20 janvier 2010

Que personne ne leur cherche des excuses : ce sont des vandales et des imbéciles

Au risque d'être classé parmi les vieux ringards réactionnaires, je ne puis m'empêcher de pester devant les horreurs que nous infligent quelques gamins sans foi ni loi qui aiment à enlaidir les murs de Venise avec leurs tags immondes.
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Que personne ne s'avise à prétendre qu'il s'agit là d'une nouvelle forme d'expression, d'une nouvelle esthétique ou pire, de la manifestation d'un malaise profond qui gangrène la jeunesse universelle ! Assez de ces invocations au pseudo "street-art" ou "spray-art" ! On ne peut voyager nulle part désormais en train sans apercevoir ces graffitis envahir les murs près des gares, les wagons mêmes. Le moindre espace vide sur un immeuble, les portes, les vitrines, tout est couvert de ces laides pustulences.

Le monde entier est couvert de graffitis et comme les bêtes pissent pour marquer
leur territoire, des adolescents paumés font gicler de leur bombe de peinture toute leur bêtise. A ceux qui se pâment devant la créativité de ces jeunes gens, je réponds "vandalisme, horreur, laideur, bêtise". N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut, ne trouvez-vous pas ? En tout état de cause ces dégradations permanentes font le jeu de ces extrémistes qui vont encore en rajouter, avec des "de notre temps" voire même les sempiternels "tous des voyous", "graine de criminels", "il n'y a plus de discipline, il faudrait les envoyer à l'armée", "une bonne guerre j'vous dis !" fusent de toute part. Et en dialecte vénitien, ce n'est pas piqué des vers ce qui s'entend à ce sujet ! Graffiti est un mot italien qui signifie "érafler"... Venise est éraflée par ces horreurs, défigurée et personne ne dit rien, baissant par avance les bras, "é cosi purtroppo" me disait un fonctionnaire de la municipalité totalement désabusé...  
 
Tramezzinimag s'est à plusieurs reprises intéressé à ce triste phénomène de fin de civilisation... Anodin et indolore au début, voire amusant et quelquefois presque joli à voir, il s'attaque aujourd'hui aux monuments et endommage sérieusement le patrimoine architectural de Venise. Il est temps de réagir. Mais comment ? Quand on vous dit que les barbares - les vandales en vérité - sont de retour !


26 commentaires:
Appartement Venise a dit…

C'est triste de voir cela ...
en dehors de réprimer sévèrement ces pratiques je ne vois pas bcp de solutions ... Peut être dans la sensibilisation, l'éducation ? Pas facile tout de même de sensibiliser et de responsabiliser ce genre de vandales

Catherine a dit…

Je suis d'accord avec vous .Ce vandalisme est intolerable.Je me souviens d'avoir été tres choquée par les premiers que j'ai vus en 2008;ce nouveau phenomene m'a hotrrifée;comment peut on s'en prendre à Venise?

Anne a dit…

"N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut": je suis d'accord avec vous, Lorenzo! Je ne sais pas trop où pourrait être la solution, en tout cas je crois qu'elle ne réside ni dans la permissivité et l'encouragement de la surdimension de l'ego des adolescents, ni dans la répression féroce. L'éducation? Il faut l'espérer et proposer d'utiliser l'énergie de ces jeunes (tous ne "taguent" pas sur les murs de Venise, heureusement) à des fins positives.
Vous avez raison de rappeler l'origine du mot "graffiti". Le "sgraffite" est en effet une technique où l'on gratte par endroits la couche supérieure de couleur pour faire apparaître des couleurs sous-jacentes.
Anne

Gérard a dit…

Ah oui , j'avais oublié de dire que dans le reportage de France 5 , on voyait beaucoup de ces saloperies sur les murs de Venise .
Dans l'éducation , c'est aussi comme pour les lipizzans , il y a une pointe sèche et une partie sévère qui doit être consacrée au dressage . En un mot éradiquer en permanence ce travers qu'il ne faut jamais faire . Avec une persévérance à jamais oublier . Bref , une excroissance de la ruralité . Et quand on oublie cette exigence , c'est le début de la fin de l'ensemble .
C'est beau , les lipizzans , n'est-ce pas ? L'école , d'ailleurs se trouve en Slovénie , juste à côté de Trieste . Et donc finalement pas très loin de Venise .

Valy a dit…

Il fallait le dire, il fallait l'écrire.
Bravo et merci pour votre blog, tout simplement.

Marie a dit…

C'est effectivement intolérable. Ailleurs ça l'est déjà et, à Venise c'est quasi incompréhensible. Comment peut-on en toute volonté enlaidir cette magnifique cité? Quel plaisir à saccager? Et qui? Qui fait ça? Contre qui et contre quoi? Quel est ce phénomène?
Et comment le combattre... J'ignore.
Mais nous vivons dans un monde où plus rien n'est respecté parce que les mensonges, la malhonnêteté l'agression et tutti sont la force vive de la politique mondiale et la source d'idéologies douteuses. Autrement dit, guère de chances de contrecarrer les choses ;-(

Ce coup de gueule est légitime et, même si c'est un coup d'épée dans la lagune, n'hésitez pas à réitérer, ça fait du bien.

J F F GrandsLieux a dit…

Sujet intéressant, le phénomène a ses causes invisibles, et ses effets sont on ne peut plus évidents.
A l'origine, il s'agit d'imitation. Et oui ! A l'instar de la mode (jeans) de la musique (rock), du mode de vie (autos, achats, alimentation, etc.), les taggueurs imitent ce qui se passe aux USA. C'est facile, on vient la nuit, on laisse des traces, une signature, et on s'en vante auprès de ses copains le lendemain.
Il n'y a que par l'éducation -très tôt- dans les familles et à l'école, par une attention permanente des adultes aux enfants, que nous arriverions à supprimer cette pollution, cette dégradation. En outre il y a un trop gros écart entre les capacités immenses des jeunes et leur place-pouvoir dans une société de vieux, gérée par les vieux, exploitée par les vieux. La rançon est qu'ils font n'importe quoi pour exister... Une autre solution serait de taxer lourdement les ventes de peinture en aérosol, mais ne comptez pas sur le lobby des marchands et fabricants de peinture pour soutenir ce projet !
J'espère que vous aimerez tout ce que je viens de dire... comme vous je déteste les tags (comme les tatouages-tiens ! y aurait-il un lien ?).

VenetiaMicio a dit…

Merci Lorenzo, pour ce coup de geule, bien légitime ! J'en ai marre de voir toutes ces saloperies sur les murs, c'est un sacrilège de faire cela à Venise, mais aussi à Paris ou ailleurs !!!
Danielle

tia o'c a dit…

A Paris il y a une equipe speciale d'intervention (paiye par les autorites locales) qui s'ocupe de cette afaire.

Gérard a dit…

Je pense que ça va beaucoup plus loin que tout ce qui est écrit . C'est un rejet complet de tout ce qui constitue notre civilisation . Et sa mémoire . Surtout de ce qu'elle porte de délicatesses extérieures . Un nihilisme pastiche , mais un nihilisme quand même . Donc , sans vraiment rien proposer à la place . Que le vide . Les 250 lipizzans de l'école de Vienne furent sauvés in extremis par le vieux " tripes et sang " , en l'occurrence George Patton , dont les deux caractéristiques principales de caractère étaient l'attrait indéfectible des grécos-latins antiques et la détestation du nazisme , des barbares .

Artemisia a dit…

Tout se mondialise au travers des ces affreux gribouillis qui griffent les murs et agressent les esprits en niant toutes les cultures ! C'est un des signes d'une relative "décadence" qui précéde - souhaitons le - une "renaissance" !Il y a eu de tous temps des nivellements par le bas de la culture qui fort heureusement ont permis à des merveilles de voir le jour par réaction. En attendant, il faut être les gardiens forts et déterminés de la beauté et de la richesse des cultures ... Il y a du boulot c'est sûr !

FRANCOIS a dit…

Oui c'est honteux et inadmissile que des personnes se livrent à ses actes qui enlaidissent notre environnement!
Quelle politique envisage la ville de Venise!!!Il serait temps qu'il y ait une réaction: éducation/prévention/sanctions et nettoyage systématique par des équipes spécialisées cela se pratique dans de nombreuses villes et les résultats sont probants

Michelaise a dit…

Oui c'est révoltant parce que Venise est belle, mais c'est aussi révoltant ailleurs : sur une maison modeste, repeinte à grands frais par son propriétaire pas nécessairement richissime, cela fait des dégâts parfois impossibles à réparer

Michelaise a dit…

On admet plus facilement que ce soit choquant à Venise, mais que diable pourquoi détériorer le bien d'autrui ?

Lorenzo a dit…

Que de (bonnes)réactions suscite ce billet. Mais qui a la solution ? Comment résoudre ce problème ? Comment juguler cette hémorragie généralisée de peinturlure et autres bombages ?

FRANCOIS a dit…

Existe-t-il une association internationale ou vénitienne des amoureux de Venise qui pourrait faire des propositions à la municpalité de Venise à laquelel on peut adhérer ?

Anne a dit…

JFF Grands Lieux, il m'arrive d'utiliser de la peinture en aérosol (JAMAIS pour taguer, rassurez-vous, toujours sur papier ou toile dans mon atelier). Le produit n'est pas responsable des tags et je ne souhaite pas qu'il soit taxé, de grâce!
Anne

Polar a dit…

Keith Haring (à mon humble avis très largement surévalué), je ne sais pas, mais Combas et plus encore Di Rosa ne se permettraient jamais des dégradations de ce genre, même pour faire un chef-d'œuvre. Quand on connait les Italiens d'une manière générale, les Vénitiens en particulier et la fierté qu'ils ont tous à l'égard de leur pays et de son extraordinaire patrimoine (si vous voulez voir un Vénitien heureux, montrez-lui le respect et l'admiration que vous inspire sa ville!), je suis toujours étonné que leurs propres gosses aillent faire eux aussi des conneries pareilles... Et encore, Venise, c'est rien... Allez faire un tour à Rome...Même à Florence!

J F F GrandsLieux a dit…

Anne, je comprends votre réaction. D'ailleurs imposer une taxe, c'est un mauvais réflexe de politicien (que je ne suis pas) impuissant (que je ne suis pas non plus)... une sorte de solution de facilité.
Nul doute, vous faites bon usage de ces bombes. Bombes ? Le même mot que ces armes, qu'on ne laisserait pas dans les mains de n'importe qui. Certainement pas un hasard.
Alors je propose à la place que l'achat des peintures en aérosol soit sous contrôle strict, réservé aux professionnels et assimilés.
Cela existe bien pour les fusils, nous en sommes fiers en France.
On mettrait en jeu une sorte de "permis de peinture", il y aurait bien des accidents collatéraux... mais limités. En revanche :
- Economies substantielles pour les collectivités locales et les régies de transports publics,
- Esthétique des lieux respectée.
Je rêve ? Qu'en pensez-vous ?

Anne a dit…

Un "permis de peinture"? J'avoue que j'ai beaucoup ri en lisant cela. Personnellement, j'aime trop l'universalité de la peinture pour ne pas souhaiter que chacun puisse s'exprimer avec et découvrir l'infini bonheur qu'elle procure.

Je n'appelle pas "bombes" les aérosols; je dis naturellement le nom de la couleur, c'est tout ce qui compte.

Je pense cependant comme vous que les lieux doivent être respectés et lorsqu'il s'agit de Venise encore plus qu'ailleurs.

Bonne soirée!
Anne

Thierry a dit…

Je propose deux peines indissociables, pour ces "tueurs de beauté": fortes amendes, bien plus élevées que la simple facture de "nettoyage", compte tenu que le dit nettoyage, sera toujours une atteinte, hélas irréparable, à la "peau" du bâtiment ou de l'oeuvre souillée (et responsabilité pécuniaire des parents, cela va sans dire, en cas de délinquants "mineurs", si j'ose dire pour des petites frappes de cet acabît);

Second volet: rétablissement (j'allais dire des peines physiques, que l'on infligeait autrefois dans les meilleurs collèges anglais...non, je n'irai pas jusque là, je suis devenu libéral, moi aussi, je vieillis et je me ramollis) mais rétablissement d'une sorte de pilori; que ces criminels de l'Art, aillent passer quelques heures par jour, dans un enclos ad-hoc, dans un endroit bien touristique et bien fréquenté où ils devront affronter les risées et le mépris du public, pour leur immonde grossièreté de faire du mal à Venise et pour payer un peu ce crime contre l'intelligence,figurant parmi les pires des forfaits.

Moi, j'vous le dis: les tags, graffitis et autres déjections de ces petites larves, il n'y en n'aurait plus beaucoup.

P.S. à creuser quand même, le lien entre ces cochonneries...et celles de la Biennale, souvent de la même eau mais adulées par les "connaisseurs" (de quoi?) et payées à prix d'or: ça ne vous pose pas un problème de fond?...lol

Catherine Chaumet a dit…

J'ai apprécié de lire tous ces commentaires intéressants qui ont précédé le mien et notamment le P.S. de Thierry juste au-dessus en forme de clin d'oeil (oui, cela me pose un problème!). Je ne rajouterai donc rien sur l'enlaidissement de Venise par les tags, l'essentiel sinon tout a été dit sur le sujet, mais, me promenant avant-hier à Venise, j'ai envie de pousser mon coup de gueule sur la forêt d'antennes rateaux qui déparent cette si jolie ville. Difficile de comprendre comment il n'a n'a pas encore tout fait pour câbler la réception de la télé. Pour moi, tags ou antennes télé dépassant des toits, c'est pratiquement aussi laid!

Anne a dit…

Thierry, la Biennale d'art contemporain et ses artistes ne sont en rien responsables des tags sur les murs de Venise! Je ne peux pas vous laisser établir une telle association sans réagir! Aucun artiste, contemporain ou non, n'a tagué la Sérénissime et n'aurait le désir de le faire. L'art contemporain provoque parfois, mais il s'agit d'une provocation raisonnée destinée à faire réagir le public par rapport à des idées, des phénomènes de société, etc... On est plus ou moins d'accord, on aime ou pas, je vous l'accorde, mais on ne peut pas dire que ces oeuvres temporairement exposées poussent aux dégradations! L'art contemporain n'existerait pas, que les taggers s'empareraient des murs de la même manière. Que le marché de l'art vous irrite, je peux le comprendre. Moi-même je suis souvent très réservée face à certains discours. Mais ne convient-il pas, lorsqu'on aime la mesure en toute chose et qu'on respecte les autres, de différentier les multiples aspects de l'art contemporain et de ne pas tout rejeter ou dénigrer "en bloc"?
Bon weekend.
Anne

Thierry a dit…

Chère Anne, je reconnais bien là votre sens de la mesure et votre grande sensibilité, qui rendent vos posts si intéressants: vous avez d'ailleurs grandement raison...n'empêche qu'il y a un lien secret, c'est cela que je voulais faire ressortir, entre certaines formes décadentes et néanmoins portées au pinâcle, de ce que l'on nomme "Art Contemporain" et le fait que des gens, se promènent dans Venise (et ailleurs!), leurs bombes aérosol, sous le bras et trouvent tout à fait normal, pour ne pas dire héroïque ou "artistique" (les sombres idiots) d'en asperger ici, un bas-relief en marbre du XIVè. siècle, ou là, la façade amoureusement restaurée, d'un Palais du XVIè.

Mais là, effectivement, il faudrait s'expliquer en détail, en profondeur, ça dépasse un peu le cadre de nos conversations, au demeurant fort amicales, par posts interposés, grâce à Lorenzo.

Lorenzo a dit…

24 commentaires ! Voilà ce qui motive l'existence d'un blog : la transversalité des idées,des opinions,des solidarités.

Gina Paillette a dit…

Peut-être que pour limiter les dégâts il faudrait... encourager ces jeunes?!! Souvent il y a beaucoup moins de moches graffiti une fois qu'on leur demande de peindre les barrières des chantiers, le mur d'un bâtiment municipal (souvent aveugle et décrépi), ou que des commerçants leurs demandent de peindre leurs rideaux de fer.
En les encourageant et peut-être même en leur apprenant à faire de leurs graffiti de vrais beaux tags -ou autre- je suis sûre que le plus gros des dégâts serait évité... en associant cela à un apprentissage de certaines techniques ancestrales et en replaçant celles-ci dans l'histoire de Venise ; ils seraient valorisés, ils se rendraient compte du travail nécessaire et du coût, et ils seraient associés au fonctionnement de la ville (je crois que c'est aussi là que le bât blesse!).
Non?