10 juin 2008

Biblioteca venetiana (1)

Tant d'ouvrages existent qui ont pour thème Venise, sa civilisation et son histoire. Les recenser serait une tâche herculéenne à laquelle je m'étais attelé dans mon adolescence et que j'ai tout abandonné après plusieurs semaines de travail. Il faut dire qu'il n'y avait pas alors le soutien de l'informatique, des sources de données et des tableurs. Des anthologies existent cependant aujourd'hui et de nombreuses bibliographies paraissent souvent très complètes. Je ne vais donc pas en rajouter. Je voudrais plutôt citer quelques ouvrages difficiles à trouver qui m'ont paru intéressants, sympathiques ou utiles à ceux qui aiment Venise.

C'est le cas d'un ouvrage que je cherchais depuis de nombreuses années et dont j'ai fini par dénicher un exemplaire dans le catalogue d"un libraire transalpin. Il date de 1706 et vient juste d'arriver sur mon bureau. Imaginez un peu ma joie quand le facteur a sonné l'autre matin, un petit paquet à la main. Bien emballé, le livre tardait à se montrer. J'étais impatient. Un petit ouvrage qui tient dans la main, un de ces in-12 que les typographes hollandais avaient inventé au XVIIe. 
 
Mon exemplaire lui, ce petit trésor que j'ai tellement cherché, est né à Venise même, chez le maître imprimeur Battista Tramontin. Il se vendait en exclusivité à la librairie de Giuseppe Rovinetti, à l'enseigne de «la Vérité» sur le ponte de Beretarri. Il s'agit du fameux «Guida dei Forestieri per osservare il più ragguardevole nelle città di Venezia» (Guide des Etrangers pour observer les choses les plus intéressantes de la ville de Venise) écrit par le célèbre moine Vicenzo Coronelli, l'inventeur de ces globes magnifiques qu'on voit encore aujourd'hui dans la bibliothèque du roi à Versailles, à la Bibliothèque Nationale ou au Palais des doges. 
 
Mon exemplaire L'ouvrage a été souvent manipulé, le papier n'est pas d'une qualité fabuleuse et la reliure d'origine en carton, n'a pas de dos. Il est dans son jus comme disent les marchands. Mais quel jus ! Imaginer combien de personnes s'en sont servi pour cheminer dans les rues de la cité est très émouvant. 
 
A la fin, l'éditeur a placé le catalogue des œuvres de l'auteur et la liste des globes Mon exemplaire disponibles... Vicenzo Coronelli, bouillant moine franciscain, cosmographe officiel de la Sérénissime avait eu l'idée, dès 1697, de composer un plan topographique détaillé (repris en fait du plan dessiné en 1627 par Alessandro Badoer). Il le publie par l'intermédiaire de l'imprimeur Tramontin, dans ce "Guida dei Forestieri", premier guide de Venise pour les étrangers, enrichi de ce superbe plan qui devait servir "per passeggiarla in gondola e per terra" (pour se promener en gondole ou à pied). L'ouvrage eut beaucoup de succès et on le trouvera dans les meilleures bibliothèques de l'époque. 
 
L'ambassadeur de France en tenait des exemplaires à disposition des visiteurs de marque qui venaient découvrir la Sérénissime. Plus tard, même Mesdames, les filles très cultivées du roi Louis XV l'auront dans leur bibliothèque. Devant le succès de ses ouvrages, l'auteur montera dans les années suivantes la fameuse Accademia degli Argonauti, société savante et maison d'édition dont les presses seront installées dans le couvent Santa Maria Gloriosa dei Frari, devenu depuis un des bâtiments des Archives de l'Etat de Venise
 
C'est un tout petit ouvrage mais qui contient de très riches informations. S'il indique comme tous les guides d'aujourd'hui (mais très brièvement) les meilleurs endroits où loger et se nourrir, il décrit surtout la ville, ses monuments, en détaillant les endroits où voir les peintures les plus marquantes, dans quelle église rencontrer tel musicien, tel organiste. Coronelli donne de nombreux renseignements statistiques qui permettent de se faire une idée très détaillée de la vie dans la Venise de l'époque, parvenue à l'apogée de sa puissance et de sa fortune mais amorçant déjà son déclin.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

e la pianta ce l'hai ?

Lorenzo a dit…

Sfortunatamente, no. Mais je viens d'en repérer un exemplaire dans une librairie américaine sur le net. A suivre donc ! Au passage, il faut noter qu'aucun des exemplaires répertoriés dans les grandes bibliothèques comme la BN à Paris n'ont l'ouvrage avec la carte. Seul un exemplaire de la fin du XVIIe à la Marciana en possède une...