14 janvier 2009

Comme une fenêtre ouverte sur le temps

Lorsque Philippe pénétra dans la chambre, il fut pris d'un rire nerveux. Après plus de vingt heures de train, il était enfin arrivé. La pièce était petite, très claire meublée sobrement d'un grand lit de bois ciré, une table à écrire, un fauteuil, une chaise, un placard. Sur la table de nuit, un petit bouquet de fleurs jaunes. Comme un air de printemps. Pourtant dehors le ciel était gris, très bas. En arrivant sur la lagune, il y avait même du brouillard. 
 
Philippe posa sa valise. Il enleva lentement son bonnet, son manteau, son écharpe, ses gants, et se dirigea vers la fenêtre. Il tira le lourd rideau de toile grège qui sentait la poussière, tourna la poignée qui grinça. Soudain, toute l'émotion qu'il avait contenu en arrivant explosa en même temps que ses poumons se remplirent de ces parfums uniques et subtils qui saisissent toujours le voyageur. Cette odeur d'iode et de pierre humide, de terre et de sel qui émane des canaux et se répand partout dans la ville. Philippe était enfin arrivé. Il savait, d'instinct, que Venise était son but. Il savait qu'il y retrouverait la trace de tout ce qui lui manquait, des signes peu à peu se manifesteraient qui le conduiraient vers là où il devait aller. Il ne pouvait en être autrement. A Venise, il allait enfin être lui-même.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Joli, promesse d'un avenir certain............