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06 mai 2017

Matisse photographié par Walter Carone




Henri Matisse dans son lit qui dessine sur un mur... Ces mots ont le rythme d'une comptine. L'image a été prise le 15 avril 1950, quelques années avant la mort du peintre. Alité suite à une paralysie, il dessine dans sa chambre-atelier de l'ancien hôtel Régina, sur la colline de Cimiez, à Nice, les motifs destinés à orner la chapelle de Saint-Paul de Vence comme il l'a promis à son amie Monique Bourgeois qui fut son modèle après avoir été son infirmière, devenue religieuse dominicaine. 

J'avais toujours trouvé ce cliché émouvant, rempli de poésie et de dévotion silencieuse, me demandant depuis toujours si son auteur savait ce qui émanait de cette scène prise sur le vif. L’œil derrière l'objectif, il observe l'artiste surprenant un de ses derniers moments de création. L'âge et la maladie vont bientôt l'abattre. En avaient-il l'intuition chacun d'un côté de l'objectif ? Nous, nous savons et cela rend la scène ainsi immortalisée aussi prégnante qu'une peinture religieuse. La date bien lisible sur le calendrier qui semble tourné a posto pour attirer l’œil, Le profil du peintre pareil aux représentations de saint Pierre ou de Saint Marc, tout confère à donner à cette image une résonance sacrée...

Une vieille amie vénitienne vient de m'offrir cette photographie qu'elle gardait posée sur son bureau, près de la fenêtre. La carte qui accompagnait le cadre portait ces mots du peintre s'adressant à Picasso : "Ce que nous cherchons tous à retrouver en art, c'est le climat de notre première communion !"


Le Musée Correr expose Roger de Montebello

Exposition Roger de Montebello
"Portraits de Venise et autres portraits"
sous la direction de
Jean Clair

avec la participation de 
Gabriella Belli
directrice des Musées de Venise
 
Musée Correr
du 13 mai au 10 septembre 2017

Preview (sur invitation) 10-11-12 mai pendant la semaine d'ouverture de la Biennale

Une présentation aura lieu 
le jeudi 22 juin à 12h 
à l'occasion d'un dialogue sur la peinture contemporaine 
entre Jean Clair et Gabriella Belli
 au Musée Correr

09 décembre 2016

La Venise d'Albert Marquet (2)




La Venise d'Albert Marquet (1)

Le bordelais Albert Marquet aimait à voyager et il aima particulièrement Venise. Certes pas au point de renoncer à sa vie pour s'installer dans la cité des doges mais suffisamment pour y travailler, remplir ses carnets de notes et de croquis, et réaliser de très belles toiles, toutes empruntes de la sensibilité si particulière que nous lui connaissons. Celui qu'on a baptisé le peintre du temps suspendu a laissé des images de Venise très chères à mon cœur. parce qu'elles émouvait le peintre Arbit Blatas qui l'avait bien connu et qui ne m'a laissé surprendre sa grande sensibilité qu'à deux reprises. Dans l'évocation du pogrom qui l'avait amené à fuir de Lituanie et sa proximité fraternelle d'avec Marquet, avec qui il avait travaillé sur une même toile représentant le Bacino di san Marco je crois bien. Une peinture à deux pinceaux en quelque sorte, de quoi alimenter un jour les experts et les historiens d'art ! ... Les dessins présentés ici sont extraits du carnet du voyage à Venise de l'artiste en 1936.

















 


Albert Marquet
Venise : carnet de voyage.
Préfacé par Marcelle Marquet
Collection Quatre Chemins, Editart. 
2 volumes. 1953

30 novembre 2016

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 38 ) : Livia Tivoli, une vénitienne de coeur et une artiste de talent



Livia Tivoli était l'épouse de Guido Cadorin qu'une magnifique exposition, inaugurée il y a quelques jours, célèbre au Palazzo Fortuny. TraMezziniMag reviendra bientôt sur ce couple d'artistes et sur toute leur famille, ascendants et descendants qui occupent une place de choix dans le paysage artistique vénitien de la fin du XIXe à nos jours. Voici, en guise d'amuse-gueules, deux peintures de l'artiste que j'ai toujours beaucoup aimé et qui sont visibles jusqu'en mars prochain au Fortuny.

31 octobre 2016

LA GALERIE DE TRAMEZZINIMAG : La pétulante Venise d'Arbit Blatas (1)


Arbit Blatas a été jusqu'à sa mort, le dernier des grands artistes vivants de l'Ecole de Paris, membre de cet univers bohème qui éclaira la peinture contemporaine des premières années du XXe siècle jusqu'à son crépuscule dans les années 50. Après Paris, c'est à Venise qu'il a le plus travaillé, lorsqu'il quittait sa maison de New York pour retrouver la vieille Europe où il trouva refuge, après avoir fui un pogrom en Lithuanie, aux alentours de 1905... Quel roman que sa vie. Il aimait la raconter et sa peinture comme ses sculptures sont imbibées de son histoire personnelle, de l'Histoire tout simplement. Il a charmé mes années vénitiennes, lorsque je travaillais comme factotum chez Giuliano Graziussi, avant de devenir, grâce à lui, l'assistant du talentueux mais ténébreux galeriste, sur le campo San Fantin. C'est lui aussi qui m'aida à rompre mes chaînes pour rejoindre une autre galerie, à san Vio, un autre artiste, un autre état d'esprit. Mais j'ai déjà raconté tout cela. Parlons plutôt d'Arbit.

Un jour de 1985, Jacques Chaban-Delmas me recevait dans son bureau du Palais Rohan. J'avais obtenu une audience afin de parler au maire d'un projet qui pouvait intéresser la ville et que Christian Calvy, alors consul général à Venise, avait suggéré lors d'un dîner je ne sais plus où. Micheline Chaban-Delmas avait appuyé ma requête. Elle fut toujours d'un grand soutien et d'un dynamisme extraordinaire qui permit le développement des arts contemporains à Bordeaux, avec le CAPC mais aussi par de nombreuses autres initiatives. Un vrai ministre de la culture ! 

Blatas cherchait à montrer son travail sur l’École de Paris en France. Une exposition devait avoir lieu à New York, au Witney Museum. Les œuvres entreposées pour la plupart à Venise allaient voyager aux frais des américains. Il était facile de négocier une étape à Bordeaux, un catalogue commun. Le contenu était formidable : Blatas proposait de montrer l'ensemble des portraits qu'il a fait sur les membres de l'Ecole de Paris, peintures mais aussi sculptures. Splendides bronze en pied et en taille réelle. Il voulait ajouter à son travail des œuvres de chacun de ses amis artistes portraiturés qui forment une collection formidable. L'idée était intéressante. Mais ce qui l'était davantage c'est que le retour des œuvres financé par le Witney n'avait pas encore une adresse précise. Or Blatas ne voulait ni ne pouvait conserver entassées dans un hangar son travail. Il proposait donc à la ville de Bordeaux de récupérer l'ensemble de son travail ainsi que la plupart des œuvres des artistes portraiturés. C'était un moyen de doter Bordeaux d'une extraordinaire collection d'art moderne, de Suzanne Valadon à Picasso, en passant par Utrillo, Vlaminck, Marquet, Bonnard, Derain, Léger, Chagall, Soutine, Zadkine, enrichissant ainsi à peu de frais - l'organisation d'une exposition temporaire puis la conservation des œuvres dans un lieu spécifique et l'achat par la ville du portrait de Marquet, peintre d'origine bordelaise - le patrimoine artistique de la ville. 

Ce fut un véritable ballet. rencontres avec les conservateurs, entretiens avec les responsables, lobbying au niveau national. je n'étais pas connu, mon équipe bordelaise pas assez imbibée du sujet et le personnage moins connu en France qu'il ne l'était à Venise ou à New-York. Bref, après des semaines de travail, de négociations et des dizaines de rendez-vous, l'exposition ne se fit pas. j'ai su depuis qu'il y avait un petit noyau de prétendus spécialistes locaux des arts et de la culture que ma proposition gênait. Et puis en ce temps-là, le CAPC* dont on parlait partout était dirigé par un gourou, certes génial et visionnaire, qui avalait tous les budgets possibles et imaginables pour ses expositions-évènements pharaoniques. On venait du monde entier pour assister aux vernissages et les plus grands artistes contemporains passèrent par l'entrepôt Laîné, somptueux temple de l'Arte Povera, mais gouffre financier où on méprisait le concept même d'exposition permanente. Alors, pensez donc, un peintre classique de l'école figurative dont firent pourtant partie quelques uns des plus grands mais démodés aux yeux des snobs qui formaient la cour de la pourtant très avisée première dame de Bordeaux !

C'est finalement la ville de Boulogne qui récupéra l'exposition puis l'ensemble des œuvres du maestro lituanien. Mais revenons à notre petite exposition virtuelle. Blatas est tombé amoureux de Venise dès son premier voyage en 1935. Il a peint la ville pendant des années, revenant souvent, avec d'autres peintres, comme Marquet notamment puis avec sa femme, la cantatrice Regina Reznik. Ensemble, ils avaient acheté un grand appartement à la Giudecca, juste à côté de ce qui allait devenir dans les anes 80 le Harry's Dolce, un de mes endroits favoris (le meilleur club sandwich du monde avec du pain maison et en été le délicieux Bellini sans alcool pour les enfants, ainsi que les meilleures pâtisseries de la ville à déguster dès le printemps sur la terrasse face aux Zattere...). Voici quelques échantillons du travail vénitien du maestro : 




24 août 2015

I Corrieri Veneti et le peintre Pordenone

 

Vasari qui n'a pas écrit que des vérités, raconte que ce tableau de Pordenone qui orne l'autel de la Confrérie des Corrieri veneti à San Zuane fut en réalité une commande de plusieurs familles patriciennes comme pour forcer Le Titien, absent de Venise en dépit des commandes qui lui auraient été faites et qui restaient en chantier, à reprendre le collier... En vérité, le tableau a bien été réalisé en 1535 suite à la commande de la Confrérie dont les membres souhaitaient que la chapelle soir ornée d'un retable consacré à leur saints patrons, Sainte CatherineSaint Sébastien et Saint Roch. Cette commande nous permet d'admirer cette manière particulière du peintre, la complexité des poses choisies, un peu ampoulées et convenues qui sont la marque de cet artiste et répondent bien aux goûts de l'époque.

09 février 2013

Promenade dans la Venise de Canaletto au Musée Maillol


A défaut de pouvoir être à Venise, j'étais mercredi dernier à Paris, au Musée Maillol où est présentée jusqu'au 10 février une exposition de peintures du peintre vénitien. Impossible de ne pas en avoir entendu parler tellement la publicité pour l'évènement est omniprésente à Paris, sur les parois des bus, dans le métro, dans les journaux. On voit des affiches partout. C'est qu'il s'agit bien d'un évènement d'envergure, en dépit de quelques détracteurs qui n'en ont pas eu pour leur faim. Pourtant. Non seulement le musée a réuni, avec l'aide le la Sovrintendenza des Musées vénitiens, des toiles éparpillées dans le monde entier, mais offre aussi aux amateurs la possibilité de voir, et presque de toucher, le fameux carnet dans lequel Canaletto dessinait à l'aide de sa camera oscura que l'on peut admirer dans une vitrine et dont une réplique a été construite que le visiteur peut utiliser, pour mieux comprendre la méthode du peintre vénitien. 
Maillol est un musée charmant. Si le sbire qui contrôle l'accès aurait davantage sa place à la sécurité d'un supermarché de banlieue, les gardiens sont avenants et le reste du personnel toujours tout sourire. C'est sûrement difficile parfois, comme le matin où je suis allé voir l'exposition. Vingt minutes avant mon arrivée, un groupe d'une cinquantaine de vieillards cacochymes avait investi les lieux. Certainement tous sourds, vu qu'ils avaient branché les audiophones mis à leur disposition au maximum, et on se serait cru dans une monstrueuse ruche, les salles résonnaient d'un bourdonnement permanent insupportable. Les augustes visiteurs parlaient forts pour la plupart - toujours les aléas de la surdité, attendaient attroupés devant les toiles que le commentaire enregistré se termine et ainsi agglutinés, il était quasiment impossible de rien voir. Pris soudain d'une heureuse impulsion, j'ai arpenté les salles (deux au rez-de-chaussée et le reste à l'étage) à l'inverse du parcours prévu par l’audio-guidage. Le reste du troupeau qui n'avait pas d'engin collé à l'oreille suivait sagement une charmante jeune guide. Il n'y avait quasiment personne à l'étage. Autant l'agacement provoqué par le club du Troisième âge, très chic cela étant, m'avait tout d'abord incité à quitter les lieux pour me réfugier avec le catalogue dans le premier café venu, autant le calme et le silence des salles du haut me rasséréna. J'étais quasiment seul, entouré par des merveilles. Un vrai bonheur car cette exposition, je vous l'assure contient des merveilles dont on peut s'approcher jusqu'à se sentir au milieu des scènes dépeintes par l'artiste. Parmi les grands formats on peut admirer (de près) le superbe tableau qui montre la Scala dei Giganti du palazzo ducale. Délicieusement plein de vie, avec tout un tas de personnages qui tous semblent prêt à nous apostropher et à sortir de la toile. Peint dans les années 1755, ce tableau fait partie de la collection du duc de Northumberland comme d'autres tout aussi beaux. Je ne l'avais jamais vu en vrai. 
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A plusieurs reprises, à Venise, dans les musées, mais aussi dans certains palais et une mémorable fois en Angleterre, il m'a été donné de voir de près les peintures de Canaletto. Mais là, dans ces petites salles intimes, c'était une révélation et une grande joie. La salle ou trône cette vue de la cour du palais des doges, des hauts-parleurs diffusaient en sourdine de la musique de Vivaldi. Des airs connus comme certains mouvements des quatre saisons, mais aussi quelques pièces moins faciles, notamment des airs religieux chantés par une délicieuse voix blanche. Une autre salle présente le travail de graveur du maître. On y voit les dessins préparatoires joliment encadrés, puis les épreuves. Quelques eaux-fortes au format de grande carte postale font comprendre le rôle joué par le travail de Canaletto à une époque où sauf à savoir dessiner, on ne pouvait pas ramener de son séjour à Venise de photographies ni de cartes postales. Ces eaux-fortes sont incroyables de prévision, les détails sont charmants et tout parait tellement vivant. Enfin, pour parfaire la présentation du travail, plusieurs cadres présentent le même sujet, du dessin à la peinture en passant par différentes gravures du même paysage. 
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Guardi est présent ainsi que le père de Canaletto, Bernardo Canal dont on peut admirer au rez-de-chaussée une superbe toile géante représentant le Grand Canal du côté du Rialto. Comme plus tard chez le fils, la toile est remplie de personnages qui ont leur vie propre et s'animent sous nos yeux comme autant de témoins de cette époque où, décadente déjà, Venise n'en restait pas moins la capitale d'un pays prospère à la démographie galopante.

Peu à peu les nobles et sourds vieillards sont arrivés... Les plus valides arrivèrent à la suite de la guide, les autres surgirent de l'ascenseur. Soufflants et pouffants, ils se sont affalés sur les banquettes installées le long des parois. Le son des audiophones annonça leur venue dès l'escalier. Certains, plus attentifs, ont remarqué la décoration - des poteaux de bois et des planches grossièrement blanchies à l'eau pour rappeler les pali de la lagune et les débarcadères mouillés par les eaux. Les salles se sont remplies en un instant d'un vacarme de cour de récréation. J'en ai profité pour redescendre. Le rez-de-chaussée avait retrouvé le silence qui sied aux musées. Les deux choses qui m'intéressaient le plus semblaient libérées de cette horde très ressemblante à celles qui envahit chaque jour par flots interrompus (sauf à l'heure des repas !), musées et églises de la Sérénissime  : la fameuse camera oscura reconstituée trônant au milieu d'une salle et mise à disposition du public, non loin de la (présumée) véritable dans sa vitrine et LE fameux carnet. 

Un écran horizontal installé sur le même meuble que le précieux recueil de la Marciana, permet d'en feuilleter virtuellement, page après page, les 76 feuillets. C'est émouvant, charmant, sublime, passionnant, fascinant... Pardonnez cette emphase, mais autant de chefs-d’œuvres devant les yeux et soudain la contemplation des croquis qui en sont l'origine, avec les annotations de l'artiste quant aux couleurs et aux détails à ne pas oublier, revient à être projeté dans la Venise du XVIIIe siècle, parmi ses habitants. C'est comme humer le même air qu'ils respirèrent, entendre avec eux les cloches des églises qui se répondent, participer au brouhaha qui anime les places et les rues que Canaletto nous montre. En regardant l'outil que l'artiste utilisa, cette belle boîte de bois vernis, avec le couvercle en buis tourné et patiné par le temps que le maître a vissé et revissé à chacun de ses déplacements, on ne peut qu'être joyeusement ému. C'est toute la Venise authentique qui est là sur les cimaises du Musée Maillol et qu'on peut approcher de tellement près. Le rapport aux œuvres se fait intime, comme rarement dans un musée.
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Le catalogue publié par Gallimard m'a paru en revanche assez décevant. Il coûte 39 euros, de format italien et regorge d'illustrations et de détails, mais la couleur des tirages est épouvantable. Les clichés ne sont pas toujours très clairs et aucun des détails qui apparaissent avec une incroyable netteté à l’œil nu quand on se tient devant les peintures n'a été reproduit. 

Le petit ouvrage toujours chez Gallimard, publié par Annalisa Scarpa, commissaire de l'exposition, dans la collection Octavius , "Venise au temps de Canaletto", outre l'élégance de sa mise en page, est d'une meilleure qualité. Ce petit album sans prétention est largement moins cher. Il présente sous forme d'itinéraire, la plupart des points de vue, campi, palais, églises, monuments, d'une ville quasiment inchangée qui aujourd'hui encore conserve tout le charme du XVIIIe siècle qui charme le visiteur sensible. Je renvoie aussi les amateurs à l'excellent ouvrage de J.G. Links paru en 1994 chez Phaidon. Bien qu'un peu vieilli, il reste à ce jour l'un des ouvrages les mieux documentés sur le peintre.

  
Si vous le pouvez, courrez-y ! Vous ne serez pas déçus et privilégiez une visite matutinale ou réservez en donnant le nom d'un maharadjah ou d'un émir pour que l'on interdise les salles en votre présence! Toutes les informations sur l'excellentissime site, Venise1.com : ICI

20 décembre 2012

La Galerie de TramezziniMag : Pierre Alivon

J'aime beaucoup cet instantané de la vie ordinaire à Venise. Comme partout ailleurs dans le monde, la foule dans les transports est une des caractéristiques de l'univers urbain. Les gens qui attendent que le vaporetto accoste, le jeune collégien plongé dans sa revue, la dame élégante dans le traditionnel manteau de fourrure que portent souvent les vénitiennes l'hiver... On est plongé dans le quotidien de la Sérénissime par la magie de ce cliché plein de poésie. Mais les silhouettes qu'on voit de dos en gros plan sont presque menaçantes. Comme l'attente avent un assaut de deux troupes adverses qui vont s'affronter. Qui a pris le vaporetto à Venise sait combien cela peut s'avérer similaire à un combat, surtout quand les touristes se mêlent aux autochtones...












19 octobre 2012

Croquis : de Canaletto à nos jours


 
Justin Henton est un jeune londonien très doué qui dessine ce qu'il voit à l'occasion de ses voyages. Vous connaissez la prédilection de Tramezzinimag pour les carnets d'artistes. On ne peut les sans signaler la présence à paris d'un des plus extraordinaires spécimens du genre : le fameux carnet de croquis de Canaletto.  
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Très rarement présenté en dehors de Venise où il est conservé, l'objet, qui date probablement aux années 1720, est un chef-d’œuvre émouvant. En le feuilletant, on suit le cheminement de la pensée de l'artiste, « depuis la formation d’une idée jusqu’à son développement sur le papier, puis sa réalisation sur la toile. » Les croquis sont presque toujours accompagnés d'annotations que le peintre utilisera ensuite dans l'élaboration de ses toiles. Croquis pris sur le vif, détails, mouvements, ce qu'on voit au fil des pages est fascinant.  

Crédit photo : Antoine Manichon
 
Comme l'écrit Annalisa Perissa Torrini directrice du cabinet de dessins de l'Accademia, dans le catalogue de l'exposition, dans ce Quaderno di schizzi :
« Il y écrit le nom des palais et des échoppes, signale la présence d’un bac ou d’un atelier de réparation de gondoles, ou précise le nombre de fenêtres et de colonnes. Il n’oublie pas non plus de noter les couleurs - marron, blanc, jaune, noir, blanc cassé, rouge, ocre, ocre jaune -, en en précisant la tonalité, claire ou sombre. Les mesures sont elles aussi indiquées : “plus large”, “un peu plus long”, “plus étroit”, “juste”. De même des matériaux (plomb, pierre, brique, bois) et des lieux, et jusqu’aux enseignes.»
Ce carnet est aussi un témoignage précieux sur Venise et ses habitants au XVIIIe siècle. Composé de 148 pages, il contient 138 dessins sur un papier épais filigrané. Au XIXe siècle on y ajouté huit pages au début et à la fin lors de la reliure de l'ouvrage. Le sceau qui apparait sur certaines pages est le cachet de Borsato, intendant de la Galerie de l'Accademia. Ce sont avant tout des esquisses documentaires donc et non pas des dessins élaborés destinés au public. C'est ce qui les rend fascinants. Canaletto utilisait un engin appelé camera oscura, boite optique qui lui permettait de relever tous les détails d'un paysage ou d'un bâtiment. Mais tous les dessins contenus dans le carnet n'ont pu être réalisés avec cet ancêtre des appareils photo, notamment les croquis fait depuis une barque, l'appareil pour donner un résultat optimal, nécessitait une stabilité absolue. Mais qu'ils soient à main levés, ou transcription à l'encre de la vue obtenue par le moyen de cet engin, les dessins sont tous très beaux et très émouvants.
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Tramezzinimag reviendra plus en détail ce weekend  sur cette exposition Canaletto au Musée Maillol et sur celle du musée Jacquemart-André..




Pour en savoir plus sur cette exposition : 
 
 
Avis aux lecteurs
Les 5 commentaires reçus lors de la publication ont été perdus lors de la disparition du blog en août 2016.