Thomas
 Nispola est journaliste professionnel, éditorialiste et rédacteur de 
Radici, le magazine culturel italien édité à Toulouse, qui s'adressait à
 l'origine aux émigrants et aux descendants des immigrants italiens, 
surtout installés dans le Sud-Ouest, et a trouvé depuis quelques années 
un lectorat bien plus large, celui des passionnés d'Italie comme celui des étudiants. 64 pages en couleurs, bilingue, avec une ligne éditoriale libre de toute soumission à un moment ou l'information est sérieusement
 malmenée en Italie, une présentation de plus en plus agréable et un 
contenu vraiment intéressant. Le texte que nous reproduisons ci-dessous 
est un extrait d'un article paru dans le numéro 48 de la revue. Il 
permet de mieux comprendre l'origine de ce mouvement dont les dérives 
xénophobes sont très inquiétantes. Si vous ne connaissez pas Radici, 
allez jeter un coup d’œil sur le site, c'est ICI.
 "Padania.
 Ce nom est celui d’un pays imaginaire. Vous ne le trouverez pas dans Le
 Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou une autre épopée de ce genre, 
mais dans les discours des membres de la Ligue du Nord (nom officiel : Lega Nord per l’Indipendenza della Padania). Né au début des années 90 comme fédération de ligues régionales autonomistes du nord de l’Italie (Liga Vèneta, Lega Lombarda, Piemont Autonomista,
 etc.), ce parti a rapidement accédé au pouvoir national grâce à une 
alliance avec Silvio Berlusconi (1994). Jalouse de sa spécificité, la 
Lega s’est cependant avérée intransigeante et s’est retirée du premier 
gouvernement Berlusconi, provoquant sa chute. L’épisode est connu sous 
le nom de "ribaltone"(litt. « 
grand retournement »). Suivit une dizaine d’années de vaches maigres 
pour la Lega, dont le discours se radicalise et dont les pratiques 
virent au folklore ("cérémonies"
 à Venise où le drapeau italien est abaissé et remplacé par le drapeau 
portant le "Soleil des Alpes", cérémonies païennes au cours desquelles 
les dirigeants recueillent l’eau du fleuve Pô à sa source – au pied du Monviso, à l’ouest du Piémont –, célébration de mariages selon un rite pseudo-celtique, etc.)
"Padania.
 Ce nom est celui d’un pays imaginaire. Vous ne le trouverez pas dans Le
 Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou une autre épopée de ce genre, 
mais dans les discours des membres de la Ligue du Nord (nom officiel : Lega Nord per l’Indipendenza della Padania). Né au début des années 90 comme fédération de ligues régionales autonomistes du nord de l’Italie (Liga Vèneta, Lega Lombarda, Piemont Autonomista,
 etc.), ce parti a rapidement accédé au pouvoir national grâce à une 
alliance avec Silvio Berlusconi (1994). Jalouse de sa spécificité, la 
Lega s’est cependant avérée intransigeante et s’est retirée du premier 
gouvernement Berlusconi, provoquant sa chute. L’épisode est connu sous 
le nom de "ribaltone"(litt. « 
grand retournement »). Suivit une dizaine d’années de vaches maigres 
pour la Lega, dont le discours se radicalise et dont les pratiques 
virent au folklore ("cérémonies"
 à Venise où le drapeau italien est abaissé et remplacé par le drapeau 
portant le "Soleil des Alpes", cérémonies païennes au cours desquelles 
les dirigeants recueillent l’eau du fleuve Pô à sa source – au pied du Monviso, à l’ouest du Piémont –, célébration de mariages selon un rite pseudo-celtique, etc.)  Puis,
 au cours des années 2000, et particulièrement avec le troisième 
gouvernement Berlusconi en fonction depuis 2008, la Lega s’est à nouveau
 affirmée comme un acteur majeur sur le plan national. Ouverte à des 
collaborations avec des formations du sud de l’Italie comme le Movimento per le Autonomie
 (Sicile), avec lequel elle partage quelques intérêts, elle poursuit son
 chemin avec toujours les mêmes chevaux de bataille : réduire la 
pression fiscale sur les entrepreneurs du Nord (dont l’argent serait 
dilapidé par le gouvernement de Rome au profit de catégories sociales et
 de régions moins méritantes), lutter contre l’immigration
 et l’insécurité (systématiquement assimilées), réduire les gaspillages 
publics... Un programme que l’on qualifierait aujourd’hui de « populiste
 » et qui permet à la Lega de flirter avec les 10 % aux élections 
nationales, avec des pics approchant la majorité absolue dans quelques 
places fortes, notamment en Lombardie, comme Bergame ou Lecco, mais 
aussi en Vénétie, avec Trévise. C’est à Trévise que le maire Giancarlo 
Gentilini fait souvent parler de lui pour ses coups d’éclat. 
Régulièrement réélu depuis 1994, celui que l’on surnomme Lo Sceriffo a
 imprimé sa marque sur la ville, donnant un aperçu de ce que pourrait 
être une gestion du territoire à la charge exclusive de la Lega. Il est 
depuis 2007 imité par Flavio Tosi, maire de Vérone." (extrait)
Puis,
 au cours des années 2000, et particulièrement avec le troisième 
gouvernement Berlusconi en fonction depuis 2008, la Lega s’est à nouveau
 affirmée comme un acteur majeur sur le plan national. Ouverte à des 
collaborations avec des formations du sud de l’Italie comme le Movimento per le Autonomie
 (Sicile), avec lequel elle partage quelques intérêts, elle poursuit son
 chemin avec toujours les mêmes chevaux de bataille : réduire la 
pression fiscale sur les entrepreneurs du Nord (dont l’argent serait 
dilapidé par le gouvernement de Rome au profit de catégories sociales et
 de régions moins méritantes), lutter contre l’immigration
 et l’insécurité (systématiquement assimilées), réduire les gaspillages 
publics... Un programme que l’on qualifierait aujourd’hui de « populiste
 » et qui permet à la Lega de flirter avec les 10 % aux élections 
nationales, avec des pics approchant la majorité absolue dans quelques 
places fortes, notamment en Lombardie, comme Bergame ou Lecco, mais 
aussi en Vénétie, avec Trévise. C’est à Trévise que le maire Giancarlo 
Gentilini fait souvent parler de lui pour ses coups d’éclat. 
Régulièrement réélu depuis 1994, celui que l’on surnomme Lo Sceriffo a
 imprimé sa marque sur la ville, donnant un aperçu de ce que pourrait 
être une gestion du territoire à la charge exclusive de la Lega. Il est 
depuis 2007 imité par Flavio Tosi, maire de Vérone." (extrait) 
© Thomas Nispola - Radici press - 2011.
 La
 ligue en Vénétie s'organise. Comme si la sécession était dans les 
tuyaux... Les mouvements padaniens rêvent d'autonomie et prétendent que 
la sécession permettrait aux régions concernées de recouvrer 
enfin une aisance économique largement obérée selon eux par 
l'instabilité congénitale des populations du sud. Comme tous les 
mouvements xénophobes, l'étranger est dangereux, il est responsable de 
tous les maux et rien ne contraint les peuples élus à tendre la main à 
ces laisses pour compte. Ce "eux ou nous" et "nous avant tout sans eux" a
 galvanisé le peuple allemand jusqu'au massacre de millions de juifs et 
de tziganes. La peur de l'Islam la crise économique, une vision 
idyllique de l'histoire des peuples du nord de la péninsule, mènent à 
cet amalgame de nationalisme de plus en plus fascisant qui ne doit plus 
faire sourire : la ligue du Nord est arrivée au pouvoir. A Venise, comme
 ailleurs, des tas de gens, souvent honnêtes et intelligents la suivent 
et la soutiennent pourtant. Fasse que l'histoire ne se répète pas !
La
 ligue en Vénétie s'organise. Comme si la sécession était dans les 
tuyaux... Les mouvements padaniens rêvent d'autonomie et prétendent que 
la sécession permettrait aux régions concernées de recouvrer 
enfin une aisance économique largement obérée selon eux par 
l'instabilité congénitale des populations du sud. Comme tous les 
mouvements xénophobes, l'étranger est dangereux, il est responsable de 
tous les maux et rien ne contraint les peuples élus à tendre la main à 
ces laisses pour compte. Ce "eux ou nous" et "nous avant tout sans eux" a
 galvanisé le peuple allemand jusqu'au massacre de millions de juifs et 
de tziganes. La peur de l'Islam la crise économique, une vision 
idyllique de l'histoire des peuples du nord de la péninsule, mènent à 
cet amalgame de nationalisme de plus en plus fascisant qui ne doit plus 
faire sourire : la ligue du Nord est arrivée au pouvoir. A Venise, comme
 ailleurs, des tas de gens, souvent honnêtes et intelligents la suivent 
et la soutiennent pourtant. Fasse que l'histoire ne se répète pas !7 commentaires :
- 
Merci de nous parler de ce magazine, que je ne connaissais pas. Si je 
comprends bien, après un passage rapide sur le site, il est rédigé en 
Français et en Italien ?
 
- 
Oui, dans les deux langues. Il est très diffusé parmi les classes 
d'italien des collèges et lycées mais mériterait d'être mieux connu en 
effet ! Il faut les soutenir.
 
- 
C'est ce que je vais faire. Merci encore.
 Pas très joyeux votre blog ces temps-ci. Que faire, pour Venise et pour tout le reste du monde ?
 Soazig
 
- 
Il faut être optimiste mais réaliste.
 Rester éveillés, soutenir les initiatives qui permettent de limiter les dégâts, défendre un tourisme respectueux, une conception soutenable et "organique" de l'usage des voyages etc... Ainsi, au moins, nous aurons fait ce qui pouvait être fait !
 
- 
La Lega est d'autant plus dangereuse qu'elle sait se nourrir des 
incertitudes du présent et surtout se lover derrière certaines luttes 
des autochtones plus (comme la défense du patrimoine vénitien) ou moins 
légitimes(contre les "Vu' compra" entre autres).
 
- 
You write so well, and so evocatively of this wonderful city. Like your 
friend Claire, I was fortunate to see it many (30) years ago. Venice 
still holds my heart very tightly, and I hope I can come and adore her 
for many years to come.
 Yvonne
 
- 
Heureusement la Lega n'a pas encore atteint le même score que la NVA chez nous en Belgique...
 
 
