29 juin 2013

Lundi à Venise


Je ne sais jamais, lorsque je pars rejoindre la cité lagunaire, si je suis content d'y revenir ou désolé de la retrouver à chaque fois un peu plus endommagée, souillée, dénaturée. Et puis, la légèreté de l'adolescence m'a depuis longtemps quittée. Je n'aime plus partir depuis longtemps. "Vous n'avez qu'à y rester à Venise" me disait ce matin une vieille amie "comme cela, plus de problème ! " Évident et facile mais le passage à l'acte reste néanmoins ardu. Pas facile de satisfaire tous les caractères qui forment celui que nous sommes... Je suis toujours très content d'aller à Venise, heureux de revenir à la source, mais jamais de partir. Et dans une semaine quand il sera temps de refaire les bagages, de fermer les volets et de boire un dernier verre avant que de reprendre le train de nuit, je serai très triste, rageant de devoir partir encore et moins, bien moins heureux de rentrer...  
___________
Ce billet initialement publié sur le site originel avait suscité 12 commentaires qui n'ont pas été archivés par Google. Il avait été lu dans les 24 heures qui suivirent sa publication par 2864 lecteurs, un record qui n'a pas empêché Google de supprimer le blog, soit-disant pour non-conformité avec les règles et usages umposées par le géant américain. Merci Google !

24 juin 2013

Mais pourquoi tant de laideur ?



Des goûts et des couleurs, évidemment on ne discute pas. De l'art, souvent naissent débats et l'opinion de chacun est respectable. Le discours de l'artiste, lorsqu'il est sincère trouvera toujours une oreille attentive et bienveillante. L'art conceptuel donne à réfléchir. Snobisme décadent ou erreur passagère qui vogue entre la laideur et l'insignifiance. Toujours une question de point de vue. Et de goût. Mais quand on se promène dans les rues de Venise, happé par tout ce qui s'offre à nos yeux, où même l'être le plus irréductiblement hermétique à la beauté de la ville est secoué par ce miracle de polychromie et de reflets, qu'il s'agisse de lambeaux et de ruines ou de somptueux monuments fraîchement restaurés, se retrouver face à une de ces éructations acryliques qu'on nomme tags et que les vénitiens gratifient d'un "solo merda" définitif, comme me le disait une dame très élégante effarée devant cette chiure qui défigurait un sottoportego où nous nous croisions. 

"La laideur est multiple" écrivait Jules Barbey d'Aurevilly. Multiples en effet les genres de graffitis qui polluent les murs de Venise. Rien à voir, nous l'avons déjà écrit maintes fois ici, avec ces pochoirs ou collages le plus souvent très poétiques ou plein d'humour qui apparaissent un matin au détour d'une calle, sur un mur, et disparaissent bien vite. De vrais artistes en sont les auteurs. C'est beau, drôle le plus souvent et cela n'abime rien de la beauté de la ville. Parfois même, cet art éphémère complète ou illustre la beauté des lieux. Hélas, ces petits bijoux sont submergés par ces horribles vomissures qui fleurissent partout dans Venise. Calme et posé, j'ai soudain des montées d'adrénaline et j'enrage quand j'en découvre, rêvant - je sais, ce n'est pas bien, ni chrétien, ni charitable - de leur faire avaler leur bombe de peinture après les avoir aspergé avec des pieds à la tête ! 

Là-encore, les vénitiens ne baissent pas les bras, et même s'il en revient toujours, ils font la chasse aux tags. Courageusement, entre amis, en famille, ils retroussent leurs manches et vont recouvrir ces horreurs en ripolinant les murs souillés. 

 ___________

Le billet publié sur le site originel avait suscité 6 commentaires non archivés par Google. Merci Google !!!

Histoire d'un coup de canon



Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le milieu du jour n'était pas seulement annoncé par la Marangona, la grosse cloche du Campanile de San Marco, il Paron di Casa et par les autres cloches de la ville. Chaque jour, depuis le parvis de San Giorgio, était tiré un coup de canon. Chaque jour immanquablement, les pigeons sursautaient, s'envolant comme un rite pour se poser de nouveau quelques secondes plus tard au milieu des passants de la Piazza.

"meso giorno el pan xe in forno, se el se coto damene un toco, 
se el xe cruo, lassio là...meso giorno xe sonà." 

disaient les vieux vénitiens ("à midi, le pain est au four, s'il est cuit fais-moi signe, s'il est cru laisse-le là, c'est midi qui sonne") qui vivaient avec comme une part des rites et traditions de leur ville. 


Voulue par les autrichiens quand ils occupaient la ville, cette salve a toujours ses défenseurs. Notamment ceux qui, avec humour, souhaiteraient qu'on s'en serve contre les Maxi Navi qui font la polémique à Venise et font en ce moment la une des journaux. Outre le danger pour l'écosystème que Tramezzinimag a souvent dénoncé dans ses billets, le risque d'un accident catastrophique si une mauvaise manœuvre ou une défaillance technique faisaient entrer un de ces mastodontes en collision avec des bâtiments.  Ces horribles navires passent tellement près. 

Même déviés par le chenal qui longent l'arrière de la Giudecca et de la Sacca Fissola, ils représentent à tout moment un risque grave. Un naufrage, une perte de mazout et c'est toute la lagune qui meurt. Déjà terriblement fragilisée, elle ne se remettrait certainement pas facilement d'une catastrophe de ce genre.

Nous à Tramezzinimag, nous opterions pour un port spécialement aménagé sur l'Adriatique, au sud des bouches d'accès à la lagune, avec des équipements hôteliers et d'accueil face à la mer, et un système de navettes, vaporetti ou motoscaphes électriques pour assurer la navette vers le centre historique, des bus pour relier l'aéroport. Cela dynamiserait l'économie locale, créerait des emplois et contribuerait à préserver l'environnement fragile de la lagune et de la cité des doges. mais qui nous écouterait ?

Le maire Orsoni vient de réagir et dans la ville, la colère gronde. Attendons la suite. 

Merci à Gianni Poli qui m'a soufflé ce sujet. 

_____________

Le billet paru sur le site originel avait suscité 2 commentaires que Google n'a pas archivé... Merci Google !!!

19 juin 2013

Les bons comptes font les bons amis...

La souscription du premier titre publié par les Éditions Tramezzinimag, créées pour l'occasion, a été un succès au vu du tirage qui en avait été fait. Les cent cinquante exemplaires numérotés formant l'édition originale ont tous été vendus. 

Cependant un certain nombre de ratées - outre le nombre incroyable d'erreurs typographiques et de fautes échappées à la vigilance des correcteurs - ont pu être constatées. Des souscripteurs ont reçu leur exemplaire en double, d'autres ne les ont jamais eu. Erreurs dans le libellé ou malveillance lors de l'acheminement ? Qui peut le dire ? Il est bien difficile à notre équipe extrêmement réduite de déterminer si tout le monde a bien été servi et si aucune maladresse n'a été commise. La plupart du temps, nous avons pu réparer et satisfaire les demandes des lecteurs. 

Mais il se peut que certaines commandes ne soient toujours pas honorées à ce jour. C'est pourquoi nous sommes à votre disposition pour que tout soit parfaitement régularisé : 

N'hésitez-pas à nous écrire à l'adresse suivante qui centralise désormais toutes les demandes concernant le livre et la maison d'édition : 


D'avance, nous adressons nos excuses à ceux qui pourraient être encore dans l'attente de la réception de leur commande. Un retirage est en cours.

17 juin 2013

Un petit tour à la Pescheria

Le marché aux poissons, situé à côté du marché du Rialto, dans une bâtisse récente qui se fond parfaitement avec les bâtiments anciens de l'endroit. Il faut visiter les lieux tôt le matin ou tard le soir pour se rendre compte de l'importance qu'avait cet endroit, le ventre de la République. 

Depuis quelques années, le marché de gros a été transféré sur la Terraferma, au grand dam des pêcheurs et des vénitiens. Heureusement, la halle aux poissons est toujours là et s'y promener est un régal. Je me souviens dans mon enfance des barques à rame qui transportaient de grandes panières bombées remplies d'oursins, de couteaux, de poissons de toutes sortes. Espérons que la maladie de la modernité ne poussera pas les édiles amants du progrès à enlever à à Venise ce magnifique marché aux poissons.

16 juin 2013

Ils ont nettoyé Venise

 

Comme toutes les villes du monde, Venise est la proie de biens des maux nés des temps modernes. Il en est un qui est particulièrement insoutenable, inadmissible et sacrilège : partout des vandales taguent les murs, couvrant chaque espace disponible de graffitis la  plupart du temps laids et minables (voir Tramezzinimag du 18/06/2012 : ICI).  
 
Ces imbéciles iconoclastes ne prennent même pas la peine de laisser sur les murs historiques de la Sérénissime des tentatives de création artistique esthétique. Ce ne sont que des "signatures", histoire de montrer qu'ils sont passés par là, comme les chiens qui pissent pour marquer leur territoire. Pourtant, à la suite de Giorgione et de Carpaccio, le Street Art peut être beau et s'inscrire parfaitement, avec son côté éphémère, dans le paysage urbain des sites historiques. Ernest Pignon-Ernest, Miss Tic ou Bansky ont ainsi créé des œuvres sur papier ou au pochoir qui n'endommagent ni n’enlaidissent les murs où elles sont apposées. Beaux toujours, drôles souvent et facilement détachables des murs sans risquer de les endommager, ces créations sont de vraies œuvres picturales.
 
Hélas ce qu'on voit partout à Venise, comme à Berlin, à Londres ou à Paris, n'est qu'éructation et flatulences pseudo-artistiques de jeunes dévoyés mal lavés et un peu trop astiqués à la marijuana et à la bière. Ces No Future traînent leur bêtise et leur désespérance le long des calle et des fondamente, et le moindre sottoportego attire leur soif de déjection. Des vénitiens - et souvent des étrangers amoureux de Venise - se mettent au travail pour nettoyer ces déjections immondes. 
 
Tramezzinimag, qui s'est depuis longtemps dressé contre ces nouveaux barbares (Voir ce billet du 14/04/2009 et celui plus ancien du 20/01/2010 ainsi que cet autre billet du 24/04/2012 ),  leur adresse ses plus vives félicitations et tous ses encouragements !

 

 

15 juin 2013

La petite dernière est devenue grande... Constance a 17 ans aujourd'hui !

Je revois cette toute petite chose arrivée en grande pompe un samedi tout pareil à aujourd'hui, dix-sept ans plus tôt. Il faisait très beau. La chanteuse Ella fitzgerald quittait ce monde à presque 80 ans, et Hugo Pratt, disparu l'été précédent aurait eu 69 ans. Elle venait au monde le même jour que Brigitte Fossey, Johnny Hallyday (rien n'est parfait) ou James Belushi... 
 
L'accouchement ayant très fatigué sa mère, le bébé resta seul dans son berceau. J'attendais dans la chambre vide, un peu anxieux. Puis une infirmière amena l'enfant. Une fois encore, la même émotion, la même joie mêlée de tant d'inquiétude. Et puis toujours le même questionnement : serons-nous à la hauteur ? Saurons-nous l'aimer indéfectiblement et la guider sur le chemin de la vie, sur le chemin du bonheur ? elle était là, toute petite, les poings serrés, les sourcils froncés... J'ai pris ce petit corps si fragile contre moi. Nous sommes restés ainsi un long moment dans la magie de ses premiers instants de vie. Peu à peu elle a desserrée ses petits poings et a ouvert les yeux. J'avais beau savoir qu'un bébé qui vient de naître ne voit pas encore vraiment, j'ai eu la sensation que ma petite fille me dévisageait, comme pour se faire une idée du père qu'elle allait devoir supporter tout au long de son enfance puis de son adolescence... 
 
Et soudain elle a souri - un rictus de bébé - puis elle s'est endormie. Je sentais son petit corps contre ma poitrine et une immense gratitude s'est emparée de moi. C'est avec les larmes aux yeux que j'ai accueilli sa mère que les infirmières ramenaient de la salle de réveil. J'ai posé le bébé sur sa mère qui découvrait sa troisième fille, notre quatrième enfant. Nous avons passé de longues minutes en silence tous les trois, dans la paix de cette chambre de clinique. Puis Maya, notre nounou est arrivée avec les trois «grands». Margot (8 ans) et Alix (6 ans) se comportèrent en petites mamans, attendries et attentionnées pour le bébé comme pour leur mère. Jean qui n'avait pas encore trois ans, plus déluré, visiblement ému par cette toute petite chose, était lui aussi plein de précautions avec sa petite sœur à peine arrivée. Nous avions plusieurs prénoms en tête, mais aucun ne s'était encore imposé. Pour tout le personnel de la Maternité, les infirmières inscrivirent donc "Bébé" suivi de notre nom de famille, par défaut, sur son bracelet... Ce n'est que deux ou trois jours plus tard que nous fûmes (tous) d'accord, et certains du choix : Constance, Philomène, Marie prenait place dans la fratrie. Elle poussa sa première colère dans le taxi qui nous ramenait à la maison. Elle aurait à l'évidence un caractère bien trempé ! Il y a dix-sept ans déjà ! J'ai l'impression que c'était hier ! Joyeux anniversaire ma Constance !


[Les neuf commentaires à ce billet ont été engloutis avec le premier Tramezzinimag suite à une incompréhensible décision de Google jamais encore éludée. Si leurs auteurs repassent par cette page et qu'ils se souviennent de ce qu'ils ont écrit, ils sont évidemment les bienvenus.]

13 juin 2013

In Principio : Le Vatican dresse son pavillon à la 55e Biennale

 

Une première : le Vatican a son pavillon à la Biennale de Venise depuis le début du mois. Le Saint-Siège a commandé des œuvres sur le thème de la tension entre création et chaos, en trois volets. 

La partie «Création» a été confiée à un groupe d’artistes italiens, le studio Azzurro de Milan, qui présente une installation multimédia plaçant le visiteur au centre d’un "mouvement physico- sensoriel et mental". La «Dé-Création» (allusion au Déluge, à Caïn et Abel) est illustrée par des photos géantes du Tchèque Josef Koudelka : des chars russes à Prague en 1968. Enfin la «Re-Création» cupération pour «"donner le sens d’un nouveau départ vers un monde guidé par Dieu». Coût de l’opération : au moins 750.000 euros apportés par des sponsors, comme le groupe énergétique ENI et la banque Intesa SanPaolo. Tout cela pour remédier à «un divorce qui s’est consommé, mais qui n’a jamais été total et absolu» entre l’art et la foi, dixit le Vatican.


Car le dialogue entre l'art contemporain et l’Église romaine a été longtemps interrompu. Méprise ? Blocage dogmatique ? Besoin d'émancipation des artistes par rapport à la morale chrétienne ? Un peu de tout ça certainement. Mais voilà qu'à l'occasion de cette 55e biennale, le dialogue reprend et pas sur un mode mineur. Création, dé-création et re-création... Voilà une thématique qui peut se décliner sur plusieurs modes. Spirituellement et artistiquement. Dialogue difficile qui se réamorce peu à peu donc, mais qui n'a jamais été vraiment interrompu, tant la création artistique ne peut s'envisager sans une part de spirituel. Le message de l'artiste, même lorsqu'il se fait sombre et pessimiste, reste une démarche intellectuelle d'où le sacré n'est jamais vraiment exclus. Il y au Vatican des amateurs d'art et des théologiens qui n'ont jamais cessé de suivre la création contemporaine et ses chapelles. 

Le cardinal Gianfranco Ravasi en présentant la démarche du Saint-Siège et le choix des artistes invités, rappelait la collection d'art contemporain voulue officiellement par Paul VI et qui compte des œuvres de très grande qualité produites par des artistes de haut vol. Comme l'a précisé le cardinal :
«Il s'agit de restaurer le dialogue interrompu entre l'Art et la Foi... Inciter au dialogue dans un contexte plus ample et diversifié que celui dans lequel l'art sacré évoluait jusqu'alors.»

De fait, en installant ses cimaises pour la première fois, parmi les pavillons de cette grande kermesse de l'art où le public a été confronté à maintes reprises à des œuvres délibérément blasphématoires, le Vatican a choisi de s'inscrire dans une démarche dynamique, souvent décriée par les plus orthodoxes défenseurs du Dogme catholique. Pas d'ornements d'église ni d'art sacré donc, mais de la matière à réflexion proposée par les artistes sélectionnés, le Studio Azzurro, Josef Koudelka et Lawrence Carrell, lié au mouvement Arte Povera. Tous trois artistes laïcs, sélectionnés à l'intérieur d'un groupe restreint de plasticiens de renommée internationale” par une très sérieuse commission scientifique sous la direction du directeur des Musées du vatican, Antonio Paolucci. Parmi les membres de cette haute autorité, il faut citer Micol Forti, directrice de la Section Contemporaine des Musées du Vatican, Sandro Barbagallo, Francesco Buranelli et Pasquale Iacobone.
Le cahier des charges  auquel les artistes avaient à répondre se résumait à une interprétation libre et personnelle des onze premiers chapitres de la Genèse s'articulant en trois idées. C'est ainsi qu'est née la Création du Studio Azzurro, installation intitulée «In Principio e poi» (En Principe, et puis), la De-création, qui s'expriment à travers 18 photographies géantes de Koudelka, et la Nuova Umanità, ou Re-création matérialisée par Lawrence Carroll dans des objets et matériaux de récupération à qui l'artiste a redonné une nouvelle vie.  Avec ces travaux, la salle d'armes de l'Arsenal qui accueille le pavillon de l’État pontifical, présente aussi un triptyque du romain Tano Festa, disparu en 1988, et qu'il destinait à la Chapelle Sixtine. propriété du collectionneur Ovidio Jacorossi qui en a fait don aux Musées du Vatican.
.
.La foi (ou l'absence de foi) des artistes n'a pas été prise en considération dans le choix de la commission pontificale. «Nous voulons amorcer un authentique dialogue entre la composante religieuse et l'art contemporain qui possède une nouvelle grammaire expressive. C'est pour cela, que nous attachons beaucoup d'importance à cette expérience, en espérant qu'elle s'avère particulièrement significative en ce qu'elle s'inscrit dans la grande tradition de l'art et de la foi, avançant ensemble sur le chemin de la culture.»"


..Le catalogue de l'exposition est édité par FMR Art’è.

08 juin 2013

Un saint noble et patriarche de venise


elon le martyrologue romain, l’Église fait aujourd’hui mémoire d’un saint vénitien, Grégoire Barbarigo. Né le 16 septembre 1625 à Venise et mort le 18 juin 1697 à Padoue dont il était l'évêque, après avoir été évêque de Bergame. Béatifié par Clément XIII en 1764, il a été canonisé par Jean XXIII en 1960. 

Aristocrate vénitien, il participa très jeune (il n'avait pas vingt ans) au congrès de Münster qui devait liquider la guerre de Trente ans, grâce au fameux traité de Westphalie. Il y était en tant que secrétaire de l'ambassadeur de Venise. C’est là que le cardinal Chigi, le futur pape Alexandre VII, alors nonce apostolique à Münster, le remarqua. Le futur pape le suivit dans ses études et poussa le jeune Grégoire à quitter la carrière diplomatique pour être ordonné prêtre. Nommé pape, il appela le jeune abbé Barbarigo à Rome en1655. L'année d'après, alors que la peste bubonique sévissait à Rome, le pape nomma le jeune vénitien pour diriger les secours. 

Nommé évêque de Bergame en 1657 puis cardinal l'année suivante, il devient ensuite évêque de Padoue en 1664. Il prit saint Charles Borromée pour modèle dans son diocèse et fut particulièrement attentif à l'application des Canons du récent Concile de Trente. Il mit spécialement l' accent sur l' instruction des fidèles et l' enseignement des clercs. Lorsqu'il fut nommé évêque de Padoue en 1664, il prit grand soin de la formation théologique des prêtres. il enrichit la bibliothèque de l'évêché et insista sur l'apprentissage des langues anciennes et modernes. C'était un évêque moderne, en phase avec le renouveau intellectuel de cette époque. On dit qu'il n'hésitait pas à enseigner lui-même le catéchisme aux enfants. 

Sculpture de Giovanni Maria Morlaiter
Très strict sur la tenue morale et vestimentaire des prêtres et des religieux. Chargé par le Pape Innocent XI de visiter un couvent romain dont les moines avaient un comportement assez libre. Il fut pris d' une sainte (mais violente) colère devant tant de relâchement. Il consacra aussi du temps à la réconciliation entre Rome et l’église d'Orient. 


C'est à la suite de toutes ces actions, qu'il fut pressenti à deux reprises pour coiffer la tiare de Saint Pierre, mais il refusa avec obstination de devenir Pape. Il lui suffisait de vivre à Padoue, dans l' étude et la charité proclama-t-il aux cardinaux venus le solliciter. 

Ses restes reposent au Duomo de Padoue. 

04 juin 2013

Sadaharu Horio en hommage à Tapiès au Palais Fortuny

  

La 55e Biennale de Venise vient d'ouvrir ses portes. Si cette manifestation parait terriblement bizarre pour certains visiteurs non avertis, elle n'en reste pas moins un des rendez-vous majeurs de l'art contemporain. 

Un rendez-vous pour les yeux seulement, puisqu'il ne s'agit aucunement d'une foire et que rien n'y est à vendre. De nombreuses performances permettent d'assister, quasiment en direct, aux mutations de l'art et aux méandres de la création. Cette année, sous la férule du plus jeune directeur qu'elle ait jamais connue, le fringant Massimiliano Gioni, la Biennale a pour titre «Il Palazzo Enciclopedico» (le Palais encyclopédique). L'excellent billet de Valérie Duponchelle pour le Figaro donne une idée assez précise de cette nouvelle édition. 
 
Antonio Tapiès exposé au Palazzo Fortuny

En attendant de vous en dire davantage, Tramezzinimag a aimé la démarche du japonais Sadaharu Horio en hommage à Tapiès. En magnifiant l'idée de fragmentation, la mise en exergue de l'importance des "fragments de réalité" que notre cyber-monde, où tout est devenu disponible, excelle à dénicher. Le Palazzo Fortuny présentant une rétrospective des œuvres d'Antonio Tapiès, le japonais créateur, issu de la mouvance Gutaï, proposait sur le campo, devant le palais, une performance lors du vernissage. Au rez-de-chaussée du palais, il expose des objets qu'il peint chaque jour, quand il est sur place. Il a ainsi baptisé son travail «Peinture Placement» . Nous l'avons suivi pendant quelques jours, devenant peu à peu quasiment familiers de son travail, comme de bons amis. Fascinant de voir se bâtir peu à peu une œuvre même éphémère. Seul problème : l'artiste ne parle que le japonais... 
..

Mais qu'est ce que le Gutaï ? Ce célèbre mouvement artistique de l'après-guerre au Japon, révolutionnaire dans sa conception de la création artistique, a pris sa source dans le Kansaï, région très traditionaliste, avec le maître Jirō Yoshihara. Ce fut l'un des plus importants mouvements fondateurs de l'art contemporain. Le terme 具体 vient de gu, (instrument) et tai, (corps). Ainsi le mot gutaiteki signifie concret ou exprime la notion d'incarnation, s'opposant donc à l'abstrait. L'art gutaï serait donc le contraire de l'art abstrait. Il s'agit en fait de perturber la présentation d'une œuvre en insistant soit sur l’acte, soit sur la matière, soit sur la relation entre les deux. Les performances qui s'en suivent ne sont pas perturbation et remise en cause de l’œuvre présentée, mais mise en valeur des vrais signifiants, volonté de rendre hommage, de magnifier ou de ré-interpréter.
..
Sadaharu Horio, né en 1939, a été membre du Gutaï jusqu'à sa dissolution en 1972. Basé sur la profusion et la rapidité des gestes, son travail convie directement le spectateur à participer et à entrer dans son univers. Après la dissolution du mouvement, Horio a poursuivi seul son travail artistique en assurant une centaine d’interventions par an, sous forme d’expositions, d’installations et de performances. Habitué de Venise et du Palazzo Fortuny, il accomplit une fois encore une belle performance que n'aurait pas renié Tapiès.

Venise ? Comment ça marche

 
Voilà un excellent petit film d'animation qui explique la formation de la Sérénissime, son expansion au cours des siècles et son fonctionnement. Cela parait compliqué tout ça, mais finalement la cité des doges a su pallier les inconvénients et les désordres de la nature sauvage et en faire des atouts sans lesquels elle n'existerait certainement plus ou du moins plus sous l'aspect que nous pouvons admirer aujourd'hui et qui continue de faire de cette ville unique un modèle de développement urbain dont nous avons toujours à apprendre pour optimiser l'aménagement des villes modernes et faciliter la vie de leurs habitants.
 
 «Venise n'est pas seulement une scénographie. C'est aussi une ville habitée, où il y a des activités productives, des transports et des services. Mais comment fonctionne le "système Venise" ? Comment se comportent les marées de la lagune ? Comment sont fait les canaux ? Et les rives ? Qu'est ce qu'il y a sous les palais ? Où passent les canalisations de gaz et d'électricité ? Quels sont les problèmes causés par un environnement aussi humide ? » présente le teaser de cette vidéo très réussie produite par Insula spa et réalisée par Nicolò Scibilia
 

Un quotidien ordinaire


Un passant qui marche dans la rue, les mains dans les poches et qui croise un autre passant. La vision d'un quotidien ordinaire...  
 
Ce n'est plus l'hiver, mais pas tout à fait le printemps encore. La lumière irisée est remplie de promesses. Il fera bientôt très doux. C'est sûrement le matin. Froid mais sec. On doit voir les montagnes enneigées au fond de la lagune, paysage merveilleux qui renvoie aux images antiques. Les vedute médiévales où, derrière une foule de vénitiens qui s'affairent sur la Piazzetta, derrière les galions des marchands du levant et les gondoles patriciennes, derrière les campaniles et les palais triomphants, se dessinent les majestueuses Dolomites. 
 
Parfois, souvent à la fin de l'hiver et au printemps, les montagnes apparaissent clairement. A les voir se détacher de l'horizon et par la magie d'une illusion optique, on pourrait les croire encore plus proches, comme surgies des eaux de la lagune, plantées du côté de Torcello. La merveilleuse gravure médiévale retranscrit avec le style de l'époque cette vision splendide. Le jeune homme au pull  vert qui va d'un pas décidé est peut-être en train de penser aux magnifiques paysages du côté de Cadore ou de Sappada, entre Agordo et Asiago... 

.