18 juin 2012
"I Writers"... de drôles d'écrivains à Venise
Venise, trésor historique et fragile, n'est pas épargnée par les tags et les graffitis qui fleurissent depuis des années aux quatre coins du monde. Un groupe de vénitiens vient de réaliser la cartographie de ces actes gratuits de vandalisme. Tramezzinimag s'est souvent fait l'écho de cette vérole qui peu à peu défigure la Sérénissime. Monuments célèbres, colonnes antiques de marbre, margelles de puits, murs de maisons dans les coins les plus retirés de la ville, sont continuellement souillées par des écrits tracés à l'encre indélébile à l'aide de ces peintures en spray que l'on retrouve souvent par terre, vides et abandonnés par les auteurs de ces souillures. Pont du Rialto, Piazza San Marco, Santa Maria dei Miracoli, Lions de l'Arsenal, et des tas d'autres lieux symboliques de la cité des doges, pas un monument qui soit épargné.
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D'après les enquêtes effectuées par la police locale, il semblerait que ces actes de vandalisme caractérisé soient le fait de bandes venant de l'extérieur de la ville. Il s'agirait d'une sorte de défi qui pousserait ceux qu'on nomme désormais - avec un sens de la dérision qui n'appartient qu'aux vénitiens - i Writers à se rendre à Venise pour laisser un signe dans les endroits les plus visibles possibles. A ce jour, l'administration municipale n'a pas réussi à juguler ce phénomène. Le manque de surveillance nocturne laisse toute latitude à ces voyous pour agir sans risquer de se faire prendre. Il y a encore vingt ans, les vigiles chargés de surveiller les commerces arpentaient chaque nuit la ville. Nombreux, ils n'auraient jamais permis que cette lèpre se développe. Personnellement, je ne crois pas qu'il ne s'agisse que de gens venant de la terraferma ou de l'étranger car pour circuler vite et sans être vu à Venise, même avec peu de patrouilles nocturnes, il faut parfaitement connaître le réseau de calle et de campi...
Heureusement, les vénitiens qui n'en peuvent plus, sont décidés à ne pas rester sans rien faire. Le mouvement Venessia.com auquel TraMeZziniMag est fier d'appartenir a déjà médiatisé sa réaction, non pas en couvrant de la même peinture qu'ils utilisent (je prônerai davantage le goudron et les plumes ce serait encore mieux !), mais en organisant une séance très médiatisée de restauration : de nuit, armés de brosses et de peinture blanche, ils ont nettoyé un des lieux symboliques souillés par ces imbéciles de writers, un mur du Fontego dei Tedeschi, au pied du Rialto. Il y a eu ensuite la création sur Facebook du groupe I Nostri Masegni Puliti e Splendenti (dalles nettoyés et resplendissantes), à l'initiative de Cecilia Tonon qui a réalisé un inventaire photographique très complet des graffitis dans le centre historique. Le groupe s'emploie depuis sa naissance à alerter l'opinion en attirant les médias nationaux et internationaux, afin de pousser l'administration à se positionner.
A ce jour, Allessandro Maggioni, l'adjoint chargé des Travaux Publics est le seul a avoir réagi. Dans une conférence de presse, l'assesseur a promis l'installation de caméra de vidéo-surveillance autour du pont du Rialto. On a aussi évoqué la possibilité de faire appel au mécénat pour financer le nettoyage des graffitis qui pullulent sur le pont. L'administration s'est engagée à nettoyer pendant les douze prochains mois les souillures qui ornent les parois des immeubles et des monuments de quatre itinéraires particulièrement touchés ( de la Piazzale Roma au Rialto en passant par l'Accademia, de San Polo au Rialto, du Rialto à la Piazza San Marco, de la Stazion eau Rialto en passant par la Strada Nova). Le coût de l'opération est estimé à un peu plus de 200.000 euros. Il faudra ajouter à cette somme le coût du nettoyage du pont du Rialto (12.000 euros à ce jour), 22.000 euros pour nettoyer l'Area Marciana, à San Marco et 6.000 pour le nettoyage de six lieux emblématiques choisis par le groupe Facebook.
L'invasion de ces writers iconoclastes ne représente certes pas une énorme dépense pour la ville mais ces sommes auraient pu être bien mieux employées. Tout le monde s'y met. Même l’Association des Guides Touristiques de Venise qui a récolté des fonds pour le nettoyage des deux colonnes de la Piazzetta.
Remerciements à Gioia Tiozzio.
A ce jour, Allessandro Maggioni, l'adjoint chargé des Travaux Publics est le seul a avoir réagi. Dans une conférence de presse, l'assesseur a promis l'installation de caméra de vidéo-surveillance autour du pont du Rialto. On a aussi évoqué la possibilité de faire appel au mécénat pour financer le nettoyage des graffitis qui pullulent sur le pont. L'administration s'est engagée à nettoyer pendant les douze prochains mois les souillures qui ornent les parois des immeubles et des monuments de quatre itinéraires particulièrement touchés ( de la Piazzale Roma au Rialto en passant par l'Accademia, de San Polo au Rialto, du Rialto à la Piazza San Marco, de la Stazion eau Rialto en passant par la Strada Nova). Le coût de l'opération est estimé à un peu plus de 200.000 euros. Il faudra ajouter à cette somme le coût du nettoyage du pont du Rialto (12.000 euros à ce jour), 22.000 euros pour nettoyer l'Area Marciana, à San Marco et 6.000 pour le nettoyage de six lieux emblématiques choisis par le groupe Facebook.
L'invasion de ces writers iconoclastes ne représente certes pas une énorme dépense pour la ville mais ces sommes auraient pu être bien mieux employées. Tout le monde s'y met. Même l’Association des Guides Touristiques de Venise qui a récolté des fonds pour le nettoyage des deux colonnes de la Piazzetta.
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A la demande de plusieurs lecteurs de Tramezzinimag, nous venons de prendre contact avec la municipalité afin d'envisager le lancement d'une campagne de dons pour participer au nettoyage de ces souillures. Nous vous tiendrons au courant dès que quelque chose nous sera proposé.
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Remerciements à Gioia Tiozzio.
14 juin 2012
A Venise, l'infini prend peu de place... Adieu Hector Bianciotti !
Il
venait d'Amérique du Sud, sa famille était originaire d'Italie, il
était devenu l'un des écrivains français les plus importants de son
temps, reconnu et couronné par ses pairs. L'académicien Hector Bianciotti vient
de s'éteindre à l'âge de 82 ans, après des mois d'une terrible
souffrance, peut-être la pire pour un auteur, quand il ne trouve plus
les mots et en perd le sens même. Après avoir écrit en espagnol, après
s'être intéressé à la littérature italienne qu'il fit traduire le plus
souvent possible quand il était éditeur chez Gallimard, Bianciotti s'exprima en français. cela donna des ouvrages magnifiques, comme Sans la miséricorde du Christ qui lui valut en 1985, le prix Fémina en suivi par le prix de l'Académie Française, Le Traité des saisons, ou encore l'émouvant Seules les larmes seront comptées.
Le dernier texte que j'ai lu de lui, Le pas si lent de l'amour, m'avait remué. L'écrivain s'y montrait convaincu de n'avoir pas d'autre issue à sa vie que de "se perdre pour toujours" :
"La vie est trop dissipée pour le pas si lent de l'amour ; il se fait tard ; et je n'ai pas d'Ithaque."
Il
avait compris que Venise, où l'infini prend si peu de place, pouvait
être conçue comme un mythe et que si on a le bonheur de pouvoir s'y
fondre réellement un jour - privilège somme toute assez rare - on y
était enfin chez soi.
Lieux secrets de Venise : la Corte Botera
Il en est ainsi de la Corte Sconta detta Arcana, plus officiellement Corte Botera, que les peintres employés ces temps derniers à la restauration des célèbres nizioloti, les panneaux de rue ont malencontreusement transformée en Corte Bottera (!). Un lieu magique dont le charme ne peut laisser personne indifférent. Une grande cour à laquelle on accède à la sortie du ponte dei Gonzafelzi par une petite fondamenta suspendue récemment rénovée. Une porte basse, une grille et le visiteur débouche après un sottoportego assez court sur une cour carrée dallée de masegni antiques, ces fameuses plaques de pierre qui couvraient tout Venise autrefois et qu'on a hélas peu à peu remplacé par des dalles modernes dans la plupart des rues de la ville. La margelle d'un puits de style gothique au milieu, un escalier extérieur couvert, des bâtiments très anciens pour la plupart et les vestiges d'un portail monumental de style byzantin, qui fut autrefois l'entrée principale d'une riche demeure, le palazzo Contarini della Zoggia. C'est peut-être de cette porte-là dont il s'agit dans le livre d'Hugo Pratt, le passage magique qui permet de quitter le monde quand on s'en est lassé pour rejoindre un ailleurs mirifique...
Fatigués d'avoir à nettoyer plusieurs fois par jour déchets et déjections, bouteilles de plastique et canettes abandonnées, les riverains ont fait fermer l'accès à la cour. Seule l'entrée d'eau reste accessible mais, n'étant pas encore restaurée, personne ne se risquerait à s'y aventurer de peur de glisser et de devoir prendre un bain forcé. Il y a bien un autre accès par la rue derrière, la calle delle carrozze, mais là aussi, la porte est la plupart du temps hermétiquement close.
En sonnant au portail, vous aurez peut-être la chance d'avoir un interlocuteur bienveillant qui vous ouvrira etacceptera de vous faire visiter l'endroit.
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Enfant, lors de mes vacances vénitiennes, je venais y jouer avec des amis de mon âge qui habitaient au deuxième ou au troisième étage sur la cour. Ce fut un terrain de jeu extraordinaire et, avant Corto Maltese, nous y avions notre univers. Combien de ballons sont partis dans le canal, combien de parties passionnées avec mes soldats Starlux et nos petites voitures. Sconte, salto biralto, cimbani... Autant de jeux typiques qui occupaient les gamins vénitiens pendant des heures et dont je garde plein de souvenirs... Une vieille dame se tenait souvent avec sa chaise au pied de l'escalier. Ai-je jamais su son nom ? Dans l'après-midi, quand l'air se faisait plus doux, d'autres la rejoignaient. Nous partions alors courir dans les rues adjacentes jusqu'à l'heure de la Merenda, (le goûter). Biscuits et Nutella qui s'appelait encore Supercrema...
La saison des artichauts à Venise
La saison des artichauts à Venise commence dès la fin du mois d'avril avec la récolte des castraure, le premier germe de la plante que l'on taille pour permettre la croissance plus ferme et régulière de la plante. Petit et tendre, d'une forme allongée avec des épines au bout des feuilles, l'artichaut de Venise d'un très beau violet sombre qui rappelle le ton de certains velours précieux de Mariano Fortuny, d'où son nom de “carciofo violetto di sant’Erasmo”( artichauts violets de Sant'Erasmo), devenu depuis quelques années un label déposé qui en garantit la provenance et la qualité. L'île de Sant'Erasmo, le potager séculaire de Venise, est une terre parfaite pour la culture de l'artichaut avec un sous-sol sablonneux et crayeux qui permet à chaque pied de produire jusqu’à vingt artichauts chacun. D'autres îles en produisent aussi : les Vignole, Lio Piccolo, Malamocco, Mazzorbo. Depuis 2004, le Consorzio del Carciofo Violetto di Sant’Erasmo regroupe une dizaine de fermes qui participent ainsi au développement économique et agricole de l'île.
La production traditionnelle réglementée des artichauts violet, appelés chez nous poivrade, permet de garantir au consommateur qualité et saveur. Les techniques employées sont les mêmes qu'autrefois et la chimie n'intervient pas. Ainsi, les artichauts de Sant'Erasmo sont garantis de nature biodynamique. La quantité étant naturellement réduite, la qualité s'avère totalement au rendez-vous ! Les castraure sont une espèce végétale protégée qui fait l'objet de soins attentifs de la part des paysans du cru. Rien à voir avec cette production à grande échelle qui inonde le marché international avec des artichauts, certes du même aspect mais au goût insipide, qu'on fait pousser à coup d'engrais chimiques et qui sont conservés à l'azote avant de traverser l'Europe pour atterrir sur les marchés.
La récolte se poursuit jusqu'à la fin du mois de juin. Son goût unique permet des alliances raffinées avec le risotto et le poisson. Les castraure se mangent aussi à la croque au sel ou, coupés en lamelles, avec un filet de citron et de l'huile d'olive. Chaque année, le deuxième ou troisième dimanche de mai, Sant'Erasmo fête l'artichaut. Un évènement à ne pas manquer. Pour plus d'informations: www.carciofosanterasmo.it
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