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Venise, 11-5-09Par suite d'un hasard heureux j'ai pu aller passer deux heures à l'Exposition. Albert Besnard y a une place d'honneur. Le pavillon de la Hongrie est un véritable joyau. Si par hasard je n'étais pas rentré à 11 heures, ne t'inquiètes pas, c'est que je ne rentrerai qu'à 6 heures du matin lundi. Bons baisers mon gros loulou.
Maurice"
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Qui était ce Maurice Vinot ? Que faisait-il à Milan en 1909 avec son épouse, celle qu'il surnomme affectueusement "Loulou" ? Peut-être que leurs noms n'ont plus jamais été prononcés depuis des années ? Peut-être cette carte postale est-elle le seul témoignage matériel existant encore de leur passage sur cette terre? Peut-être, par un malheureux hasard, cette carte n'est-elle jamais parvenue à sa destinataire et qu'un drame est né de l'absence de Maurice ? Et s'il avait menti ? Si tout cela n'était qu'un subterfuge et qu'il s'était enfui avec une autre femme rencontrée à Milan ou ailleurs?
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A partir de ces quelques indices, on pourrait écrire toute une histoire... Elle commencerait par quelques jours à Venise, à la Biennale, avec le pavillon hongrois nouvellement construit comme décor et les peintures académiques, aujourd'hui oubliées, de l'alors directeur de la Villa Médicis, comme prétexte...
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3 commentaires:
- Votre papier m'a mis les larmes au yeux ce soir, je le trouve terriblement émouvant. Vos écrits si poétiques me font rêver. Venise me manque. M.17
- Le curé de l'église Santa Maria Della Fava (S Marco)nous a raconté que le Ponte delle Tette (S Polo)avait été entièrement payé grâce aux dons des passants aux riveraines qui, le soir, se mettaient à leur fenêtre, seins au vent, pour rassembler assez d'argent pour construire ce fameux pont! (j'ai une photo de l'endroit, si ça vous amuse!) Ce curé est un homme fort jovial et rigolo qui nous a longuement parlé de son église avec beaucoup d'humour! Marie G
- Ce brave curé a bien édulcoré l'histoire. Le quartier abritait en vérité de nombreux lupanars tolérés voire encouragés par le gouvernement pour éviter la prostitution sauvage et la profusion des maladies. Les femmes étaient obligées de se montrer les seins nus aux fenêtres des maisons closes pour éviter qu'on les confonde avec des travestis. l'homosexualité était tolérée en privé, mais pas quand il s'agissait d'amour tarifé. Afficher ses seins, c'était prouver qu'on était une femme. La silicone n'existait pas encore !