C'est par ces paroles, prononcées avec beaucoup d'émotion, que Massimo Cacciari, le maire de Venise, a salué la mémoire d'Emilio Vedova, l'un des plus grands peintres italiens contemporains, mort dans son sommeil à 87 ans. Après le décès de Pontus Hulten, c'est un autre grand témoin et un immense protagoniste de l'art contemporain qui disparait cet automne. C'était un grand monsieur. Je me suis rendu plusieurs fois chez lui du temps de ma vie étudiante, et l'entendre parler de l'art mais aussi de Venise était quelque chose de "monumental".
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Né en 1919 dans une famille d'ouvriers, Vedova vient à la peinture en autodidacte. Obligé de travailler pour vivre, il exercera différents métiers : ouvrier d'usine d'abord, puis photographe et restaurateur. Dans les années 30, il commence à dessiner et à peindre intensément. Autoportraits, motifs d'architecture, perspectives, il est dans la lignée des peintres italiens de Installé à Rome en 1936, il fréquente les cours d'Amedeo Bocchi, puis à Florence, il poursuit ce cursus désormais entièrement voué à la peinture. En 1942, il expose pour la première fois et adhère au courant milanais "Corrente". En 1943, la galerie où il expose est fermée par la police fasciste. Dès lors, il participe activement à la Résistance. Sa peinture traduit la vigueur de ses convictions et de son engagement. En 1946, il est parmi les signataires du "Manifeste du réalisme" et participe à Venise à la fondation de la "nuova secessione italiana" puis au "Front Nouveau des Arts". Il participe à de nombreuses expositions collectives dans le monde entier et devient l'invité de la Biennale de Venise en 1948 et 1950, à Sao Paulo en 1951, de nouveau à Venise en 1952 puis à la Documenta de Kassel en 1955.
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En 1956, il expose à Munich et commence un travail très intense de gravure qui sera couronnée par le prix Lissone en 1958. L'année suivante il présente une exposition très commentée "Scontro di situazioni" (collisions de situation) où ses toiles sont disposées en angle droit, dans le cadre de l'exposition "Vitalité dans l'Art" organisée par l'architecte Carlo Scarpa au Palais Grassi. En 1960, il reçoit le Grand Prix de peinture à la XXXe Biennale de Venise, décerné à l'unanimité par un jury international composé des plus grands experts.
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Il travaille ensuite à ses fameux "Plurimi', présents aujourd’hui"hui dans les plus grands musées du monde. Ces réalisations en technique mixte s'articulent et se meuvent dans l'espace sont exposées la première fois à la galerie Marlborough de Rome et présentée par Giulio Carlo Argan. Invité par de nombreuses universités américaines, il donne une série de conférences sur ses plurimi. Il enseigne ensuite à la Sommerakademie für bildende Künste de Salzbourg en 1965 et à l'Accademia de Venise en 1975. En 1967, il aménage l'espace du pavillon italien à l'Exposition Universelle de Montréal. Constamment à la recherche de l'innovation, son travail ne sera jamais figé.
Il créera ainsi des lampes en verre en collaboration avec la verrerie Venini de Murano puis vint le cycle "Lacérations et Fragments", les "disques et les cercles" . Il collabore avec Luigi Nono pour la scénographie de différentes œuvres comme "Intolleranza" ou "Prometeo".
Il travaille ensuite à ses fameux "Plurimi', présents aujourd’hui"hui dans les plus grands musées du monde. Ces réalisations en technique mixte s'articulent et se meuvent dans l'espace sont exposées la première fois à la galerie Marlborough de Rome et présentée par Giulio Carlo Argan. Invité par de nombreuses universités américaines, il donne une série de conférences sur ses plurimi. Il enseigne ensuite à la Sommerakademie für bildende Künste de Salzbourg en 1965 et à l'Accademia de Venise en 1975. En 1967, il aménage l'espace du pavillon italien à l'Exposition Universelle de Montréal. Constamment à la recherche de l'innovation, son travail ne sera jamais figé.
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.Son extraordinaire force créatrice se manifesta dans un important travail de gravures où il expérimenta de nombreuses techniques. Parmi les dernières expositions qu'il fit, il faut rappeler celle du Musée d'Art contemporain de Turin en 1996, et en 2001 celle organisée par la galerie Salvatore et Caroline Ala, à Milan.
"Pour moi, c'est un ami, un père, un maître qui disparait " a dit le maire "avec lui c'est une grande figure de la peinture et de la culture italiennes du siècle. Un peintre géant de Venise, vénitien de toutes les fibres de son art, dans tous les traits de son dessin, dans le moindre filet de ses couleurs. Ce sera de bon ton dans les prochains jours dans toute la ville, dans tout le pays, dans le monde entier de commenter l’œuvre et d'en exalter l'importance. Pour le moment, les paroles me manquent pour exprimer ma douleur".
Les obsèques (civiles) du peintre présidées par la Municipalité ont eu lieu samedi au Musée Correr. La dépouille du maître transportée en gondole depuis les Zattere le long du Grand canal afin de permettre aux vénitiens de lui rendre hommage; a été ensuite portée jusqu'au grand salon d'apparat de l'aile napoléonienne où une chapelle ardente avait été dressée. Le service civil était présidé par le maire qui a prononcé un discours très émouvant.
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