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Peu à peu l'angoisse montait. Personne ne disait rien. Nous savions bien sûr qu'il n'y avait aucun danger mais cette brume, ce silence, la nuit qui venait... Tout contribuait à faire palpiter nos cœurs. La lampe torche éclairait le chenal devant nous. Un corbeau qui serait passé trop près de nous, nous aurait fait hurler de terreur... Quand nous avons franchi les derniers palli et que les masses sombres des palais décatis de la Misericordia prirent forme, nous nous sommes sentis soulagés : La ville était toujours là, silencieuse, mais présente, palpitante. Nous allions enfin retrouver nos repères.
Jamais le retour d'une promenade en barque à travers la lagune ne fut aussi précipité. Le temps de sortir de l'eau les deux barques, de ranger les avirons et de fermer le hangar, nous étions déjà bien au chaud dans la cuisine de la calle Navarro, assis devant une grande tasse de thé fumé. Dehors, le brouillard s'était répandu, dense et froid. Le chat ronronnait près de la cuisinière. Par la fenêtre, on ne voyait ça et là que des points lumineux que nous savions être les réverbères. Il n'y avait pas un bruit. Une fois encore Venise semblait flotter hors du temps et hors du monde...
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1 commentaire:
- Doux billet dans la brume, le silence... hors du temps...
M.17