24 juin 2013

Mais pourquoi tant de laideur ?



Des goûts et des couleurs, évidemment on ne discute pas. De l'art, souvent naissent débats et l'opinion de chacun est respectable. Le discours de l'artiste, lorsqu'il est sincère trouvera toujours une oreille attentive et bienveillante. L'art conceptuel donne à réfléchir. Snobisme décadent ou erreur passagère qui vogue entre la laideur et l'insignifiance. Toujours une question de point de vue. Et de goût. Mais quand on se promène dans les rues de Venise, happé par tout ce qui s'offre à nos yeux, où même l'être le plus irréductiblement hermétique à la beauté de la ville est secoué par ce miracle de polychromie et de reflets, qu'il s'agisse de lambeaux et de ruines ou de somptueux monuments fraîchement restaurés, se retrouver face à une de ces éructations acryliques qu'on nomme tags et que les vénitiens gratifient d'un "solo merda" définitif, comme me le disait une dame très élégante effarée devant cette chiure qui défigurait un sottoportego où nous nous croisions. 

"La laideur est multiple" écrivait Jules Barbey d'Aurevilly. Multiples en effet les genres de graffitis qui polluent les murs de Venise. Rien à voir, nous l'avons déjà écrit maintes fois ici, avec ces pochoirs ou collages le plus souvent très poétiques ou plein d'humour qui apparaissent un matin au détour d'une calle, sur un mur, et disparaissent bien vite. De vrais artistes en sont les auteurs. C'est beau, drôle le plus souvent et cela n'abime rien de la beauté de la ville. Parfois même, cet art éphémère complète ou illustre la beauté des lieux. Hélas, ces petits bijoux sont submergés par ces horribles vomissures qui fleurissent partout dans Venise. Calme et posé, j'ai soudain des montées d'adrénaline et j'enrage quand j'en découvre, rêvant - je sais, ce n'est pas bien, ni chrétien, ni charitable - de leur faire avaler leur bombe de peinture après les avoir aspergé avec des pieds à la tête ! 

Là-encore, les vénitiens ne baissent pas les bras, et même s'il en revient toujours, ils font la chasse aux tags. Courageusement, entre amis, en famille, ils retroussent leurs manches et vont recouvrir ces horreurs en ripolinant les murs souillés. 

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Histoire d'un coup de canon



Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le milieu du jour n'était pas seulement annoncé par la Marangona, la grosse cloche du Campanile de San Marco, il Paron di Casa et par les autres cloches de la ville. Chaque jour, depuis le parvis de San Giorgio, était tiré un coup de canon. Chaque jour immanquablement, les pigeons sursautaient, s'envolant comme un rite pour se poser de nouveau quelques secondes plus tard au milieu des passants de la Piazza.

"meso giorno el pan xe in forno, se el se coto damene un toco, 
se el xe cruo, lassio là...meso giorno xe sonà." 

disaient les vieux vénitiens ("à midi, le pain est au four, s'il est cuit fais-moi signe, s'il est cru laisse-le là, c'est midi qui sonne") qui vivaient avec comme une part des rites et traditions de leur ville. 


Voulue par les autrichiens quand ils occupaient la ville, cette salve a toujours ses défenseurs. Notamment ceux qui, avec humour, souhaiteraient qu'on s'en serve contre les Maxi Navi qui font la polémique à Venise et font en ce moment la une des journaux. Outre le danger pour l'écosystème que Tramezzinimag a souvent dénoncé dans ses billets, le risque d'un accident catastrophique si une mauvaise manœuvre ou une défaillance technique faisaient entrer un de ces mastodontes en collision avec des bâtiments.  Ces horribles navires passent tellement près. 

Même déviés par le chenal qui longent l'arrière de la Giudecca et de la Sacca Fissola, ils représentent à tout moment un risque grave. Un naufrage, une perte de mazout et c'est toute la lagune qui meurt. Déjà terriblement fragilisée, elle ne se remettrait certainement pas facilement d'une catastrophe de ce genre.

Nous à Tramezzinimag, nous opterions pour un port spécialement aménagé sur l'Adriatique, au sud des bouches d'accès à la lagune, avec des équipements hôteliers et d'accueil face à la mer, et un système de navettes, vaporetti ou motoscaphes électriques pour assurer la navette vers le centre historique, des bus pour relier l'aéroport. Cela dynamiserait l'économie locale, créerait des emplois et contribuerait à préserver l'environnement fragile de la lagune et de la cité des doges. mais qui nous écouterait ?

Le maire Orsoni vient de réagir et dans la ville, la colère gronde. Attendons la suite. 

Merci à Gianni Poli qui m'a soufflé ce sujet. 

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