29 décembre 2014

Réflexions sur l'art

..On a souvent "prétendu que l'Italie de la renaissance était dominée par l'idée d'art. C'est une confusion : ce qu'on appelle ici art n'a rien à voir avec les Beaux-Arts. C'est en réalité le triomphe de la logique, la perfection, raisonnée en toutes ses parties, qu'un souverain donne à l’organisation de ses états... Bref, l'idéal propre à tous les ouvriers de la pensée."  

..C'est avec ces quelques mots lus d'un ouvrage de Müntz, qu'un de mes maîtres me fit comprendre pourquoi la Renaissance a tant tardé à s'introduire à Venise et pourquoi Venise n'apparait pas aux yeux des historiens comme un lieu moteur et innovateur dans la création artistique de cette période extraordinairement féconde partout en Italie. Le doge avait bourse et poings liés par le Sénat qui, par sa nature et ses fonctions, restait dans tous les domaines autres que ceux qui pouvaient contribuer à la protection des acquis de la république, de son pouvoir, son influence et de sa fortune, très conservateur et frileux. Le système politique de la Sérénissime évitât la dictature et permit aux vénitiens une certaine liberté enviable à l'époque, mais freina beaucoup les inventions de l'art. L'inquisition veillait aussi. Pourtant, avec les échanges commerciaux et l'importance de l'activité portuaire, Venise voyait passer du monde et parmi eux des savants et des artistes dont les idées et les innovations forcément essaimaient les esprits. C'est ainsi qu'on ne peut imaginer le passage à Venise de Leonardo da Vinci sans qu'ait eu lieu un échange de nature philosophique, scientifique ou artistique avec ceux qu'il a pu rencontrer pendant son séjour.

..C'était en mars 1500. Le XVIe siècle n'avait pas trois mois. On sait qu'il était chez le célèbre luthier Gugnasco, derrière San Zaccaria, à qui il montra le portrait au fusain qu'il venait de réaliser d'Isabelle d'Este (cf Tramezzinimag, billet du 24/3/2007). La tradition voudrait que les plans et dessins des navires amphibie, ancêtres des sous-marins, aient été dessinés pendant son séjour. On sait qu'il rencontra des esprits brillants et cultivés et sa renommée lui aura forcément fait prendre contact avec les plus grands artistes vénitiens... Que n'avons-nous pas de témoignages vidéo ou simplement sonores de cette période... Si seulement cela avait existé alors, quelle richesse pour nous... Nous saurions ce qui fut dit, la nature des échanges chez les uns ou chez les autres et qui forcément contribuèrent à l'évolution des idées, la modernité entrant comme un courant d'air dans les palais comme dans les esprits vénitiens.
 
 
..Mais qu'importe les hommes, ce qui compte avant tout, c'est l’œuvre d 'art elle-même et la personnalité de son auteur n'intéresse que dans la mesure où elle permet d'expliquer la genèse et l'esprit de cette œuvre. Ne fait-on pas de nos jours trop cas de l'auteur de l’œuvre, glosant sur le pourquoi du comment ? Mais l'artiste est avant tout l"intermédiaire qui transforme une intuition, une idée, un ressenti en son expression visible et accessible à tous... Un besogneux doué d'une intuition et naturellement d'un savoir-faire du même type finalement que celui du boulanger ou de l'ébéniste... Saviez-vous que pour les grecs, le mot qui servait à désigner un sculpteur servait aussi pour définir un simple fabricant d'assiettes ? 
 
 
..Mais le sujet mériterait bien des développements qui ne peuvent trouver leur place sur un blog. Nos temps sont au court, au rapide, au pré-digéré. Un critique n'a-t-il pas écrit il y a quelques années, au sujet des billets de ce blog, qu'ils étaient trop longs et trop sophistiqués. J'ai pris cela comme un compliment... Encore une autre histoire... Bonne dernière semaine de l'année à mes lecteurs!

24 décembre 2014

13 décembre, Sainte Lucie, la fête qui nous porte vers Noël

Dans un monde de plus en plus chamboulé par la mondialisation, la libre circulation, physique ou virtuelle des êtres, des marchandises et des idées, certaines traditions périclitent ou du moins perdent du sens. Manque général de culture ? Perte de repères traditionnels ? Rythmes de vie qui ne laissent plus de place aux rites ? Désacralisation des fêtes et des traditions liées à la spiritualité ? Matérialisme  déchaîné de nos sociétés ultra-libérales et repues ? 
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Certainement un peu de tout cela. Mais avant tout, selon moi, par l'étouffement de l'esprit d'enfance. En ce temps de Noël, on voudrait nous faire assimiler cette attitude mentale à un simple appétit matériel pour les belles et bonnes choses qui nous attendent sur la table des fêtes et sous le sapin dressé dans le salon. L'esprit d'enfance, c'est autre chose. C'est l'émerveillement devant le mystère de l'incarnation, l'impossibilité de comprendre comment ce qui s'est passé il y a plus de deux mille ans en Judée a pu avoir lieu et comment deux mille ans après on en parle encore. C'est la joie des petits devant la crèche où bientôt l'enfant-roi se trouvera entre le bœuf et l'âne, entre Marie et Joseph, devant les bergers émerveillés... C'est la joie de la lumière, vieille tradition qui remonte à des temps bien plus anciens que les temps de la Bible... C'est ainsi que l'on fête la Lumière aujourd’hui, à travers le monde. 
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Et cette fête est personnalisée un peu partout dans le monde par Sainte Lucie,  martyre de Syracuse, dont le corps repose depuis des siècles dans une chapelle de l'église San Geremia, près du palazzo Labia, au bord du Canalazzo. Sa fête marque, avec l'Avent le début du temps de Noël. Traditionnellement importante dans toute la Chrétienté occidentale, elle est aujourd'hui surtout célébrée en Scandinavie et plus particulièrement, en Suède, au Danemark, en Norvège, en Islande et en Finlande. Mais on la célèbre aussi ailleurs, notamment en Croatie et bien sûr en Italie. Lucie, cela vient du latin Lux, qui veut dire lumière. N'est-elle pas la patronne des opticiens et des ophtalmologues ? A Venise sa momie est entourée d’ex-votos représentant des lunettes ou des yeux, vieille tradition que pratiquaient déjà les romains...

Sainte Lucie est très populaire parmi les enfants du nord-est de l'Italie, surtout dans les environs de Bergame, à Brescia, Crémone, Mantoue et en Émilie-Romagne, tradition encore très suivie à Parme et à Plaisance. En Vénétie, c'est à Vérone que la tradition persiste. Les enfants lui écrivent pour dire combien ils ont été sages et doivent donner ce qu'ils ont sous la main à manger, pour elle comme pour l'âne qui l'accompagne et transporte les cadeaux tant attendus... La fête de Sainte Lucie est à rapprocher de la Hannuka juive, et l'évolution de notre calendrier la situe aux alentours du solstice d'hiver quand elle devait coïncider avec. Et cette année, la fête prendra un tour un peu particulier puisque les reliques de la sainte retournent dès demain et pour le reste du mois de décembre à Syracuse, la ville où elle est née et dont elle est la patronne. De nombreuses manifestations sont prévues pour ce retour très attendu par la population.


On peut sourire sur les manifestations de la piété populaire, liée depuis toujours à des croyances bien éloignées de l’Écriture mais tellement nécessaires à la cohésion sociale et à la paix des cœurs. Cette dévotion pour les saints a permis, d'enrichir les arts depuis des siècles, en offrant au monde de nombreux chefs-d’œuvre qui forment aujourd'hui des trésors pour l'humanité toute entière. Sans la vie des saints et les épisodes de l’Évangile, que serait l'art après tout ?

Puisque nous évoquons les arts, parlons musique... Vous connaissez peut-être la très belle canzone, interprétée ici par Lucio Dalla et son créateur, Francesco De Gregori. Un moment d'émotion pour ceux qui ont grandi avec ces deux voix :


"Santa Lucia, il violino dei poveri è una barca sfondata
e un ragazzino al secondo piano che canta, ride e stona perchè vada lontano, 
fa che gli sia dolce anche la pioggia delle scarpe,
anche la solitudine."
D'autres images et d'autres détails intéressants chez notre ami Fausto Maroder de l'Alloggi Barbaria, ICI. "Buona Santa Lucia a tutti, a Venezia come a verona, Brescia, Trento e Siracusa !"

08 décembre 2014

Petits vénitiens, été de la saint Martin.


Quand dehors, le froid se répand et qu'il faut allumer les lampes

Quand dehors, le froid se répand et qu'il faut allumer les lampes, le bonheur est grand de pouvoir se lover dans un fauteuil confortable, près d'un feu de bois, une tasse de thé bouillant à portée et des livres. L'hiver est la saison de l'introspection et le retour sur soi trouve son compte dans ce ralentissement des mouvements et de la pensée. Remettre une bûche dans l'âtre, attiser les braises. Tirer une bouffée de la vieille pipe et mettre de la musique. Belle expression qui me fait sourire à chaque fois que je l'emploie. «Je mets mes chaussures» crie le loup de la comptine aux enfants délicieusement effrayés. Moi, «je mets de la musique» et mon corps se détend d'avance comme par enchantement. C'est peut-être cela la Joie dont parlent les bouddhistes, comme un remède à notre incomplétude. L'ego laissé à ceux qui dehors continuent de courir, la tendance de mon cœur est toujours à la à la méditation. Un paisible retour sur soi et le thé qui fume dans la tasse.De la lecture aussi.
Aujourd'hui, ce seront Les Cantos du grand Ezra Pound. Le livre posé sur un bras du fauteuil semble retenu par le chat qui ronronne en somnolant sur une page trop compliquée pour sa simplicité de chat. Et cette belle prière magnifiée par Mozart dans un offertoire composé en 1775, ce «Sub Tuum Praesidium» que j'ai eu le bonheur d'entendre chanté par Max Emmanuel Cencik, alors jeune soprano soliste des petits chanteurs de Vienne, et dont j'ai retrouvé récemment des images.
 


Bien que je l'aie certainement croisé à Venise, je ne me souviens pas d'Ezra Pound disparu en 1972. En revanche le souvenir de mes rencontres avec Olga Rudge est très présent dans ma mémoire. C'est à Dachine Rainer que je dois d'avoir pu pénétrer dans la petite maison du poète. A ce que j'ai vu et entendu, se mêlent les propos et les explications volubiles de la dame américaine très proche du couple Pound-Rudge, qui a beaucoup échangé avec l'auteur des Cantos (Elle le fit libérer de l'hôpital psychiatrique où le gouvernement américain l'avait fait interner après son procès, un peu dans l'espoir de s'en débarrasser). La lecture des Cantos est un moment important pour l'amoureux des mots. Comme devrait l'être la découverte de Ulysse de James Joyce ou des Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar.

07 décembre 2014

Des milliers de gondoliers


Philippe de Commynes raconte dans sa chronique qu'il y avait lors de son séjour à Venise environ trente mille gondoles. C'était l'époque des galères et autres embarcations à rames, ce qui donnait aux hommes des milieux pauvres de la République de nombreuses possibilités : bon nombre de vénitiens exerçaient ainsi le métier de rameur ou de gondolier.
La profession était héréditaire et tenue en grand honneur parmi les classes populaires. On la considérait comme l'école et la retraite de la puissante marine vénitienne dont les exploits permirent de baptiser la république de Saint-Marc, la Dominante. 

Une très grande variété de costumes se montrait chez les gondoliers. Il y avait ceux qui étaient au service d'une riche famille. En général, ils opéraient par deux, comme le montrent gravures et peintures, contrairement aux barques publiques, qui n'avaient qu'un rameur. La livrée des gondoliers des puissantes maisons patriciennes fut longtemps riche et élégante, du moins pour le goût de l'époque. Le Sénat ayant décidé un jour de mettre un terme à la surenchère qui poussait les plus riches vénitiens à faire décorer somptueusement leurs gondoles, ces tenues devinrent le seul débordement autorisé d'extravagance. Les nouveaux riches, et cela est de tout temps, aiment à faire la roue...
Ceux qui exerçaient la même profession sans pour autant appartenir aux grandes maisons, qui louaient leur service à la course, ou à la journée formait deux catégories qui se distinguaient par la couleur de leur vareuse : les Nicolotti étaient vêtus de couleurs sombre, marron ou noir et les Castellani de rouge. Leurs noms proviennent des quartiers de la ville où ils résidaient, les premiers de la rive droite et les autres de la rive gauche du Canalazzo. ..C'est de leur rivalité, qui remonte aux premiers temps de la République, qu'est née cette opposition qui perdura jusqu'au milieu du XIXe siècle et que des artistes ont immortalisé dans leurs peintures (Cf. les scènes de la vie vénitienne de Giuseppe Bella à la Querini-Stampalia). 

La lutte était permanente entre ces deux factions et il était parfois dangereux d'être passager d'une gondole de l'une ou l'autre des factions car les gondoliers n'hésitaient pas à faire chavirer leur adversaire pour peu qu'une vendetta personnelle s'ajoute à la traditionnelle animosité. On trouve dans les archives de la République, plusieurs mains courantes racontant des scènes qui pourraient faire rire si certaines ne s'étaient pas soldées par la noyade d'innocents passagers. Le Sénat mit un terme à ces exactions selon ses usages : coupables démembrés et décapités ou pendus, gondoles brûlées et familles bannies selon la gravité de l'affaire et le rang des victimes.

La gravure du peintre et illustrateur français Stéphane Baron (183-1921) montre assez fidèlement ces tenues qu'on a peine à imaginer aujourd'hui. Les deux figures du milieu (n° 3 et 4) sont tirées des illustration du fameux ouvrage de Ludovico Menin, Il Costume di tutte le Nazioni e di tutti i Tempi descritto ed illustrato, paru à Padoue en 1833. 

Les deux gondoliers sont en tenue ordinaire. Nous sommes au XVe siècle. Ils portent chacun un bonnet enveloppant toute la tête. le premier est vêtu d'un surcot vert orné d'un capuchon en drap rouge foncé. ceinture et sacoche de cuir et poignard. Chausses de couleur foncée et souliers de cuir souple. Le second, porte en plus du bonnet, une jugulaire terminée en pointes avec des glands et deux plumes sur le côté. Il a un corselet de cuir cintré à la taille par une ceinture. ses chausses sont de deux couleurs, blanche sur la partie antérieure des jambes et rouges sur la partie postérieure.

Lorsqu'il y a deux gondoliers, celui qui se trouve à la proue appuie sa rame sur le tranchant d'une pièce de bois placée sur le côté gauche, plus haute que le bord de l'embarcation et échancrée en pour y loger le manche de la rame. La gravure le montre bien avec cette poésie propre aux descriptions des choses réelles du quotidien de l'école vénitienne. Le deuxième gondolier se tient debout sur la poupe afin de voir la proue au-dessus du felze, la partie couverte de la gondole, appelée aussi la caponera puisqu'elle était faite d'une armature de bois tendue d'une bâche de toile enduite ou de cuir noir, où s'installaient les passagers à l'abri du vent et de la pluie mais aussi des indiscrétions. Le second gondolier rame du côté droit, établissant ainsi un savant équilibre qui permet à la barque de glisser littéralement sur l'eau sans aucun a-coup.

Que dire d'autre sur les gondoles et les gondoliers ? Que le fer en croissant à sept dents n'apparait qu'au XVIe siècle et que personne n'est vraiment d'accord sur sa signification. Dans les anciennes gondoles comme celle qui se trouve représentée dans l'illustration ci-dessus, un petit tapis blanc est attaché à la proue par deux cordons de passementerie et couvre tout le fond du bateau.

Les numéros 1, 2, 5 et 6 présentent des exemplaires de costumes d'apparat. Les lecteurs de Tramezzinimag auront reconnu des figures peintes par Carpaccio dans le cycle de Sainte Ursule entre autres, conservé à l'Accademia. Le premier porte ce qui semble être une livrée. C'est un nègre comme on disait couramment avant que les mots soient considérés comme porteurs de discrimination et connotés comme jargonnent aujourd'hui nos élites . Il y en avait fréquemment au service des familles patriciennes de l'époque comme il y en aura un peu plus tard dans les cours européennes et ce jusqu'aux quinze premières années du XIXe siècle.

Pour les amateurs de costume - et ils sont nombreux depuis que le travestissement du carnaval occupe de nouveau de nombreuses personnes avec la réinvention du carnaval dans les années 80 - le nègre porte un bonnet rouge, certainement de velours de soie, une cotte de satin. Le pourpoint est en velours rehaussé de parements de soie jaune. Les brassards sont de la même couleur que le pourpoint. On voit les manches de la chemise qui bouillonnent. A cela s'ajoute une ceinture de cuir, des hauts-de-chausses de velours et des bas-de-chausses de soie bariolée. Ce bariolage dont la mode venait de l'Europe du Nord (on en retrouve de nombreuses illustrations dans la peinture allemande de l'époque) n'était pas le fait d'un tissu polychrome mais de la juxtaposition de bandes de drap de différentes couleurs. On notera le raffinement de la tenue qui se complète par les chaussures de même nuance que le bonnet le pourpoint. le gondolier de la figure n°2 porte une bien belle plume rouge sur son bonnet. . Son pourpoint de satin dont les ouvertures traversées par des aiguillettes, laissent apparaître le bouffant d'une ample chemise pour faciliter les gestes du rameur. Hauts-de-chausses rayé rouge. Qui saura jamais à quelle famille cet homme appartenait  et que fut son histoire ? Encore un berretino rouge pour le gondolier de la figure n°5. 


Mais revenons au mode de vogare. Le gondolier de poupe ne godille pas comme on le lit trop souvent dans des descriptions profanes. Contrairement au rameur de proue qui imprime  à son aviron un mouvement en huit ou plus précisément qui dessine une queue de poisson comme en font les enfants pour le 1er avril (ce que fait le gondolier aux longs cheveux de la figure n°5), le rameur de poppa pagaye littéralement, c'est à dire que son aviron lui sert simultanément de rame pour faire avancer la gondole et de gouvernail pour la diriger.On voit bien ici la forme caractéristique en bois sur laquelle le gondolier appuie sa rame.

Un dernier mot sur le costume en usage aujourd'hui. Bien que tellement habituel à nos yeux, il ne date que de quelques dizaines d'années. Longtemps les gondoliers des grandes maisons portaient la livrée de leurs maîtres comme tous les autres domestiques. Les gondoliers des services da parada (comme le Traghetto qui existe encore aujourd'hui) louant leurs services comme le fait un taxi de nos jours, portaient des vêtements chauds et pratiques pour ramer. Vêtus de blanc pour les grandes occasions, ils étaient le plus souvent vêtus de marinières sombres. Ils ne portaient pas encore ce rayé, devenu partout le symbole de la navigation à la rame, ni ce canotier de paille avec ruban de couleur. Ils avaient de grands chapeaux, parfois des feutres mous. Du temps de la Sérénissime, le bonnet des gondoliers ressemblait à celui des marins de partout. Aux pieds, ils chassaient la friulana, cette sandale très souple devenue un objet de luxe très recherché par les élégantes.